Prologue
Elle avance dans le couloir et les cris résonnent à ses oreilles. Elle sent un frisson parcourir son corps. Son cœur s’affole, effrayé. La jeune fille est obligée d’avancer. Elle entend la peur, et la douleur. Mais elle s’oblige à obéir. Le sol froid martyrise ses pieds nus. Le goût du sang se répand dans sa bouche et dans ses narines, lui donnant un haut-le-cœur.
Ses gardes s’arrêtent brusquement. À ce moment, elle regrette de ne pas avoir accepté de se faire endormir ou au moins boucher ses oreilles. Mais il est trop tard pour changer d’avis. Elle se raccroche au fait que cela sera bientôt fini.
- Ah, c’est…
- Oui. Le numéro 1456.
- Oh. Bien. Bien… Bonne nouvelle. Attendez.
Elle est concentrée sur cette voix, la première qu’elle entend depuis le début de ce voyage. Elle écoute les bruits. Il doit fouiller dans ses vêtements. Elle veut reculer, comme s’il allait la frapper.
- Donnez-lui ceci et assurez-vous qu’elle le prenne. Si elle est comme… Enfin bref, je vais aller voir la direction pour discuter de son cas.
La voix, autoritaire, tapote son crâne, avant de disparaître. Qu’est-ce que ces phrases signifiaient ? Si elle était comme qui? C'était une Orpheline. Le seul membre de sa famille encore en vie était sa sœur aînée. Est-ce qu’elle était passée par ici ? C’était probable, mais au point de laisser une image négative aussi forte, même après ce temps ? Non, ça ne collait pas avec ce qu’elle connaissait, elle devait se faire des films.
Son arrivée était une bonne nouvelle, car ils manquaient de bras. Le médicament - elle supposait - avait dû lui être donnée en raison de son agitation. Et enfin, ils devaient faire référence à un autre membre assez récalcitrant, peut-être même qui lui ressemblait. Ce n’était pas impossible. Rassurée par cette explication, elle se calma. Ils la font entrer dans une pièce. Le froid sur sa peau la fige immédiatement. Ils la relâchent alors, doucement, une fois assurés de sa tranquillité.
- Tourne toi.
Pour se donner la force d’obtempérer, elle pense à sa grande sœur. Elle, si sage et si calme. Elle avait toujours été son modèle. Docile et travailleuse. Même après son départ, elle s'est assurée qu’elle ne manque de rien : nourriture, vêtements, école, etc.
Elle ferme les poings, se recroqueville sur elle-même. Elle ne veut pas affronter ça. Mais peut-être que d’un côté… c’est sa chance ? Sa chance de retrouver sa sœur. Elle aussi, comme tous les enfants orphelins, elle est partie pour ne jamais revenir. On les met ici, et on ne les revoit jamais. Alors elle se remémore les dernières phrases de sa sœur.
“On se retrouvera. Si deux personnes veulent assez fort la même chose, alors elle a plus de chances de se réaliser”. Et elle, elle a prié tous les soirs. Chaque jour. Rien que ce souhait, même quand elle était malade. Alors, ça doit marcher ? Si elle réussit, ça marchera. Ça marchera et elles s’enfuiront, loin. Peut-être que c’est risqué, mais elle ne veut pas laisser tomber.
Alors elle se laisse faire, comme un pantin. Elle fait demi-tour pour atterrir face à eux.
- Tu es plus docile que la plupart. Quand on sait qui tu es… C’est dommage. Je me serai bien occupée de ton cas, pour marquer ce petit corps tout tendre.
Ces phrases la font douter de nouveau… Elle ne réplique pas, en attendant d’en savoir plus. Elle se rappelle les conseils que sa sœur lui donnait toujours. En montrer le moins possible, sinon les autres en profitent. Devant cette absence de réaction, l’autre soupire et lui retire son bandeau. Elle cligne pour s’habituer à la lumière, même si celle-ci est quasi-inexistante. Le garde l’observe et s’assure de son calme, avant de libérer ses mains. Elle frotte doucement ses poignets pour rétablir la circulation sanguine.
- Bonne nuit. Et profite bien, c’est sûrement la seule nuit que tu passeras aussi confortablement.
Elle se retourne. Il n’y a qu’un seau dans un coin. Pas de matelas, ni de couverture. C’était leur définition du confort ? Même 90 % des Orphelins vivaient mieux que cela. Elle s’assit, soupirant, se prenant la tête entre les mains. Se demandant ce qui allait se passer pour elle, désormais… Sa grande sœur lui manquait à ce moment précis. Elle aurait tout donné pour la retrouver.
Ses gardes s’arrêtent brusquement. À ce moment, elle regrette de ne pas avoir accepté de se faire endormir ou au moins boucher ses oreilles. Mais il est trop tard pour changer d’avis. Elle se raccroche au fait que cela sera bientôt fini.
- Ah, c’est…
- Oui. Le numéro 1456.
- Oh. Bien. Bien… Bonne nouvelle. Attendez.
Elle est concentrée sur cette voix, la première qu’elle entend depuis le début de ce voyage. Elle écoute les bruits. Il doit fouiller dans ses vêtements. Elle veut reculer, comme s’il allait la frapper.
- Donnez-lui ceci et assurez-vous qu’elle le prenne. Si elle est comme… Enfin bref, je vais aller voir la direction pour discuter de son cas.
La voix, autoritaire, tapote son crâne, avant de disparaître. Qu’est-ce que ces phrases signifiaient ? Si elle était comme qui? C'était une Orpheline. Le seul membre de sa famille encore en vie était sa sœur aînée. Est-ce qu’elle était passée par ici ? C’était probable, mais au point de laisser une image négative aussi forte, même après ce temps ? Non, ça ne collait pas avec ce qu’elle connaissait, elle devait se faire des films.
Son arrivée était une bonne nouvelle, car ils manquaient de bras. Le médicament - elle supposait - avait dû lui être donnée en raison de son agitation. Et enfin, ils devaient faire référence à un autre membre assez récalcitrant, peut-être même qui lui ressemblait. Ce n’était pas impossible. Rassurée par cette explication, elle se calma. Ils la font entrer dans une pièce. Le froid sur sa peau la fige immédiatement. Ils la relâchent alors, doucement, une fois assurés de sa tranquillité.
- Tourne toi.
Pour se donner la force d’obtempérer, elle pense à sa grande sœur. Elle, si sage et si calme. Elle avait toujours été son modèle. Docile et travailleuse. Même après son départ, elle s'est assurée qu’elle ne manque de rien : nourriture, vêtements, école, etc.
Elle ferme les poings, se recroqueville sur elle-même. Elle ne veut pas affronter ça. Mais peut-être que d’un côté… c’est sa chance ? Sa chance de retrouver sa sœur. Elle aussi, comme tous les enfants orphelins, elle est partie pour ne jamais revenir. On les met ici, et on ne les revoit jamais. Alors elle se remémore les dernières phrases de sa sœur.
“On se retrouvera. Si deux personnes veulent assez fort la même chose, alors elle a plus de chances de se réaliser”. Et elle, elle a prié tous les soirs. Chaque jour. Rien que ce souhait, même quand elle était malade. Alors, ça doit marcher ? Si elle réussit, ça marchera. Ça marchera et elles s’enfuiront, loin. Peut-être que c’est risqué, mais elle ne veut pas laisser tomber.
Alors elle se laisse faire, comme un pantin. Elle fait demi-tour pour atterrir face à eux.
- Tu es plus docile que la plupart. Quand on sait qui tu es… C’est dommage. Je me serai bien occupée de ton cas, pour marquer ce petit corps tout tendre.
Ces phrases la font douter de nouveau… Elle ne réplique pas, en attendant d’en savoir plus. Elle se rappelle les conseils que sa sœur lui donnait toujours. En montrer le moins possible, sinon les autres en profitent. Devant cette absence de réaction, l’autre soupire et lui retire son bandeau. Elle cligne pour s’habituer à la lumière, même si celle-ci est quasi-inexistante. Le garde l’observe et s’assure de son calme, avant de libérer ses mains. Elle frotte doucement ses poignets pour rétablir la circulation sanguine.
- Bonne nuit. Et profite bien, c’est sûrement la seule nuit que tu passeras aussi confortablement.
Elle se retourne. Il n’y a qu’un seau dans un coin. Pas de matelas, ni de couverture. C’était leur définition du confort ? Même 90 % des Orphelins vivaient mieux que cela. Elle s’assit, soupirant, se prenant la tête entre les mains. Se demandant ce qui allait se passer pour elle, désormais… Sa grande sœur lui manquait à ce moment précis. Elle aurait tout donné pour la retrouver.
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