Nous vivrons 1/1
L'astre solaire illuminait les cieux de sa splendeur nonchalante, et ce à des milles à la ronde. Les nuages brumeux de la fin de l'hiver semblaient avoir déserté les lieux, comme pour laisser à cette étoile éclatante de vigueur la totalité de l'espace. Le printemps s'annonçait doux malgré la température ambiante, plutôt fraîche en cette matiné de fin mars.
La forêt revenait lentement à la vie après des mois d'une morne hibernation. Un léger souffle divin faisait bruisser avec délicatesse les feuilles des arbres, encore jeunes en cette saison si peu avancée. À ce son presque imperceptible se mêlaient les chants enfantins de quelques oiseaux, tandis que les craquements qui retentissaient dans les sous-bois trahissaient les activités menées par les habitants des lieux. Les rayons de lumière, filtrés par les mastodontes aux troncs noueux et aux branches comme taillées par le plus minutieux des artisans, baignaient la scène d'une lueur émeraude presque irréelle.
Soudain, une silhouette parut jaillir de nulle part, tel un diablotin surgissant de sa boîte, venant ainsi perturber le tableau idyllique offert par dame Nature. Le jeune homme s'avançait avec précaution entre les buissons fournis, visiblement désireux de laisser l'endroit dans le même état qu'avant son arrivée. Ses iris d'un brun foncé scrutaient les alentours à travers la mèche de cheveux aubruns qui lui retombait souplement sur le visage. Marquant une légère hésitation, il repoussa l'infortunée d'un geste rageur, tout en grommelant des paroles inintelligibles et sûrement peu flatteuses envers les plantes qui, apparemment, se ressemblaient toutes.
Il reprit finalement sa route, aux aguets et la marche rapide, comme une proie voulant fuir un chasseur. Au fond de ses prunelles, on pouvait distinguer une lueur inquiète alors qu'il tournait plusieurs fois sur lui-même, le regard passant constamment de la montre qu'il portait au poignet gauche au paysage aux alentours. Il poussa un long soupir avant de s'assoir entre les racines de l'arbre le plus vieux qu'il n'ait jamais vu, une expression mélancolique sur le visage.
- Alors comme ça, les loups féroces ont enfin réussit à te capturer, agneau perdu... murmura-t-il d'une voix presque inaudible avant de se prendre la tête à deux mains.
Il savait qu'ils auraient dû faire plus attention, ces rencontres de plus en plus rapprochées ne pouvaient que mettre celui qu'il attendait en danger. Une dizaine de minutes s'écoulèrent, peut-être plus ou peut-être moins car le jeune homme avait fini par arrêter de sans cesse fixer les aiguilles. Que pouvaient-elles lui apporter à par une inquiétude grandissante ? Pas grand-chose, en effet.
Un cri guerrier retentit soudain derrière lui, faisant fuir à tire d'aile les oiseaux présents dans les environs, mécontents d'être ainsi dérangés. Une seconde silhouette se profila derrière celle de l'homme assis à terre et se jeta sur elle, les mettant tout deux au sol d'une manière assez brutale. Le choc coupa le souffle du brun, mais un sourire incontrôlable étirait désormais ses lèvres.
- Espèce de crétin, s'indigna-t-il, tu es super en retard - encore - ! Ça me fiche les jetons à chaque fois !
- Et bien Adrian, tu devrais être habitué pourtant, rétorqua le nouvel arrivant sur le même ton avant de rouler sur le côté pour libérer son interlocuteur.
Ce dernier se redressa avec un air faussement indigné tout en époussetant la terre prise dans ses vêtements après leur chute. Il se réinstalla comme précédemment, le dos appuyé contre le tronc du vieil arbre noueux - qu'ils se plaisaient d'ailleurs à surnommer l'Ancêtre - sans plus se préoccuper de son agresseur. Maintenant que ce dernier était arrivé, les traits d'Adrian avaient retrouvé une expression plus tranquille, bien que l'on puisse deviner à la crispation de sa mâchoire un certain agacement mêlé de contrariété.
Sans rien dire, le retardataire s'accroupit légèrement en contrebas, face à lui pour qu'il n'ait aucune possibilité de fuir son regard. Et quel regard, on pouvait dire qu'il était loin d'être commun ! Les yeux du jeune homme étaient en effet dépareillés, le droit d'une couleur bleue et l'autre brun avec quelques portions bleutées : ils étaient vairons, tout simplement.
Ces prunelles désassorties avaient de quoi perturber l'interlocuteur, comme si leur possesseur pouvait lire au plus profond de l'âme de quiconque osait croiser ses iris. Nullement déconcerté, - combien de fois y avait-il plongé à en manquer d'air, dans cet océan ! - Adrian se contenta d'hausser un sourcil interrogateur :
- Qu'est-ce qu'il y a, Max ?
- Maxence je vous prie, nous nous apprêtons à palabrer on ne peut plus sérieusement, déclara-t-il d'un ton volontairement pompeux avant de continuer. Sérieux, Ad, je vois bien que tu es saoulé par mes retards constants, mais tu sais aussi bien que moi que je n'ai pas le choix, et que si cela ne tenait qu'à moi je quitterai cette famille merdique !
Le dénommé Maxence semblait bien plus las qu'énervé, comme devant une discution maintes fois menée et maintes fois restée sans solution valable.
- Je... je ne sais pas, Max. Je ne sais plus. Je me demande si tout cela mène à quelque chose, au final.
- Qu'est-ce que tu essaies de me dire ? Tu veux tout laisser tomber ? On abandonne, comme ça ? Franchement tu as raison, si tu penses de cette manière je perds mon temps !
Le jeune homme s'était redressé brusquement sous le coup de la colère, tandis que son torse se soulevait par violentes saccades. Ses cheveux noirs en bataille lui retombaient souplement sur le front, cachant les rides d'inquiétude et de tristesse qui venaient de s'y graver. Il recula maladroitement d'un pas, alors qu'une perle de rosée se déposait au coin de son œil droit.
Adrian, interloqué, se redressa et voulut poser une main sur l'épaule de son interlocuteur, qui le repoussa avec désespoir et sans la moindre ambiguïté, cette fois. Il n'était plus question de jeu ou de bonheur, l'heure était grave.
Maxence paraissait figé, bloqué au milieu d'un mouvement. L'indécision se peignait sur ses traits, il ne savait plus que faire.
Avec douceur, Adrian vint le prendre entre ses bras puissants, dans un signe protecteur et rassurant. Délicatement, il déposa un baiser du bout des lèvres sur le font de son amant.
- Nous allons y arriver, souffla-t-il, je te le promet. Nous vivrons.
Ils restèrent ainsi longtemps, immobiles au milieu des arbres. Une détermination nouvelle embrasait désormais leurs âmes vagabondes.
Oui, ils le sentaient.
Ils vivraient.
La forêt revenait lentement à la vie après des mois d'une morne hibernation. Un léger souffle divin faisait bruisser avec délicatesse les feuilles des arbres, encore jeunes en cette saison si peu avancée. À ce son presque imperceptible se mêlaient les chants enfantins de quelques oiseaux, tandis que les craquements qui retentissaient dans les sous-bois trahissaient les activités menées par les habitants des lieux. Les rayons de lumière, filtrés par les mastodontes aux troncs noueux et aux branches comme taillées par le plus minutieux des artisans, baignaient la scène d'une lueur émeraude presque irréelle.
Soudain, une silhouette parut jaillir de nulle part, tel un diablotin surgissant de sa boîte, venant ainsi perturber le tableau idyllique offert par dame Nature. Le jeune homme s'avançait avec précaution entre les buissons fournis, visiblement désireux de laisser l'endroit dans le même état qu'avant son arrivée. Ses iris d'un brun foncé scrutaient les alentours à travers la mèche de cheveux aubruns qui lui retombait souplement sur le visage. Marquant une légère hésitation, il repoussa l'infortunée d'un geste rageur, tout en grommelant des paroles inintelligibles et sûrement peu flatteuses envers les plantes qui, apparemment, se ressemblaient toutes.
Il reprit finalement sa route, aux aguets et la marche rapide, comme une proie voulant fuir un chasseur. Au fond de ses prunelles, on pouvait distinguer une lueur inquiète alors qu'il tournait plusieurs fois sur lui-même, le regard passant constamment de la montre qu'il portait au poignet gauche au paysage aux alentours. Il poussa un long soupir avant de s'assoir entre les racines de l'arbre le plus vieux qu'il n'ait jamais vu, une expression mélancolique sur le visage.
- Alors comme ça, les loups féroces ont enfin réussit à te capturer, agneau perdu... murmura-t-il d'une voix presque inaudible avant de se prendre la tête à deux mains.
Il savait qu'ils auraient dû faire plus attention, ces rencontres de plus en plus rapprochées ne pouvaient que mettre celui qu'il attendait en danger. Une dizaine de minutes s'écoulèrent, peut-être plus ou peut-être moins car le jeune homme avait fini par arrêter de sans cesse fixer les aiguilles. Que pouvaient-elles lui apporter à par une inquiétude grandissante ? Pas grand-chose, en effet.
Un cri guerrier retentit soudain derrière lui, faisant fuir à tire d'aile les oiseaux présents dans les environs, mécontents d'être ainsi dérangés. Une seconde silhouette se profila derrière celle de l'homme assis à terre et se jeta sur elle, les mettant tout deux au sol d'une manière assez brutale. Le choc coupa le souffle du brun, mais un sourire incontrôlable étirait désormais ses lèvres.
- Espèce de crétin, s'indigna-t-il, tu es super en retard - encore - ! Ça me fiche les jetons à chaque fois !
- Et bien Adrian, tu devrais être habitué pourtant, rétorqua le nouvel arrivant sur le même ton avant de rouler sur le côté pour libérer son interlocuteur.
Ce dernier se redressa avec un air faussement indigné tout en époussetant la terre prise dans ses vêtements après leur chute. Il se réinstalla comme précédemment, le dos appuyé contre le tronc du vieil arbre noueux - qu'ils se plaisaient d'ailleurs à surnommer l'Ancêtre - sans plus se préoccuper de son agresseur. Maintenant que ce dernier était arrivé, les traits d'Adrian avaient retrouvé une expression plus tranquille, bien que l'on puisse deviner à la crispation de sa mâchoire un certain agacement mêlé de contrariété.
Sans rien dire, le retardataire s'accroupit légèrement en contrebas, face à lui pour qu'il n'ait aucune possibilité de fuir son regard. Et quel regard, on pouvait dire qu'il était loin d'être commun ! Les yeux du jeune homme étaient en effet dépareillés, le droit d'une couleur bleue et l'autre brun avec quelques portions bleutées : ils étaient vairons, tout simplement.
Ces prunelles désassorties avaient de quoi perturber l'interlocuteur, comme si leur possesseur pouvait lire au plus profond de l'âme de quiconque osait croiser ses iris. Nullement déconcerté, - combien de fois y avait-il plongé à en manquer d'air, dans cet océan ! - Adrian se contenta d'hausser un sourcil interrogateur :
- Qu'est-ce qu'il y a, Max ?
- Maxence je vous prie, nous nous apprêtons à palabrer on ne peut plus sérieusement, déclara-t-il d'un ton volontairement pompeux avant de continuer. Sérieux, Ad, je vois bien que tu es saoulé par mes retards constants, mais tu sais aussi bien que moi que je n'ai pas le choix, et que si cela ne tenait qu'à moi je quitterai cette famille merdique !
Le dénommé Maxence semblait bien plus las qu'énervé, comme devant une discution maintes fois menée et maintes fois restée sans solution valable.
- Je... je ne sais pas, Max. Je ne sais plus. Je me demande si tout cela mène à quelque chose, au final.
- Qu'est-ce que tu essaies de me dire ? Tu veux tout laisser tomber ? On abandonne, comme ça ? Franchement tu as raison, si tu penses de cette manière je perds mon temps !
Le jeune homme s'était redressé brusquement sous le coup de la colère, tandis que son torse se soulevait par violentes saccades. Ses cheveux noirs en bataille lui retombaient souplement sur le front, cachant les rides d'inquiétude et de tristesse qui venaient de s'y graver. Il recula maladroitement d'un pas, alors qu'une perle de rosée se déposait au coin de son œil droit.
Adrian, interloqué, se redressa et voulut poser une main sur l'épaule de son interlocuteur, qui le repoussa avec désespoir et sans la moindre ambiguïté, cette fois. Il n'était plus question de jeu ou de bonheur, l'heure était grave.
Maxence paraissait figé, bloqué au milieu d'un mouvement. L'indécision se peignait sur ses traits, il ne savait plus que faire.
Avec douceur, Adrian vint le prendre entre ses bras puissants, dans un signe protecteur et rassurant. Délicatement, il déposa un baiser du bout des lèvres sur le font de son amant.
- Nous allons y arriver, souffla-t-il, je te le promet. Nous vivrons.
Ils restèrent ainsi longtemps, immobiles au milieu des arbres. Une détermination nouvelle embrasait désormais leurs âmes vagabondes.
Oui, ils le sentaient.
Ils vivraient.
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Nous vivrons 1/1
Merci ! Je suis heureuse de voir qu'elle est toujours efficace même si c'est un texte écrit il y a maintenant plus d'un an aha ! Merci d'avoir prit le temps de me lire ^^
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2020-11-07 10:43:41
Подобається
Nous vivrons 1/1
Très bien écrit :)
Tu as (avais ?) un style d'écriture assez particulier. À part quelques moments où la lecture était un peu lourde, j'ai littéralement adoré :)
Si ce n'était pas excellent avant, je me demandes ce que ça peut être aujourd'hui ! ^^
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2020-11-07 21:48:41
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Nous vivrons 1/1
Wow, c'est vraiment très, très joli :)
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2020-11-09 17:08:54
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