Avant-Propos
Prologue
1. Méditation
2. Ciel
3. Abri
4. Ombre
5. Behind
4. Ombre
"Tu comprends que tu nous gènes quand tu viens au lycée ?"



       Le bruit des feuilles crissantes devenait de plus en plus fort; il approchait. Un bruit régulier qui signifiait que quelqu'un venait par ici. Là où le tronc était tombé, sûrement à cause d'un bûcheron ou de gosses mals éduqués.

       Horo ouvrit les yeux à la hâte, submergée par un sentiment de panique. A la faible clarté de la lune, elle discerna, parmi les buissons mis à nus par l'automne, une jambe, puis une épaule et... Une veste en cuir marron ?

        C'est le mec de l'auberge...! Paniqua-t-elle, son coeur accélérant la cadence sous sa poitrine trempée.

        Tout en discrétion, l'adolescente glissa avec précaution de sous le tronc pour pouvoir se redresser, toujours aussi lentement. Elle se baissa, remonta ses manches pour cacher la pâleur de ses mains et les plaqua sur le tronc. De là, elle put se maintenir accroupie afin d'observer l'ombre familière se déplacer autour du tronc.

        Cette dernière le contourna, Horo se calant sur le son de ses pas pour se faire discrète au possible. Elle tourna, tout en faisant attention, autour de ce cadavre d'arbre devenu son seul allié face à cet homme menaçant.

        Elle l'observa jeter un œil sous l'arbre abattu, soit là où elle se trouvait plus tôt. Puis après, il se retira, laissant la jeune femme dans un soulagement des plus total.
Elle se redressa quand il fut assez loin, mais pas de chance, son pied glissa dans la boue ramollie par la pluie.

       Elle parvint à se rattraper à une branche, qui, même sur le point de céder, lui avait permit de faire le moins de bruit possible.
Horo se redressa, se remit sur une surface plutôt plane, toujours accroupie.

        Heureusement pour elle, l'ombre ne se retourna pas; elle continua sa route vers la direction opposée à la jeune femme, rassurant cette dernière.

        Quelques minutes plus tard, elle put se remettre à marcher, éloignée du bord de la route pour ne pas attirer l'attention de cet homme, si jamais il revenait sur ses pas.

        Elle constata qu'elle n'avait que très peu dormis car à peine une heure plus tard, le soleil commençait à pointer le bout de son nez.

"Ça ne change pas de d'habitude, se marmonna-t-elle à elle-même, d'ailleurs, je me demande si les professeurs en auront quelque chose à faire de mon absence vu que je ne viens pas au lycée aujourd'hui... Pff, en vrai, une journée ça passe. Dans deux jours je serais déjà trop loin pour qu'ils puissent me trouver."



         Aucun signe de l'homme en veste de cuir marron. Ni aucun appel de la part de ses parents ou du lycée. Il était aux alentours de huit heures et demie du matin quand Horo arriva à la troisième et avant dernière station service. Enfin, la première qu'elle avait vu en service. Les deux autres s'étaient comme faite abandonnée par leurs proprios. Il ne restait plus que des ruines, un abris idéal pour des bestioles dangereuses.

        Quand elle arriva devant l'épicerie, elle constata qu'il y avait des néons, un peu plus que dans l'auberge qu'elle avait croisée. Ces derniers étaient bleus et illuminaient même le sol, encore mouillé par la sévère pluie de la veille.

        Horo se souvint de quelque chose à ce moment là, à partir du moment où le mot "lumière" arriva dans sa tête. Elle qui en cherchait la dernière fois pour voir comment donnait ce coquelicot dans ses cheveux, elle soupira en se rendant compte qu'il était tombé depuis.

        En même temps - entre deux râlements - elle chercha son porte monnaie, là où trônaient fièrement ses deux derniers billets de deux milles yens.*

"C'est pas avec ça que je vais pouvoir vivre très longtemps..., souffla-t-elle."

         Horo se rendit à l'évidence: valait mieux économiser que d'acheter quelque chose à chaque fois qu'elle en avait l'occasion. Sa demie bouteille d'eau et ses deux barres de céréales allaient amplement pouvoir la faire tenir encore une journée: le temps d'arriver.

"Plus que quarante kilomètres... c'est faisable en une journée."

         Quand elle marmonna cela - pour se motiver une fois de plus - une voiture arriva, puis s'arrêta derrière elle. L'adolescente, curieuse, se retourna pour voir qui avait eu la folie d'emprunter ce chemin de campagne.

        Elle tomba nez à nez avec le profil typique d'une famille en vacances... mais sans le père.
Une belle dame brune venait récupérer de l'essence dans sa jolie voiture. A l'arrière, sur les sièges passagers, Horo rencontra le regard d'une petite fille aux boucles noires. Elle lui lança un sourire et rit en la voyant dévier ses pupilles brunes des siennes.

         Cette gamine lui faisait penser à sa sœur lorsqu'elle était petite. Elles n'avaient que quatre ans d'écart, mais c'était suffisant pour qu'elle se sente humiliée dès que cette sale gosse commençait à être en capacité de lui expliquer ses devoirs.
Surdouée de mes deux... sale peste, elle grognait dans son for intérieur.

         La noiraude aux yeux bleus intriguait la mère de famille qui se demandait pourquoi est-ce qu'elle ne bougeait pas et fixait sa fille ainsi. Alors elle s'approcha, récupérant son attention en moins de deux.

"Bonjour ? Tu... connais ma fille ? S'enquit-elle, nerveuse."

         Horo secoua sa tête, soudainement gênée.

"Pas du tout madame. Je... j'admirais votre jolie voiture ! C'est la première fois que je vois ce genre de modèle..."

       Elle pensait mentir, mais en réalité, c'est vrai qu'elle n'avait jamais vu de modèle semblable de ses yeux.

"Tu viens de la campagne ?

   ー Oui, près de Kōshu.

   ー C'est assez loin..."

        La femme tourna sur elle-même, fouillant le parking du regard.

"Mais tu es venue à pieds ?

   ー Ouais, fit-elle sur un ton hésitant, c'est une longue histoire...!"

        Son interlocutrice laissa un rire aussi doux que le miel lui échapper. Tout comme l'hôtesse; elle semblait bienveillante.

"Tu as une destination en tête ? Je pourrais sûrement t'y emmener, sourit la mère.

   ー Je voudrais bien... me rendre à Tokyo.

   ー Ça marche ! Attend près de la voiture le temps que j'aille payer, on y va tout de suite après."

       Horo remercia cette femme, même si elle était déjà partie. Elle était bénite, la chance lui tombait dessus et imprégnait ses vêtements comme la pluie de la veille.

         C'est un sourire aux lèvres qu'elle se rendit à la voiture de cette dame. Elle ne baissa pas sa garde pour autant: dans les fourrées, quelqu'un les observait.

À suivre....

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*4.000¥ : 30.74€

© PEOPLE,
книга «RUNAWAYᵐ.ʸᵍ».
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