Deux
La brume matinale recouvrait la vallée montagneuse. Le ciel gardait une teinte grisâtre, un peu amère. Kageyama remonta légèrement le col de sa polaire, marchant aux côtés du rouquin qui traînait sa bicyclette par le guidon. Ce dernier leva les yeux vers le haut de la côte qu'ils remontaient, puis effectua un sourire désespéré.
- Ça paraît plus long quand on la prend à pied !
- Hm.
Hinata se tourna vers le brun, mais les yeux bleus de son petit ami fixaient la route. La pédale du vélo heurta la cheville de Hinata soudainement. Le rouquin camoufla une injure en fronçant les sourcils, se mordant la lèvre inférieure. Il repoussa la pédale du pied.
- Te blesses pas, réagit Kageyama.
- Ça va, ça va.
Un silence. Pendant plusieurs minutes, seul les cliquetis des roues perturbaient le silence ambiant. Kageyama osa un regard vers Hinata. Puis, hésitant, l'interpella :
- Eh, Shoyo.
- Oui ?
- Pourquoi tu m'as fait un câlin hier soir ?
Hinata lui accorda un regard, assez surpris. Mais très vite, il fixa la route de nouveau.
- C'est ce que font les couples.
- C'était pas comme d'habitude.
- De quoi ?
- Ben le câlin, tentait d'expliquer Kageyama en sentant ses joues le picoter. T'en as jamais fait des comme ça.
- Des "comme ça"?
- Ouais.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
Le brun ouvrit la bouche, mais aucune formule ne lui venait. Intérieurement, ça le rendait furieux : pourquoi Hinata lui faisait ça ! Il savait très bien ce qu'il voulait dire, il ne trouvait juste pas les bons mots. D'un air frustré, Kageyama enfonça ses poings dans ses poches de manteau.
- Rien c'est bon, laisse tomber.
- Bon, c'est quoi le problème ?
Dans un crissement, Hinata s'était stoppé avec son vélo. Kageyama se tourna légèrement avant de s'arrêter à son tour. Ils étaient à peine au milieu de la côte.
- Quel problème ? Demanda Kageyama, perdu.
- Ton problème ! Répondit Hinata qui semblait serrer le guidon de son véhicule entre ses doigts. Tu veux pas de câlins, tu veux pas de bisous, merde quoi ! C'est ce que font les gens en couple !
Très étonné par son ton employé, Kageyama resta perplexe un instant. Rapidement, il se reprit pour froncer les sourcils.
- Comment ça, "les gens en couple" ?
- Mais nous, Tobio ! Dit Hinata désespéré en faisant quelques pas rapides pour arriver à sa hauteur, son vélo toujours aux mains. Faut tout t'expliquer ? On fait parti de ces gens-là maintenant, tu saisies ?
Kageyama songea. C'était pas dans ses habitudes de réfléchir autant comme ça, à autre chose que du volley-ball. Ça le dépassait. Il baissa le nez pour fixer le vélo de Hinata.
- Ouais... Mais pourquoi t'es en colère ?
- Parce que tu me mets en colère ! Répondit le rouquin du tac au tac en le pointant du doigt.
- Pourquoi ?
- Mais parce que tu comprends rien !
Kageyama allait répliquer, pas très ravi que Hinata le traite implicitement de débile. Mais il se ravisa en apercevant son petit copain baisser la tête et trembler légèrement.
- Pourquoi tu veux pas qu'on se fasse des câlins, Tobio ?
Le passeur resta silencieux. Sans trouver les mots, il se pinça les lèvres. Il tourna la tête pour fixer la brume du paysage montagneux et triste.
- Arrête de pleurer, tu ressembles à un idiot.
- Idiot toi-même !
Hinata reprit la marche d'un pas plus rapide, traînant toujours son vélo. Il dépassa Kageyama qui réagit en le suivant à la trace.
- Arrête de fuir !
- Reste loin de moi !
- Pourquoi ?
- Tu m'énerves ! T'es pas capable de dire une seule chose gentille !
Kageyama grinçait des dents, et serrait des poings en accélérant le pas pour rattraper Hinata, mais celui-ci avança plus vite pour le distancer.
- Si j'en suis capable.
- Non !
- Si !
- Non, t'es méchant !
- Et toi t'es agaçant ! Arrête de courir !
- Je cours pas !
- Si tu cours !
À force d'accélérer, ils étaient arrivés au sommet de la montée en un rien de temps. Alors que la route descendait, Hinata enfourcha sa bicyclette. Kageyama le vit venir, et alla l'attraper par le bras.
- Reste ici.
- Lâche-moi !
- On pourrait discuter !
- Tu discutes jamais, tu cries !
- Non !
- Si !
- Non !
- Si ! Dégage !
En repoussant Kageyama, Hinata fit tomber son vélo. Il se prit les pieds dedans, et tomba en arrière sur les fesses. La roue du vélo tournait dans le vide, Hinata restait au sol et Kageyama le fixait, toujours debout face à lui. Une voiture passa, sans les perturber le moins du monde. Hinata fixait ses genoux, retenant tant bien que mal les larmes qui lui montaient aux yeux. Au milieu du silence, il esquissa un sourire.
- On sait pas discuter tous les deux.
Kageyama l'observait sans rien dire. Le plus petit se releva, prit son vélo, et monta sur la selle. Il posa un pied sur la pédale droite mais, avant de la pousser, fixa Kageyama d'un regard si intense que le passeur sentit son sang ne faire qu'un tour.
- Je veux faire l'amour avec toi. C'est pas compliqué à comprendre.
Puis, comme un oiseau sauvage, il fila dans le vent, à bord de sa bicyclette. Kageyama, resté sur place, l'observa s'éloigner dans la descente, jusqu'à ce qu'il disparaisse au tournant.
*
- Ça paraît plus long quand on la prend à pied !
- Hm.
Hinata se tourna vers le brun, mais les yeux bleus de son petit ami fixaient la route. La pédale du vélo heurta la cheville de Hinata soudainement. Le rouquin camoufla une injure en fronçant les sourcils, se mordant la lèvre inférieure. Il repoussa la pédale du pied.
- Te blesses pas, réagit Kageyama.
- Ça va, ça va.
Un silence. Pendant plusieurs minutes, seul les cliquetis des roues perturbaient le silence ambiant. Kageyama osa un regard vers Hinata. Puis, hésitant, l'interpella :
- Eh, Shoyo.
- Oui ?
- Pourquoi tu m'as fait un câlin hier soir ?
Hinata lui accorda un regard, assez surpris. Mais très vite, il fixa la route de nouveau.
- C'est ce que font les couples.
- C'était pas comme d'habitude.
- De quoi ?
- Ben le câlin, tentait d'expliquer Kageyama en sentant ses joues le picoter. T'en as jamais fait des comme ça.
- Des "comme ça"?
- Ouais.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
Le brun ouvrit la bouche, mais aucune formule ne lui venait. Intérieurement, ça le rendait furieux : pourquoi Hinata lui faisait ça ! Il savait très bien ce qu'il voulait dire, il ne trouvait juste pas les bons mots. D'un air frustré, Kageyama enfonça ses poings dans ses poches de manteau.
- Rien c'est bon, laisse tomber.
- Bon, c'est quoi le problème ?
Dans un crissement, Hinata s'était stoppé avec son vélo. Kageyama se tourna légèrement avant de s'arrêter à son tour. Ils étaient à peine au milieu de la côte.
- Quel problème ? Demanda Kageyama, perdu.
- Ton problème ! Répondit Hinata qui semblait serrer le guidon de son véhicule entre ses doigts. Tu veux pas de câlins, tu veux pas de bisous, merde quoi ! C'est ce que font les gens en couple !
Très étonné par son ton employé, Kageyama resta perplexe un instant. Rapidement, il se reprit pour froncer les sourcils.
- Comment ça, "les gens en couple" ?
- Mais nous, Tobio ! Dit Hinata désespéré en faisant quelques pas rapides pour arriver à sa hauteur, son vélo toujours aux mains. Faut tout t'expliquer ? On fait parti de ces gens-là maintenant, tu saisies ?
Kageyama songea. C'était pas dans ses habitudes de réfléchir autant comme ça, à autre chose que du volley-ball. Ça le dépassait. Il baissa le nez pour fixer le vélo de Hinata.
- Ouais... Mais pourquoi t'es en colère ?
- Parce que tu me mets en colère ! Répondit le rouquin du tac au tac en le pointant du doigt.
- Pourquoi ?
- Mais parce que tu comprends rien !
Kageyama allait répliquer, pas très ravi que Hinata le traite implicitement de débile. Mais il se ravisa en apercevant son petit copain baisser la tête et trembler légèrement.
- Pourquoi tu veux pas qu'on se fasse des câlins, Tobio ?
Le passeur resta silencieux. Sans trouver les mots, il se pinça les lèvres. Il tourna la tête pour fixer la brume du paysage montagneux et triste.
- Arrête de pleurer, tu ressembles à un idiot.
- Idiot toi-même !
Hinata reprit la marche d'un pas plus rapide, traînant toujours son vélo. Il dépassa Kageyama qui réagit en le suivant à la trace.
- Arrête de fuir !
- Reste loin de moi !
- Pourquoi ?
- Tu m'énerves ! T'es pas capable de dire une seule chose gentille !
Kageyama grinçait des dents, et serrait des poings en accélérant le pas pour rattraper Hinata, mais celui-ci avança plus vite pour le distancer.
- Si j'en suis capable.
- Non !
- Si !
- Non, t'es méchant !
- Et toi t'es agaçant ! Arrête de courir !
- Je cours pas !
- Si tu cours !
À force d'accélérer, ils étaient arrivés au sommet de la montée en un rien de temps. Alors que la route descendait, Hinata enfourcha sa bicyclette. Kageyama le vit venir, et alla l'attraper par le bras.
- Reste ici.
- Lâche-moi !
- On pourrait discuter !
- Tu discutes jamais, tu cries !
- Non !
- Si !
- Non !
- Si ! Dégage !
En repoussant Kageyama, Hinata fit tomber son vélo. Il se prit les pieds dedans, et tomba en arrière sur les fesses. La roue du vélo tournait dans le vide, Hinata restait au sol et Kageyama le fixait, toujours debout face à lui. Une voiture passa, sans les perturber le moins du monde. Hinata fixait ses genoux, retenant tant bien que mal les larmes qui lui montaient aux yeux. Au milieu du silence, il esquissa un sourire.
- On sait pas discuter tous les deux.
Kageyama l'observait sans rien dire. Le plus petit se releva, prit son vélo, et monta sur la selle. Il posa un pied sur la pédale droite mais, avant de la pousser, fixa Kageyama d'un regard si intense que le passeur sentit son sang ne faire qu'un tour.
- Je veux faire l'amour avec toi. C'est pas compliqué à comprendre.
Puis, comme un oiseau sauvage, il fila dans le vent, à bord de sa bicyclette. Kageyama, resté sur place, l'observa s'éloigner dans la descente, jusqu'à ce qu'il disparaisse au tournant.
*
Коментарі