Oll avait compris le jour de l'an de cette douce année.

L'un de ses amis était mort.

Le décompte avait commencé, puis fini sous les embrassades, les coupes d'alcool, les rires et les enfants qui criaient.
Juste un jour de l'an comme les autres, où oll discutait du "bon vieux temps" avec les gens de sa génération.
Déjà 84 ans dans quelques mois ...

Et puis oll avait entendu le téléphone fixe sonner plus loin dans sa maison, et tout naturellement oll s'était frayé un passage entre les corps pour décrocher.

À l'autre bout du fil, Fanéline semblait se noyer dans ses larmes, sa langue voulait sans doute s'échapper de sa bouche et il imaginait sans mal la femme de son ami Roger affaiblie, décomposée au sol.

Ses oreilles ont sifflées, ses mains ont lâché le combiné, ses jambes l'ont laissé tombé.

C'était peut-être horrible, mais oll ne pensait déjà plus à son ami.
Tout tournait trop vite dans sa tête.

Toute sa vie, Gabriel avait eu ce que ses amis appelaient son super pouvoir.

Quand oll s'ennuyait, oll s'enfermait dans ses pensées et le temps passait sans qu'oll ne le voit.

Gabriel utilisait son "pouvoir" à tout bout de champ.

Les cours quand oll était jeune? Plus là.
Les soupers en famille? Plus là.
Les vacances trop longues? Plus là.
Plus là.
Plus rien n'était là.

Maintenant oll avait compris.

Qu'avait-oll fait ...
Sa vie ...
Oll l'avait perdu.
Oll n'avait rien fait.

Tous ses rêves d'enfants ...
Partis, plus jamais réalisables désormais.
Ses rêves d'adolescent ...
Oll ne pourrai plus jamais les satisfaire.
Ses rêves d'adultes ...
Parti depuis quelques années, hors de portée.

Oll avait tout fait pour que sa vie passe plus vite, et maintenant elle pouvait s'envoler à tout instant.

Oll avait peur.
Oll était en pleurs.

Gabriel, dans sa chambre en ce premier janvier, sorti aussi vite qu'oll le put.

Les étoiles ...

Oll avait besoin de voir les étoiles.

Ses larmes reflétaient tous ces points argentés et froids, ses lèvres tremblaient de sentiments et de froid.

Tous les instants qu'il aurait put savourer, ils avaient été ignorés.
Tous les instants bien et moins bien, c'était sa vie, et sa vie avait été ignorée.

Qu'avait-oll fait ...

Oll s'était juste dit qu'un jour, plus rien ne serai mauvais, qu'oll vivrai juste sa vie en la savourant.
Oll avait attendu ce moment, et n'avait jamais compris à quel point oll se trompait.

Et maintenant c'était trop tard.

Le vieil humain resta au milieu de la petite route, regardant le ciel d'encre.

Oll avait si peur désormais ...