Alors… Bonjour ? Je ne sais pas trop comment commencer ce rapport… Je m’appelle Calvin, et je suis un ex-inspecteur de police. Je dis bien ex car j’ai démissionné il n’y a pas longtemps. C’est donc aux nouvelles recrues, aux anciens et à mes collègues qui liront mon tout dernier rapport à qui je m’adresse. Peut-être que ce que j’ai écrit sera effacé et l’intégralité de mon travail supprimé, mais au point où j’en suis je m’en fout bien. Il y a un mois, j’ai reçu l’appel d’un de mes collègues pour venir en renfort, le corps d’une gamine avait été retrouvé au fond d’un puits. Je suis plutôt doué en ce qui concerne les affaires criminelles, j’ai quelques années d’expérience avec moi. Quand je suis arrivé sur les lieux du crime, je n’en ai pas cru mes yeux… C’était une adolescente qui ne devait pas avoir plus de seize, ou dix-sept ans. Le corps était gonflé à cause de l’eau, les cheveux tout comme les vêtements étaient trempés… Je ne vais pas m’attarder sur les détails, demandez le rapport d’autopsie de la gamine et vous verrez bien que j’ai eu raison de ne pas tout détailler (tout ce que je peux vous dire, c’est que le corps était dans un état pitoyable et que l’odeur était immonde)… Seules deux particularités seront vraiment utiles à ce rapport : la cause du décès et les divers marques que l’on a retrouvé sur le corps. La victime est morte par strangulation, une ligne blanche a été retrouvée tout autour de son cou, cela a été visiblement causé par une corde ou des chaînes. Ses poignets possédaient de grosses marques rouges, comme si cette jeune fille avait été menottée par des liens très serrés, très certainement en métal. La victime présente un sourire de Glasgow de la commissure des lèvres jusqu’à la liaison sur les côtés entre les os faciaux du zygomatique et du mandibule. D’après les experts de la brigade criminelle, cette blessure aurait été causée par la victime elle-même à l’aide d’un objet tranchant. Les raisons qui l’ont poussée à réaliser une telle action sont, ou plutôt étaient, totalement obscures… Son nom était Tyana Devos.
J’ai passé des nuits entières à enquêter sur cette affaire, à décortiquer tous les détails à notre disposition et les maigres indices que l’on avait… La partie la plus éprouvante a été d’annoncer le décès de la victime à sa famille, c’est là aussi que j’ai appris que Tyana avait été portée disparue il y a plus de six mois. Son frère m’a confié qu’il attendait chaque jour de la voir à la maison, et malgré ses désirs insistants, la vue du corps lui a été refusé tellement ce dernier était dans un état déplorable. Déjà, d’après le père et le frère, Tyana n’aurait pas pu fuguer comme ça, ce n’était pas dans sa nature. Je suis parvenu à faire le lien de cette sordide affaire avec un drame qui avait eu lieu le jour même de la disparition de cette jeune fille : le meurtre de Camila Devos, la mère de famille… Au fil des recherches, nous avons mit la main sur un vieux journal décrépi, écrit par la victime en personne… Je vous laisse en juger :
« Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours trouvé l'humanité fascinante... La manière dont elle pensait, se comportait, croyait... Sa psychologie se révèle à la fois fantastique et pathétique, surtout en situation de crise. Je vais vous raconter une histoire, mon histoire, afin que mon avertissement soit entendu. Peut-être trouverez-vous ce qu'il y a d'écrit dans ce journal irréel, insensé, ou complètement stupide. Je ne suis pas en mesure de changer votre avis, mais puissiez-vous au moins m'écouter.
Je me présente, je m'appelle Tyana Devos. Je n'ai pas grand-chose à dire sur moi mais autant définir les bases ! Je suis une lycéenne en première et j’habite en France, je ne suis pas exceptionnelle. J'aime le piano, j'ai pas mal d'amis de mon âge et je pratique la capoiera en activité extra-scolaire. Je suis une naine d'1m57, à la peau mate et aux yeux marrons/noisettes et aux cheveux courts et blonds. Comme ça si jamais on venait à se croiser, je pourrais partager mon témoignage en chair et en os, même s'il est un peu fou. Je me fais sûrement de faux espoirs, mais il vaut mieux dire quelque chose de pas très utile, ça pourrait toujours servir...
Donc... Mes souvenirs sont encore clairs et nets, tellement que j'en fais des cauchemars la nuit. Tout ça s'est déroulé il y a quelques mois, je rentrais dans mon deuxième mois de scolarité au lycée. Je me débrouillais vraiment bien, et je n'avais pas de soucis particuliers, tout a commencé très doucement par petits épisodes. Comme par exemple, il y a eu une journée parfaitement banale où j'avais enchaîné les cours normaux et plus ou moins ennuyeux, j'avais un très léger mal de nuque à cause du poids hallucinant de mon sac à dos mais rien de grave. Je suis donc rentrée à l'internat comme tous les soirs... On était en Novembre et il pleuvait et faisait très froid, j'étais donc contente de pouvoir rentrer au chaud. C'est là qu'il s'est déroulé un fait relativement étrange. J'étais en train de travailler dans ma chambre avec mes deux colocataires qui s'occupaient à côté quand j'ai commencé à avoir ma vision qui se troublait, lorsque mes yeux commencèrent à fatiguer brusquement. J'ai cru que c'était à cause du manque de lumière dans la pièce, alors je l'ai allumée. Mais rien à faire, ma vision m'apparaissait toujours trouble et je distinguais une toute petite ombre au coin de mon oeil, je devais vraiment regarder au coin sous peine de m'exorbiter l’œil pour l'apercevoir plus ou moins correctement. J'ai donc laissé tomber ce que je faisais, dans l'incapacité de faire quoi que ce soit. Je me suis simplement dit que mes yeux avaient besoin de repos, alors je suis allée dormir.
J'ai fais un rêve légèrement bizarre, j'ai vu simplement une de mes amies appelée Mathilde arriver dans le CDI du lycée, et retrouver une bague bleue turquoise derrière une grosse étagère de livres où étaient entassés de gros romans classiques. Sur le moment je ne me suis pas posée plus de questions et j'ai passé la nuit sans encombres. Le lendemain, j'ai croisé Mathilde qui se plaignait d'avoir perdu sa bague fétiche, un anneau turquoise qui aurait été offert par sa mère. Compatissant pour elle, je me suis donc décidée à l'aider dans ses recherches. Nous avons un peu visités tous les endroits où elle se rendait d'habitude, sans trouver une quelconque trace de cette fichue bague. Finalement Mathilde s'est rappelée qu'elle était allée au CDI pour un exposé, alors nous nous y sommes rendues et avons entamé nos recherches. Après quelques minutes où nos recherches demeuraient infructueuses, j'ai discerné un éclat de lumière quand je me suis mise à éclairer les petits endroits exigus de chaque bibliothèque avec mon téléphone. J'y ai mis ma main et j'ai réussi à attraper un petit objet et le tirer de là... C'était la bague de Mathilde. Cette étrange coïncidence m'a plus fait rire qu'autre chose, et plus rien de bizarre s'est passé.
Mais un autre évènement bizarre arriva très vite, environ trois jours plus tard, et ce fut le premier réel épisode troublant. Cela s'est déroulé encore une fois en pleine nuit, un soir où j'étais particulièrement fatiguée de ma journée. Tout a commencé normalement, je me suis réveillée en pleine nuit, sans raisons particulières. J'ai entendu une sorte de doux grattement à la fenêtre, connaissant les films d'horreurs je suis sagement restée dans mon lit sans prendre l'audace d'aller voir. Et j'ai entendu un bruit plus sourd, j'ai eu peur sur le coup avant d'entendre la voix de mon colocataire jurer, il s'était simplement cogné en voulant se lever. C'est après cette fausse frayeur que je me suis endormie. Mais cette nuit, un songe très étrange est venu m'assaillir l'esprit. C'était simplement une voiture bizarre qui roulait sur une route couverte d'une eau légèrement rougeâtre. Cette voiture ressemblait à un vieux pick-up, la carrosserie était toute cabossée et la peinture avait été écaillée à certains endroits, et carrément enlevée dans d'autres. Un seul phare était fonctionnel mais clignotait, et l'autre pendouillait sur le côté en cognant la carrosserie. A bord se trouvait ma professeure d'option musique, Madame Granger. Et le volant était occupé par un homme dont je ne distinguais pas les traits, son visage était caché par une sorte de grande ombre, je su juste qu'il portait une doudoune bleue. Ce rêve était étrangement précis, d'autant plus que je sentais de petites gouttes d'eau me tomber dessus, et je ne pouvais ni bouger ni parler. Au petit matin à l'école, j'allais donc en cours malgré ce songe étrange, et en pleine heure d'étude un surveillant était arrivé avec une mauvaise nouvelle : Mme Granger ne serait pas là durant les prochaines semaines car elle avait été hospitalisée. En effet, un pick-up l'avait renversée et le conducteur avait été envoyé droit dans un mur alors qu'il pleuvait énormément. Le choc était présent pour tous les élèves mais heureusement notre enseignante se remettait bien de ses blessures. Personnellement, je fus plus choquée encore quand mon esprit fit inconsciemment le lien entre mon rêve et la réalité. Stupide imagination ! Telle fut ma seule pensée pour me raccrocher au rationnel, je cherchais certainement à me rassurer je suppose.
Cette même journée, je vis un vieux passant au coin d'une rue alors que je me baladais en ville. Il était tout replié sur lui-même et assez chétif, je ne pu distinguer davantage de son physique qu'il disparut rapidement après m'avoir adressé un regard. Mais ce regard fut très bien imprimé dans ma mémoire... Deux yeux gris, éteints, et dénués de toute vie. Il y avait aussi un grain de beauté sous l'oeil droit. Ce détail avait son importance, puisque même pas une petite heure plus tard, j'appris qu'un vieux monsieur avait été retrouvé mort, ayant subit une trop importante hypothermie. Je le sais parce que c'est moi qui suis tombée sur son corps en première. Il avait exactement les mêmes yeux que le vieillard que j'avais croisé un peu plus tôt. Le même regard... Un frisson de profonde horreur m’avait secoué l’échine tandis qu’un goût de bile extrêmement désagréable s’était emparé de ma bouche, c'était un cadavre après tout, mes parents sont venus me chercher un peu plus tard. J'étais choquée de ma vision, et je n'ai pas pu m'empêcher d'en parler à ma mère pour me soulager un peu. Elle était devenue assez pâle, et une veine bleue saillait sur son front, et je me souviens encore des mots exacts qu'elle a prononcé en prenant mes mains :
"Tyana, depuis quand vois-tu ces choses-là ?"
Sur le coup, je pense que la confusion s’était emparée de moi, puisque pendant peut-être plusieurs minutes je suis restée sans parler. Alors j’ai opté pour la solution la plus simple : je lui ai tout raconté sans rien omettre. Elle est devenue encore plus pâle, sa respiration qui était devenue déjà de base légèrement saccadée s’accéléra encore, et encore, jusqu’à ce ma mère tienne son cou en cherchant à retrouver son souffle mais qu’elle n’y parvenait pas. Ses veines se mirent à saillirent sur son visage et sa peau de lait tourna lentement au bleu puis au violet alors que ses orbites laissaient sortir ses yeux injectés de sang. La bave lui sortait de la bouche alors qu’elle semblait regarder dans ma direction et… Je revins à moi quand ma mère tapota ma joue en appelant mon nom. Elle avait soupiré de soulagement, tout était redevenu normal… Alors pourquoi cette vision m’avait autant marqué comme si on m’avait brûlé avec du fer chauffé à blanc ? Se sont ensuivies alors des explications de la part de ma génitrice qui m’ont mise la puce à l’oreille que quelque chose n’allait pas avec moi :
D’après ma mère, ce qui m’arrivait n’était apparemment qu’une « rechute ». Elle m’a raconté que lorsque j’étais petite, je subissais très souvent des absences où je semblais complètement coupée du monde extérieur, et que peu importe ce qu’on tentait il n’y avait rien à faire, je demeurais dans mon monde. Et que ça venait de me prendre à l’instant même et qu’elle avait eu sacrément peur. Il y avait même eu un épisode particulièrement effrayant lorsque j’eus sept ans : ce jour-là, ma mère était au travail, et un important incendie s’était déclaré dans l’immeuble qu’on occupait à l’époque. Les flammes faisaient apparemment plus de onze mètres de haut et dévoraient le bâtiment avec plus d’avidité que les flammes de l’Enfer. Mon frère et mon père avaient pu s’en tirer à temps, mais pas ma grand-mère qui avait péri dans l’incendie. Et moi, j’étais certainement introuvable. Ma mère m’a raconté qu’elle était venue sur les lieux en panique totale, et qu’elle avait bien cru que j’étais morte. Mais j’avais alors émergé d’un tas de déchets miraculeusement épargnés par les flammes. J’avais alors semé la confusion et la frayeur en racontant que Mamie m’avait dit de me cacher là-dessous dix minutes plus tôt, alors que son cadavre reposait dans un sac mortuaire auprès des ambulanciers. Et j’avais même déclaré avec colère en râlant sur mes sauveurs :
« Menteurs ! Vous ne la voyez pas ? Ma mamie est derrière Maman, avec mon sosie ! »
Ce qui est drôle dans cette affaire, c’est que je ne m’en souviens absolument pas. Je n’ai aucun souvenir, même pas une petite bribe incomplète. Rien, nada, le néant total. Or je sais que ma mère ne me mentirait pas, surtout pour quelque chose d’aussi grave, alors je l’ai crue. J’ai tout de même demandé à mon grand frère Ethan qui passait par là, il a confirmé absolument tous les dires de Maman. Et puis ma mère m’a raconté que je faisais régulièrement des cauchemars très bizarres, et qu’à force elle m’avait emmenée voir un psychologue, qui n’avait aboutit à rien de concluant. Et ça c’était arrêté tout seul du jour au lendemain jusqu’à aujourd’hui.
Et tout empira encore plus. Ce même soir, je me suis endormie comme d’habitude sans anomalies particulières, ma mère avait pris la décision de me garder auprès d’elle et même de dormir avec moi. C’est quand elle-même alla dans la salle de bains à côté de sa chambre qu’un autre évènement cette fois avec de réelles conséquences directes m’arriva. J’étais dans le lit de ma mère, emmitouflée dans les couvertures dans un cocon de chaleur tout à fait plaisant. J’avais mes mains repliées sur elles-même et bien DANS la couverture, au niveau de ma cage thoracique. Déjà, une brise froide et perçante me réveilla alors que j’étais, à la base, bien au chaud dans ma couette. Je m’y blottis encore plus dans l’espoir peut-être de pouvoir enfin dormir. Mais rien à faire, j’ai ouvert les yeux pour en découvrir l’origine. Quelle grossière erreur. Puisque je vis clairement les ombres bouger dans la chambre, en formant une masse corporelle presque humaine qui semblait me sourire candidement, un fin rayon de lumière opaline qui formait un croissant de lune petit mais assez étiré pour donner une impression de douceur. J’ai quand même très très vite fermé les yeux quand j’ai vu mon propre reflet debout et pendu dans le miroir. Cette vision était horrifique : la corde autour de mon cou avait eu le temps d’érafler méchamment ma peau qui demeurait rougeâtre et pelée par endroits, mes yeux étaient révulsés et de la bave coulait encore une fois de mes lèvres entrouvertes. Mes veines saillaient sur mon visage bleuté à un tel point qu’elles donnaient l’impression d’être prêtes à exploser sous la pression. Et un gros trou ovale et à l’horizontal avait été creusé sur mon front, ou plutôt comme si on y avait arraché quelque chose. Et un rire se fit entendre dans l’air, un doux rire clair et faussement candide, avant que je ne sente brusquement quelque chose commencer à m’étrangler, mon premier réflexe fut de donner un coup de boule en arrière à la personne en usant de mon souffle restant en un cri de détresse. Et je sentis quasiment aussitôt mon nez craquer et pisser le sang d’une manière totalement irréaliste, puisque rien ne l’avait percuté ! Ma mère était accourue et… Ce qu’il s’est passé ensuite se perdit dans un brouillard noir dans ma mémoire, je ne parviens plus à m’en rappeler.
Et… Je dois aussi avouer une faute que j’ai fais. Un crime que je dois expier, puisque pour être honnête, rien n’indique que vous me retrouverez car je {le reste des notes a été barré hâtivement, perçant la feuille par endroits}
Ma mère. Je l’ai assassinée. Le cadavre que vous avez retrouvé, c’est bien de ma faute. Vous n’allez pas me croire, mais je vous jure devant Dieu et tous mes ancêtres que ce n’est pas moi ! Quelqu’un a pris possession de moi… J’en suis sûre. Je vois des gens qui ne sont pas censés être là, certains ont déjà des pierres tombales dans le cimetière à quelques rues de ma maison… Laissez-moi vous raconter.
Cette nuit terrible où j’ai tué ma mère a été une des pires de ma vie. Je me rappelle qu’elle était rentrée du travail bien tôt, en ce qui me concernait j’étais restée à la maison depuis bientôt une semaine. J’enchaînais cauchemars sur cauchemars et la plupart se réalisaient le jour même ou les jours suivants. Une fois j’avais rêvé que mon chat Musti avait été pendu dans la cuisine après avoir été éviscéré… Le matin même je l’ai retrouvé pendu à la lampe avec une corde à sauter, ses tripes pendant de la coupure nette qu’il avait au ventre, un couteau plein de sang avait été posé à côté sur la table, quelqu’un avait gravé dans le bois « Regarde ton bras gauche ». J’ai en effet regardé et… Il y avait de gravé au couteau « Paie ta dette ». J’en ai encore la marque aujourd’hui. La peur m’avait prise à ce moment, alors que mon père avait accouru pour me tirer de là, lui aussi horrifié par cette vision d’horreur. Et donc vers environ dix-sept heures, j’avais ressenti une intense fatigue et je m’étais effondré sur le canapé innocemment.
Le reste n’a été qu’un enchaînement atroce et cauchemardesque de ce qui étaient mes pires peurs. Tout d’abord, j’avais flotté dans une sorte de mélasse grise qui pesait sur mon dos et qui pénétrait ma peau lentement sans que je ne puisse rien faire, des chaînes m’avaient étés mises aux poignets et aux chevilles. Tout pesait si lourd… Ma colonne vertébrale avait commencé à se rétracter sur elle-même, craquant brusquement en m’envoyant des décharges de douleur qui me paralysaient les membres et me coupaient le souffle. Au moment où mes cervicales finirent par céder, j’étais tombée et avait atterri brutalement sur le sol. Je voyais autour de moi des ombres ressemblant à des humains, mais avec encore ce sourire candide de lumière que j’avais déjà vu. Puis elles m’avaient montrées du doigt et des murmures envahissaient l’espace autour de nous. Murmures qui grandirent, devinrent des chuchotements, des paroles parfaitement audibles, des cris, des hurlements ! J’entendais en même temps les forts battements de mon cœur, et chaque pulsation de chaque veine dans mon corps. Ce bourdonnement infernal et incessant m’adressait un seul et unique message, mais tout était si fort que je n’ai pas pu comprendre. Et puis je me suis vue encore enchaînée, cette fois j’étais seule… Complètement seule, dans un silence absolu où j’entendais les sons de mon propre corps et rien d’autre. Combien de temps suis-je restée dans cet te horrible solitude qui me rongeait de l’intérieur ? Je ne puis le dire, mais beaucoup trop longtemps. Et j’avais commencé à voir des serpents ramper entre mes jambes, des cafards ramper tout autour de moi et même senti une sorte de poids vaguement humain se tenir à mon dos, et une chose gluante s’écouler très lentement mais rester sur mon dos en refusant de tomber. J’ai crié une seule et unique phrase, j’ai formulé un seul et unique vœu : que tout s’arrête. J’en étais presque au stade des supplications, quand je revins à moi.
Nous étions sur le sol de la cuisine. J’étais sur elle à califourchon, serrant avec force des chaînes en métal vers l’arrière rattachées à mes poignets. Elle tenait son cou en espérant trouver un peu d’air, sa peau de lait était devenue de plus en plus colorée et commençait à prendre une douce teinte violacée. Quand j’eus repris totalement mes esprits, mon premier réflexe fut de lâcher les chaînes, mais je m’étais rendue compte avec effroi qu’elles étaient rattachées à deux menottes que je portais aux poignets, depuis quand avais-je été enchaînée ? Alors j’avais mis mes mains en avant le plus possible pour desserrer la prise autour de son cou, mais malheureusement sa tête était tombée lentement sur le côté, et dans un dernier souffle elle avait rendu l’âme. Ses yeux étaient exorbités et injectés de sang, les veines saillaient sur son visage et de la bave coulait de sa bouche… Comme l’une des précédentes visions que j’avais eu. Je m’étais précipitamment levée, avant de me rendre compte que la chaîne demeurait accrochée, alors je l’ai enlevée plus précautionneusement avant de rapidement monter dans ma chambre. Une fois là-haut je m’étais changée, ne supportant pas de porter un pyjama avec une aura de mort. Et j’étais consciente que je devais partir. Sur mon lit j’avais trouvé une tenue complète que je n’avais pas auparavant, composée d’un blazer gris, un haut à manches longues noir foncé au-dessus et orange en dessous, un pantalon gris clair coloré de jaune en bas, et des bottes hautes jaune-noir et noir-jaune avec une écharpe orange rayée de noir. Je l’avais tout de même enfilée, puis fais un sac rapidement du mieux que je pouvais et fui de chez-moi.
Au moment où j’écris ces lignes, ça fait bien six mois que j’erre comme une âme en peine. Je change d’endroits au moins tous les 24 heures, et j’ai peur. Chaque seconde de ma vie… Chaque souffle qui sort de mes lèvres est marqué par la peur. J’ai des poches noires sous les yeux, mes pupilles sont sans cesse en train de scruter chaque endroit, chaque détail avec la vivacité d’une proie traquée. Mes mains tremblent souvent de manière incontrôlée et j’ai très souvent une boule dans la gorge qui entrave ma respiration. M’ont-ils retrouvée ? Est-que je pourrais un jour revivre normalement ? Combien de temps me restait-il ? Que devais-je faire pour fuir ? Où devais-je fuir ? Telles étaient les multiples interrogations qui composaient à présent mon existence, et un autre problème est ces foutues chaînes. Elles handicapent complètement ma vie ! Non seulement elles produisent un bruit de cliquetis très désagréable quand je me déplace un peu rapidement, ce qui évidemment attire l’attention, il m’est difficile de les dissimuler aux yeux du monde pour une raison évidente et pour finir, elles m’empêchent de me servir de mes mains correctement ! J’ai tout essayé pour les enlever, les couper, les scier, les brûler, rien n’a marché, rien ! Combien de temps encore vais-je devoir les supporter?!
Le pire, c’est que je vois des ombres… Des silhouettes suspectes qui me regardent et semblent attirées par ma présence, j’ai de véritables spectres au seuil de ma porte qui cherchent à pénétrer mon esprit. J’entends des murmures, des paroles inquiétantes… Parfois humaines, d’autres non. Il m’arrive même de me retrouver dans un endroit froid et assez sombre, similaire en tous points au monde réel, à la différence où de la poussière danse devant mes yeux à chaque instant et où un voile bleuté recouvre ma vue. Je crois avoir trouvé l’origine de cet évènement bizarre : il y a quelques jours, j’ai été agressée dans une ruelle par trois malfrats masqués alors que je changeais de refuge. Nous étions en pleine nuit et les rues étaient vraiment sombres et désertes, alors personne n’allait me venir en aide. Une des personnes s’est approchée de moi, je ne la distinguais pas dans l’ombre. Elle avait à ce moment-là un couteau en main. Un flash blanc m’a alors violemment agressé les yeux, je me suis endormie quelques secondes… Mais je me suis carrément réveillée au petit matin, une brûlure horrible me prenant le centre du front alors que je sentais un liquide chaud en dégouliner. J’avais mis ma main par réflexe sur mon front et avait senti immédiatement un éclair de douleur qui m’avait fait tomber au sol.
Et c’est là qu’un spectacle horrifique, affreux, immonde se montra à moi : tous les brigands de la veille étaient là sans exception, morts. Du sang tachait le sol et les murs, et tous leurs crânes avaient étés explosés. J’aurai tellement voulu à ce moment-là crier, mais mes cordes vocales ne répondaient pas, j’avais l’impression que quelqu’un les bouchaient volontairement. Du sang frais se trouvait sur ma main que je sentais encore couler de mon front, comme une hémorragie. Le sang contenait quelques caillots, des petits bouts de chair qui semblaient avoir étés violemment expulsés. Je me suis levée alors avec peine, mes jambes n’arrêtaient pas de trembler… Je ne me souviens plus trop de la suite après cet évènement, je sais juste que j’ai encore changé d’endroit… Et maintenant, en plus de mes chaînes handicapantes, j’ai un troisième œil sur le front. Il est violet clair avec des nuances de bleu foncé, et une pupille blanche… C’est pour ça que je saignais du front, son apparition a dû percer ma peau…
Je ne tiens plus.
Je n’y arrive plus, c’est trop pour moi. Je ne sais plus quoi faire, je suis blessée, j’ai mal partout, ces foutues chaînes de métal me font mal… Mal, mal, douleur, souffrance, solitude, oubli… Ma vue se voile, je ne sais pas si je pourrais tenir encore longtemps, j’ai vraiment envie de dormir...
Par rapport à l’oubli… Promesse, peut-être ? Tu as oublié cela, Tyana. Si un beau jour tu venais à relire tes notes désespérées, tu sauras peut-être enfin qu’il est primordial de tenir ses promesses. Je sais qu’il s’agit de TON journal, mais tu ne m’en voudras pas si je te l’emprunte, non ? J’ai un beau message à délivrer à ces messieurs les policiers qui doivent avoir retrouvés ces notes. Croyez-moi ou non, messieurs les agents, mais je vous assure que j’ai autre chose à faire que de vous mentir. Vous voulez des aveux et des explications ? Je vais vous en donner, simplement parce que l’idée que quelqu’un d’autre me vole mon travail m’est insupportable…
Je n’ai pas de nom. Et honnêtement, je n’en ai jamais eu. Je ne peux pas dire quand ni où j’ai vu le jour, je sais juste que les saisons ont défilé sans que le temps n’ai eu d’emprise sur moi. Je n’ai jamais pu me voir dans un miroir, je n’ai aucun corps et il s’en est fallu de peu pour que je n’aie aucun esprit. J’ai longtemps déambulé dans le monde, en observant l’humanité. Personne ne m’a jamais remarqué, hormis les chats qui fixaient mon âme invisible en semblant regarder dans le vide, et les chiens qui jappaient comme des fous furieux en ma présence. Je vous ai observés, j’ai appris et j’ai grandi en ne pouvant rien faire d’autre que regarder. Je n’ai jamais pu ressentir la même chose que vous, je ne sais pas mettre de nom sur une « couleur », la plupart des choses que vous appelez goûts et odeurs me sont inconnues… J’ai essayé le plus efficacement possible d’apprendre à votre contact, de percer les secrets de votre monde… Je n’avais que ça à faire, puis j’ai découvert votre manière de penser. Vos émotions, vos sentiments, c’est bien moi qui ai écrit que je trouvais l’humanité aussi pitoyable que fascinante… Mais un million de questions demeure dans mon esprit, cependant je ne suis pas stupide non plus… Je vais être très franc (franche ? Dois-je me désigner comme un garçon ou une fille ? Je me pose en ce moment même la question) : je vous hais, chasseurs que vous êtes. Je hais les humains, et de mon point de vue le monde serait infiniment plus beau sans eux. J’ai pu constater plusieurs fois que les humains possédaient un certain orgueil, au détriment des autres espèces vivantes… Les chasses de l’Inquisition en sont un parfait exemple.
Ne vous fatiguez pas à me donner un nom, je m’en suis donné un. Dans les parcs avec des lacs, on ne voit jamais les magnifiques cygnes voler. Malgré leur magnifique plumage, ils ne peuvent pas s’envoler comme ils le voudraient… Comme dans ce mythe grec où le fils d’Helios a été maudit pour avoir voulu trop jouer avec le soleil. Et vous-mêmes êtes ralentis par le poids de vos vies, et même de vos péchés… J’ai voulu alors porter le nom d’une telle créature, je suis Swann, et non Tyana. Quand à Tyana… Elle ne refera jamais surface, son âme m’appartient. J’ai voulu un corps… Et je l’ai eu. J’avoue avoir manipulé sa vie, son esprit, avoir volontairement provoqué sa chute. Considérez cela comme des aveux de ma part, et si j’étais vous, j’écouterai les voix aux portes… Quand à l’avertissement de ma petite marionnette, elle voulait simplement vous dire comment vous pourriez m’intercepter, ou encore de quoi je suis capable. C’est simplement par respect pour elle que j’ai tenu à réaliser ses dernières volontés.
Écoutez les portes,
Swann »
Ce… Texte m’a laissé très perplexe. Quand nous avons trouvé ces notes, c’était dans une vieille cabane à côté du puits. On pourrait croire que ce n’est qu’une immense blague de la part de l’assassin de Tyana, mais c’est bien elle qui a écrit ces notes, un de ses cheveux et ses empreintes digitales ont étés relevées sur le cahier. Une chose était déjà sûre : il s’agissait bien de la victime qui a tué sa propre mère. Tout coïncidait, et par la résolution de cette première affaire, la brigade a voulu privilégier la thèse du suicide, d’autant plus que les autres victimes décrites dans le cahier ont toutes étés retrouvées. La théorie avancée a été qu’elle avait mis fin à ses jours à cause du poids de la culpabilité, ou par peur de finir en prison. Sauf que je n’y croyais pas du tout, il y avait quelques détails qui démontraient que ce n’était pas aussi simple. En premier lieu, les doigts de Tyana avaient étés retrouvés ensanglantés, signe qu’elle avait lutté contre son agresseur. Deuxièmement, l’arme du crime n’a pas été retrouvée malgré nos recherches, cependant il y eu des traces de lutte dans la cabane, et en recherchant attentivement j’ai pu retrouver une trace de pas vraiment effacée sur le terrain, les chaussures utilisées ne correspondaient pas à celles retrouvées sur le corps de Tyana. Et enfin quelque chose qui relève de l’évidence : pourquoi s’étrangler au fond d’un puits ? Ce dernier étant profond, s’y jeter aurait suffit, surtout qu’au fond une pierre pointue ressortait de l’eau, si Tyana aurait vraiment voulu mettre fin à ses jours, sa tête aurait percuté la pierre et elle aurait fait une hémorragie cérébrale. Je crois plus que le meurtrier suivait Tyana depuis un moment, et a tenté de se débarrasser du corps, tuant la victime à l’extérieur du puits avant d’y jeter le corps. Un dernier détail : ce n’est forcément pas quelque chose de visible dans mon rapport, mais le journal comportait lui-même une anomalie. Quasiment tout le long, l’écriture est maladroite, avec de gros caractères et une tendance à faire des A et des O très similaires en écriture cursive. Alors que dès que cette Swann s’est mit à nous parler, l’écriture était beaucoup plus soignée, avec une calligraphie très élégante et penchée légèrement vers la droite. Des analyses par des professionnels ont pu déterminer que cette écriture avait été faite par une main droite, alors que Tyana était totalement gauchère et incapable de se servir de sa main droite pour écrire correctement aux dires de ses parents et de ses professeurs. Quand Tyana écrivait de la main droite, elle n’arrivait même pas à avoir une écriture droite, alors avec autant d’application… Ça ne pouvait tout simplement pas être elle.
Malgré que l’affaire avait été classée sans suite, j’ai continué mes propres recherches de mon côté, et sans consulter personne. J’avais soif de connaissance, je voulais totalement élucider cette affaire… J’ai sacrifié beaucoup de choses pour y parvenir, de mes précieuses heures de sommeil jusqu’à l’amitié de quelques personnes. D’ailleurs si vous lisez ces lignes, je ne vous en veux pas. Qui voudrait passer ses nuits sur une affaire aussi macabre ? Pas quelqu’un de sensé en tout cas, je reconnais ma faute, cela m’obsédait. L’incompétence et le laxisme de la police m’obsédait, c’était pourtant évident que cette affaire avait quelque chose de plus profond ! Et j’ai finalement trouvé…
Pour moi, il n’y avait pas trente-six solutions, je devais remonter à la source. Les indices se faisaient rares, j’étais dans une impasse. Au lieu de me concentrer sur l’affaire Tyana, j’ai plutôt ressorti celui de Camila, peut-être était-ce ça la clé. Heureusement pour mes recherches, j’ai pu compter sur l’aide d’Ethan, le frère de Tyana. Lui aussi ne croyait pas aux dires de la police et voulait savoir ce qu’il s’était réellement passé. Alors je l’ai interrogé, je lui demandé en détails de me raconter l’histoire de sa famille, s’il y avait des antécédents de problèmes mentaux ou des tensions qui auraient pu causer ce carnage. Ce jeune homme a été assez hésitant au début, mais il a accepté de tout me raconter pour le bien de l’enquête. Il m’a expliqué que sa famille ici était très petite, et que l’autre se trouvait toujours en Pologne, le pays d’origine de sa grand-mère. Il m’a expliqué qu’il ne savait presque rien de sa famille, hormis que ses arrières-grands-parents avaient fui la Pologne durant la Seconde Guerre Mondiale, que sa grand-mère était née quatre ans après. Il était connu que son arrière-grand-mère, Ambrozy, souffrait d’anxiété et d’autres problèmes mentaux tout de même « légers » suite à la guerre et la perte de son mari, mort du tétanos. A cause de sa condition tout de même handicapante, la garde de la grand-mère Seweryn a été retirée et Ambrozy placée en maison de repos. D’après ce que Camila aurait raconté à Ethan, sa grand-mère n’aurait pas eu de problèmes particuliers, elle avait grandi normalement, avait eu un mari et des enfants sans plus d’histoires. Camila décrivait sa mère comme une personne très gentille et attentionnée, qui adorait ses petits-enfants et prenait toujours soin d’eux. D’ailleurs elle insinuait souvent que sa mère veillait sur eux depuis le Paradis, et que s’ils étaient bien sages ils pourraient la voir. Déjà j’ai commencé à trouver ça un peu étrange…
La prochaine fois que nous nous sommes vus, Ethan avait amené son père avec lui, j’ai donc pu faire connaissance avec Cédric. Lui était beaucoup plus renfermé que son fils, et j’ai dû un peu batailler pour avoir une conversation avec autre chose qu’un rocher. J’ai pu finalement le convaincre de parler pour le bien de la mémoire de sa fille. Je voulais juste aussi avouer que j’ai un peu honte de la méthode que j’ai employé… J’ai dû avancer l’information complètement inventée que Tyana souffrait de graves problèmes mentaux « tout comme les filles de sa famille », il s’est énervé très rapidement et a abattu son poing sur la table, avant de craquer. D’après lui, Seweryn n’était pas aussi parfaite que le décrivait sa femme, il la trouvait… Dérangée, malaisante. Leur relation étaient apparemment mauvaise et les deux parents se disputaient souvent à ce sujet. Il m’a révélé avoir surprit plusieurs fois Seweryn à parler toute seule, à avoir des propos délirants à propos d’un être inconnu, ou d’emmener Tyana et Ethan dans un cimetière de voitures se trouvant non loin de chez elle. On ne le croyait jamais, et ça le rendait complètement fou.
Suite à cette interview, j’ai fouillé la maison de la défunte grand-mère… Le logement était dans un état pitoyable, des rats couraient partout, les meubles et les murs étaient rongés par les mites et la crasse. Ça m’a prit deux heures pour trouver ce que je cherchais, je suis tombé sur un rapport psychiatrique et un étrange talisman. Le talisman était ovale, en pierre, avec une sorte d’arbre rouge gravé. La pierre était creuse, et en l’ouvrant on y trouvait un grelot de fer rouillé. Je ne savais pas du tout à quoi rimait tout cela, mais cette famille était de plus en plus suspecte. Et puis, j’ai commencé à trouver des mots un peu partout. Sur ma porte, dans ma poche, dans ma voiture… Les voilà tous :
« Arrête »
« Arrête ça. »
« Tu vas te blesser, arrête ça. »
« Laisse-moi tranquille. »
« Je t’aurai prévenu. T u e s c o m m e t o u s l e s a u t r e s. »
J’aurai dû écouter ces mots et mes collègues qui me disaient d’arrêter. Quelqu’un me suit depuis quelques temps… Il me ressemble comme deux gouttes d’eau, je le vois partout… Mais en me coupant à la main, j’ai remarqué que cette chose avait la même blessure que moi. C’est alors que j’ai compris… Ce qui poursuivait Tyana n’était pas humain, c’était toute la famille qui était mise en danger. En inspecteur de police responsable, j’ai vivement conseillé à Ethan et Cédric de déménager.
Ceux-ci sont mes derniers mots. Je ne peux vous révéler la finalité de mes recherches pour protéger toute la brigade… Swann pourrait s’en prendre à vous. Cette chose a l’apparence de Tyana, et c’est elle qui a enlevé la vie à toutes ces personnes, y compris Camila. Ce n’est pas Tyana, c’est un monstre dont je ne connais ni la véritable identité ni la nature. Le problème remonte à Ambrozy, cette chose vient de Pologne, elle a dû l’emmener avec elle par inadvertance. Je sais qu’elle va me tuer, je suis allé beaucoup trop loin. Swann est dangereuse, elle aime le spectacle mais n’aime pas quand on fouille dans son propre passé… Je suis déjà condamné. Fermez vos portes et vos fenêtres, et restez méfiants cette nuit. Tyana s’est auto-mutilée les lèvres pour qu’on reconnaisse cette créature, elle se savait déjà condamnée… Tout comme moi, je sais que dès que je baisserai ma garde, on me passera la corde autour du cou.
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