Вірші
DEUIL
La plage est déserte, à cette heure tardive. Une brise légère agite les vagues qui viennent mourir sur le sable, en gerbe d'écume d'une blancheur immaculée.
Le soleil mourant, enflamme l'horizon, tel un immense incendie au dessus de la mer sombre.
Un ange avance, dans le sable humide, la démarche chaloupée.
Il a un peu trop bu, pour se donner la force d'aller jusqu'au bout.
Il a abandonné, tout près de la roche grise sa guitare, dont les dernières notes résonnent encore en lui.
Il n'a pas peur, juste un peu de regret.
Il fait face à la mer, et peu à peu, avance dans les vagues qui tentent, en vain, de le retenir.
Et le vent lui murmure, de ne pas aller plus loin, tu ne reviendra pas, si tu poursuis ton chemin.
Il n'a que faire de ses mises en garde.
Sa décision est prise, il ne veut plus souffrir.
Et c'est à elle qu'il pense, en ces heures tragiques.
A celle qu'il abandonne, par manque de courage.
Il espère qu'elle trouvera dans le fond de son coeur, la force que lui n'a pas, pour continuer sans lui, et peut être aussi, quelque part, celle de lui pardonner.
Il s'enfonce dans la mer qui l'accueille dans ses bras, comme tous les malheureux, que la vie a brisé.
Il a perdu son combat contre la poudre blanche, qui bousille sa vie, depuis bien trop longtemps.
Il ne lui a rien dit de sa lâcheté,
qui l'a fait replonger dans cette douce illusion, qu'il pouvait être quelqu'un,
s'il en prenait un peu.
Et il a oublié que l'héroïne est sans pitié, pour tous ceux qui lui cèdent.
Elle s'empare de leurs âmes, et les laisse errantes, privée de volonté face à son irrésistible attrait.
Et il veut l'épargner, elle qui lui a tout donné, qui lui a offert du pain, quand il mourrait de faim, lui a ouvert sa porte, quand ses propres parents, eux, l'ont jeté dehors, parce qu'ils n'ont pas supporté que leur fils soit gay.
Elle lui a donné un foyer, chaleureux pleins d'amour, sans jamais le juger, sans tenter de le changer.
Elle l'a accepté tel qu'il était, avec ses défauts, et ses failles, et elle a rit et pleurer avec lui.
Sa petite soeur de coeur, son âme soeur, qui ne l'a pas lâché, quand la drogue, sa compagne fidèle, a bien failli tout gâcher.
Elle l'a accompagné durant ces heures sombres, ou le manque terrible le transformait en monstre, égoïste et cruel.
Il ne veut pas lui imposer de nouveau le long combat vers une guérison incertaine,
Il n'en a pas la force, il ne veut plus lutter.
Et il ne veut surtout pas lire la terrible déception dans les yeux de celle qu'il chérit tant.
Alors, dans les eaux sombres, il se laisse bercer.
Il a fermé les yeux, une larme y brille encore.
Et la mer fait le reste, elle l'attire vers le fond,
Il lutte, l'instinct de survie le pousse à remonter, mais il n'a plus de force, et elle est bien trop forte.
Et le vent lui lurmure, je t'avais prévenu, maintenant il est trop tard.
Alors, il ne lutte plus, et la mort le reçoit, comme un cadeau du ciel, dernier refuge des désespérés.
Elle marche pieds nus, sur le sable blanc, et glacé. Elle est seule.
Ses longs cheveux blonds tombent en cascade sur ses épaules, balayés par la brise d'été.
Au loin, derrière une barque abandonnée, deux amoureux s'embrassent, leurs silhouettes se confondent, sous la lueur pâle du croissant de lune.
Elle n'y prête pas attention et frissonne, sous la fraîcheur de la nuit.
Elle marche sur le sable mouillé.
Le son triste et mélodieux d'une guitare l'arrête.
Malgré elle, elle l'écoute, et la douleur lui coupe le souffle.
Elle voudrait être sourde, pour ne plus l'entendre.
Elle déteste les guitares, la musique, les chansons.
Les larmes roulent sur ses joues malgré sa volonté de les retenir.
Elle déteste cette plage, la mer et l'été.
Le soleil lui brûle les yeux, le cri perçant des mouettes lui vrille les tympans. Elle n'aime plus que le son de la pluie sur le bitume gris, le ciel plombé, au dessus des toits des immeubles.
Demain, elle sera loin, de ce si beau décors, digne d'une carte postale, mais qui pour elle, ressemble à un tombeau.
La dernière note de musique se meurt, sur les cordes de la guitare.
Le silence oppressant tombe sur ses épaules, enfin !
Elle l'attendait, l'espérait, tandis que le soleil agonise, à l'horizon, pâle lueur se noyant dans la mer
Elle se tient debout, face à son ennemie, cette cruelle traîtresse, aguichante, attirant dans ses eaux sombres, les âmes torturées.
Comme elle la hait, cette Méditerranée, que les poètes encencent.
Elle voudrait n'être jamais venue.
Et les questions sans réponses se bousculent dans sa tête, à grands coups de pourquoi.
Pourquoi n'a t'elle rien vu ?
Aurait elle pu l'en empêcher ?
Quelle genre d'amie est elle, pour ne pas avoir vu la souffrance dans son coeur ?
Son âme soeur, son seul ami, son pillier, dévoré par cette perfide attirance, promesse d'euphorie, qui entraîne dans ses filets mortels ceux qui cherchent l'oubli, un remède à leurs maux, et ne trouvent que la mort, au terme d'une longue errance.
La poudre blanche, si semblable à cette écume, est tout aussi mortelle, elle transforme les âmes pures, en pauvres marionnettes, privés de volonté.
l'héroïne, quel joli nom, pour une arme froide et impitoyable, un monstre à la pureté trompeuse, si tentante, si porteuse d'espoir, mais, pour ceux qui se laissent tenter par sa perfidie, un piège mortel se referme sur eux. Car la paix qu'elle apporte n'est qu'illusoire, et l'appel de la drogue, plus forte que la plus grande des volontés.
Il n'a pas su, pas pu, lui résister, et la mer a fait le reste.
Il avait tant de talent, et il était si beau, un ange tombé du ciel, bien trop pur, trop fragile, pour ce monde si cruel et impitoyable.
Elle entend encore, parfois le son de sa guitare, et sa voix mélodieuse, au timbre si chaud.
Elle pouvait l'écouter chanter pendant des heures.
Elle sourit à cette évocation.
Mais le chant cruel de la mer efface son sourire.
Elle lui a pris son ange, l'a noyé dans ses flots qui pourtant continuent leurs mouvements perpétuels, impavides et indifférents.
Et du fond de ses entrailles, jusqu'à son coeur, remonte la souffrance intolérable.
Tout son être le réclame et rien n'apaise sa douleur.
Il n'a laissé que le vide, quelques notes de musique, griffonnées sur un carnet, une veste égarée, sur le bras d'un fauteuil.
Elle aimait tout en lui, son intelligence, son courage, son talent, sa générosité, et elle le voit partout.
Des souvenirs en flash dans les pièces de l'appartement, et son rire qui s'égrène, comme le chant d'un oiseaux..
Elle est face à la mer, et lui crie sa douleur, mais personne ne l'entend, surtout pas cette félonne, dont le long va et vient est une insulte à sa souffrance.
Et elle hurle en silence, et le vent lui répond, qu'elle est seule désormais, et n'a plus de repères.
Et elle voudrait, à son tour, se jeter dans les vagues, se laisser porter par les flots meurtriers, rien ne la retient plus, dans sa vie solitaire.
Elle est au bord du gouffre, cherche une main salutaire, mais le murmure des vagues lui dit qu'elle n'en a plus.
Et son regard se perd, dans l'horizon obscure.
Elle est partie, loin de cette plage maudite, de cette beauté insolente, qui ne fait que raviver sa douleur et fait peser le manque de lui.
Elle s'est arrachée, le coeur, en s'éloignant ainsi, de cet endroit, qui la rattache à lui, comme un lien invisible, qu'elle redoute de couper, en partant loin de lui
Elle a retrouvé la grisaille et le bruit de la ville et le confort douillet de son appartement.
Mais, là, c'est encore pire, car tout le lui rappelle.
La maison trop nette, privée de son joyeux désordre, est à présent sinistre, plongée dans le silence.
Plus de cris, plus de rire, de chahut,
Et ce calme l'étouffe et l'écrase.
Partout où son regard se pose, reste des traces de lui, son carnet de composition, barré d'un grand trait sûr, car ça ne rime pas, disait il et il n'aimait pas quand ça ne rimait pas.
Ici, un tee shirt oublié, une paire de chaussure, au milieu du salon, et elle s'entend lui dire "Bon sang, range tes affaires !
Comme elle voudrait aujourd'hui, qu'il en ait laissé plus encore.
Et puis il y a sa chambre, ou vient s'échouer, son âme torturée, elle se jette sur son lit, en position foetale,
En serrant contre elle, ce polo Lacoste, qu'il aimait tant.
Elle respire son odeur, et finit par s'endormir, épuisée, par les sanglots,
qui secouent son corps de tremblements convulsifs.
Le soleil insolent, insensible à sa douleur, vient la réveiller, qu'importe, elle ne bouge pas.
Les heures passent, immuables, sans qu'elle éprouve le besoin de bouger.
Elle n'a pas faim, elle n'aura plus, jamais faim. Tout à un goût de cendre
Elle va rester ici, dans cette chambre, qui n'est pas la sienne, sur ce lit, qui n''est pas le sien, pour toujours,
Peut être se momifier, comme une statue de sel
Elle donnerait tout pour ne plus avoir mal,
Lorsqu'enfin elle sort de sa léthargie, c'est un automate, qui répond, Oui, ça va, ça va bien, tandis que des larmes, roulent, quand on prononce son nom.
Elle ne veut plus sortir, jamais.
Ne veut plus,qu'on lui parle, rêve de disparaître, devenir anonyme.
Car l'absence est venue, poser ses grandes ailes, sur l'appartement triste, qui ne résonnera plus des belles mélodies que jouait sa guitare.
De son joyeux désordre, il ne reste que quelques traces, Elle donnerait tout pour qu'il soit là, encore.
La cuisine est trop nette, il y manque sa présence, et tout est bien trop calme, privé de sa douce folie, qui mettait tant de joie, dans son monde trop bien réglé.
Même le chien, tourne en rond, comme une âme en peine, lui non plus, n'a goût à rien, il reste couché devant la porte d'entrée, il l'attend, avec son coeur en laisse.
Elle a envie de hurler, de lui dire qu'il lui manque, mais, ce serait inutile, il ne reviendra pas.
Et son coeur est en miettes, et elle n'a qu'une envie, se rouler en boule, dans ce lit qui n'est pas le sien.
Elle ne veux plus souffrir, elle ne veux plus rien ressentir, mais la douleur, hélas, ne la quitte pas.
Elle erre, comme un fantôme, dans ces pièces vides de lui.
Elle ignore ce qu'elle cherche, son coeur ne tourne pas rond.
Elle voudrait trouver une raison, à son geste absurde, mais tout ce qui lui vient, ne sont que des pourquoi.
Et son coeur se souvient de la chaleur de ses bras, quand il la serrait contre lui, de la douceur de sa voix, quand elle posait sa peine, au creux de son épaule.
Elle n'a pas oublié, tous ses mots qui rassurent, et tous ceux qui font rire,
Leurs discutions enflammées, jusqu'au bout de la nuit.
Leurs chahuts impromptus, à grands coups de coussins, il la disait trop sérieuse, qui viendra la distraire, maintenant qu'il n'est plus là ?
Ils n'étaient pas amants, mais, seulement des amis, mais elle l'aimait tellement, bien plus fort qu'un amour qui souvent ne dure pas.
Il était l'amant de son âme.
À lui, elle disait tout de ses peurs les plus absurdes, de ses failles, ses faiblesses, et de ses joies aussi.
Eux deux c'était pour la vie, il lui avait promis, et puis il est parti,
Et elle se sent trahie.
Elle reste seule, avec ses idées noires,
Son absence la tue, elle n'a plus goût à rien.
Elle voudrait être morte, pour ne plus rien ressentir.
La vie est un monstre sans coeur, qui vous broie sans pitié.
Et que vous reste t'il quand on vous retire ce qu'il y a de meilleur dans votre pauvre existence ?
Si Seulement elle avait su, si seulement elle avait vu, si il lui avait parlé, s'était confié.
Elle lui aurait donné sa force, sa foi dans l'existence, et le bonheur de vivre,
Il a tut sa souffrance, a enfouit ses angoisses, et puis il est parti, comme ça, sans un mot, sans un adieux.
Il est entré dans sa vie, trop calme, trop bien réglée, et comme un ouragan, il a tout balayé, toutes ses certitudes, et ses avis sur tout, bousculé son quotidien, et mit le désordre partout.
Il illuminait de sa présence sa petite vie terne, et sans éclat,
Un rayon de soleil, qui jetait dans son coeur, des étincelles de bonheur.
Il vivait à cent à l'heure sa vie de bohème, sa guitare à la main, un sourire sur les lèvres.
Et le coeur débordant d'amour.
Il était sans concession, refusait tout compromis, il était lui, tout simplement.
Elle aimait son sans gêne et sa douce folie, qui donnait à sa vie, un peu de fantaisie
Il était si jeune, il avait la vie devant lui, mais la rue si cruelle, l'avait marqué si profondément, qu'il n'a pas su s'en défaire.
Et son ange est parti, emportant sa chaleur et sa douce lumière.
Elle est seule à présent dans le gris et le froid.
Et elle est là, triste et perdue, recroquevillée, dans ce fauteuil, où il aimait s'asseoir, comme une coquille vide, sans espoir d'en sortir.
Se pourrait il qu'un jour, on vienne la délivrer ?
Une main secourable, un coeur plein de courage, la tirera t'elle enfin, loin de cet enfer où son absence l'enferme ?
Elle voudrait tant y croire, mais personne jamais, ne pourra remplacer dans son coeur meurtri,
L'ange, qu'elle a perdu.
Et la mer lui rappelle que rien n'est éternel, son mouvement perpétuel, n'a aucun état d'ame, et rejette sur le sable tous les désespérés qui n'ont pas su trouver d'issue, à leur souffrance,
Sur cette plage déserte, ne reste que le vent, qui lui murmure sans cesse, tu n'a pas pu le sauver.
Ils étaient si heureux, ils ne le savaient pas, et de cette insoucience, il ne reste plus rien, plus rien que l'abandon, une vie de solitude, une errance sans fin.
Elle est comme une boussole, qui a perdu le nord, une horloge sans aiguille, une nuit sans étoile,
Et plus rien n'a de sens.
Elle a perdu le phare, qui la ramenait au port,
Son étoile s'est éteinte, elle est seule dans le noir.
Elle veut fermer les yeux, s'endormir pour toujours, ne plus se réveiller, jamais
Elle n'est rien sans lui, il était tout pour elle.
Et son coeur saigne, de ne plus battre à l'unisson avec le sien.
Il était son âme soeur, il finissait ses phrases, toujours présent, pour elle
Elle n'a pas su l'être pour lui.
Mais le temps guérit les blessures, même si l'on oublie pas, l'être cher qui nous manque, et la douleur s'estompe.
C'est avec le sourire, toujours un peu ému, qu'on se souvient d'une chanson, du son de sa guitare, on carresse une photo, que l'on chérit encore, on se souvient des rires, et on oublie les larmes.
le temps inexorablement poursuit son oeuvre d'oubli.
Un jour, elle ira mieux, un jour, elle se relèvera.
Peut être, alors, reviendra t'elle, sur cette plage maudite, à la recherche de ces dernières heures, de bonheur, qu'ils ont partagées.
un jour, peut être, contemplera t'elle la mer, sans voir en elle une meurtrière silencieuse, une voleuse d'ange.
Le temps est porteur d'espoir.
Il ne ramènera pas le beau musicien au coeur d'or, il n'a pas ce pouvoir, mais il soulagera son coeur en deuil,
apaisera sa douleur, et elle se souviendra, alors, qu'il n'aimait pas la voir trisre et en pleurs.
Elle aimera de nouveau la douceur de l'été, la chaleur du soleil, la musique, la guitare.
Et c'est dans un sourire qu'elle se rappellera, son ange qui la faisait tant rire.
Un jour, elle cessera d'avoir mal, même si elle n'y croit pas, perdue, dans sa douleur.
Un jour... Son souvenir ne sera plus douloureux.
En attendant ce jour, elle ne pleure plus, car sa souffrance à présent, est au delà des larmes, une compagne fidèle, qui dans ses insomnies, lui rappelle dans cesse qu'à présent elle a tout perdu, et la solitude, pèse de tout son poids, sur son coeur exsangue.
Et le vent lui murmure, un jour, ça ira mieux. Un jour.....Mais pas aujourd'hui.
Aujourd'hui, il n'y a que le vide, et la douleur de l'absence.
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