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Maxime
(1 an plus tôt)

Diana ne répond pas au téléphone. Je commence à paniquer.
Je peux passer pour une paranoïaque, mais d'habitude elle répond au maximum dans les deux heures suivantes.

Là, ça doit faire un jour qu'elle n'a pas répondu. Ni lu mes messages. Ni répondu à mes appels.

Je me rends alors chez elle.
"Elle s'est sûrement endormie" , me suis-je finalement dit.

J'attrape mes clefs de voitures, et lance une rapide phrase pour dire à mes parents où je vais aller.

Je démarre ma voiture, et prends le chemin vers chez elle. Je gare la voiture sur un parking non loin de là, et sort de la voiture. Seulement une fois dehors, je me souviens que nous sommes en hiver et qu'il doit faire cinq degrés maximum, et que je suis en pull pas très épais.

Je frissonne, et continue ma marche.
Je perçois des lumières bleues et  clignotantes à travers quelques bâtiments. Je m'approche encore.

C'était la police. Je plissai les yeux ; je priais pour qu'il ne soit rien arrivé de grave. J'avance un peu plus vite, jusqu'à atteindre la maison de Diana.

Ses deux parents étaient là. Tiens ça faisait longtemps que je ne les avaient pas vu côtes à côtes.

"Arrête un peu de parler de ça ! me sermonnai-je à voix basse. Il y a peut être quelque chose de grave et toi tu penses à ça..."

Arrivée à leur hauteur, j'apercevai la mère de Diana.
Je m'inquiètai encore plus.

-Madame Perrin ? Que se passe-t-il ? demandai-je avec une voix trahissant l'angoisse.

Seulement des sanglots étouffés ne sortirent de sa bouche. Elle se cacha la tête entre les mains et refusai de répondre à ma question.

-Monsieur... Qui a-t-il, s'il vous plaît ?

Cette fois ci, je n'eut droit qu'à un regard rempli de désolement.

Je me retournai vers l'officier Martin (d'après son badge).

-Pourriez vous m'expliquer ?!
-Je...euh..., commença-t-il.

Je commençai à perdre patience. Un mauvais pressentiment commençai à m'envahir.

-Mademoiselle Perrin est aux urgences.

Un cri de terreur sortit de ma bouche.

-Je vous demande pardon ?
-Veuillez m'excuser, j'ai des choses à faire, dit-il en feignant forcément d'avoir ces "choses à faire".

-Elle est où ? Quelle ville ? crai-je à l'attention de ses parents.
-Paris... répondit madame Perrin entre deux sanglots.

C'était un gros désavantage d'habiter en campagne, à plus de soixante kilomètre de toute grande ville.

Je me retournai vivement, en oubliant le froid, oubliant le fait que je n'avais pas le droit de conduire, oubliant tout le reste. Je ne pensais qu'à elle.

La police tentai de me crier quelque chose mais je n'écoutai pas ; j'avais l'impression d'être devenue sourde.

J'attrapai maladroitement mes clefs, les insérai dans barillet de ma voiture et démarrai en trombe.

J'oubliai aussi les limites de vitesse. Mêmes les quelques regards inquiets des automobiles voisines ne m'ont pas aidées à ralentir.
J'étais à plus de cent soixante kilomètres par heure.

Des larmes coulaient abondamment sur mes joues, mais je n'y prêtais pas attention une seconde.

Quand je fut arriver, je déposai ma voiture sur le parking des urgences et sortit de cette dernière.

J'entrai dans l'hôpital, et me dirigeai vers l'accueil, en manquant de percuter quelques infirmiers au passage.

-Mademoiselle, dit un homme en costume, en m'arrêtant avec un bras ferme. Votre masque.

Je fouillai dans mes poches. Rien.

-Je...je n'en ai pas.
-Je vais vous demander de sortir alors.

J'ecarquillai les yeux. J'étais tellement énervée, et j'avais tellement peur. Je ne savais pas ce qu'elle avait, personne n'avait daigné me le dire, et voilà que je devais sortir à cause de ce put*in de coronavirus.

-Vous n'en auriez pas un par hasard ?
-Non. Sortez. Si vous avez le covid, vous êtes en train de me donner ce virus, étant donné que vous ne possédez pas de masque sur votre visage.

Heureusement, j'avais cru apercevoir des masques à l'entrée. Je courrai pour m'en procurer un au plus vite.

Je repassai devant monsieur-Costume en lui faisant un geste très impoli avec ma main, sans même le regarder.
Il n'avait même pas l'air d'être offensé.

Je me dirigeai à présent vers l'accueil

-Bonjour, je peux vous aider ? me demanda la réceptionniste.
-Diana Perrin, dis-je en la coupant presque, impatiente. Est-ce qu'elle est là ?
-Oui, répondit elle en me lançant un regard sévère, étant donné ma réponse sûrement impolie. Mais vous ne pouvez pas la voir.
-Pourquoi ?

J'avais réussi à sécher mes larmes en quittant mon automobile, mais elles menaçaient à nouveau de sortir.

La réceptionniste tapa sur quelques touches de son clavier, puis déclara :

-Elle est en salle d'opération actuellement. Nous avons déjà renvoyé les parents chez eux, à cause de la covid-19...
-Qu'est-ce qu'elle a ?
-Elle est entrée en collision avec une voiture à toute vitesse. L'autre conducteur n'est pas dans un état grave. Elle, oui...
-Elle va s'en sortir ? sanglotai-je.
-C'est peu probable, j'en suis désolée... À moins que...
-À moins que...?
-Qu'on lui greffe un nouveau cœur.

Une vieille promesse refit surface dans mon esprit.
"Si tu meures, je te donne mon cœur, banane !"

-On signe où ?

-Rentrez chez vous mademoiselle, repris t elle. Vous ne pouvez pas faire ça. Si votre greffe ne se passe pas comme prévu  vous perdrez la vie toute les deux... Peut être pouvez vous me laisser votre numéro si vous voulez que je vous rappelle quand elle se réveille...

Je griffonai quelque chose sur un papier, puis sortit à nouveau.
Mais il était hors de question que je rentre.
Je restai devant à faire les cents pas, jusqu'à ce que, une heure et demie plus tard, on vienne me chercher.

Ce n'était pas la même réceptionniste que toute à l'heure. C'était un homme plus jeune, qui devait avoir une trentaine d'années.
Je profitai de la situation :

-Bonjour monsieur, je viens pour une greffe de cœur...
-Euh...hésita-t-il. Ce n'est pas ce qu'on m'a dit sur vous...
-On vous a mal dit, dis-je avec le plus d'aplomb possible.
-Alors votre nom s'il vous plaît.

Mince. Oh mais je n'en sais rien moi ! Je balbutiai un charabia, qui j'espérais ressemblerai à quelque chose.

-Richard, c'est ça ? répéta-t-il plus distinctement.
-Euh... Oui, exact.
-Des infirmieres viendront vous chercher dans quelques minutes. En attendant, allez au bout du couloir, là bas, la salle à droite.

Je le remerciai et m'avanvait vers la salle dont il parlait.
"Quelques minutes" s'étaient plus transformé en "quelques heures".

En effet, j'avais dû attendre une heure quarante cinq. Deux infirmières m'ont appelée, et m'ont demandé de les suivre.

J'ai dû enlever mes sous vêtements, m'habiller d'un affreux pyjama en plastique (charlotte comprise) et attendre encore des heures, couché dans une petite salle où il devait faire 42°C.

Pour occuper le temps, j'ai écris des lettres. À Maxime, à mes parents et à ma sœur.
Je n'étais jamais satisfaite du résultat, alors j'ai recommencé beaucoup de fois.

Quand d'autres infirmieres sont venues et m'ont dit "Il est l'heure, mademoiselle", j'ai commencé à angoisser.
Et si ça ne fonctionnait pas ? Et si ça marchait mais qu'elle avait des soucis de santé après ça ?

Je recommencencais à pleurer, tendis les lettres aux doctoresses.

-Vous pourriez donner ça à Diana Perrin, quand elle se réveillera ?
-Bien sûr. Maintenant on va vous emmener en salle d'opération.

J'ai acquiescé, et mon lit-chariot à traversé l'hôpital.

Quand je suis arrivée au bloc opératoire, j'ai aperçu un corps recouvert d'une couverture, près de moi.

-C'est... C'est Diana ? demandais je au chirurgien.
-Oui. Êtes vous angoissée ? dit il, en pliant les yeux, ce qui laissait penser qu'il souriait.
-Un peu. Mais ça se passera bien, j'en suis sûre.

Je ne sais pas si j'essayais de le convaincre lui, ou moi.

L'anéstesiste est arrivé derrière moi.

-Allez, allons-y. On va compter jusqu'au 5, à partir du moment où je mets ce masque, d'accord ?

J'opinai légèrement de la tête.
Mon souffle s'accélèra, mes larmes coulaient à nouveau abondamment sur mes joues.

Il posa la machine sur le bas de mo' visage.

-Un...

Une grosse masse d'air me remplit les poumons, ainsi qu'une très forte odeur de menthe.

-Deux...

Tout mes souvenirs avec Diana me revint en mémoire. Mes membres tremblaient sans que je puisse me contrôler.

-Trois...

J'avais l'impression désormais d'entendre ma famille m'appeler.
Je savais que je ne pouvais pas faire machine arrière, alors je ne bougeai pas.
Mes yeux devinrent lourds et clignotaient de plus en plus lentement.

-Quatre...

Je criai dans mon masque. Heureusement, le son fut atténué.
C'était toutes mes émotions depuis ce matin.

-Cinq.

Ma tête tourne, mon cœur ralentit, ma tête se vide et...

© Legean_34,
книга «I promised you».
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