Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 2

Cinq ans auparavant...

L'inconnue peinait à se déplacer avec son ventre de femme enceinte, le manteau neigeux qui craquait sous son poids et la pénombre qui reignait, les seules lumière étant pleine lune et étoiles. Enfin, elle arrivait dans le village qu'elle avait aperçu au loin, quelques heures plus tôt. Épuisée, elle s'effondra sur la place centrale tout en criant « Vite ! Il faut... il faut que j'accouche ! ». Elle sentit à peine des bras la soulever et l'emmener elle ne savait où.

***

Denis dormait d'un sommeil profond quand il entendit le cri de femme en provenance de la place centrale. Il mit un certain temps à se lever et à aller sur la place voir ce qui se tramait. Quand il arriva et découvrit cette femme quasi morte sur le point d'accoucher, sa première pensée fut: « Qui est-ce ? ». La réponse à cette question, il mourra sans la connaître. Une petite moitié du village s'était levée pour aller voir ce qui se passait sur la place. Finalement, Denis et deux autres gars qui s'étaient levés décidèrent de porter la femme chez la mère Jeanne qui pourrait sûrement l'aider à donner la vie.

***

Diantre ! Mais que peut donc bien faire cette femme ici ne cessait de se répéter le père Cédric. Il ne dormait pas quand la femme avait crié et il avait été dans les premiers à arriver sur la place. Quand le prêtre avait vu la bougresse, il l'avait trouvée courageuse. Dehors, avec la neige qui tombait, un rejeton dans le ventre, la nuit, mais toujours en vie ? Cette femme, ce n'est pas n'importe qui, pensa Cédric en suivant les trois gars qui portaient la parturiente chez la mère Jeanne, avec tous ceux qui s'étaient levés. Enfin, ils frappèrent à la porte de la guérisseuse. S'en suivit un court silence, mais très vite comblé par un « oui, oui, j'arrive » endormi. Jeanne était arrivée et, dans un calme professionnel, avait commencé à s'occuper de la mystérieuse inconnue. Alors que le prêtre commençait à trouver le temps long, on entendit un grand cri féminin suivit de près par les pleurs du nouveau-né.

« RHAAAAAAAAAAAAAA ! »

***

« RHAAAAAAAAAA ! » criait la future mère.

La mère Jeanne essayait vainement de calmer sa douleur. Elle se maudissait intérieurement d'avoir repoussé le moment de refaire son stock de feuilles de framboisier, feuilles de framboisier qui lui auraient été d'une grande aide pour calmer la douleur de sa patiente. Subitement, un sourire éclaira le visage de la guérisseuse. Le nourrisson avait commencé à sortir. Comme elle l'avait déjà fait des dizaines de fois, Jeanne accompagna le nouveau-né dans son premier acte puis, d'un geste sec, coupa le cordon ombilical. L'enfant pleurait. Elle était soulagée. Quand on lui avait apporté l'inconnue sur le point d'accoucher, elle avait d'abord cru que dans son état, elle ne survivrait pas aux douleurs. Mais la femme était robuste. La mère Jeanne, après avoir lavé l'enfant, le tendit distraitement à sa mère. La femme le prit et commença à l'examiner d'un regard empreint d'amour. Soudain, son visage se tordit dans un rictus mêlant effrois et surprise. Ses yeux étaient fixés sur les petites pointes qui sortaient au-dessus des oreilles du nouveau né, à la manière de cornes. Le premier réflexe de la mère fut de cacher les cornes naissantes du nourrisson aux villageois. Mais c'était trop tard. Le boulanger, Denis, qui était resté dans un coin de la pièce avec les deux autres gars qui avaient porté l'inconnue, avait déjà vu lesdites cornes depuis quelque temps et hésitait sur la démarche à suivre: devait-il oui ou non avertir le reste du village de ce qu'il avait entrevu. Le geste de la mère, destiné à cacher la tête de son enfant, le fit se décider. Il cria alors de toutes ses forces par-dessus les vagissements incessants « L'enfant ! C'est un démon ! Il a des cornes ! ». S' il avait su que cela entraînerait la mort de la mère, le boulanger n'aurait pas crié. Mais Denis ne pouvait pas connaître l'avenir.

© HIRONDELLE .,
книга «La chose.».
Коментарі