Skye, elle avait ce côté sensible qu'elle ne montrait à personne. Son visage de marbre cachait une délicate fleur bercée par les courants puissants des émotions.

Skye aimait la nature, cette Terre qu'elle trouvait riche de ses mille et une couleurs de vie. Elle chérissait sa planète comme un trésor au fond de son cœur. Elle avait une sorte de lien empathique avec la nature. Une graine de vie avait pris racine profondément dans ses entrailles.

Seulement, la planète se mourrait. Et Skye ne pouvait continuer à l'ignorer. Les humains, cette espèce dont elle faisait elle-même partie, répandaient leurs vapeurs toxiques. Le poison commençait lentement à s'écouler dans les veines de sa Terre si pure. Elle était malade. Ses larmes salées engloutissaient des îles entières, sa fièvre irradiait toute sa surface et embrasait des forêts, ses poumons suffoquaient, la Terre mourrait, et le cœur de Skye pourrissait.

Skye regardait sa Terre multicolore, elle s'attardait sur ces vies aux multiples nuances. La souffrance d'un cœur amoureux, la courbe dansante qui fait briller l'espoir des hôpitaux, les coups sanglants qui éteignent petit à petit la flamme de la vie, la faim animale dévorant la raison, les mots tranchants qui brisent un cur de verre, le vol qui tue la conscience mais ressuscite le corps, le meurtre de sang froid qui réchauffe une âme glacée, le liquide vital noirci qui tue plus qu'il ne maintient en vie, la vue du fluide vermeil qui devient habituelle ; la misère qui colorent la vie des Hommes. Skye était horrifiée, aussi bien que fascinée.

Toute cette souffrance dégageait une sorte de beauté sanglante. Elle créait une humilité et une unité parmi toutes ces vies qui n'en n'avait pas conscience. Quelque part, la douleur faisait la force des Hommes. Et Skye trouvait ça magnifique.

Cependant, cette Terre à feu et à sang, écrasait Skye de son poids mortel. Elle ne supportait pas l'idée que sa planète, cette si belle Terre, soit ainsi condamnée à la dérision. Elle se demandait comment les gens pouvaient ne serait-ce que vivre, quand on voyait toute cette misère et cette pourriture.

Skye était pourrie, écrasée, par la misère de la planète Terre.