Foyer perdu
Pdv inconnu
Les premiers pas de Morphée
Les premiers pas de Morphée
Les souvenirs partagés ne sont jamais exactement les mêmes, l'un se souvient de l'odeur du printemps, l'autre de la brise printanière qui faisait danser les feuilles nouvelles des grands chênes. Puis nos sentiments aussi sont différents, car ils sont contrôlés par les pensées qui nous sont propres. C'est pourquoi ce souvenir je suis la seule à l'avoir vécu, j'avais tous d'abord senti la douce chaleur des rayons de l'aurore sur ma peau,puis observé cette fine lumière s'immiscer dans ma chambre. Je m'étais levée heureuse, le cœur léger mais à la fois surexcité de ce que cette journée présageait. Je ressemblais à un enfant attendant son cadeau tant mérité, l'enfant de cette innocente époque. Le bruit du fer, strident, puissant, presque rythmé mais si apaisant se fit entendre. C'était une mélodie, une chanson que depuis enfant résonnait dans mes oreilles. Pendant que certains se plaisaient à entendre le chant des oiseaux, moi je savourais le bruit du marteau fracassant violemment le fer brûlé, tordu, devenu mou et rougeâtre par la flamme, qui l'enlaçait puis l'abandonnait, pour le laisser se plonger dans l'eau, finissant par se faire battre sans relâche par une main experte. Je me dirigeais avec hâte vers l'instrument de mes contentements.

Mon père comme à son habitude travaillait au sous sol, paraissant caresser le fer avec son marteau pour le transformer en de splendides armes, ornées par occasion. Son pas saccadé allait d'un bout à l'autre de la pièce, pour prendre d'autres ustensiles pour sublimer ses œuvres. Avec le silence d'un prédateur, je m'avançai derrière lui, et le surpris par mon enlacement habituel, qui lui fit abandonné sa passion qui me secondait de loin. Et me pris dans ses bras avec un peu plus de difficultés qu'à mes huit ans, mais toujours avec le même sourire éclatant qu'il essayait de me donner le plus souvent possible. J'aimais ces moments passés avec lui, c'était apaisant et lors de mes chagrins de mes colères, l'étreinte faisait tout voler. Permettant à une main rugueuse mais qui avec toute la douceur d'un père, essuyait mes larmes.

Le plus souvent nous passions du temps dans cette pièce, à échanger, rire et même à manger quand l'occasion se présentait. C'était cette pièce ma préféré, elle contenait tout le bonheur du monde. J'aimais voir les belles et élégantes épées, orner le mur de leurs dangereuses et délicates beautés, que seul mon père pouvait leur donner. Je voyais aussi mes quelques créations, moins réussites mais qu'il sublimait parfois. Perdu dans mes pensées, elles se dirigèrent alors vers ma folle gaieté qui animait cette journée par sa raison. Alors avec un grand sourire je m'éloignai de lui pour qu'il devine la cause de cette extrême joie.

-Qu'as tu donc pour exprimer une telle joie ?

-N'as tu pas oublié tout de même ?!

-....Y avait il une chose à ne pas oublier ?

-Oui.....L'indice c'est que Sam doit m'y emmener.

-Qu'avait-on donc de prévu avec ce bon vieux Sam ?

Je le regardais fixement puis du coin de l'oeil, je lui désignais un objet dans la pièce dans l'espoir que sa mémoire lui rappelle le sujet.

-Ha, c'est donc aujourd'hui. Si tôt ? Tu comptes te passer de ton père ainsi, quelle fille ingrate j'ai ! Plaisanta t-il

-Pfff, tu n'es pas content pour moi ?

-Bien sure que si, tu vas pouvoir faire ce qui te plait alors évidement que ça m'enchante.

Il finit sa phrase avec un bisou paternel sur mon front. Puis il me dit d'aller me préparer pour l'occasion. J'avais déjà le peu d'affaires qu'il me fallait pour cette première journée. Et je m'étais déjà préparée et entraînée pour cette sortie tant attendue. Il ne me restait donc plus qu'à attendre, je m'assieds donc sur le rebord de ma fenêtre les pieds dans le vide et mon regard fixé sur le petit sentier qui longeait mon foyer. Le ciel était d'une beauté sans pareille et le chant des oiseaux d'une harmonieuse douceur, mais cet été si illuminé ne faisait qu'accroître mon impatience, mes jambes se balançaient nerveusement dans les airs et mon regard cherchait tout mouvements, puis je vis un grand homme vêtu en grande parti de noir. Je me hâta de descendre les marches deux par deux et sortit sans plus attendre de la maison.

-Te voilà !!!! On y va ?

-Tu es bien pressée, petite riri ! Dit gaiement le nouveau venu .

-Bah,je me suis levé tôt ce matin, pour être prête mais ça fait très longtemps que je t'attends Samy !
Tout deux détestions nos surnoms, on ne les avait pourtant jamais abandonnés.

-Alors permet moi pour me faire pardonner de t'escorter jusqu'au bout de notre promenade ! Sam accompagna ses paroles avec une révérence et me tendit sa main.

-J'accepte ce dédommagement mais je veux en plus une course, et si je gagne tu m'offre un chat !

-Mmmh, je vais dire oui par certitude de ta défaite ! Sur ces mots il se mit à courir.

Je me mis à courir derrière lui pour le rattraper je ne voulais pas perdre la chance d'avoir un chat !

-Hey !Tu as triché on a pas annoncé le départ!!!!Sam !!!

-Tu paraissais si sure de gagner que j'ai eu peur de perdre alors je t'ai devancé, il y a là une légère nuance !

Je n'arrivais plus à parler car je faisais tous mon possible pour rattraper Sam malgré mes petites jambes. Ma respiration, elle était haletante et je pense que je ne pouvais plus tenir bien longtemps. Je m'arrêtais alors, un peu déçu par ma défaite, Sam me rejoignit peu de temps après.

-Bon,tu n'aura peut-être pas un chat mais regarde ce que tu peux avoir.Ferme les yeux d'abord. Puis avec la force de ses bras il me prit sur son dos.

-Tu peux avoir un cheval !!

-Je préfère les vrais chevaux, toi tu es pas très confortable. En plus j'ai plus l'âge....

-Mais si c'est que tu es trop douillette c'est tout, en plus j'ai un avantage que les chevaux n'ont pas...

 Il ignorait ma remarque sur l'âge, préférant sans doute se dire que j'avais arrêté de grandir après mes huit ans. Je pense que mon poids actuel me trahissait mais bon, j'appréciais sans l'avouer d'être portée. 

-Lequel ?

-Je peux parler et peux t'emmener là où tu souhaites aller.

-Le cheval peut aussi faire la deuxième chose.

-Oui, mais il ne te soutiendra pas dans tout ce que tu souhaites accomplir, contrairement à moi !

Je posais ma tête sur son épaule et nous restâmes quelques temps ainsi, à avancer vers l'une des premières marches de l'avenir. Puis Sam me reposa et nous marchâmes l'un à coté de l'autre parlant de tout et de rien comme à notre habitude. On s'arrêta devant une arche en fer, avec une inscription écrite avec des armes :Telumsoror y était inscrit. Je sourirais, j'étais impatiente à l'idée de franchir cette arche. Mais je doutais, car même si j'étais contente de bientôt rencontrer de nouvelles personnes qui seront des frères d'armes, j'avais peur de ne pas être acceptée, ou bien d'être acceptée mais de ne pas être à la hauteur de mon rêve. Les regards , les défaites, les coups, les rires, les pensées des autres que je ne pourrais pas connaître, tous cela m'obsédaient soudain, mes mains devenaient moitent, le stress nouait mon estomac et mes poumons demandaient d'avantage d'air. Alors je chassais ces idées, me préparant à ne pas attendre que la peur et le regret me laisse entrer dans leur monde car la seule porte que je franchirai c'est celle de mon rêve. Je deviendrai une guerrière, tel est mon souhait et je ferai en sorte que m'a volonté et l'immense envie qui résides en moi, parviennent à cet objectif car pour vivre ne nous faut-il pas un rêve de départ pour franchir la première étape ? 

Le printemps soufflait sa venue douce et fraîche, faisant quelque peu voler pollen et pétales dans un paysage naissant aux couleurs chaleureuses. Un petit sentier continuait sous l'arche. Le trac prenait de plus en plus de place dans ma cage thoracique, je contrôlais tant bien que mal un corps qui souhaitait trembler ou fuir mais je pensais à l'avenir, à mon rêve pour équilibrer mon esprit. Devant nous se dressait une sorte de grande forteresse en bois et en pierre dominant le paysage, longeait sur elle, un lierre envahissant qui la vieillissait d'une perruque verdâtre. Des grands balcons intérieurs se plaçaient au milieu de cette ancienne bâtisse et le haut du bâtiment permettait de voir tout l'horizon pour surveiller les alentours. J'appris plus tard qu'elle servait aussi de dortoir et qu'au sous-sol on avait tous les équipements;  armes défensives comme offensives, dans une autre partie se trouvait aussi des vivres.

Devant une grande porte en bois, au rez de chaussé se balançait un vieil homme, à l'air sévère sur une chaise à bascule, il fumait une pipe, sa canne sur ses genoux, qu'il tenait de son autre main comme si elle lui permettait au moindre venu suspect de pouvoir se défendre. Je pense que personne ne se risquerai devant son regard de glace. Son air s'adoucit quand il vit Sam, il cessa de se balancer et pris sa canne et s'approcha sans même s'en servir, j'eu du mal à comprendre pourquoi mais ne préférais pas poser de question. Sam et lui s'enlacèrent en guise de salutations.

-Alors qui ramènes-tu aujourd'hui ?

-Tu sais, je t'en avais parlé, c'est la fille de Gabriel elle vient pour devenir apprentie. Sur ces mots, il ébouriffa mes cheveux d'un air joyeux.

-Oh! Ça alors si je m'attendais à voir la p'tite de Gabriel ! Bah tu as bien grandi depuis la dernière fois! Je pensais pas que ce serait ici que tu voudrais passer ton temps mais tant mieux! Si tu es aussi douée que ton père l'était avec des épées, bah tu vas être un sacré numéro !

-Merci. Je souris honnêtement mais timidement. La comparaison à mon père ou parfois à Sam donnée aussi naissance à une douce allégresse.

-Ha oui! Je m'appelle Erik, et toi je crois que tu t'appelles, Marie! Non c'est Lisa! C'est ça?

-Iriana, enchanté.

-De même, j'espère que tu te plaira ici, même s'il y aura un grand manque de dame ici !

-Bon, je pense qu'il est d'ailleurs temps pour elle de faire connaissance avec ses camarades , à tout à l'heure !
© iriana clem,
книга «Masque et miroir».
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