Chapitre 1 : Quand les rêves ne sont plus
Chapitre 2 : quand "nous" n'est plus
Chapitre 3 : Quand la nuit n'est plus
Chapitre 3 : Quand la nuit n'est plus
Tu ne m'as pas reparlé depuis le marché que nous avons conclu. Je ne sais pas si je vais l'honorer. Après tout, je n'ai rien à te prouver non ? et je n'ai rien n'a me prouver non plus. Quoi que tu en dises, je sais que je vais bien.

Je regarde par ma fenêtre, en espérant te voir en face, mais tes volets sont fermés. La nuit est dégagée, mais les pâles lumières des lampadaires m'empêchent de voir les étoiles. Je jette un coup d'œil sur mon téléphone. Minuit est là, et les gens rêves déjà. Je ne sais même plus ce que ça fait, de rêver. Je décide donc de me lever, dissipant mes quelques doutes sur ma volonté à tenir le marcher.

Je sors discrètement dans les quelques mètres carrés d'herbe, de parterre desséché par l'été et de mauvaises plantes qui constitue mon jardin. L'air frais glace ma peau et mes os, et je regrette ne pas avoir pris de couverture. Je m'allonge sur l'herbe humidifié par la nuit et je regarde ce ciel désespérément dépourvu d'étoiles. Je ne sais pas ce que je suis sensé faire, alors je me tais et j'essaie de voir ce que tu vois dans ce ciel. J'essaie de l'apprécier, mais cela m'est impossible. Je n'y arrive tout simplement pas. Alors je fais ce que tu m'as dit : si je ne peux pas y croire, il faut au moins que j'essaie de me confier à lui. Alors je me lance, tout en ignorant la voie qui me dit que je suis ridicule :

–Bonsoir ciel de nuit. Tu m'as souvent déçue te le sais ? je me permets de te tutoyer car en ce moment, le respect n'est pas ma priorité. Mon ami Amir, que tu connais surement, m'a dit que j'attendais trop de toi. Que tu ne servais pas à exaucer mes pauvres vœux égoïste et intéressé.

Tu te souviens peut-être, mais il y a quelques années, je t'ai demandé si tu pouvais éloigner Amir de moi. Tu ne l'as pas fait. Mais peut-être ne comprenais-tu pas pourquoi j'avais fait ce souhait incongru. C'est vrai que je n'avais pas été très précise...

Vois-tu, ciel d'été, je lui fais du mal. Notre relation n'est pas saine. Nous sommes trop différents. Il est si simple, et je suis si complexe... Ne crois pas que je me vante, que je me crois à la marge parce que je dis que je suis complexe. Ce n'est pas ça. Je suis complexe car je suis incomplète. Il me manque quelques choses, et je ne sais pas quoi. J'ai longtemps cru que c'était juste le sommeil. C'est sûr que je ne dors plus beaucoup depuis que toutes mes pensées s'emmêle et ne s'arrête jamais. Mais je sais que ce n'est pas juste ça.

Puis j'ai pensé que c'était l'Amour. Celui avec un grand A. j'ai été un peu idiote de penser ça, je dois te l'avouer. Surement trop de série à l'eau de rose. L'amour, tu vas me dire, ça ne se trouve pas, ça te tombe dessus. Et c'est ce qui est arrivé. Amir. Encore lui ! toujours lui... j'ai fini par le quitter. Je l'aimais toujours, là n'était pas le problème, mais il voulait toujours m'aider. Il disait toujours que je n'allais pas bien, que c'était évident. Mais je vais bien !

Nous y voilà... c'est le véritable objet de ma visite : selon Amir, je dois te parler et me rendre compte que je vais mal. Mais tout va bien ! je n'arrive juste pas à rêver, et je n'ai plus sommeil depuis des années. D'ailleurs, c'est peut-être ça la chose qui me manque... les rêves... je rêve la nuit. Du moins, quand j'arrive à m'endormir. Mais je n'arrive pas à rêver le jour. Je n'arrive pas à imaginer un monde meilleur. Je n'arrive pas à fantasmer sur des mondes fantastiques. Je n'arrive pas à me sentir autre part. on pourrait penser que c'est parce que j'aime trop le monde où je suis, et les gens avec qui je suis, mais c'est plus compliqué. Je n'aime pas ce monde. Je n'aime pas les injustices que l'homme créé constamment, je n'aime pas la plupart des gens qui ont des idées pompeuses et trop surfaites.

Je m'arrête de parler. Ma bouche est sèche et je commence à mesurer mes derniers propos. C'est vrai, je n'aime pas ce monde. Mais les dernières paroles sortaient trop du cœur pour que cela soit juste une simple constatation. Cela m'effraie et la réaction qui me vient à l'esprit est de le dire à voix haute :

–C'est étrange... je me sens comme libérée face à toi. Peut être que c'est ce que Amir ressent... Je pense que c'est parce que tu ne juges pas ce que je dis. Tu ne peux pas me répondre, comme mes parents l'aurait fait. Tu ne cherches pas à analyser chaque mot que je dis, chaque idée que je ne développe pas. Ça fait du bien, sérieusement. Je ne vois pas trop quoi te dire plus. C'est vrai que je n'aime pas ce monde, mais Amir pense que je ne m'aime pas moi. Et je ne le comprends pas ! j'ai l'impression de m'aimer, alors ça doit être vrai non ?

Je n'aime pas mon corps, c'est un fait, mais est-ce que c'est mal ? ça prend du temps l'acceptation de soi ! Puis, je ne le dénigre pas non plus à tout va. Pas à voix haute en tout cas.

Ma gorge se noue alors qu'une pensée s'impose à moi, tel une voie autre que la mienne dans ma tête : et si tout ce que je cache au fond de moi était nocif ? et si toutes ces choses dont je ne parle jamais me faisaient du mal ?

Je regarde le ciel tout aussi noir qu'au début, et la lune semble m'encourager. Alors je me lance :

–Je me sens à la marge. Je ne comprends pas les autres et je ne me comprends pas moi-même. Je ne sais pas si mon manque de rêve en est la cause ou la conséquence. Et je ne sais même pas si je veux en parler. Amir à raison, et il m'en coûte de le dire, mais je l'ai toujours su. Je ne lui dirai surement pas ce que je t'ai dit aujourd'hui car il va tenter de m'aider, de me supporter pour que j'aille mieux. Et j'ai peur de l'entraîner avec moi. Je ne veux pas qu'il aille mal à son tour.

Une partie de moi aimerait s'en sortir seule, mais une autre préfère enfouir tout ça, faire comme si ça n'existait pas. Dans tous les cas, mon être entier veut que je ne reparle pas à Amir tant que je suis dans cet état. Mais je suis attiré par lui comme d'un papillon d'un lampadaire.

Ciel de nuit, je sais que tu n'exauce pas les vœux, mais peux-tu au moins répondre à une question. Quand est ce que j'irais mieux ? quand est ce que je rêverais à nouveau ? quand est ce que je pourrais le revoir et lui dire sincèrement : je vais bien ?

Et j'éclate en sanglot. Je ne peux les contenir et tout ce que j'ai refoulé semble se cacher dans ces larmes. Soudain, j'entends une voix :

–"Quand la nuit ne sera plus,

Que les étoiles danseront pour toi,

Et que tu verras la fin de tout approcher, alors nous nous reverrons.

Soit patiente mon amour, cela arrivera bien assez tôt."

Je n'en crois pas mes oreilles. Ainsi le ciel m'a répondu ? c'était inattendu. Mais la réponse ne me satisfait pas : elle ne veut rien dire. Pourquoi le ciel dit « nous nous reverrons » ? soudain, le doute s'empare de moi. Je me tourne, et je te vois, adossé sur le mur de ma maison, apparemment très fier du tour qu'que tu m'a joué. Tu viens t'asseoir juste à côté de moi et je te demande, sur la défensive :

–Tu m'écoutes depuis combien de temps ?

–Assez pour savoir que tu as besoin d'aide.

–je n'en ai pas besoin... je ne veux pas que tu ailles mal !

–Lise... tu es en pleurs, et tu viens clairement d'avouer que ça n'allait pas. S'il te plait ! n'ai pas peur pour moi, et préoccupe toi de toi pour une fois.

Je te regarde longuement et sanglote de plus belle. Tu me prends dans tes bras, et, sans un mot, je sais que tu as compris. Je veux aller mieux. Et je veux que tu m'aides.

Autour de nous, l'aube commence à s'élever. Quand la nuit n'est plus, le monde renaît. 

© Pomme,
книга «Quand la nuit n'est plus».
Коментарі
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J'ai Pas D'idées :)
Chapitre 3 : Quand la nuit n'est plus
c'est vraiment magnifique ! j'ai beaucoup aimé ton histoire :D
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2020-10-21 12:11:53
3
Mémé Paradoxx
Chapitre 3 : Quand la nuit n'est plus
Le cheminement de la pensée de Lise dans ce chapitre est extrêmement bien construit, c'est vraiment très agréable à lire. Et puis j'aime bien aussi le fait que tu ne mettes pas exactement des mots précis sur ce qui ne va pas chez elle. C'est poétique et on s'identifie au personnage facilement. Bravo 👏🏻😆
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2020-10-26 15:13:21
1
ℭ'
Chapitre 3 : Quand la nuit n'est plus
J'adore comment tu as écrit cette nouvelle, comment tu arrives à nois faire comprendre si simplement le cheminement de pensées de Lise... C'était très poétique et doux, comme dans un rêve ;). Vraiment bravo ❤️
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2020-10-26 20:45:33
1