Après réflexion, Éline se décida à envoyer un simple "salut, c'est Éline" à Chloé. Elle avait réfléchi longuement avant de réussir à lui envoyer ce message.

L'adolescente se demandait d'ailleurs pourquoi elle avait mis tant de temps à trouver une tournure de phrase correcte. Elle n'était pourtant pas le genre de personnes à se prendre la tête pour envoyer de simples messages...

La jeune passionnée de musique n'eut cependant pas le temps de réfléchir bien longtemps car elle fut appelée à aller dîner, ce qu'elle fit non sans râler un bon coup.

- Demain on ira visiter le phare que l'on a vu pendant notre promenade. La vue d'en haut doit être très jolie ! Annonça la mère d'Éline.

- Oh cool ! Je pourrai envoyer des supers photos à mes potes ! Je parie que c'est moi qui arriverai en haut du phare le premier ! Répondit le petit frère, bien trop enjoué selon sa soeur.

- Je vous le dis tout de suite, je ne viens pas avec vous. Lâcha Éline d'un air renfrogné.

- Bien-sûr que si, tu viens. Tu n'as pas vraiment le choix d'ailleurs. C'est décourageant de voir à quel point passer du temps avec nous te déplaît ! Fais des efforts pour une fois. Réplica le père de famille.

- Mais vous me forcez tout le temps à faire des choses dont je n'ai pas envie ! Vous ne pensez jamais à ce qui me plaît, à croire que ce qui vous intéresse c'est de me faire chier !

C'est sur ces mots que la jeune fille quitta la table, montant bruyamment dans sa chambre, en prenant bien soin de claquer la porte de celle-ci.

Son premier réflexe fut alors d'attraper son téléphone dans le but d'appeler son meilleur ami, Alex, mais en allumant le petit objet, une notification attira son regard.

Un message de Chloé : "Salut Éline, alors ça va avec tes parents ?". L'adolescente s'empressa de répondre, comme si elle avait attendu ce moment avec impatience.

"Bof, on s'est engueulés... La routine quoi."

S'ensuivit alors une courte discussion dans laquelle Chloé essayait tant bien que mal de réconforter Éline. Malheureusement, elles ne s'étaient rencontrées que quelques heures auparavant, et n'avaient pas encore assez appris à se connaître pour être proches : la discussion s'acheva donc sur quelques messages un peu maladroits et gênés.

C'est après cela qu'Éline appela finalement Alex, qui était toujours de bons conseils.

- Éline, tu m'as manqué, alors la Bretagne, c'est comment ?

- C'est l'horreur... Enfin, pas la Bretagne en elle-même, c'est surtout mes parents... Je n'en peux plus ! Ils sont toujours là, sur mon dos, à m'emmerder alors que moi je n'embête personne, je suis tranquille dans la chambre mais ils ressentent le besoin de venir me déranger, de me forcer à faire leurs activités en plein air... Je suis à bout, j'aimerais qu'ils comprennent que j'ai besoin d'être seule ! Ou du moins, d'être sans eux... Lâcha Éline d'une traite.

Les deux adolescents discutèrent longuement, l'un essayant de réconforter son amie, l'autre essayant de relativiser tant bien que mal.

C'était ça tous les étés. Le même scénario, les mêmes disputes familiales, les mêmes cris, les mêmes pleurs... toujours le même ennui mortel qui habitait Éline lors des longues ballades estivales.

- Qu'est ce que j'en ai marre... Pensa Éline à voix haute, avant de sombrer dans un sommeil bien mérité.