Médecine
Médecine

Il était assis sur une chaise d'osier, fixant le plafond de ses bleues prunelles.
Sa bouche aux lèvres sèches s'ouvrit puis se ferma. Il peinait à aligner clairement quelques mots.
Puis il se décida, prit une inspiration et déclara :
"- Je vais mal docteur.. J'ai besoin d'aide. "

Tic
Tac
Tic
Tac

Le tintement incessant des aiguilles de la grande horloge le rendait nostalgique.
Un long silence se fit, au milieu du bruit de papier, de verre et de respiration.
Le docteur ne dit rien mais approuva. Il tendit les mains et le toucha.
Ce fut déroutant : sa vision se brouilla, et son corps fut comme parcouru d'électricité.

Et c'était comme si son monde se colorait de nouveau, se parant d'une infinité de couleurs.
Il se leva en tremblotant, les bras et jambes amaigris, le visage illuminé par un désir nouveau : le désir de contemplation.

Autour de lui, un pré, un champ, aux fleurs au parfum plus doux et enivrant les uns que les autres venait d'apparaître devant ses yeux émerveillés.

Les pétales étaient doux comme de la soie, et se promener au milieu lui rappelait bien des souvenirs d'enfance.
Les feuilles des arbres se balançaient gaiement au gré du vent, les branches s'agitaient en rythme, une symphonie se créant au milieu des froissements des végétaux.

Une fleuve coulait au milieu, à l'eau claire et limpide, belle, brillante, abreuvant les écureuils et cerfs assoiffés par le soleil qui brillait au-dessus.

Il éclata de rire, un rire joyeux, frais, heureux, abandonnant derrière lui ses problèmes, il n'était que joie.
Il se mit à courir, courir, courir comme jamais, plus rien ne pouvait l'arrêter, il était libre, libéré du poids de sa vie qu'il maudissait tant, libéré du manque d'argent, de nourriture, d'abris, libéré de sa séparation avec l'homme qu'il aimait pourtant toujours, il était libéré de tout ce qui les entravait : lui et son âme.

Il courait comme un fou, comme un enfant, comme un enfant fou, caressant de ses longs doigts fins les fleurs de toutes les couleurs, sautant pour frôler les vertes feuilles juvéniles solidement accrochées à leur arbre, se roulant par terre et s'éclaboussa le visage de l'eau de la rivière.
Oh non, il était plus que joie, il était euphorie.

L'aspect idyllique lui faisait oublier ses souffrances nocturnes, ses désespoirs, tout ce qui l'entravait.

Au lieu de trouver la clé du cadenas qui l'emprisonnait, il l'avait cassé à la simple force de l'extase.

Au milieu du champ vert, au milieu des fleurs roses et rouges, au milieu des jeunes arbres, à côté de la bleue rivière, sous le ciel, il était heureux.
Sous ce paysage idyllique, il n'était que sourire.

Mais d'un coup, les magnifiques couleurs pastels se teintèrent de noir et gris. Il se sentit tomber, bien qu'il devinait encore la présence du sol sous ses pieds.
La paysage s'effaça, laissant apparaître l'endroit où il était auparavant.

Par terre, le poing fermé, yeux fous et cernés, visage vide de toute expression.
" Allez.. juste une dernière.. "

Dans son coeur : rien
Dans son âme : de la souffrance
Dans son visage : de l'extase
Dans sa main : de l'ectasy.

© Lizzie Pandora,
книга «Médecine».
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Grisoubook
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Sans voix.
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2020-10-28 08:55:50
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