Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapite 6
Chapitre 3
Je me rendis simultanément compte de deux choses. Premièrement, Thomas n’était pas le seul Gardien à m’observer. Deuxièmement, j’avais parlé à voix haute. Pour la première, c’était facile puisqu’elle avait le même collier que Thomas - même si j’ignorais si c’était Lou ou Mila. La deuxième se déduisait à sa prise de paroles.
- On chasse les démons pour être précise.
À sa façon de parler et sa voix, je décidai d’opter pour Lou, celle qui avait interrompu notre conversation. Elle se tenait maintenant face à moi.
- Je vois, fis-je d’une petite voix.
- Je suis désolée si tu as eu peur.
- Je suppose que je vais avoir l’habitude.
- J’étais intriguée par le comportement de Thomas… puis je l’ai vu avec toi. Je me suis donc approché et j’ai tout entendu.
J’effectuai un bref mouvement de la tête.
- Je dois avouer que tu es assez impressionnante.
- Pourquoi ?
- Premièrement, parce que Thomas parle très peu en général. Surtout pas de nos activités avec des inconnus alors que c’est interdit. Deuxièmement, parce que tu as peur, mais tu ne fuis pas. Troisièmement, parce que tu analyses beaucoup.
- Je pense que Thomas est aussi curieux que toi.
- Il est curieux de peu de choses. Surtout pas… des gens comme toi.
- Vous avez interdiction de parler ?
- On nous prendrait pour des fous. Ou ça répandrait la panique.
- Qui te dit que j’ai peur ?
- Tu ne serais pas humaine si ce n’était pas le cas.
- Ok. J’avoue. Mais moins qu’on pourrait le croire.
- Pourquoi ?
- Je suis une fille rationnelle. Je réserve mes émotions pour la danse.
- La danse ?
- C’est ce que je faisais l’autre soir. Quand je vous ai entendu.
- L’autre soir ? Entendu ?
- Hier soir. Thomas discutait avec moi quand il t’a laissé.
- Ok. Je comprends mieux son attitude.
- C’est à cause de lui que j’ai compris. Il donne beaucoup d’indices sans le vouloir. Quand…
- ...on voit les choses comme lui ?
- On voit les choses mécaniquement, froidement, c’est facile.
- C’est comme ça que tu vois les choses ?
- Disons que j’analyse donc ça demande un peu de détachement.
- La plupart mettent du temps à comprendre.
- Je suppose que vous ne donnez pas d’indices en temps normal.
- C’est vrai. Il transgresse une bonne dizaine de règles. Si jamais ma mère le savait...
- Ta mère ? Fis-je en relevant le pronom possessif.
- Elle a en quelques sortes… adopté Thomas, fit-elle en effectuant un vaste geste.
- Continue.
- Si elle découvre ce qu’il a fait, elle va le tuer.
- Au figuré ?
- Dans les deux sens. On ne rigole pas avec les règles. Il est en train de s’attirer de gros ennuis.
- Toi aussi en me parlant.
- Touché. Mais je ne risque pas grand chose.
- Tu as confirmé. Un peu plus et j’aurais pu finir sous médicaments pour le reste de ma vie.
- Tu ne diras rien à personne ?
- À une seule condition.
Lou sembla me juger d’un regard avant de hocher la tête.
- Vous me montrez votre travail.
- La chasse aux démons ?
- Oui. À moins que tu puisses songer à autre chose.
Je lui lançai un sourire un peu moqueur.
- Est-ce que tu te rends compte de ce que tu demandes ?
- Je veux savoir à quoi ils ressemblent. À quoi vous êtes confrontés.
- Je ne sais pas si Thomas sera d’accord.
- Il n’aura pas le choix.
- Nouvel adjectif pour toi : têtue.
- Je sais ce que je veux.
- Tu vas nous faire tuer, mais d’accord. Au fait, si tu veux savoir, Mila, c’est ma petite sœur. Elle a neuf ans. Elle aime bien jouer à domestiquer de petits démons.
- C’est… étrange comme passe-temps.
- Thomas et moi jouons avec des armes depuis notre enfance.
- Des armes ?
- Comment crois-tu qu’on les arrête ?
- Oh… D’accord.
Bien sûr, après coup, ça semblait logique. Ils devaient pouvoir se défendre. Elle me regarda comme si j’étais idiote.
- Quel genre d’armes ?
- Je préfère les katanas, Thomas les dagues et Mila les arcs. Sinon des épées à doubles tranchants.
- Vous en tuez souvent ?
© Solene Quellaine,
книга «Samantha».
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