Dans une grande chambre, un petit garçon était assis, le regard plongé dans un livre qui semblait le passionner.
La porte s'ouvrit dans son dos, il ne prit pas la peine de se retourner, continuant sa lecture. Une femme assez imposante s'approcha de lui avant de s'accroupir à ses côtés ; elle déposa une main sur la tête du garçon qui tourna alors son regard vers elle.

- Maxime, je t'avais demandé de te préparer. Soupira-t-elle doucement.

Le garçon tourna alors sa tête complètement vers la femme afin de la voir correctement.

- Je ne veux pas y aller maman ! Répliqua-t-il en gonflant les joues.

Sa mère poussa un soupir d'exaspération tout en se relevant, ses pas commençaient à s'éloigner le garçon en profita alors pour se retourner vers son livre. Il n'eût à peine le temps de recommencer sa lecture que le livre se fit retirer de ses mains par sa mère. Maxime compris qu'il n'aurait pas d'autre choix que de se préparer comme le voulait sa mère.

Il se leva tout en rouscaillant pour exprimer son désir de ne pas y aller.
Il sortit lentement, en traînant des pieds, son livre à la main, rejoignant sa mère qui l'attendait à la porte d'entrée.

- Tu comptes vraiment y aller avec ton livre ?

Le garçon fixa la femme qui lui avait posé la question tout en lui faisant comprendre qu'il ne lâcherait pas la clef de son imagination. Elle poussa un soupir avant d'ouvrir la porte d'entrée et de pousser son fils à l'extérieur.

Dans la rue vide et sombre, le son des talons de la grande femme résonnait créant un léger bruit régulier. Bien qu'ils aient marché pendant de longues minutes, pour Maxime le temps du chemin était tout de même passé trop rapidement. Il ne voulait pas aller chez l'amie de sa mère, mais il y était contraint.

Il entendit sa mère toquer à la porte, il releva alors la tête au moment où celle-ci s'ouvrit. Il vit alors une belle femme assez petite, elle paraissait minuscule en face de la mère du garçon. La petite dame sourit en le voyant, elle lui prit la main et l'entraîna dans une petite pièce dans laquelle un autre garçon se trouvait. Maxime tourna sa tête en arrière afin de faire face à la femme qui l'avait amené dans la chambre. Un sourire s'afficha sur le visage de la petite femme.

- Je vous laisse faire connaissance les garçons, Léo je compte sur toi pour ne pas laisser Maxime tout seul.

Lorsqu'elle eut fini sa phrase elle referma la porte après n'avoir fait qu'un simple signe de la main.

Maxime se retourna alors face au garçon qui semblait s'appeler Léo. Les deux garçons se fixaient sans parler, s'observant mutuellement.

Maxime était émerveillé par les cheveux si pâles du premier, ils lui paraissaient presque blancs, son regard s'abaissa au niveau des yeux qui le dévisageaient également, des yeux d'un bleu intense. Les deux jeunes enfants semblaient absorbés dans leur observation du second. Pour eux, le temps était comme à l'arrêt.

Le silence se stoppa brusquement lorsque Léo fut pris d'une quinte de toux, Maxime s'avança vers lui, laissant tomber son livre au sol, il tapota le dos du blond pour l'aider. Léo s'assit silencieusement, jetant sa tête en arrière, les yeux fermés, tentant de reprendre ses esprits. Le petit brun restait debout à ses côtés, attendant qu'il aille mieux. Lorsque, de sa main, il lui fit signe de s'asseoir, Maxime obtempéra et s'installa donc au sol avec Léo.

Les deux garçons restèrent silencieux avant que Maxime ne commence à interroger le deuxième à propos de ce qu'il venait de se passer.

- Ça t'arrive souvent de tousser comme ça ? demanda-t-il tout en inclinant la tête sur le côté ce qui le rendait terriblement mignon.

Léo tourna la tête afin de répondre mais quand il vit le visage affreusement mignon du second il se retourna de l'autre côté avant d'éclater de rire pour dissimuler sa gène et combler son absence de réponse. Maxime, bien que toujours perdu rigola également s'étant fait entraîner par la gaieté de son voisin.

Après quelques minutes de fou rire intense, Léo se leva, alla ramasser le livre au sol avant de revenir et de le tendre à Maxime.

- Tient, tu l'as fait tomber en venant vers moi. Maxime, c'est ça ?

- Oui, merci. Souffla-t-il, sa timidité ayant refait surface dès lors qu'il eut cessé de rire.

En voyant la gène du garçon resté au sol, Léo s'accroupit alors et le fixa à nouveau. Les cheveux tombant devant les yeux du petit brun l'empêchaient de voir le regard insistant du second, bien qu'au bout d'une trentaine de secondes il se mit à sentir qu'on l'observait. Il releva alors la tête et se rendit compte que le blond le fixait. Le plus grand des deux déposa sa main sur la tête du plus timide des deux. La scène aurait pu être interprétée étrangement, mais leur âge assez bas et leurs petites têtes affreusement mignonnes rendaient cette situation terriblement craquante.

Ils restèrent comme ça durant plusieurs minutes, lorsqu'ils cessèrent de se fixer une voit assez forte les empêcha de dire quoi que ce soit.

- Les garçons, venez donc manger avec nous. Appelait la voix au travers de la porte fermée de la chambre.

Léo se releva avant de tendre sa main afin d'aider Maxime à se lever à son tour. Une fois chose faite ils se dirigèrent lentement dans la salle à manger. Aucun des deux ne voulait rester à table avec tous ces adultes barbants qui parleraient sans aucun doute de politique et d'avenir.

Comme ils s'y attendaient, tout le monde était déjà installé impatient de commencer le repas. Les deux garçons étaient assis chacun aux côtés de leur parents respectifs. La mère de Maxime le fusilla du regard et lorsqu'il s'en rendit compte un sourire à l'apparence très fausse fit surface. Léo ne le reconnaissait pas, bien qu'ils n'aient pas parlé plus que ça il voyait bien que le Maxime qu'il avait vu précédemment était beaucoup plus joyeux et moins faux que celui qui se trouvait devant lui actuellement.

Dès lors que la maîtresse de maison l'ait dit, toutes les personnes présentes se mirent à manger simultanément. Tous sauf le petit blond qui était trop occupé à fixer le second enfant de la pièce. Voyant que Maxime ne relèverait pas la tête il dégusta son repas aussi rapidement que possible, une fois fait il attendit avec patience que le second finisse également son assiette. Il vit le brun déglutir sa dernière bouchée, alors il demanda à sa mère l'autorisation de sortir de table.

- Maman, est-ce qu'avec Maxime on peut retourner dans la chambre ? Dit-il en souriant de toutes ses dents, ne laissant pas vraiment le choix à sa mère de la réponse. Il commença même à se lever avant d'en obtenir l'autorisation.

- Bien sûr, allez-y les garçons. Répondit-elle avec tellement de gentillesse dans sa voix que Maxime en fut surpris, jamais sa mère n'avait prononcé des mots aussi gentils envers lui.

Le brun leva alors son regard vers sa génitrice qui n'eut d'autre choix que d'accepter sa requête, d'un bref signe de tête elle approuva et rapidement les deux petits garçons avaient détalé tel du gibier fuyant la meute de chien de chasse qui les poursuivent. Ils s'arrêtèrent dans la chambre, adossés à la porte désormais fermée. Les garçons se regardèrent avant d'exploser une nouvelle fois de rire.

En voyant Maxime ainsi Léo compris qu'en présence de sa mère il n'était plus le même, il la craignait. Le blond ne pouvait savoir ce que le second subissait pour craindre autant sa mère que cela, mais il se doutait qu'il ne vivait pas dans un paradis rose comme lui. Il tenta de se remémorer des actes pouvant trahir la méchanceté de la génitrice du brun, mais d'aussi loin qu'il ne s'en souvienne jamais elle n'avait laissé paraître quoi que ce soit, jamais il ne se serait douter qu'elle aurait pu être aussi redoutable. Il n'aurait pas non plus pensé qu'elle serait aussi désagréable avec son propre fils.

Même si au fond, Léo n'avait aucune idée de ce qu'il se passait vraiment. Peut-être n'était-ce que la timidité de Maxime qui le faisait réagir ainsi en présence de monde.

Aux yeux du blond, peu importe ce qu'il se passait, il était bien décidé à découvrir l'origine de la timidité de Maxime. Il était trop jeune pour se douter de ce qui se cache derrière tout cela.

Perdu dans ses pensées Léo ne s'était pas rendu compte qu'il était observé.

Il tourna la tête et découvrit deux grands yeux le fixant en silence, il pouffa de rire en voyant cette petite bouille qui l'observait.

Les deux garçons s'étaient assis l'un en face de l'autre et avaient discutés un long moment. Quelqu'un toqua à la porte et l'ouvrit dans la foulé, n'attendant pas d'approbation. Une grande femme, qui était la mère de Maxime, apparut dans l'encadrement de la porte Elle fixa les deux garçons qui s'étaient stoppés dans leur mouvement. Le blond était debout sur une chaise, les bras tendus en pleine imitation d'un avion de chasse, le petit brun quant à lui était plié en deux au sol, les larmes au coin des yeux.

- Maxime, on rentre. Dit-elle avant de faire demi-tour, une grimace de dégoût faisant surface sur son visage.

Maxime partit tristement en faisant un simple signe de main à son nouvel ami, dès qu'il eut franchis la porte de la chambre son sourire avait disparu et ses épaules s'étaient recourbées.

Sa mère fit ses salutations aux autres adultes de la soirée prétextant que le pauvre Maxime serait fatigué s'ils restaient plus longtemps ici, quel bon alibi quand on ne connait pas la vérité derrière cette histoire.

Le petit brun savait qu'il n'allait pas s'en tirer indemne, alors il marchait lentement suivant sa mère silencieusement. Dans la rue où le vent froid soufflait, dans la rue à peine éclairée par les faibles lampadaires.

Le silence fut rompu par de cinglantes reproches.

- Tu m'as énormément déçue ce soir. Tu sais à quoi t'attendre.

Maxime ne répondit rien, il savait ce qu'il allait devoir endurer quand ils arriveraient à leur domicile. De plus ce soir-là son père était absent, il ne pourrait alors pas le défendre.

Il appréhendait, il aurait préféré rester avec Léo, même si au début il ne voulait pas y aller, désormais il voulait y retourner. Il n'était que très peu sortit de chez lui, il n'avait pratiquement jamais vu d'autres enfants de son âge, alors il pensait que c'était normal d'être traité ainsi, mais maintenant qu'il connaissait la gentillesse d'une mère envers son enfant, il savait que ce n'était pas normal. Mais que peut-il y faire, ce n'est qu'un enfant, personne ne l'écouterait s'il en parlait.

Sans qu'il ne s'en rende compte, sa mère avait ouvert la porte d'entrée, et s'il ne se dépêchait pas de rentrer il savait qu'il n'aurait d'autre choix que de passer la nuit dehors.

Une fois la porte refermée, il connaissait désormais son sort, plus personne ne pouvait l'aider.

Il vit sa génitrice attraper une ceinture dans un tiroir, elle s'approcha et lui arracha son haut violemment.

Elle commença à le fouetter violemment dans le dos, les larmes commençaient à couler sur les joues du garçon, du sang dégoulinait de sa lèvre inférieure qu'il mordait pour retenir ses cris de douleur.

De nombreuses minutes plus tard, elle cessa de donner des coups et l'envoya dans sa chambre sans un mot. Elle en claqua la porte.

Une fois que Maxime n'entendait plus le bruit des talons de sa mère résonner au sol, il se mit en boule contre sa porte et laissa couler ses larmes, il n'en pouvait plus, il souffrait. Son dos lui faisait terriblement mal mais il restait appuyé dessus, il était bien ainsi même si la douleur le tiraillait.

Le clapotis de ses larmes qui tombait au sol le rendait encore plus triste. Il était resté comme ça assez longtemps. D'un revers de manche il sécha ses larmes et décida d'aller lire son livre pour la énième fois, c'est à ce moment qu'il se rendit compte qu'il l'avait oublié chez l'amie de sa mère.

Quelques jours plus tard il eut l'opportunité de revoir Léo, le blond lui rendit alors gentiment son livre avec un sourire sincère, il lui glissa également ce qu'il en avait pensé.

Depuis ce jour les deux garçons tentaient tant bien que mal de se voir le plus souvent qu'ils le pouvaient.