3. Abri
"Que tu sois morte ou vivante, on s'en fout tant qu'on voit pas ta sale gueule."
༄
La lumière orangeâtre du soleil vint chatouiller les paupière de Horo, encore bien paralysée par le sommeil. Elle se redressa sans se presser, s'étira et se recoiffa d'un geste. Vacillante, elle posa un pied au sol, puis l'autre afin de se lever correctement. Elle balaya rapidement les vertiges de la main pour avancer sans risque vers la cantine au rez-de-chaussée.
L'adolescente salua poliment l'hôtesse une fois en bas. Elle se demandait si cette femme dormait directement dans son auberge ou dans une maison non loin... Quoiqu'il en soit, elle avait l'air de ne pas avoir quitté son poste de la nuit.
En arrivant dans le réfectoire, elle constata rapidement qu'il était vide; à l'exception d'une femme derrière le bar, et d'un homme - vêtu d'une veste en cuir - dans un coin, assis contre le mur sur une banquette.
Horo se dépêcha d'aller chercher quelques choses à manger (elle en glissa même en douce dans son sac), ne sentant pas la présence de l'homme comme bienveillante. Elle entreprit même des recherches sur sa prochaine destination pour ne pas croiser son regard; ni même le voir. La prochaine ville - Tokyo - était cependant très loin: quatre-vingts kilomètres; et rien sur le trajet. Il n'y avait que quelques stations services, espacées d'environ quatre-vingts kilomètres. Elle se mit donc en tête d'en faire des points relais.
L'auto-stop n'était pas une solution qu'elle excluait. Elle se rendait juste à l'évidence: personne n'empruntait ces routes abandonnées.
༄
Cela ne faisait que quelques minutes qu'elle était partie, et déjà, elle sentait que l'usure de ses chaussures allaient l'embêter pendant encore plusieurs kilomètres. L'espoir de voir une voiture passer s'amenuisait de plus en plus. Elle s'en voulait un peu de ne pas avoir préparé son départ finalement. Elle aurait au moins pu préparer une feuille de route, ou choisir une destination !
Elle avait l'impression de déjà regretter cette fugue. Mais finalement, peut-être que sa nouvelle vie de fuyarde lui offrira les opportunités qu'elle cherchait à saisir ! Mais reste à voir si elle arrivera à traverser cette longue autoroute jusqu'à la ville qui se trouve à maintenant soixante-quinze kilomètres de là.
Et si ce sentiment d'être observée s'estompera en même temps que cette couche de nuages menaçants dans le ciel.
༄
La nuit ne tombe jamais très vite lorsqu'on passe sa journée à marcher. Horo sentait ses semelles s'affaisser petit à petit. A vrai dire, ses chaussures usées étaient vielles d'au moins le début de ses années de collège. Une source de haine en plus envers sa sœur qui, elle, en avait des nouvelles à chaque rentrées. Pourquoi toujours elle et pas moi ? Surdouée de mes deux... grogna-t-elle soudainement, en même temps que les nuages remplis de pluie.
De grosses gouttes commencèrent à lui tomber sur le crâne. Horo enfila à la hâte sa capuche, gelée par l'eau qui avait prit le temps de couler le long de sa nuque. Elle frissonna et se mit à courir, cherchant avec urgence un endroit où s'abriter. Elle porta son dévolu vers la forêt qui bordait la route.
C'est quand elle fouilla la zone à la recherche d'un abri qu'elle vit une ombre sur le bas-côté de la route. Heureusement pour elle, cette ombre - qui entra dans la forêt à son tour - ne sembla pas l'avoir vu. Horo resta loin de celle-ci, à couvert derrière un tronc couché sur les feuilles mortes.
En se baissant un peu, elle constata un renfoncement assez profond sous celui-ci pour qu'elle puisse y passer et se couvrir jusqu'à temps que la pluie s'arrête.
Espérons ne pas se faire trouver par ce type bizarre, souffla-t-elle une fois installée à demie allongée pour ne pas se cogner contre le bois trempé.
Quelques gouttes vinrent couler le long de sa veste noire, à peine séchée de la veille. L'adolescente sentait progressivement le froid lui parcourir la peau. L'eau - qui avait réussi on-ne-sait-comment à passer sous son t-shirt - donnait l'invitation au vent à lui donner une énième sensation de froid désagréable. Horo frissonna mais se consola bien rapidement; valait mieux ça plutôt que de se manger les rafales de pluie qui balayaient les feuilles juste à côté d'elle.
༄
Quand elle rouvrit les yeux, il faisait déjà nuit. Elle n'avait pas dormis, elle avait juste médité pendant une heure environ. Elle avait fait un point avec elle-même et listé les points positifs d'être partie ainsi. Il y en avait de nombreux, plus que de mauvais points. Même si elle se retrouvait à la rue, sans avoir énormément à manger à boire, ou même de vêtements de rechange, elle savait qu'elle préfèrerait cette vie à l'ancienne.
Partir vers l'inconnu la faisait rêver finalement. On lui avait toujours dit que la ville ne ressemblait pas à la campagne. Elle savait aussi que les gens qui y vivaient étaient plus riches qu'en campagne et que leurs préoccupations étaient très différentes de les leurs, mais tout cela restait tellement flou qu'elle ne saurait poser des images sur ses mots. A part quelques images de Tokyo, elle n'avait pas vu grand chose.
A quoi ressemblait l'architecture, les gens ? Depuis longtemps elle se posait ces questions, c'est vrai. Mais elle ne s'était jamais motivée à partir aussi loin de chez elle.
A ce moment là, Horo releva ses prunelles de saphirs vers les cieux, alertée par un assourdissant bruit d'explosion. Encore une de ces boules de feu, pensa-t-elle, je comprendrai peut-être enfin ce que c'est en m'approchant de la ville. Mais il est trop tard pour continuer de marcher, je devrai dormir. Demain sera chargé, je le sens. Je vais y arriver, il me reste quarante pauvres kilomètres à faire ! En une journée c'est fait. Tokyo, j'arrive !
Sa phase de motivation la fit doucement sourire au milieu de sa frange dégoulinante d'eau. Elle leva de nouveau ses yeux vers le ciel couvert par les branches d'arbre, toujours ce sourire vissé aux lèvres.
Mais Horo n'est pas encore au bout de ses peines: le type qui est passé près d'elle il y a une heure n'est toujours pas revenu. il semblerait qu'il rôde encore dans les bois, mais elle n'en est pas sûre.
A suivre...
༄
La lumière orangeâtre du soleil vint chatouiller les paupière de Horo, encore bien paralysée par le sommeil. Elle se redressa sans se presser, s'étira et se recoiffa d'un geste. Vacillante, elle posa un pied au sol, puis l'autre afin de se lever correctement. Elle balaya rapidement les vertiges de la main pour avancer sans risque vers la cantine au rez-de-chaussée.
L'adolescente salua poliment l'hôtesse une fois en bas. Elle se demandait si cette femme dormait directement dans son auberge ou dans une maison non loin... Quoiqu'il en soit, elle avait l'air de ne pas avoir quitté son poste de la nuit.
En arrivant dans le réfectoire, elle constata rapidement qu'il était vide; à l'exception d'une femme derrière le bar, et d'un homme - vêtu d'une veste en cuir - dans un coin, assis contre le mur sur une banquette.
Horo se dépêcha d'aller chercher quelques choses à manger (elle en glissa même en douce dans son sac), ne sentant pas la présence de l'homme comme bienveillante. Elle entreprit même des recherches sur sa prochaine destination pour ne pas croiser son regard; ni même le voir. La prochaine ville - Tokyo - était cependant très loin: quatre-vingts kilomètres; et rien sur le trajet. Il n'y avait que quelques stations services, espacées d'environ quatre-vingts kilomètres. Elle se mit donc en tête d'en faire des points relais.
L'auto-stop n'était pas une solution qu'elle excluait. Elle se rendait juste à l'évidence: personne n'empruntait ces routes abandonnées.
༄
Cela ne faisait que quelques minutes qu'elle était partie, et déjà, elle sentait que l'usure de ses chaussures allaient l'embêter pendant encore plusieurs kilomètres. L'espoir de voir une voiture passer s'amenuisait de plus en plus. Elle s'en voulait un peu de ne pas avoir préparé son départ finalement. Elle aurait au moins pu préparer une feuille de route, ou choisir une destination !
Elle avait l'impression de déjà regretter cette fugue. Mais finalement, peut-être que sa nouvelle vie de fuyarde lui offrira les opportunités qu'elle cherchait à saisir ! Mais reste à voir si elle arrivera à traverser cette longue autoroute jusqu'à la ville qui se trouve à maintenant soixante-quinze kilomètres de là.
Et si ce sentiment d'être observée s'estompera en même temps que cette couche de nuages menaçants dans le ciel.
༄
La nuit ne tombe jamais très vite lorsqu'on passe sa journée à marcher. Horo sentait ses semelles s'affaisser petit à petit. A vrai dire, ses chaussures usées étaient vielles d'au moins le début de ses années de collège. Une source de haine en plus envers sa sœur qui, elle, en avait des nouvelles à chaque rentrées. Pourquoi toujours elle et pas moi ? Surdouée de mes deux... grogna-t-elle soudainement, en même temps que les nuages remplis de pluie.
De grosses gouttes commencèrent à lui tomber sur le crâne. Horo enfila à la hâte sa capuche, gelée par l'eau qui avait prit le temps de couler le long de sa nuque. Elle frissonna et se mit à courir, cherchant avec urgence un endroit où s'abriter. Elle porta son dévolu vers la forêt qui bordait la route.
C'est quand elle fouilla la zone à la recherche d'un abri qu'elle vit une ombre sur le bas-côté de la route. Heureusement pour elle, cette ombre - qui entra dans la forêt à son tour - ne sembla pas l'avoir vu. Horo resta loin de celle-ci, à couvert derrière un tronc couché sur les feuilles mortes.
En se baissant un peu, elle constata un renfoncement assez profond sous celui-ci pour qu'elle puisse y passer et se couvrir jusqu'à temps que la pluie s'arrête.
Espérons ne pas se faire trouver par ce type bizarre, souffla-t-elle une fois installée à demie allongée pour ne pas se cogner contre le bois trempé.
Quelques gouttes vinrent couler le long de sa veste noire, à peine séchée de la veille. L'adolescente sentait progressivement le froid lui parcourir la peau. L'eau - qui avait réussi on-ne-sait-comment à passer sous son t-shirt - donnait l'invitation au vent à lui donner une énième sensation de froid désagréable. Horo frissonna mais se consola bien rapidement; valait mieux ça plutôt que de se manger les rafales de pluie qui balayaient les feuilles juste à côté d'elle.
༄
Quand elle rouvrit les yeux, il faisait déjà nuit. Elle n'avait pas dormis, elle avait juste médité pendant une heure environ. Elle avait fait un point avec elle-même et listé les points positifs d'être partie ainsi. Il y en avait de nombreux, plus que de mauvais points. Même si elle se retrouvait à la rue, sans avoir énormément à manger à boire, ou même de vêtements de rechange, elle savait qu'elle préfèrerait cette vie à l'ancienne.
Partir vers l'inconnu la faisait rêver finalement. On lui avait toujours dit que la ville ne ressemblait pas à la campagne. Elle savait aussi que les gens qui y vivaient étaient plus riches qu'en campagne et que leurs préoccupations étaient très différentes de les leurs, mais tout cela restait tellement flou qu'elle ne saurait poser des images sur ses mots. A part quelques images de Tokyo, elle n'avait pas vu grand chose.
A quoi ressemblait l'architecture, les gens ? Depuis longtemps elle se posait ces questions, c'est vrai. Mais elle ne s'était jamais motivée à partir aussi loin de chez elle.
A ce moment là, Horo releva ses prunelles de saphirs vers les cieux, alertée par un assourdissant bruit d'explosion. Encore une de ces boules de feu, pensa-t-elle, je comprendrai peut-être enfin ce que c'est en m'approchant de la ville. Mais il est trop tard pour continuer de marcher, je devrai dormir. Demain sera chargé, je le sens. Je vais y arriver, il me reste quarante pauvres kilomètres à faire ! En une journée c'est fait. Tokyo, j'arrive !
Sa phase de motivation la fit doucement sourire au milieu de sa frange dégoulinante d'eau. Elle leva de nouveau ses yeux vers le ciel couvert par les branches d'arbre, toujours ce sourire vissé aux lèvres.
Mais Horo n'est pas encore au bout de ses peines: le type qui est passé près d'elle il y a une heure n'est toujours pas revenu. il semblerait qu'il rôde encore dans les bois, mais elle n'en est pas sûre.
A suivre...
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