Je m'appelle Yasmine, j'ai 21 ans et je suis en deuxième année dans une école de sage-femme. Je vis avec Chloé depuis un an, notre collocation se passe très bien. Chloé est une fille excentrique, généreuse et joyeuse. Elle est l'inverse moi. Mes proches me décrivent comme étant une fille calme, impassible, souvent fermée. C'est vrai que je n'exprime que rarement mes émotions, je n'arrive pas complètement à me laisser aller avec les gens qui m'entourent.

Mes amis ne sont pas nombreux, j'en compte trois. Chloé, Gabrielle et Thiago. Quant à ma famille... Je n'ai jamais été très proche d'elle, mes parents se sont séparés lorsque j'étais encore jeune, ce qui fait que je n'ai aucun souvenir de mon père. Ma mère a ensuite enchaîné les mariages avec une moyenne de deux ans par homme. Cependant, elle n'a jamais eu d'autres enfants que moi et mon frère John. John est mon aîné de quatre ans et dieu sait combien je l'aime. Nous nous sommes toujours entraidé, coûte que coûte nous sommes restés soudés. Lorsque ma mère a finalement dérapé il y a trois ans, John était là. Avec son travail de mécanicien, il a réussi à nous faire vivre correctement mais rapidement, l'argent nous a manqué. Grâce aux bourses, j'ai réussi à intégrer l'école de sage-femme après avoir obtenu ma première année de PACES. Je ne serai jamais assez reconnaissante envers mon frère, il m'a tout appris.

-Yo Yasmine, c'est quoi cette tenue ?

Chloé était pétillante dans cette robe violette. Les paillettes mettaient en avant sa taille fine et marquée.

-Je t'ai dis que ce soir allait être différent et comment je te retrouve ? Avec une vieille jupe ? No way.

Je me trouvais vulgaire dans cette jupe, elle avait raison, mieux valait s'en débarrasser.

-Pourquoi c'est différent ce soir déjà ?

-Putain... Je te l'ai dit approximativement quarante mille fois. C'est une soirée avec des gens importants. Aller dépêche toi et maquille toi ensuite. On décolle à minuit.

J'enlevai ma jupe et enfilai à la place une longue robe rouge en velours qui me collait délicatement à la peau. Je l'avais acheté récemment, aucune chance que Chloé m'engueule, cette robe était parfaite pour l'occasion. Je m'installai sur mon lit et commençai à me maquiller. J'accentua mes yeux verts afin de laisser ma bouche nude, la robe étant déjà assez rouge.

Minuit sonnai, Chloé et moi montâmes donc dans sa petite Clio grise. Le trajet dura quelques minutes, à peine le temps de réajuster mes boucles brunes qu'un énorme portail noir se dressait devant nous. Des lumières scintillaient partout avec un doux fond sonore.

-Aller sors, on continue à pied.

-Mais c'est super loin Chloé !

Chloé soupira puis remis ses clés à un portier sûrement et tirai sur ma main pour que j'avance.

-On est chez qui exactement ?

-Monsieur Hini. Il s'agit du bras droit d'un grand homme d'affaire, Aaron Wits. Ecoute, cette fois-ci c'est important. Fini les vieux mecs bizarres, si on arrive à se trouver un client là dedans, notre avenir est assuré. L'agence ne pourra plus rien nous refuser, notre prix augmentera et notre réputation aussi. T'as compris ? On ressort d'ici avec au moins un client. Et c'est du haut de gamme donc tâche de pas roter ou faire je sais pas quelle connerie.

-Comment t'as réussi à nous avoir des invitations si c'est si prestigieux ?

-Justement, ça m'a couté cher, raison de plus pour pas foirer ce soir. Je t'en supplie Yasmine, fais un effort, souris, et trouve un mec pas trop dégoutant pour la nuit.

-Je vais faire de mon mieux Chlo'.

Nous étions arrivées devant l'entrée principale de l'énorme villa. Deux hommes vêtus de noir étaient postés devant avec un air sérieux. Chloé leur donna les deux papiers qui constituaient notre entrée dans un monde bien différent de celui que nous connaissions et le garde sur ma droite ouvrit la porte. On s'y engouffra, inquiètes mais excitées. Un énorme lustre nous accueilli.

-Yasmine, bonne chance. On se retrouve demain à l'appart. Je t'aime.

-Je t'aime aussi Chloé.

Chloé m'étreint puis disparu sur la droite. J'enlevai mon manteau puis me contempla dans un miroir. J'étais maquillée correctement, ma robe m'allait toujours aussi bien et mes cheveux restaient en place. Il ne me restait plus qu'à m'immiscer parmi la foule derrière ce mur. Je pris une grande inspiration et entrai à mon tour dans cet univers.

La salle qui recevait les invités étaient grandiose. Elle était sombre mais si lumineuse à la fois. Les murs d'un noir immaculé contrastaient avec le nombre incalculable de lumières, bougies et autre objets fluorescents. Personne ne m'avait encore remarqué ce qui me soulageait quelque peu. J'attrapais un verre sur le plateau d'un charmant serveur mais n'en goûtais jamais le contenu. L'alcool était loin d'être mon fort, non seulement je trouvais ça immonde mais en plus cela me rendait malade. Je marchai à petit pas à travers la foule, essayant de m'accoutumer à ce brouhaha général. Un piano jouait en fond. Je repérai Chloé, riant aux éclats avec deux hommes très élégants. En si peu de temps, elle avait déjà réussi à se fondre dans la masse. Il y avait beaucoup plus d'hommes que de femmes et étrangement, ça me relaxait. J'étais seule près du piano, mon verre à la main, attendant qu'un homme s'approche de moi. J'avais appris à ne jamais faire le premier pas, surtout dans ce milieu où l'homme domine. Il y avait des règles importantes à ne jamais enfreindre, celle-ci en faisait parti. Soudain, une main caressai le bas de mon dos, à la limite de mes fesses. Je fus surprise mais je réussis miraculeusement à retenir un sursaut énorme. Un homme d'une quarantaine d'année se présentai face à moi, un sourire en coin.

-Bonsoir, jolie demoiselle. Quel plaisir de vous rencontrer.

J'articulai un bonsoir timide accompagné d'un sourire ravageur. Je me glissais tout doucement dans mon rôle, comme chaque week-end.

-Je suis Philippe Finch.

-Yasmine.

Je lui tendis ma main, qu'il baisai ridiculement. A croire qu'on était encore à l'époque des chevaliers. Ce cher Philippe me parlai de son travail pendant au moins trente minutes puis il enchaînai sur sa merveilleuse femme et ses trois brillants enfants. Cet homme ne m'apporterai rien, il était temps que je change de cible. Chloé, que j'observais avec insistance depuis le début de ma conversation avec Philippe, avait remarqué ma détresse et me fit discrètement signe de la rejoindre.

-Philippe, veuillez m'excuser, je dois m'éclipser. Nous nous reverrons à Nice je l'espère, dans vos vignobles que j'adorerai visiter.

-Avec plaisir ma chère.

Et, sans aucune discrétion, il reluquai mes fesses. Quel dégueulasse, Chloé qui m'avait pourtant dit que les hommes seraient différent ici.

-Messieurs, je vous présente Yasmine.

Les deux hommes face à Chloé me saluèrent. Je fis de mon mieux pour faire bonne impression mais ils avaient plutôt l'air intéressés par Chloé. Je la laissai donc faire la conversation. Depuis le début de la soirée, j'avais repéré un endroit. Dans cet endroit se trouvait plusieurs hommes, cependant, ils paraissaient plus importants que les autres, comme si cet endroit était un carré VIP. Peut-être que j'avais repéré cet endroit à cause du regard insistant d'un d'entre eux ?

-... oui effectivement, c'est très choquant. Yasmine, que dirais-tu d'aller prendre un verre avec moi, histoire de finir la nuit sur une bonne note ?

-Avec plaisir.

Chloé me fit un clin d'il. Je partis de la soirée au bras de je ne sais qui, surprise qu'il m'ait faite cette proposition, moi qui le croyait intéressé par Chloé. Il m'emmena chez lui, dans un grand appartement avec beaucoup de vitres. Il me servit un verre de vin rouge, s'en servit un à lui aussi et s'assit à mes côtés sur le canapé. Il devait être aux alentours de quatre heures du matin. J'enlevai mes talons et m'approchai de l'inconnu. Je lui retira son verre des mains pour placer ces dernières autour de ma taille. Nos lèvres se touchèrent, dansèrent ensemble. Nos vêtements volèrent à l'autre bout de la pièce et sans attendre plus longtemps, il s'introduit en moi. Comme à mon habitude, je gémissais avec exagération et je laissais l'homme dominer. Ses mains parcouraient mon corps sans ménagement, à la recherche de tout ce qu'elles désiraient : de la chaleur, du plaisir, de la compagnie. La plupart de mes clients se sentaient seuls, le plus souvent sur le plan physique mais parfois aussi sur le plan moral. Oui, ils avaient une maison, une femme et des enfants mais non cela ne les comblait pas. Ils étaient constamment à la recherche d'autre chose qu'ils comblaient ainsi, en baisant des escorts.

L'inconnu atteignit l'orgasme et se retirai rapidement. Je me rhabillai à la même vitesse pendant qu'il rassemblait mon salaire. Lorsque je finissais de lasser mes chaussures, il me tendit une enveloppe bien remplie sans un regard pour moi. Je la saisis puis m'en alla. C'était finit. Notre moment partagé n'existait plus, il s'était terminé à la seconde où son sexe n'était plus en contact avec le mien. Je ne pourrai jamais dire si j'aimais ce métier, à vrai dire je n'y pensais pas vraiment, je me souciais seulement de l'argent qu'il m'apportait. Cet argent, j'en avais cruellement besoin. Payer le loyer devenait de plus en plus difficile et je coulais sous les frais que l'école nous imposait.