Elle tombe sur une fine couche de glace violette. Son œil surnaturel la regarde, intriguée de la voir tomber sur elle. D'où venait ce givre ensorceleur ? Sûrement, était-elle, tombée d'une aile d'un ange. Une plume si blanche mais si noire à la fois. L'univers, lui aussi curieux de rencontrer cette plume, l'arracha de la majestueuse emprise du givre recouvrant le sol. Intriguées, les petites cousines de l'Univers valsaient autour de la membrane flottante. Sans doute, avait-elle servit à écrire, se dirent-elles. Un léger tracé de glace décrivait le long chemin du mystérieux objet convoité de tous. Fasciné par sa beauté, l'être absolu qu'est l'Univers, en fit un naître un dragon aussi frêle que le givre du tracé de cette plume pour la fixer dans l'œil de ce dragon.

Pendant quelques années, celle-ci parcourut l'espace. Puis vint le jour où, lassée de supporter le monstre l'accompagnant, se décrocha de son œil couleur perle. L'Univers, mécontent de ce geste, l'exila l'un des plus profonds abysses, le Tartare. Le Tartare, lui, fut surpris de sa frêle présence, elle qui était pourtant un être de lumière si fragile de l'intérieur mais mystique, envoûtante et puissante au plus profond de son âme. Ayant de la compassion pour elle, le gouffre, de son plus violent courant, la propulsa jusqu'à un oiseau de givre.

L'oiseau de givre, si grand et aussi brillant et imposant que la plume, l'accepta parmi son plumage. Ravi de son nouvel ornement, l'oiseau nordique alla se pavaner devant ses deux frères. Ils étaient tout aussi majestueux que le nordique. Un de ses frères, l'oiseau de feu, piqua une sombre crise de colère et de jalousie. Tandis que l'oiseau de foudre resta calme mais cependant irritable, tout aussi jaloux de la nouvelle plume du frère cadet, exigeant que ce soit le frère aîné qui la possède. C'est alors que commença une bataille sans pareil soulevant monts et marées suite à agression du plumé de feu envers le plumé de givre. Tempêtes, éruptions, ras de marées, séismes, cyclones, tsunamis et changements climatiques brutaux s'en suivirent pour ravager le cosmos des trois frères. Puis vint le calme après la tempête, comme un rayon céleste qui perce les nuages noirs. Assis, côte à côte, ils méditèrent ensemble à une solution . Et la sentence qui en ressortis fut irréversible. La plume fut de nouveau exilée du cosmos. Peinée l'intéressée se décrocha du plumage du cadet des trois.

Le doux plumage ballant, elle traverse, de ses persiennes vides émeraudes, d'autres cosmos provoquant d'autres désastres derrière son tracé givré. S'y habitant de plus en plus, celle-ci prenait maintenant un malin plaisir à semer le chaos avec sa beauté et sa profonde puissance. A l'aube de la nouvelle ère d'un nouveau royaume, une sombre étoile chevalière appris les méfaits de la sublime et son âme entachée. Plus vite que les dragons filants, l'astre chevaleresque vint chercher Anubis. Alerté des récits de sa nouvelle étoile servante, le dieu s'empressa d'arrêter la plume criminelle. Quand elle aperçut Anubis, celle-ci se mit à fuir aussi vite que son puissant pouvoir lui permettait. Malheureusement pour la fugitive, la main rédemptrice la saisit. La criminelle fut amenée et son châtiment fut aussi tôt prononcé. Des chaînes vinrent sceller la coupable. Les rumeurs de son jugement se répandirent à travers l'univers tout entier, lui donnant un nouveau nom « La Déchue » ou encore « Faucheuse de Minuit ». Son entravement l'entraîna dans un profond sommeil paradoxal pour une longue éternité luisante au clair de lune. Endormant la fine lame aiguisée de la Faucheuse de Minuit. Plus de vie en elle ne soufflait comme aucun être vivant n'a jamais vécu. Le Néant, gardien de la légendaire massacreuse, restait dans un silence des plus morbides et profonds. Seul le bruit métallique des entraves brisait le silence dans ce mystérieux lieu.

Au bout de quelques décennies, une toute petite lumière refit surface dans cette âme corrompue. La Volonté subsistait dans son état léthargique. C'en était aucunement de la mauvaise Volonté mais une des plus humbles. Cette Volonté espérait du plus profond de cette petite et frêle lumière, qu'un jour on puisse lui pardonner l'esprit aguicheur qui avait le contrôle d'elle.

Après des millénaire d'inconscience. Un bruit étranger de cette pièce se mit à vivre dans ce silence glacial. Ce son étranger à celui des chaînes se rapprochait lentement mais sûrement. Au premier abord, le gardien crut, un instant, à la vue d'un dragon encore plus pur et limpide que la plume elle-même. Était-ce une illusion ? Se demanda Néant. Seulement, ce qu'il avait en réalité devant ses yeux était un homme plutôt âgé, la barbe blanche lui ruisselait sur le visage. Il possède des cheveux argent virant d'un côté vers le blanc et ses yeux étaient d'un marron pétillant. L'homme avait un teint bruni par un des soleil de l'Univers. Celui-ci s'avance en faisant tinter la grosse croix, servant d'arme, accrochée sur son dos. L'inconnu s'approcha de trop près de la Faucheuse de Minuit. Les chaînes protégeant la plume, s' attaquèrent à lui avec une puissance tout aussi équivalente que l'Univers même. Étonnamment, l'étranger balaya d'un simple revers de la main les chaînes qui s'en sont prises a lui. Il libéra la plume de son entrave. Celle-ci se réveilla peu à peu, avec sa Volonté nouvelle. Pourquoi l'avait-il délivrée ? Elle ne voulait plus faire de mal à quiconque.

- Qui es-tu petit être ? Demande l'homme »

Surprise, celle-ci lui répondit :

- Rien et tout à la fois. Jadis je fus la plume d'un ange déchue puis perdue, l'Univers me recueilla et m'accrocha à l'œil du premier dragon filant. Ensuite je fus parmi le plumage d'un majestueux oiseau de givre Mais à cause de moi, j'ai réduit des mondes en cendres, des cosmos et bien encore. Pourquoi m'avoir réveillé ? Je ne peux vous suivre à cause de mes actes. »

L'inconnu sourit.

- Je me fous de vos actes honorables plume. Vous inspirez ma fascination et je vous accepte telle que vous êtes à cette seconde précise. »

Touchée, la plume aperçut l'aube d'un espoir, celui d'un nouveau commencement.

- Alors, je représenterais à présent votre fascination. »

Voilà que Fascination s'en fut avec l'homme du monde, Avallon, en un tintement, tout deux disparurent sans laisser aucune trace.