Résumé
Chapitre Premier
Chapitre deux
Chapitre 3 : Jayden
Chapitre 3 : Jayden
Pdv Jayden

— Les vipères se rendent au café-bar d'hier. Numéro 1, JN, occupez-vous en.

Mon nom vient toujours après le sien, et l'on me le répète sans cesse. Numéro 1, ce n'est pas moi. Ce qu'ils ignorent tous, c'est que cela me fait plutôt plaisir de ne pas être l'élite des Lames Écarlates, celle qu'ils surnomment "la déesse écarlate". Moi, je suis dans leur rang, mais pas de leur côté.

JN. La membres important de l'organisation, moi compris, n'utilisent jamais leur prénom. Pourtant, ceux-ci sont connus de la plupart. Je sais que ma partenaire, la dite Numéro 1, s'appelle Angelica. Seuls le Charognards Borgne et moi, ainsi qu'un autre membre connaissent son prénom.

Les vipères. Ce surnom plutôt péjoratif que les Lames Écarlates donnent au gens de l'agence contre criminalité qui les poursuivent. Certains la surnomment l'agence D. D pour défense. Pour moi, c'est l'agence, dont je fais partie. Se défaire des Lames Écarlates est une trahison aux yeux de ces derniers, et est punie par la pire des morts, lente et douloureuse. Et le niveau augmente si le "traître" est un capitaine. Il y en a dix au total. Numéro 1 en est une, et loi aussi. Si un jour ma couverture viendrait à tomber, il est évident que même l'agence ne parviendrait pas à me sauver. Pas même l'agent Warner, le plus craint de tous. Ma vie tient sur le fil fin.

— Eh ! Tu peux me pousser ?

Une voix d'enfant m'interpelle. Le samedi, j'ai pour habitude de passer par le parc municipal, où joue le matin des enfants. Ils ne connaissent pas mon nom, je ne connais pas le leur. Je les pousse dans les toboggans, les balancent dans les balançoires et les tournent dans les plateformes tournantes. Mon rôle se résume à ça, et pourtant, à l'instant où ils m'aperçoivent, ils commencent instantanément à pousser des cris de joie. J'aime leur faire plaisir. Ils me rappelent ce que je n'aurai plus. Ce que j'ai perdu. À cause du Charognard Borgne.

— Bon, je dois partir. Je reviendrai Samedi prochain, c'est promis.

— Oh non, se plaint l'un d'eux, tu viens à peine d'arriver.

Je me demande souvent qu'elle âge me font ils, parce qu'il me tutoient instantanément et me parlent comme s'ils parlaient entre eux. Cela ne me déplaît pas, mais c'est plutôt amusant.

— J'ai dit que je reviendrai Samedi, le rassuré-je en commençant à m'éloigne.

Je n'aime pas dire bonjour. Ni au revoir, ou même adieu. Je suis là, ils me voient, je pars ils le voient aussi.

Je me demande comment je vais pouvoir échapper cette fois aussi au meurtre. Si l'on nous envoie là où il y a l'agence -les vipères- ce n'est pas pour débattre sur les bières vendues au café bar où ils se trouvent. Le Rosalìa. Ce lieu est populaire auprès des personnes plutôt âgées, après retraite, mais des plus jeunes le fréquentent aussi. Et il y a quelques mois, il avait été soupçonné d'être le point de rendez-vous de quelques activités illégales. Pire que celles de l'organisation des Lames Écarlates.

Même si la dernière fois oû j'ai dû participer à un meurtre n'est pas plus éloignée qu'hier, j'ai cette aprehension. Cette peur de devoir tuer, même si ce n'est pas le geste en soi qui m'effraie. J'ai déjà tué, je peux encore le faire. Mais j'ai aussi réussi à faire fuir plusieurs des victimes des Lames Écarlates et les cacher pour que jamais ils ne les trouvent. Cette fois-ci est différente. Je sais, et je suppose que Numéro 1 ici, que si l'agence est présente dans le bar, c'est que ce n'est pas le premier agent venu qui s'est déplacé. Angelica ne doit pas le connaître, moi je si. Le pillier de l'agence. L'agent Warner, de son surnom. Personne ne connait son vrai nom. Exactement comme le Charognard Borgne. À l'inverse, lui est jeune, son âge tournant autour de la majorité.

Warner est effrayant. Bien qu'agent infiltré partageant les même idéaux que lui, je crains cette rencontre.

Je remarque alors que je suis arrivé. Évidemment, numéro 1 n'est toujours pas là. Je suis sûre que c'est volontaire. Malgré son allure sombre, Angelica est ce que l'on peut appeler une gamine. J'ai été infiltré dans l'organisation il y a six mois avec pour but principal d'éliminer leur élite. Par conséquent, elle. Les Lames Écarlates fonctionnent par binôme de capitaine. Chaque capitaine possède un groupe d'hommes à son service, dont moi personnellement je ne me sers jamais. Étant le partenaire d'Angelica, j'ai dû apprendre à la connaître. Au début, je me contentais de chercher ses points faibles pour l'éliminer. Je n'en ai trouvé qu'un seul, mais je ne suis pas parvenu à l'utiliser contre elle. Parce qu'il est le symbole de son innocence. Le véritable coupable, ce n'est pas elle, c'est le Charognard Borgne. Si elle est ce qu'elle est devenue, c'est de la faute de son oncle. C'était ça ou la mort. Je la plains.

Je reste caché, même si je pourrais entrer voir ce que fait le chef Warner. Je l'admire tellement. Je ne veux pas qu'Angelica doute de mon double jeu, et ainsi mettre en danger l'agence. J'ai un rôle à tenir. Soudain, elle apparaît à la droite, par je ne sais où. Lorsqu'il est question de vengeance, je sais qu'elle préfère arriver lentement, laisser ses victimes croupir sous l'angoisse que leur procure le bruit de ses pas traînant. Elle aussi, je l'admire, mais d'une manière différente. Elle aurait été si utile si elle serait née du bon côté. Voilà qu'elle flirte avec la mort. Et c'est l'agent Warner qui veut s'emparer du prix de sa tête. Impossible de définir le dernier restant. Angelica sait tuer, mais Warner aussi.

Sa cape fièrement dressée sur ses épaules, et la capuche sur la tête, elle semble préparer quelque chose. Je remarque alors qu'elle porte un petit sac en plastique ainsi que des gants blancs, de la même matière. D'habitude, c'est soit mitaines ou gants noirs, ou rien. Je fronce les sourcils. Alors que je m'apprêtais à l'interroger, elle me coupe d'un geste de la main accompagné d'un regard noir :

– Pas de questions Jay.

Numéro 1 sait que je hais le fait d'être appelé par mon surnom de l'organisation, JN. Elle préfère donc contourner les règles formelles des Lames Écarlates. Elle ne respecte rien, et cela est parfois même affligeant. Comme si elle était un brin suicidaire. En revanche, elle ignore la raison. Enfin, je l'espère. Elle a toujours plus de coups d'avance qu'elle en a l'air. Elle incarne le mystère.

Quand je la vois sortir une bouteille d'huile et une boîte d'allumettes, je comprends ce qu'elle compte faire. Je souris. Elle a toujours un plan B. Je connais d'avance le déroulement du plan, et elle sait qu'elle n'a pas besoin de m'expliquer. Numéro 1 va sans aucun doute d'abord tenter le face à face verbal, parce qu'elle aime faire impression. Puis, si la tension monte, elle emploira la violence. Enfin, et seulement après qu'elle ait mis son adversaire hors d'état, elle s'éclipsera, sans oublier un remarque acerbe. Et elle enflammera les lieux. Elle ne fait jamais les choses à moitié.

Soudain, une idée me vient. Dois-je faire comme d'habitude, essayer de minimiser les dégâts si c'est possible, et laisser faire si ma couverture risque ? Warner ne sera pas seul. Le lieu est clos. Et si l'on compte le fait que je ne suis pas de son côté, Angelica se trouve dans une situation plutôt délicate. La panique me monte. Je suis un soldat à qui l'on délivre les ordres, qui obéit sans ronchonner. Se pourrait-il que l'agence ait prévu de porter le coup fatal sur Numéro 1 aujourd'hui ? Peut-être a t'elle oublier de m'en tenir au courant. Peut-être que mon oreillette-spéciale-agence est cassée. Je ne peux pas vérifier, elle s'en rendra compte. Je porte celle de l'agence, invisible de loin, à droite,  et celle de l'organisation à gauche. Elle remarque tout, et elle verra que je n'appuie pas sur la bonne oreille. Et peut-être que rien est prévu, et que l'agence ignore que c'est numéro 1 qui se déplacera. Je me retiens de grogner face à toutes ces interrogations et fait craquer mes doigts entre eux. Angelica s'arrête et me regarde. Ça aussi, elle l'a remarqué. Le geste qui trahit ma contrariété.

— Je peux m'en occuper seule, si tu veux.

Sa voix est dénuée d'émotions et c'est triste de voir combien. Sa voix est rarement enjouée, ou même dévastée. Neutre. Horriblement neutre. Je me sens mal d'assister à la noyade de quelqu'un dans les ténèbres du crime, impuissant. Elle aurait pu être sauvée.
Je dois chasser ces idées de ma tête. J'ai une mission, ou plutôt une double mission devant moi. Il n'y a pas de place pour les états d'âmes.

Nous entrons par l'arrière. Angelica verse de l'huile un peu partout dans le bâtiment et surtout dans l'étage inférieur, là où se situe le café-bar. Nous nous dirigeons alors vers le lieu où est sensé être Warner, probablement accompagné d'un de ses hommes, ou de son apprenti. Mon cœur bat la chamade. C'est dur de devoir faire face à son idole. Ce n'est pas facile de jouer plusieurs rôles, sans laisser les sentiments de jouer de nous
© Sa Majesté,
книга «Criminal».
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