La lumière du malheur
C'était à un concert que je l'ai rencontrée
Elle chantait si bien, était souriante
Le devant de la scène était éclairé
Faisant ainsi ressortir sa robe brillante
Mon amie et moi l'admirions
Et la dévorions du regard
C'est ainsi qu'elle devint, sans crier gare
Notre vision de la perfection
Nous sommes allées dans sa loge
Afin de pouvoir lui parler
Elle nous offrit à chacune un sucre d'orge
Et nous nous mîmes toutes les trois à discuter
Le moment où tout a dérapé
Fut quand je lui dit mon espérance
« Si vous dites que je suis douée,
J'aimerais que tout le monde le pense ! »
Cela voulait dire que je mourais d'envie
D'être également dans une robe brillante
De très bien chanter, souriante
Tandis que le public sourit
Elle m'invita sur-le-champ
À faire des concerts avec elle
Chanter diverses choses, prendre son temps
Afin de se laisser pousser des ailes !
J'acceptais et, tournant la tête sur le côté
Là où mon amie se trouvait
Seul sa chaise était restée
Elle s'était enfuie, sans doute bouleversée
Notre idole n'avait qu'invité
Ma petite personne ayant un espoir
Mon amie a dû s'enfuir dans le noir
Car elle n'y a pas été conviée
Dix ans après cette aubaine
J'étais sur la scène
Je chantais, souriante
Le public fixait ma robe brillante
Plus de traces de mon ancienne modèle
Qui s'est enfuie il y a de cela trois ans
Bien que je ne sente pas derrière moi des ailes
Peut m'importe si le public est content
Je revis mon amie, s'étant mariée
A un homme d'un an de plus qu'elle
Elle l'avait rencontré au lycée
Elle était heureuse, et beaucoup moins frêle
Revoir cette fille, ayant fui la hauteur
Et la lumière des projecteurs
Me fit comme un coup dans l'estomac...
Appelle-t-on ce qu'elle ressent de la joie ?
Beaucoup de mes proches firent comme mon amie
Fuyèrent la lumière aveuglante
Me lancèrent une corde pour m'y arracher, tentante
Je ne peux la prendre, cette lumière me nourris
Je me sentais piégée par le halo des projecteurs
Mes proches, mes amis étaient dans l'obscurité
Loin de ma lumière, source de malheur
Soudain, nos regards se sont croisés...
Ce soir, dans ma loge, je reçois deux admiratrices
Leur sourire est d'une innocence... Ça en serait presque triste.
L'une me confia son rêve, semblable au mien d'autrefois ;
Tandis que son amie partit vers la bonne voie...
Dix ans plus tard, cette lumière assoiffée
Trouva quelqu'un d'autre à aveugler
Emprisonnée dans ma robe brillante
Comment ais-je pu être souriante ?
Et si, en réalité,
Ça n'avait été qu'une illusion maîtresse ?
Et si, pour de vrai
Le public avait vu ma détresse ?
Mais
N'avait
Rien pu faire
Seulement que de me faire croire le contraire...
2020-10-22 08:36:35
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