Foyer perdu
Pdv inconnu
Les premiers pas de Morphée
Foyer perdu
Il y a un endroit, un seul où le temps s'arrête, où je peux retourner dans mes souvenirs, ils me paraissent réels, j'ai l'impression de les vivre une énième fois. Un endroit où j'observe ce monde aussi grand et aussi petit à la fois. Mon cœur, mon esprit sont alors remplis d'une paisible quiétude, d'un bonheur savoureux, hors du temps, je me laisse à mes songes. Un abri juste confortable, avec une douce brise d'été et un splendide horizon ensoleillé se dessinant à perte de vu. Mais quand l'hiver est venu, la branche sur laquelle j'étais, s'est cassée.

Pour cause, la tempête, l'horizon est ensuite devenu trop flou, je me perdais ne sachant ni où j'étais ni la direction que je prenais. Le froid glaçait entièrement mon corps, dans une douleur atroce mais il fallait continuer à marcher. J'ai marché dans ce brouillard, ce froid, cette tempête pendant assez longtemps pour m'y habituer. Je me suis convaincue que le froid ne l'était pas, que la violente tempête était aussi douce que du duvet, que je voyais clair. Et je continuais à marcher espérant vaincre cet hiver qui m'avait tout enlevé, ou brûler la neige qui l'avait tant aidé. Au lieu de vouloir abandonner, rester dans le froid pour y avoir un sommeil éternel.

J'ai trompé mes sens, me suis battue contre moi même pour survivre. Et parfois sur la route, j'ai pu trouver des compagnons plus résistants que moi, qui m'aidèrent à ne plus craindre le froid, eux, ne vivaient dans aucune saison. Ils étaient les maîtres de leurs temps choisissant ou non d'être au printemps ou en été. J'ai ainsi réussi à voir des magnifiques roses, des hirondelles sont venues, au bout de plusieurs mois puis des arbres ont revêtu leur sublime feuillage. Quant au brouillard, lui restait juste derrière moi, tel une ombre il rappelait le passé. Je n'étais pas encore prête à y retourner la peur de me perdre et de retrouver la tempête étaient mes seules raisons. Mais il faudrait peut-être qu'un jour j'y retourne et voir si d'autres branches se sont cassées ou si l'hiver les a épargnées. Le monde d'avant me paraîtra sûrement petit mais serais-je celle que j'étais alors ? Serais-je à nouveau captive des monstres du passé ou bien de la mort elle-même ? Aurai-je aussi besoin de cacher mon passé, une part de moi derrière un masque, tout comme lui? Vivais-je à présent dans l'illusion d'une guérison? Qui sommes nous, des fantômes de notre passé ou des esprits errants dans ce présent ?

© iriana clem,
книга «Masque et miroir».
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