Harcèlement
Oui, je voulais qu'il disparaisse de ma vie. Je le détestais profondément, ce n'était rien d'autre qu'un squelette binoclard. On aurait dit qu'une simple brise pouvait, si elle soufflait trop fort, le briser en mille morceaux. Je m'amusais souvent à lui foutre un doigt dans les côtes et rire bien fort, comme si toucher ses os à travers sa peau toute maigre était la chose la plus marrante qui soit.
« _ Putain, t'es bizarre ! Personne ne te nourris ou quoi chez toi ?
Je regarde sa tête baissée vers le sol, un sourire glorieux aux lèvres. Je me sens particulièrement bien en écrasant ce déchet, ça me prouve que je ne suis pas aussi faible que lui.
_ C'est sûrement parce tes parents ne t'aiment pas. Qui veut d'un lépreux tel que toi comme fils ? Des dégénérés. Je suis sûr que tu es la pire déception, la pire désillusion pour eux. »
Régulièrement, je l'observais manger au réfectoire et partager avec n'importe qui. Et j'enrageais parce que ça me dépassais. Comment ce connard pouvait donner la moitié de sa bouffe alors qu'il était plus fin qu'un cure-dent ? Un jour, j'en avais eu marre et derrière l'école, à l'abri des regards, je l'avais soulevé par le col.
« _ T'es con, tu veux crever ? Donne pas ta bouffe espèce d'enculé ! C'est pas ton problème si les autres ont encore la dalle, merde !
Il me sourit et entoure mes mains des siennes. Dans ses yeux s'allume et brille soudainement un brasier dont il est incapable pour moi de deviner quel sentiment l'anime. Surpris, je desserre assez ma poigne pour qu'il puisse se dégager doucement.
_ J'ai toujours aimé faire plaisir, voir la lueur d'amitié qui naît dans les prunelles quand je rends service. C'est vraiment gentil de t'inquiéter pour moi, mais je t'assure que je me porte bien, murmure-t-il d'une voix aussi douce qu'un rayon de soleil qui caresse la peau lors d'un agréable jour d'été.
Je ne retiens pas mon poing qui fuse dans son visage, faisant s'écraser ses lunettes contre le goudron dur dans un bruit de verre brisé. Il chancelle et essaie de prendre appuie sur le mur pour ne pas tomber, mais le coup de pied que je lui inflige dans les jambes lui fait perdre l'équilibre.
_ Je m'inquiète pas pour toi ! Tu pourrais convulser sous mes yeux que je te cracherais à la gueule avant de partir et de te laisser en train de mourir comme un pestiféré, je lui hurle.
Le liquide chaud qui serpente le long de mes doigts me fait prendre conscience que je suis allé trop loin, mais là, je m'en fou. Il a dit que je m'inquiète pour lui. Je lui attrape par les cheveux pour qu'il me regarde.
_ Tu es vraiment sans cervelle. Tellement que je me demande si ta mère a pas baisé avec un gars de sa famille. Ça expliquerait tout. Et puis t'a un vrai comportement de pédale, je siffle en finissant par lui repousser violement la tête en arrière et m'essuyer la main sur mon jeans comme si j'avais touché quelque chose de profondément dégoutant. »
Enfaite, j'avais une sorte d'obsession malsaine pour lui. Dès que je rentrais à la maison le soir et que, par conséquent, il était hors de ma vue, je me connectais sur Instagram et je guettais toutes les minutes sont profil. Il aimait beaucoup les fleurs et postait tous les soirs une photo de lui avec un bouquet. J'ai par ailleurs relevé qu'il avait une petite préférence pour les pétunias le mardi et jeudi. J'étais le premier à voir son poste du soir et je le regardais pendant une bonne dizaine de minutes avant de laisser plusieurs commentaires méchant et d'inviter les autres à faire pareil. De jour en jour, je redoublais d'inventivité pour lui faire vivre le plus pénible des enfers. Je lui arrachais son sac, en vidait le contenu entier avant d'éparpiller ses affaires un peu partout, lui faisait remarquer à chaque cours d'SVT qu'on pourrait très bien le mettre à la place de la représentation du corps humain uniquement composé d'os au fond de la salle. J'adorais le voir fuir à l'instant même où la cloche sonnait, de peur que je mette mon idée à exécution. Une fois, mes potes et moi, on l'avait attendu à la sortie du lycée, un marteau à la main. On le pourchassait, le dangereux objet fièrement brandit. Il courait à en perdre haleine, et j'étais certain qu'il pissait dans son caleçon.
« _ Viens là le clou ! On va te ratatiner la gueule ! »
Et le plus fou là-dedans, c'est qu'il n'en a tenu compte à personne. Il est revenu tout sourire le lendemain comme si rien ne s'était passé. Bordel. Alors, je me suis donné le défi de le faire pleurer. Pour m'assurer qu'il avait des sentiments, ou par plaisir pervers ? Je n'en savais rien. Ce con était vraiment intouchable. J'en avais l'impression, du moins.
Il marche sereinement, il ne se rend même pas compte que je suis derrière lui. Il s'arrête pour renouer ses lacets, j'arrive donc dans son dos, et je le scrute attentivement. Ma jambe se lève au ralenti, prête à lui décocher un coup dans le cul pour le voir s'écraser contre le carrelage... Lorsqu'elle s'arrête d'elle-même à quelques centimètres. Je vois ses bras petits et fins, ses jambes si fragiles, je m'imagine son air concentré pour être le plus perfectionniste possible sur les nœuds. Et je suis alors tout bonnement incapable de shooter dans ce petit corps tout rachitique. Pile au moment où il se redresse, je l'esquive en fourrant mes mains dans mes poches. Putain.
C'était la première fois que j'avais ressenti un tel sentiment d'impuissance. Je ne comprenais pas ce qui s'était passé. Je voulais le voir se fracasser, se relever pitoyablement, se retourner vers moi avec des larmes de douleurs qui rouleraient sur ses joues. Et puis en une fraction de seconde... Plus rien. Ce moment n'arrêtait pas de tourner en boucle dans ma tête, sans jamais me laisser une seule seconde de répit.
Allongé dans mon lit, ça continuait. Ça me torturait. Privé de sommeil, je me baladais sur les réseaux sociaux, lorsque j'étais tombé sur un article parlant du harcèlement. Une seule phrase avait retenu mon attention, détruisant le peu d'espoir que j'avais de fermer l'œil.
« Vous, les harceleurs, je vous demande de vous poser une question, si bien évidement vous avez assez de neurones pour ça. Cette question repose en un mot, deux syllabes. Pourquoi ? »
Le lendemain, mon reflet me renvoyait le regard que je lui lançais depuis tout à l'heure, perdu dans mon monde. Il semblait dire ; « Qu'est-ce que tu fais, crétin ? Va réfléchir ailleurs. Je suis payé pour que tu vérifies que tu sois présentable, pas que tu me fixes comme si tu te posais la question de si les poissons voient ou se rendent compte qu'ils vivent dans l'eau ! ».
J'étais frustré. En colère. Comment ce nabot avait osé rentrer ainsi dans ma tête et accaparer toutes mes pensées ? Ma haine envers lui avait décuplée. Mon comportement d'hier me tourneboulait – j'adore ce mot – encore. Un cri de rage m'avait échappé. Je me disais que ce salopard, obligatoirement, se posait des questions. Jamais je n'aurais laissé une telle chance de l'humilier... Forcément, il devait maintenant me prendre pour un trouillard. J'allais le faire déchanter tout de suite.
Je sais que cet immonde espèce de squelette vivant va toujours au chiotte juste après manger. Je l'y attends donc de pied ferme. Quand la porte s'ouvre enfin sur l'autre anorexique, je l'attrape par le bras et le tire dans une cabine. L'agacement de ne pas trouver la réponse aux pourquoi – pourquoi je me suis mis à le harceler, lui et pas un autre ? Il ne manque pas de gros, de trop grand ou de trop petit dans ce lycée. Et surtout, pourquoi je ne lui ai pas donné cette fichue raclée ? Je suis sûr qu'il se moque de moi. Plus pour longtemps. Je me saisis de ses épaules pour cogner plusieurs fois sa tête que je n'ai jamais pu me voir en peinture contre le mur, avant de lui arracher ses – nouvelles – lunettes et de les balancer dans la cuvette. Je déverse toute ma frustration de cette nuit dans chacun de mes coups.
« _ T'es hyper chelou ! Tu te défens pas, tu ne pleures pas, tu es vide ou quoi ? Mon reproche est suivi d'un coup dans le ventre qui lui coupe le souffle, t'es genre... un putain de maso ou quoi ? Je veux bien savoir comment tu fais pour rester un imbécile heureux alors que tout le monde te rabaisse, tu fais que dalle pour arranger ça, en plus !
Silence. Ma main fouette l'air et s'abat sur sa joue. Le son rebondit sur les parois de la cabine, mais je n'entends pas une seule supplication, pas même un gémissement.
_ Tu dis que je ne pleure pas ? me surprend sa petite voix.
Des billes rondes et salées dévalent son visage jusqu'à son cou. Des larmes, pardi. Je suis à deux doigts de sauter sur place et de frapper dans mes mains.
_ Ah ! Tu me rassures, le cadavre vivant ressent des émotions, je m'exclame, narquois.
_ Je pleure tous les soirs. Pas une seule nuit depuis que tu es rentré dans ma vie, j'ai pu dormir sur mes deux oreilles. J'ai la boule au ventre dès que je t'aperçois. J'ai si peur que je fais une crise de panique chaque matin. Mes tentatives de faire le mort pour que tu me fiches la paix sont vaines..., sa tête baissée jusque-là se relève pour planter un regard démuni qui ne quittera jamais plus mon esprit. Que dois-je faire ?
C'est moi le pantin désarticulé et mort dorénavant. Le choc m'est tombé dessus aussi lourdement qu'une masse de quatre-vingt-dix kilos. Les mots, au fur et à mesure qu'ils s'assimilent, s'emboîtent et s'alambiquent, m'enfoncent un peu plus dans la portée de leur signification. Je ne veux pas qu'il me voit comme ça.
_ Dégage. »
Le soir même, je flottais dans un brouillard, tout ce que je voyais me rappelais d'une façon ou d'une autre ce garçon. Ce qu'il m'avait dit. Je ne savais pas quoi penser. J'étais totalement déconnecté, j'avais l'impression d'être une coquille vide. Mais, grâce à une personne dont le ludisme était presque effrayant pour moi à l'époque, j'ai compris.
Je m'assois en face de ma mamie qui me lance un magnifique sourire. Je le lui rends avant de baisser la tête sur mon écran et de visser mes écouteurs dans mes oreilles. Smells Like Teen Spirit résonne agréablement dans ma boîte crânienne pendant que je discute avec des gens sur un forum de jeux vidéo.
UNGAMEUR78 : Vous avez vu le nouveau jeu qui est sorti il y a deux semaines ? Il déchire.
Game_Overwatch : C'est un jeu contre le harcèlement non ?
UNGAMEUR78 : Ouaip, je l'adore !
Une_Game : C'est vrai qu'il est sympa, j'y est joué pendant deux heures sans m'arrêter au moins.
Moi : Qu'est-ce qu'il a de si spécial ce jeu ?
UNGAMEUR78 : Bah, c'est génial qu'ils sensibilisent les jeunes à ce genre de problème, non ?
J'éteins mon téléphone. Putain de merde. Je ne peux donc pas être tranquille en laissant loin mes soucis, même en accompagnant ma grand-mère au loto ? Voilà que son visage revient hanter mon esprit. Je suis incapable de rallumer mon cellulaire.
_ File un carton mamie, s'il te plait.
Celui qu'elle me donne contient trois chiffres significatifs. Je croise les doigts.
_ Le 18... Le 26... le 56... Le 89...
_ Oui !!!!!
_ Putain.
Je me tourne vers le papy qui vient de grommeler le juron. Avec sa barbe tressée, son bandana noir, ses épaules carrées et son visage intimidant il me fait penser à un motard comme en voit dans les films ou les dessins animés.
Lors de la pause, je vais prendre l'air après avoir acheté un verre de coca et deux crêpes. Le vent me fouette le visage, la nuit m'entoure à la place de mes démons, et pour une fois, enfin, j'arrête de penser. Mais ça ne dure qu'un court instant. Il réapparait, lui et ses mots.
Je suis sur le point de hurler de rage, lorsqu'une fille que je ne connais pas se poste à côté de moi. Elle est en fauteuil roulant. Je la dévisage.
_ Ce sont mes jambes qui ne sont plus en fonctions, pas mes yeux. Je te vois me fixer.
_ Je m'en fous de tes jambes. Tu me déranges.
Silence. Je détourne les yeux.
_ J'harcèle un gars dans mon lycée, je balance.
Je me rends compte de ce qui vient de sortir de ma bouche. Merde, putain de merde. Et puis, une fois que l'on a ouvert la boîte de pandore, il est trop tard.
_ Il m'énervait. Avec ses airs d'ahuri, ces manières de « la vie est belle, j'adore tout le monde ». Je l'ai défoncé y'a pas longtemps. Je lui ai fait les mêmes reproches, à peu près. Il m'a dit des choses affreuses. Je les oublierais jamais. Je suis allé trop loin. Beaucoup trop loin. Je pense que je voulais juste... J'en sais rien. Maintenant j'y pense tous les jours. J'ai même envie de me rattraper, d'effacer l'ardoise. Je veux m'excuser. Mais je le ferais pas, parce que ça servirait à rien. J'ai l'impression que même me crucifié et exercer toutes les tortures du monde sur mon corps en lui demandant pardon, devant lui, ça ne suffirait pas. Il ne montrait pas ses émotions, moi je pensais que c'était un imbécile heureux qui vivait dans le monde des bisounours. Peut-être que c'était le cas avant moi. Mais je l'ai plongé dans une spirale infernale, crachai-je, dégouté de moi-même.
Je n'ai plus d'air pour respirer. Je m'écroule. J'ai tout sorti. De l'eau atterrie sur mon visage. Je lève les yeux pour voir s'il pleut. Le ciel est découvert, la lune et les étoiles brillent toujours fièrement dans le firmament. C'est juste moi qui ouvre les vannes.
_ Tu regrettes. C'est bien. Puisque tu me l'as décrit ainsi, moi je pense que ça règlerait tout si tu t'excusais. Mais évidemment, le traumatisme que tu lui as certainement causé restera un bon moment. Sois là pour lui, me dit-elle d'une voix pareille à celle d'un procureur.
Je réfléchis à son conseil.
_ Tu t'appelles comment ? embraye-t-elle.
Je me redresse. Je lui tends mes crêpes pour qu'elle en prenne une. Elle en prend deux.
_ Merci.
J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi affamé de toute ma vie. Mes pauvres crêpes au sucre et Nutella n'ont même pas durées deux minutes. Je serre fort ma canette pour ne pas qui lui arrive un pareil funeste destin.
_ Je m'appelle Yoann, Yoann Mulleni, je déclare. Et toi ?
Ses yeux s'ouvrent grand. Très grand. Je commence d'ailleurs à me demander si elle ne veut pas imiter un hibou...
_ Moi c'est Murielle. Mais Mulleni... Ta sœur, c'est Mila Mulleni ? »
C'est comme si on m'avait foutu un coup de crampon dans l'estomac. Je revoyais le corps squelettique de ma sœur, ses côtes que l'on voyait, les bruits de vomissement à chaque fois qu'elle partait aux toilettes après chaque repas. Je revoyais ma sœur au plus bas, je revoyais ma sœur se rapprocher de plus en plus des portes de la mort. À l'époque, je la haïssais profondément. En fait... Elle était exactement comme lui. Elle faisait comme si elle n'était pas malade, alors que ça santé se dégradait de jour en jour. Pour moi, elle s'était laissée mourir. Je n'avais pas compris.
Je fonce sur Murielle, et lui agrippe les deux mains.
« _ Comment tu la connais ? je hurle.
_ C'était ma colocataire de chambre à l'hôpital. Elle comptait comme une sœur pour moi. J'étais dévastée quand elle est partie. Moi je sais maintenant pourquoi tu es comme ça avec ce garçon. Il a la même maladie que ta sœur. Tu ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose de similaire, mais tu rejettes aussi ta peine et la rancœur pour Mila sur lui. Le voir, c'est comme la voir pour toi. Tu as le besoin de le protéger, tu as la rage à cause de son comportement. Et tu remets également la faute que tu penses que ta sœur à commise sur lui. Mais tu te trompes. Ta sœur à juste chercher à vivre heureuse. Elle a su dès le départ qu'elle n'arriverait pas à surmonter cette épreuve. Alors elle a voulu vivre pleinement sa vie. Comme lui. Au lieu de l'humilier pour le révolter, de le battre, aide-le. Soit là pour lui. »
Tout m'a percuté ce soir-là. Je l'ai remercié. Cette nuit-ci, ma mamie et avons tous deux gagné des lots. Ma mamie, le droit de rejouer et moi... La connaissance. Les réponses à mes questions. La compréhension.
Le lendemain, j'ai couru comme un fou vers là où il résidait. Bonnes intentions et espoir en tête. Pourtant. J'ai sonné, sa mère m'a ouvert, mais m'a dit qu'il n'était pas là. Intrigué – ce n'était pas son genre de traîner en ville après les cours, ni avec ses copains d'ailleurs. C'était plutôt logique, puisqu'il n'avait pas d'amis. Il rentrait directement chez lui. Je l'ai très mal senti. Et j'avais raison. Deux semaines plus tard, je me trouvais devant lui. Ou plus exactement, devant sa pierre tombale. C'était triste. Les personnes venues se comptaient sur les doigts de la main. Le prêtre, le père et la mère, la grand-mère et enfin, moi et Murielle. On avait gardé contact. Murielle m'avait aussi prévenue que sa merde gagnait du terrain. Quatre mois plus tard d'amitié, de rigolade, de moments agréables passés ensembles, la pierre grise significative était une fois de plus devant moi. Je ne suis pas arrivé pendant la cérémonie cette fois, mais bien après. Pour être seul à seul. On ne discutait pas. Entre nous, il y avait un vrai silence de mort. C'était le genre d'humour que mon amie aimait faire.
Me voilà dix années plus tard, travaillant dans un hôpital. Étant aux petits-soins avec tous les malades, et encore plus ceux atteints d'anorexie. Je leur raconte mon histoire. Je donne aussi des préventions sur le harcèlement dans toutes les structures scolaires. Certains trouvent que c'est déplacé de ma part, d'autres me félicite. Moi je m'en fiche, je n'ai qu'un but dans la vie désormais. Veiller à ce que ce genre d'atrocité qui pousse à l'acte ultime ne se reproduise plus. J'ai gâché la vie d'une personne, je dois en améliorer et sauver un nombre infini.
« _ Putain, t'es bizarre ! Personne ne te nourris ou quoi chez toi ?
Je regarde sa tête baissée vers le sol, un sourire glorieux aux lèvres. Je me sens particulièrement bien en écrasant ce déchet, ça me prouve que je ne suis pas aussi faible que lui.
_ C'est sûrement parce tes parents ne t'aiment pas. Qui veut d'un lépreux tel que toi comme fils ? Des dégénérés. Je suis sûr que tu es la pire déception, la pire désillusion pour eux. »
Régulièrement, je l'observais manger au réfectoire et partager avec n'importe qui. Et j'enrageais parce que ça me dépassais. Comment ce connard pouvait donner la moitié de sa bouffe alors qu'il était plus fin qu'un cure-dent ? Un jour, j'en avais eu marre et derrière l'école, à l'abri des regards, je l'avais soulevé par le col.
« _ T'es con, tu veux crever ? Donne pas ta bouffe espèce d'enculé ! C'est pas ton problème si les autres ont encore la dalle, merde !
Il me sourit et entoure mes mains des siennes. Dans ses yeux s'allume et brille soudainement un brasier dont il est incapable pour moi de deviner quel sentiment l'anime. Surpris, je desserre assez ma poigne pour qu'il puisse se dégager doucement.
_ J'ai toujours aimé faire plaisir, voir la lueur d'amitié qui naît dans les prunelles quand je rends service. C'est vraiment gentil de t'inquiéter pour moi, mais je t'assure que je me porte bien, murmure-t-il d'une voix aussi douce qu'un rayon de soleil qui caresse la peau lors d'un agréable jour d'été.
Je ne retiens pas mon poing qui fuse dans son visage, faisant s'écraser ses lunettes contre le goudron dur dans un bruit de verre brisé. Il chancelle et essaie de prendre appuie sur le mur pour ne pas tomber, mais le coup de pied que je lui inflige dans les jambes lui fait perdre l'équilibre.
_ Je m'inquiète pas pour toi ! Tu pourrais convulser sous mes yeux que je te cracherais à la gueule avant de partir et de te laisser en train de mourir comme un pestiféré, je lui hurle.
Le liquide chaud qui serpente le long de mes doigts me fait prendre conscience que je suis allé trop loin, mais là, je m'en fou. Il a dit que je m'inquiète pour lui. Je lui attrape par les cheveux pour qu'il me regarde.
_ Tu es vraiment sans cervelle. Tellement que je me demande si ta mère a pas baisé avec un gars de sa famille. Ça expliquerait tout. Et puis t'a un vrai comportement de pédale, je siffle en finissant par lui repousser violement la tête en arrière et m'essuyer la main sur mon jeans comme si j'avais touché quelque chose de profondément dégoutant. »
Enfaite, j'avais une sorte d'obsession malsaine pour lui. Dès que je rentrais à la maison le soir et que, par conséquent, il était hors de ma vue, je me connectais sur Instagram et je guettais toutes les minutes sont profil. Il aimait beaucoup les fleurs et postait tous les soirs une photo de lui avec un bouquet. J'ai par ailleurs relevé qu'il avait une petite préférence pour les pétunias le mardi et jeudi. J'étais le premier à voir son poste du soir et je le regardais pendant une bonne dizaine de minutes avant de laisser plusieurs commentaires méchant et d'inviter les autres à faire pareil. De jour en jour, je redoublais d'inventivité pour lui faire vivre le plus pénible des enfers. Je lui arrachais son sac, en vidait le contenu entier avant d'éparpiller ses affaires un peu partout, lui faisait remarquer à chaque cours d'SVT qu'on pourrait très bien le mettre à la place de la représentation du corps humain uniquement composé d'os au fond de la salle. J'adorais le voir fuir à l'instant même où la cloche sonnait, de peur que je mette mon idée à exécution. Une fois, mes potes et moi, on l'avait attendu à la sortie du lycée, un marteau à la main. On le pourchassait, le dangereux objet fièrement brandit. Il courait à en perdre haleine, et j'étais certain qu'il pissait dans son caleçon.
« _ Viens là le clou ! On va te ratatiner la gueule ! »
Et le plus fou là-dedans, c'est qu'il n'en a tenu compte à personne. Il est revenu tout sourire le lendemain comme si rien ne s'était passé. Bordel. Alors, je me suis donné le défi de le faire pleurer. Pour m'assurer qu'il avait des sentiments, ou par plaisir pervers ? Je n'en savais rien. Ce con était vraiment intouchable. J'en avais l'impression, du moins.
Il marche sereinement, il ne se rend même pas compte que je suis derrière lui. Il s'arrête pour renouer ses lacets, j'arrive donc dans son dos, et je le scrute attentivement. Ma jambe se lève au ralenti, prête à lui décocher un coup dans le cul pour le voir s'écraser contre le carrelage... Lorsqu'elle s'arrête d'elle-même à quelques centimètres. Je vois ses bras petits et fins, ses jambes si fragiles, je m'imagine son air concentré pour être le plus perfectionniste possible sur les nœuds. Et je suis alors tout bonnement incapable de shooter dans ce petit corps tout rachitique. Pile au moment où il se redresse, je l'esquive en fourrant mes mains dans mes poches. Putain.
C'était la première fois que j'avais ressenti un tel sentiment d'impuissance. Je ne comprenais pas ce qui s'était passé. Je voulais le voir se fracasser, se relever pitoyablement, se retourner vers moi avec des larmes de douleurs qui rouleraient sur ses joues. Et puis en une fraction de seconde... Plus rien. Ce moment n'arrêtait pas de tourner en boucle dans ma tête, sans jamais me laisser une seule seconde de répit.
Allongé dans mon lit, ça continuait. Ça me torturait. Privé de sommeil, je me baladais sur les réseaux sociaux, lorsque j'étais tombé sur un article parlant du harcèlement. Une seule phrase avait retenu mon attention, détruisant le peu d'espoir que j'avais de fermer l'œil.
« Vous, les harceleurs, je vous demande de vous poser une question, si bien évidement vous avez assez de neurones pour ça. Cette question repose en un mot, deux syllabes. Pourquoi ? »
Le lendemain, mon reflet me renvoyait le regard que je lui lançais depuis tout à l'heure, perdu dans mon monde. Il semblait dire ; « Qu'est-ce que tu fais, crétin ? Va réfléchir ailleurs. Je suis payé pour que tu vérifies que tu sois présentable, pas que tu me fixes comme si tu te posais la question de si les poissons voient ou se rendent compte qu'ils vivent dans l'eau ! ».
J'étais frustré. En colère. Comment ce nabot avait osé rentrer ainsi dans ma tête et accaparer toutes mes pensées ? Ma haine envers lui avait décuplée. Mon comportement d'hier me tourneboulait – j'adore ce mot – encore. Un cri de rage m'avait échappé. Je me disais que ce salopard, obligatoirement, se posait des questions. Jamais je n'aurais laissé une telle chance de l'humilier... Forcément, il devait maintenant me prendre pour un trouillard. J'allais le faire déchanter tout de suite.
Je sais que cet immonde espèce de squelette vivant va toujours au chiotte juste après manger. Je l'y attends donc de pied ferme. Quand la porte s'ouvre enfin sur l'autre anorexique, je l'attrape par le bras et le tire dans une cabine. L'agacement de ne pas trouver la réponse aux pourquoi – pourquoi je me suis mis à le harceler, lui et pas un autre ? Il ne manque pas de gros, de trop grand ou de trop petit dans ce lycée. Et surtout, pourquoi je ne lui ai pas donné cette fichue raclée ? Je suis sûr qu'il se moque de moi. Plus pour longtemps. Je me saisis de ses épaules pour cogner plusieurs fois sa tête que je n'ai jamais pu me voir en peinture contre le mur, avant de lui arracher ses – nouvelles – lunettes et de les balancer dans la cuvette. Je déverse toute ma frustration de cette nuit dans chacun de mes coups.
« _ T'es hyper chelou ! Tu te défens pas, tu ne pleures pas, tu es vide ou quoi ? Mon reproche est suivi d'un coup dans le ventre qui lui coupe le souffle, t'es genre... un putain de maso ou quoi ? Je veux bien savoir comment tu fais pour rester un imbécile heureux alors que tout le monde te rabaisse, tu fais que dalle pour arranger ça, en plus !
Silence. Ma main fouette l'air et s'abat sur sa joue. Le son rebondit sur les parois de la cabine, mais je n'entends pas une seule supplication, pas même un gémissement.
_ Tu dis que je ne pleure pas ? me surprend sa petite voix.
Des billes rondes et salées dévalent son visage jusqu'à son cou. Des larmes, pardi. Je suis à deux doigts de sauter sur place et de frapper dans mes mains.
_ Ah ! Tu me rassures, le cadavre vivant ressent des émotions, je m'exclame, narquois.
_ Je pleure tous les soirs. Pas une seule nuit depuis que tu es rentré dans ma vie, j'ai pu dormir sur mes deux oreilles. J'ai la boule au ventre dès que je t'aperçois. J'ai si peur que je fais une crise de panique chaque matin. Mes tentatives de faire le mort pour que tu me fiches la paix sont vaines..., sa tête baissée jusque-là se relève pour planter un regard démuni qui ne quittera jamais plus mon esprit. Que dois-je faire ?
C'est moi le pantin désarticulé et mort dorénavant. Le choc m'est tombé dessus aussi lourdement qu'une masse de quatre-vingt-dix kilos. Les mots, au fur et à mesure qu'ils s'assimilent, s'emboîtent et s'alambiquent, m'enfoncent un peu plus dans la portée de leur signification. Je ne veux pas qu'il me voit comme ça.
_ Dégage. »
Le soir même, je flottais dans un brouillard, tout ce que je voyais me rappelais d'une façon ou d'une autre ce garçon. Ce qu'il m'avait dit. Je ne savais pas quoi penser. J'étais totalement déconnecté, j'avais l'impression d'être une coquille vide. Mais, grâce à une personne dont le ludisme était presque effrayant pour moi à l'époque, j'ai compris.
Je m'assois en face de ma mamie qui me lance un magnifique sourire. Je le lui rends avant de baisser la tête sur mon écran et de visser mes écouteurs dans mes oreilles. Smells Like Teen Spirit résonne agréablement dans ma boîte crânienne pendant que je discute avec des gens sur un forum de jeux vidéo.
UNGAMEUR78 : Vous avez vu le nouveau jeu qui est sorti il y a deux semaines ? Il déchire.
Game_Overwatch : C'est un jeu contre le harcèlement non ?
UNGAMEUR78 : Ouaip, je l'adore !
Une_Game : C'est vrai qu'il est sympa, j'y est joué pendant deux heures sans m'arrêter au moins.
Moi : Qu'est-ce qu'il a de si spécial ce jeu ?
UNGAMEUR78 : Bah, c'est génial qu'ils sensibilisent les jeunes à ce genre de problème, non ?
J'éteins mon téléphone. Putain de merde. Je ne peux donc pas être tranquille en laissant loin mes soucis, même en accompagnant ma grand-mère au loto ? Voilà que son visage revient hanter mon esprit. Je suis incapable de rallumer mon cellulaire.
_ File un carton mamie, s'il te plait.
Celui qu'elle me donne contient trois chiffres significatifs. Je croise les doigts.
_ Le 18... Le 26... le 56... Le 89...
_ Oui !!!!!
_ Putain.
Je me tourne vers le papy qui vient de grommeler le juron. Avec sa barbe tressée, son bandana noir, ses épaules carrées et son visage intimidant il me fait penser à un motard comme en voit dans les films ou les dessins animés.
Lors de la pause, je vais prendre l'air après avoir acheté un verre de coca et deux crêpes. Le vent me fouette le visage, la nuit m'entoure à la place de mes démons, et pour une fois, enfin, j'arrête de penser. Mais ça ne dure qu'un court instant. Il réapparait, lui et ses mots.
Je suis sur le point de hurler de rage, lorsqu'une fille que je ne connais pas se poste à côté de moi. Elle est en fauteuil roulant. Je la dévisage.
_ Ce sont mes jambes qui ne sont plus en fonctions, pas mes yeux. Je te vois me fixer.
_ Je m'en fous de tes jambes. Tu me déranges.
Silence. Je détourne les yeux.
_ J'harcèle un gars dans mon lycée, je balance.
Je me rends compte de ce qui vient de sortir de ma bouche. Merde, putain de merde. Et puis, une fois que l'on a ouvert la boîte de pandore, il est trop tard.
_ Il m'énervait. Avec ses airs d'ahuri, ces manières de « la vie est belle, j'adore tout le monde ». Je l'ai défoncé y'a pas longtemps. Je lui ai fait les mêmes reproches, à peu près. Il m'a dit des choses affreuses. Je les oublierais jamais. Je suis allé trop loin. Beaucoup trop loin. Je pense que je voulais juste... J'en sais rien. Maintenant j'y pense tous les jours. J'ai même envie de me rattraper, d'effacer l'ardoise. Je veux m'excuser. Mais je le ferais pas, parce que ça servirait à rien. J'ai l'impression que même me crucifié et exercer toutes les tortures du monde sur mon corps en lui demandant pardon, devant lui, ça ne suffirait pas. Il ne montrait pas ses émotions, moi je pensais que c'était un imbécile heureux qui vivait dans le monde des bisounours. Peut-être que c'était le cas avant moi. Mais je l'ai plongé dans une spirale infernale, crachai-je, dégouté de moi-même.
Je n'ai plus d'air pour respirer. Je m'écroule. J'ai tout sorti. De l'eau atterrie sur mon visage. Je lève les yeux pour voir s'il pleut. Le ciel est découvert, la lune et les étoiles brillent toujours fièrement dans le firmament. C'est juste moi qui ouvre les vannes.
_ Tu regrettes. C'est bien. Puisque tu me l'as décrit ainsi, moi je pense que ça règlerait tout si tu t'excusais. Mais évidemment, le traumatisme que tu lui as certainement causé restera un bon moment. Sois là pour lui, me dit-elle d'une voix pareille à celle d'un procureur.
Je réfléchis à son conseil.
_ Tu t'appelles comment ? embraye-t-elle.
Je me redresse. Je lui tends mes crêpes pour qu'elle en prenne une. Elle en prend deux.
_ Merci.
J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi affamé de toute ma vie. Mes pauvres crêpes au sucre et Nutella n'ont même pas durées deux minutes. Je serre fort ma canette pour ne pas qui lui arrive un pareil funeste destin.
_ Je m'appelle Yoann, Yoann Mulleni, je déclare. Et toi ?
Ses yeux s'ouvrent grand. Très grand. Je commence d'ailleurs à me demander si elle ne veut pas imiter un hibou...
_ Moi c'est Murielle. Mais Mulleni... Ta sœur, c'est Mila Mulleni ? »
C'est comme si on m'avait foutu un coup de crampon dans l'estomac. Je revoyais le corps squelettique de ma sœur, ses côtes que l'on voyait, les bruits de vomissement à chaque fois qu'elle partait aux toilettes après chaque repas. Je revoyais ma sœur au plus bas, je revoyais ma sœur se rapprocher de plus en plus des portes de la mort. À l'époque, je la haïssais profondément. En fait... Elle était exactement comme lui. Elle faisait comme si elle n'était pas malade, alors que ça santé se dégradait de jour en jour. Pour moi, elle s'était laissée mourir. Je n'avais pas compris.
Je fonce sur Murielle, et lui agrippe les deux mains.
« _ Comment tu la connais ? je hurle.
_ C'était ma colocataire de chambre à l'hôpital. Elle comptait comme une sœur pour moi. J'étais dévastée quand elle est partie. Moi je sais maintenant pourquoi tu es comme ça avec ce garçon. Il a la même maladie que ta sœur. Tu ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose de similaire, mais tu rejettes aussi ta peine et la rancœur pour Mila sur lui. Le voir, c'est comme la voir pour toi. Tu as le besoin de le protéger, tu as la rage à cause de son comportement. Et tu remets également la faute que tu penses que ta sœur à commise sur lui. Mais tu te trompes. Ta sœur à juste chercher à vivre heureuse. Elle a su dès le départ qu'elle n'arriverait pas à surmonter cette épreuve. Alors elle a voulu vivre pleinement sa vie. Comme lui. Au lieu de l'humilier pour le révolter, de le battre, aide-le. Soit là pour lui. »
Tout m'a percuté ce soir-là. Je l'ai remercié. Cette nuit-ci, ma mamie et avons tous deux gagné des lots. Ma mamie, le droit de rejouer et moi... La connaissance. Les réponses à mes questions. La compréhension.
Le lendemain, j'ai couru comme un fou vers là où il résidait. Bonnes intentions et espoir en tête. Pourtant. J'ai sonné, sa mère m'a ouvert, mais m'a dit qu'il n'était pas là. Intrigué – ce n'était pas son genre de traîner en ville après les cours, ni avec ses copains d'ailleurs. C'était plutôt logique, puisqu'il n'avait pas d'amis. Il rentrait directement chez lui. Je l'ai très mal senti. Et j'avais raison. Deux semaines plus tard, je me trouvais devant lui. Ou plus exactement, devant sa pierre tombale. C'était triste. Les personnes venues se comptaient sur les doigts de la main. Le prêtre, le père et la mère, la grand-mère et enfin, moi et Murielle. On avait gardé contact. Murielle m'avait aussi prévenue que sa merde gagnait du terrain. Quatre mois plus tard d'amitié, de rigolade, de moments agréables passés ensembles, la pierre grise significative était une fois de plus devant moi. Je ne suis pas arrivé pendant la cérémonie cette fois, mais bien après. Pour être seul à seul. On ne discutait pas. Entre nous, il y avait un vrai silence de mort. C'était le genre d'humour que mon amie aimait faire.
Me voilà dix années plus tard, travaillant dans un hôpital. Étant aux petits-soins avec tous les malades, et encore plus ceux atteints d'anorexie. Je leur raconte mon histoire. Je donne aussi des préventions sur le harcèlement dans toutes les structures scolaires. Certains trouvent que c'est déplacé de ma part, d'autres me félicite. Moi je m'en fiche, je n'ai qu'un but dans la vie désormais. Veiller à ce que ce genre d'atrocité qui pousse à l'acte ultime ne se reproduise plus. J'ai gâché la vie d'une personne, je dois en améliorer et sauver un nombre infini.
Коментарі
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Harcèlement
Toujours aussi fort, je crois qu’il y a 2/3 petites fautes:
*nourrit (le sujet, c’est personne)
*dépassait (le sujet, c’est ça)
*m'inquiétais (là je suis pas sûr mais je crois que c’est du passé)
*son profil (tu avais mis « sont profil »)
*méchants (tu avais mis « méchant », mais il y en a plusieurs)
*évidemment (tu avais mis « évidement », c’est quand quelque chose se vide)
*cette immonde espèce (tu avais mis « cet immonde espèce)
*défends ( tu avais mis défend)
*crêpes (tu avais mis erêpes, faute de frappe)
*sa santé (tu avais mis « ça santé »)
Bon, après je suis pas un dico sur pattes donc je me suis peut-être trompée. En tout cas, tes textes sont vraiment forts, je trouve l’histoire que celui-ci raconte particulièrement belle.
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2021-04-30 15:21:14
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