Sombre Nuit
L'horrible épreuve débute. Elle est annoncée par le glas inaudible qu'est la disparition du dernier rayon de lumière, qui abdique devant l'incontestable supériorité des ténèbres. Plus rien ne bouge. Les appendices de la nuit sont là, prêts à fondre avidement sur leur proie. L'écoulement des grains de sable dans le sablier paraît ralentir. Se tarir. Semble s'arrêter. Sombre Cela ne peut rien y changer, mais les paupières se ferment. Même si l'on ne peut plus rien voir. Par peur. Les membres tremblent. Se crispent. La respiration s'accélère. Se stoppe brutalement, en suspens, puis repart de plus belle. Un voile tombe, étouffant tous les sons alentours. Rien ne passera. L'inquiétude montante y veillera. Silence La conscience surchauffe. On ne peut y échapper. Tous y passent. Qui peut fuir cette rencontre ? Personne. Il est l'heure. L'heure de faire face. Le temps est venu. Le temps d'affronter le pire ennemi qui soit. Son propre reflet. Son âme. Elle scrute avec attention le centre de sa personne, intimement convaincue de sombrer. Comme à chaque fois que la lumière s'en va. Se regarder Qui. Suis. Je ? Fatale interrogation. Étrange introspection. Monstre parmi les monstres. Inconnue parmi les inconnus. Généralités. Banalités. Soulagement. La réponse ne vient pas. Il est donc possible d'y échapper ? Elle n'y croyait plus. Le calvaire va enfin se terminer. Les battements irréguliers du cœur se calment peu à peu, puis s'affolent à nouveau. Flot de pensées décousues. Se perdre Lâche parmi les audacieux. Regard détourné. Elle ne peut rien y faire, après tout, pourquoi s'interposer ? Propos retenus. Masqués. Elle ne peut rien y faire, là non plus, alors pourquoi répliquer ? "Rentre dans la masse" Suivre la foule. S'oublier. "Que pensent les autres ?" Observer. Écouter. Changer. Se renfermer. S'énerver Une carapace fissurée. Maintes fois brisée. Vaillamment réparée, puis à nouveau détruite. Dispersée aux quatre coins du monde. Disparue. Qu'importe. Une autre prendra sa place. Plus épaisse. Plus solide. Impénétrable. Masque vain d'un corps meurtri. D'une âme qui se laisse sombrer. "À quoi bon continuer ?" Les douloureux souvenirs affluent. Yeux posés sur la lame. Mais les mains la repoussent et les jambes quittent la salle. Pas encore. Non. Ne pas s'y résoudre. "Je ne veux plus souffrir." Les larmes coulent lentement. Perles de rosée sur une plante mourante. Désespérer Les pensées s'éloignent au lendemain. Voient déjà le déroulé des événements. Rien ne change. Jamais. "Oui. Ça va". Sourire de convenance. "Non. Je ne peux pas continuer. Et je ne sais même pas pourquoi." Hurlement inaudible. Entendre en boucle les aveux inattendus. "Les médocs. J'y ai pensé. Mais j'ai remonté la pente. " Hocher la tête sans rien répondre. "Moi j'y pense encore. Mais je ne sais pas comment procéder." Solution repoussée au loin. Dégoût  de soi. Chuter Soudain, plus rien ne vient. Faible accalmie pendant la tempête. Les songes s'orientent vers d'autres horizons plus sereins. Mais dangereux. Bien plus dangereux. Qu'y-a-t-il de plus dévastateur ? "Mieux vaut un faux espoir plutôt que le désespoir." Mensonge. Papier peint sur un mur défraîchi. Phrase servie aux autres par dépit. Peut-être pourra-t-elle les sauver de la lente dérision qu'elle subit. Ils seront plus chanceux. Il le faut. Y croire fait du bien. La chute n'en sera que plus rude. Le poison contenu dans ce simple mot s'avale si facilement. À grandes gorgées. Volontairement. Espérer Croire en ses rêves. Le plus violent des désirs inavoués. Sortir du moule dans lequel elle s'efforce de rentrer. Quitter les généralités. "Après tout, et pourquoi pas moi ?" Faible sourire rapidement estompé. La route est dure. La route est longue. Les doutes sont chassés. Positiver. On verra bien. Soutient des proches. Amies. Plus que des amies. Deux sœurs. Oubli des soucis. Un modèle, son modèle, décidé malgré les obstacles, est découvert. Un sauveur inattendu miraculeusement rencontré. Émerveillée. Larmes. De joie, cette fois. "Je sais ce que je veux." Plénitude inespérée. "Il ne le sait pas. Il ne le saura sûrement jamais. Pourtant il m'a sauvée. Sauvée des ténèbres maudits que je comptais rejoindre à jamais." S'acharner Le sourire se fait plus grand sur les lèvres de la frêle silhouette. Les muscles, enfin se détendent. Tout n'est peut-être pas perdu. La sable tombe à nouveau dans le sablier. L'instant suspendu est achevé. Cette fois ci, elle se laisse aller aux ténèbres de l'inconscience. Pas les mauvais. Ceux des rêves situés si loin. De l'espoir dévastateur tant réclamé. Les appendices de la nuit l'atteignent enfin, elle aussi. Elle s'endort. Demain sera un autre jour. Forcément. Se relever
2020-10-30 10:54:07
5
7
Коментарі
Упорядкувати
  • За популярністю
  • Спочатку нові
  • По порядку
Показати всі коментарі (7)
J'ai Pas D'idées :)
c'est vraiment.... wahhhh je n'ai pas les mots pour décrire cette beauté <3
Відповісти
2020-10-30 13:35:41
1
Kyrsayr
@J'ai Pas D'idées :) merci énormément pour ce retour que me touche beaucoup !
Відповісти
2020-11-07 10:27:28
Подобається
Kyrsayr
Merci beaucoup ça me va droit au cœur ^^
Відповісти
2020-11-07 10:27:39
Подобається
Схожі вірші
Всі
Я граю лише уві снах...
Я граю лише уві снах, Гітару, мов тебе, обіймаю, І пісня стара на вустах, Що в серці болем лунає. Я граю лише уві снах, Мелодію, давно що забута, І печаль в блакитних очах — Мій жах і муза, мій смуток. Я граю лише для тебе, Хоч знаю, що плід ти уяви, І біль губить нестерпний — Я гину, а пісня лунає... Я граю мелодію ніжну Та бігти хочеться геть, Як чую солодку я пісню: Вона нагадає про смерть... Бо вона серце зворушить І змусить згадати тебе, Ну нащо грати я мушу І палати мертвим вогнем? Поховавши, я присяглася, Що забута гітара — ось так, Бо пісня для тебе лилася... Я граю лише уві снах...
130
26
4505
Впізнай себе...
Впізнай себе в моїх словах , Що виливаються в пісні. Ти знову є в моїх віршах . Я їх присвячую тобі. Всі погляди твої ласкаві, Я все змалюю у віршах. Тихенько ,щоб вони не знали До тебе я прийду у снах. Коли у дзеркало поглянеш А там побачиш лиш мене. Знов вірші всі мої згадаеш, І знов впізнаеш там себе. І в день Святого Валентина, Ми стали друзями с тобою. Нехай зупинится хвилина, Я розлучилася з журбою....
43
7
1377