Introduction
Chapitre 1 : Le Sanctuaire.
Chapitre 2 : L'Entrainement commence.
Chapitre 3 : La force des Ainés.
Chapitre 4 : Alister...
Chapitre 5 : Un objectif.
Chapitre 1 : Le Sanctuaire.
Un groupe de personnes discipliné marchait calmement au sein d'une épaisse forêt au climat tempéré mais fortement humide. L'air y était difficilement respirable et la végétation rendait la marche éprouvante. Malgré l'apparence juvénile de la majorité des membres de l'expédition, la plupart semblait éprouver des difficultés à avancer. Pour ne rien arranger, les cris des bêtes sauvages étaient effrayants et les plus jeunes tremblaient à chaque fois qu'un rugissement brisait le silence sépulcral qui régnait en ces lieux. Le silence... Un silence assourdissant... Un silence de plomb tellement inhabituel dans ce genre d'environnement qu'il en devenait inquiétant. La forêt elle-même semblait dévorer le moindre son, comme si elle voulait rappeler aux Hommes qu'ils n'étaient plus les maîtres du monde, si tant est qu'ils l'eurent été par le passé.

C'est dans cette forêt qu'avançait ce groupe, guidé par un unique homme, un vieil homme. Le vieil homme était vêtu simplement : une toge jaune, un pantalon ample de couleur noire, une paire de tabis et un kasa suge protégeait sa tête aussi bien du soleil que de la pluie. Il portait un kongo-zue pour l'aider dans sa marche. L'homme était vouté mais une impression de grandeur s'échappait de lui, de grandeur et de sagesse. Il avançait sans ralentir malgré les obstacles sur son chemin et sans même ouvrir les yeux, preuve qu'il savait exactement d'où il venait, où il était et où il allait. Sa longue barbe blanche ondulait au gré du vent qui soufflait par moment.

Il marchait avec ce groupe depuis plusieurs jours, ayant seulement posé le bivouac pour manger les fruits donnés par les arbres ou pour que les plus épuisés puissent se reposer un peu. Le trajet d'ordinaire rude pour les novices était pour ce groupe rendu aux limites de l'infranchissable dans de telles conditions de faim et de fatigue, le vieil homme le savait parfaitement. Il s'arrêta finalement dans sa marche et se tourna vers ceux qui le suivaient aveuglément sans jamais poser la moindre question sur la destination.

-N'ayez crainte... Commença-t-il de sa faible voix. Le sanctuaire n'est plus très loin de l'endroit où nous nous trouvons. Vous y trouverez toutes les réponses aux questions que vous vous posez sans doute.

Sentant que les jeunes avaient retrouvé force et motivation, il reprit sa marche. Les yeux toujours clos, il enjambait racines et autres pierres. Puis soudain il s'arrêta, surprenant tous ceux qui le suivaient. Devant lui on ne pouvait distinguer qu'un simple tas de banches et de feuillages. Les membres de l'expédition se regardèrent les uns les autres, se demandant finalement si le vieil homme n'était sénile.

Coupant court à leurs interrogations, il leva son kongo-zue devant lui. Le tas de verdure sembla obéir à la volonté du vieux sage et se mit en mouvement. Les branches et feuillages s'écartèrent et laissèrent place à un passage qui s'engouffrait vers le sol. Ils en furent tous surpris, comment ce vieux fou avait-il pu faire ça ? Seuls certains d'entre eux connaissaient la réponse à cette question. Il se tourna à nouveau vers eux et reprit la parole.

-Suivez ce chemin. Ici se trouve le commencement du reste votre vie.

Ayant vu ce qu'il était capable de faire, aucun d'entre eux ne pipa mot et tous s'engouffrèrent dans le passage sans se poser la moindre question. A l'intérieur de cette espèce de tunnel, l'atmosphère était bien moins éprouvante. L'air y était beaucoup moins chargé d'humidité et le sol y était beaucoup plus régulier, rendant l'avancée moins difficile. A ce stade du trajet il n'y avait plus besoin d'empêcher l'avancée d'un intrus éventuel puisque le vieil homme était le seul à pouvoir ordonner l'ouverture du passage. Passage que ce dernier s'empressa de refermer dès que tous en eurent franchi le seuil.

Ils marchèrent finalement une dernière heure qui leur parut bien plus courte, s'étant habitués à des conditions bien plus rudes. Lorsqu'ils furent de l'autre côté, une intense lumière leur éblouit les yeux.

Quand ils furent en mesure de distinguer ce qu'ils voyaient, ils restèrent bouche-bée. Une sorte d'immense temple se dressait devant eux, écrasant par tant de magnificence. Il semblait venir d'une autre époque. L'édifice était entièrement fait de pierre et des centaines de gravures ornaient ses murs. On pouvait également distinguer aisément un clocher, dont la cloche semblait faite d'un métal précieux. Ils durent laisser leur contemplation au même point car un gong puissant se fit entendre au cœur de l'enceinte. Ils virent passer des dizaines de jeunes gens portant tous le même tangzhuang noir, marchant calmement dans la plus grande discipline vers la même direction.

Le vieil homme qui les avait guidés au travers de la forêt attira leur attention en frappant le sol avec son bâton. Ils sursautèrent et se tournèrent vers lui d'un même mouvement.

-Qu'est-ce que vous fabriquez encore ici à bailler aux corneilles ? Les réprimanda-t-il, sa voix moins tremblante que dans la forêt. Allez, secouez-vous ! Suivez le mouvement !

Comprenant qu'il valait mieux faire qu'il disait, tous formèrent une file aussi disciplinée que celles qu'ils avaient vues et se dirigèrent vers le même endroit.

Arrivés, ils virent une sorte de grand rassemblement. Tous les jeunes qu'ils avaient aperçus plus tôt, et bien d'autres encore, s'étaient regroupés devant ce qui semblait être une sorte d'estrade. Un groupe de personnes s'y tenait. Ils étaient droits et fiers, dominant ceux qui les observaient de leur prestance. Une impression de puissance se dégageait d'eux, la même qui se dégageait du vieil homme au bâton. Vieil homme qui les avait rejoints sans que l'on sache comment ni quand.

Un homme s'avança d'un pas. Tous le saluèrent respectueusement en s'inclinant devant lui. Il semblait avoir la cinquantaine, avait des cheveux bruns hirsutes et un bouc taillé de la même couleur. Il portait un hanfu noir et or et gardait ses bras croisés. Il ouvrit les yeux et on pût alors distinguer des iris gris clair.

-Saluez ! Tonna-t-il de sa voix puissante.

-Rei ! Reprirent en chœur tous les membres de l'assemblée, d'une voix tout aussi puissante et en se cognant le poing contre le torse.

L'homme referma les yeux et les personnes à ses côtés s'avancèrent à leur tour. Une jeune femme, d'apparence toute fine et délicate prit la parole à son tour.

-Jeunes gens. Commença-t-elle d'une voix fluette. Nous accueillons aujourd'hui un nouveau groupe de nos pairs.

Ils acquiescèrent tous du même mouvement de tête, comme si tout avait été répété depuis des mois.

-J'attends de vous que vous leur fassiez bon accueil.

Le même hochement de tête anima la foule pour toute réponse.

Le vieil homme ayant guidé le groupe au travers de la forêt frappa le sol de son bâton. Sa voix légèrement tremblante brisa à son tour le silence.

-Avancez. Lança-t-il simplement aux derniers arrivants.

Ceux-ci s'exécutèrent et les rejoignirent sur l'estrade quand le vieil homme le leur eut demandé. Le groupe était très hétérogène, aucun des jeunes ne semblait venir du même endroit. Le premier homme à s'être exprimé leur demanda alors de se présenter. Tous y passèrent mais seulement trois retinrent l'attention de l'homme aux yeux gris.

L'un d'entre eux était un jeune homme de dix-sept ans. Il avait dit s'appeler Noah, Noah Devis. Il était plutôt petit mais bien fait, la carrure athlétique. Il était blond et avait les yeux marron. Ce qui avait marqué l'homme était que le garçon semblait s'amuser à utiliser ses pouvoirs à tort et à travers. Celui-ci était même allé jusqu'à recouvrir la surface de l'estrade pour en faire une patinoire... Spécimen étrange mais intéressant.

Le second était une seconde, une jeune femme de vingt ans appelée Alice, Alice Blackwood. Une jeune femme à la peau pâle, aux cheveux violets coiffés en chignon sur le haut de son crâne et aux yeux couleur miel. Elle avait le visage fin et les traits délicats. Ses lèvres fines s'étaient étirées en un joli sourire tout au long de sa présentation mais elle semblait souffrir d'une profonde tristesse.

Le troisième était un jeune homme taciturne de vingt-deux ans. Son nom était Alister Greyfox. Il avait les cheveux rouges et plusieurs piercings étaient visibles sur son visage et ses oreilles. Ses yeux verts émeraude semblaient scruter toutes les personnes présentes et sonder le plus profond de leur être. Il semblait d'un naturel calme et sa voix monocorde surprit tout le monde. Aucune émotion ne transparaissait du son de celle-ci.

Lorsque toutes les nouvelles têtes se furent présentées, une autre des personnes les regarda tour à tour. C'était un jeune homme semblant légèrement plus vieux qu'eux. Il était de taille et de musculature moyenne. Il avait les yeux verts et des cheveux bruns très courts poussaient sur sa tête. Un détail attirait l'attention quand on le regardait attentivement : une cicatrice barrait son visage sous son œil droit.

-Alors je vais être clair dès le début. Déclara-t-il d'une voix calme. Moi c'est Lenka, et je suis le responsable de la discipline ici. Si j'en attrape un à perturber le calme du sanctuaire je vous jure qu'il entendra parler du pays.

Pour donner un peu de crédibilité à ses propos, il sembla se concentrer l'espace d'une seconde et sa musculature se développa à vue d'œil. Ses biceps grossirent tellement que sa tenue shaolin noire sembla subitement trop petite pour lui.

-Je me suis bien fait comprendre ? Reprit-il, toujours aussi sérieux.

Devant l'acquiescement général il ferma les yeux et souffla. Son corps reprit sa taille d'origine et il reprit sa place. Une jeune femme qui semblait à peine plus âgée que lui se montra à son tour. Elle aussi était d'une grande beauté mais une étrange impression de malaise s'échappait d'elle, sans doute due au sourire sur ses lèvres qui semblait faux et forcé. Elle avait de longs cheveux noir de jais qui ondulaient jusqu'au bas de son dos. Elle avait le teint halé et cela faisait ressortir ses yeux bleus. Elle portait une qipao mauve qui épousait parfaitement les courbes de son corps.

-Je me présente, mon nom est Camille. Se présenta-t-elle d'une voix plutôt froide. Camille Dragoon. Tout ce que vous devez savoir à propos de moi c'est que je suis la seule personne que vous ne souhaitez pas croiser durant votre séjour ici. Si je dois intervenir... Menaça-t-elle avec un regard glacial avant de reprendre sa place.

Tous furent surpris par de telles paroles et certains en eurent même des sueurs froides.

La cérémonie d'accueil terminée, les nouveaux furent conduis à une sorte de bureau. Il s'agissait en fait des quartiers du doyen du sanctuaire. Doyen qui s'avérait en fait être l'homme aux yeux gris et qui portait un hanfu lors de la cérémonie. Il s'installa derrière une table sur laquelle étaient posées toutes sortes de rouleaux.

-Bien. Commença-t-il en croisant les doigts et posant son menton dessus. Je pense que l'heure est venue de me présenter. Mon nom est Némésis Venturi, mais vous apprendrez très vite qu'on me connait surtout sous le nom de Newton. Je pense que la majorité d'entre vous sait pourquoi elle se trouve ici, avancez d'un pas si vous êtes dans ce cas.

Alister, Noah et quelques autres s'exécutèrent.

-Parfait. Reprit celui que l'on connaissait maintenant comme étant Newton. Prenez ces sacs, ils contiennent tout ce dont vous aurez besoin ici, et rejoignez Lenka dehors, il vous mènera à vos chambres. Quant aux autres... Je vais vous expliquer le fin mot de l'histoire.

Les concernés se saisirent des sacs en question et sortirent tandis que les autres attendaient patiemment qu'on leur explique pourquoi ils avaient été séparés de leur famille. Alice était de ceux-ci.

-Bien... Comme vous avez sans doute pu le remarquer grâce à la brillante intervention de cet hurluberlu de Devis et aussi au numéro d'intimidation de Lenka... Toutes les personnes ici sont des enfants du météore. Des mutants, comme on les appelle vulgairement. Notre objectif est de les protéger contre ceux qui leur veulent du mal et aussi et surtout de leur apprendre à se servir de leurs pouvoirs afin qu'ils ne deviennent pas un danger pour leur entourage et pour eux-mêmes.

-C'est ridicule cette histoire ! Intervint vivement un garçon du groupe. Qu'est-ce que ça a à voir avec nous si y'a que des mutants ici ?! J'ai pas de pouvoirs moi ! Je veux rentrer chez moi !

Newton se leva calmement de son siège mais d'un air menaçant. Il ouvrit lentement ses yeux et la pression à l'intérieur de la pièce augmenta terriblement. Tous ceux qui s'y trouvaient rencontrèrent des difficultés à rester sur leurs jambes et quelques-uns s'écroulèrent sur le sol.

-Écoute-moi bien, garçon... Souffla le doyen. Tant et aussi longtemps que tu seras dans cette pièce je te prierai de bien vouloir surveiller ton langage et de baisser d'un ton... Surtout si c'est à moi que tu t'adresses. Je me suis bien fait comprendre ?

Le jeune impoli hocha difficilement la tête, luttant pour ne pas s'écrouler. Newton referma les yeux et se rassit sur son fauteuil, faisant redescendre la pression dans la pièce. Il passa une main sur son visage et se pinça l'arête du nez.

-Ce petit incident clos, je vais donc vous expliquer pourquoi vous êtes ici. Quand les enfants du météore acquièrent une certaine maitrise de leurs pouvoirs, ils s'éveillent à un autre sens. Ils deviennent capables de ressentir la présence de leurs pairs. L'homme qui vous a guidé à travers la forêt s'appelle Mori, c'est notre Ancien. Sa faculté à ressentir la présence des mutants est exceptionnelle, il est le meilleur d'entre nous dans cette pratique. S'il vous a amenés ici c'est que, sans que vous ne le sachiez, vous êtes vous aussi des enfants du météore.

Tous sursautèrent de surprise et regardèrent le doyen avec des yeux exorbités. L'impoli reprit la parole.

-Alors pourquoi est-ce qu'on n'a pas de pouvoirs ?

-Les pouvoirs des enfants du météore ne se manifestent pas tous au même moment. Expliqua calmement le doyen. Certains possèdent leurs pouvoirs dès la naissance, certains les éveillent pendant leur enfance ou leur adolescence. Dans d'autres cas ils se manifestent très tard, voir jamais pour les cas les plus extrêmes. Mais sachez que si vous présentez le gène responsable de la mutation, vous êtes susceptibles de vois vos pouvoirs s'éveiller à n'importe quel moment et que cela peut se révéler extrêmement dangereux, autant pour votre entourage que pour vous-même. Et c'est à ce moment que nous intervenons. Nous sommes là pour vous apprendre à ressentir vos pouvoirs avant qu'ils ne se manifestent et pour les contrôler à ce moment-là pour qu'ils ne causent pas votre perte

Tous déglutirent, sous le choc, tentant de digérer toutes ces informations. Le doyen passa une nouvelle fois sa main sur son visage en soupirant et désigna des sacs identiques aux précédents d'un geste de l'autre main.

-Prenez ceci et suivez-moi, je vais vous guider moi-même vers les dortoirs.

Les membres du groupe qui étaient restés firent ce que le doyen leur avait dit et le suivirent vers un grand bâtiment. Le bâtiment en question devait mesurer une centaine de mètres de long et six ou sept étages de haut. Les jeunes en restèrent bouche-bée.

Alice s'approcha du doyen et sollicita son attention.

-Excusez-moi. L'interpela-t-elle. Je me pose une question.

-Je t'écoute, ma grande. Répondit Newton, pour l'inciter à continuer.

-Comment se fait-il que ce soit aussi lumineux qu'en plein jour alors qu'on se trouve sous terre ?

-Sous terre ?

-Le tunnel s'enfonçait dans le sol, non ?

-Il s'enfonçait mais avant d'y entrer vous étiez sur une colline. Mais pour te répondre, tu as du te rendre compte que le tunnel était creusé dans la pierre, non ?

-Oui, pourquoi ? Lui répondit-elle, ne sachant pas trop où il voulait en venir.

-Parce que le sanctuaire a été construit au cœur d'un volcan endormi.

La jeune femme sembla comprendre.

-Ah ! Donc la lumière provient du sommet.

-Exactement.

L'échange clos, ils pénétrèrent dans le bâtiment. Newton leur fit une brève visite des lieux avant de leur montrer leurs chambres. Les filles dormaient au troisième étage et les garçons au second. Avant de les laisser s'installer, il leur annonça qu'ils avaient le reste de la journée pour récupérer mais qu'ils devaient se rendre au centre du sanctuaire le lendemain à la première heure.

Alister et Noah partageaient la même chambre tandis qu'Alice partageait la sienne avec une jeune femme du nom de Chloé.

Les garçons étant arrivés avec le premier groupe avaient eu le temps de s'installer convenablement. Ils se trouvaient à présent sur leur lit respectif, cherchant quoi faire pour tuer le temps. Noah sembla avoir une idée de génie et décida de lancer une conversation.

-Alister, c'est ça ? Apostropha-t-il son compagnon de chambre.

Le concerné tourna la tête vers lui et acquiesça, le laissant continuer.

-Noah. Reprit-il simplement, lui tendant la main.

Le jeune homme aux cheveux rouges se contenta de fixer la fixer mais ne bougea pas. Pas dépité pour autant, le blond continua sur sa lancée.

-C'est quoi ta mutation à toi ? Lui demanda-t-il, curieux d'en apprendre plus.

-Je ne pense pas que ça te regarde. Répondit froidement l'écarlate. Je n'aime pas parler de mes pouvoirs.

-Ah... Je comprends... Moi ça m'est égal. Je trouve même que j'ai de la chance de les avoir. J'imagine pas ma vie sans eux, je me ferais trop chier...

-Qu'est-ce qu'ils ont de si extraordinaire ? Lança le second, commençant à regretter d'avoir été placé avec lui.

Pour toute réponse, le blond gela la partie de la chambre qui lui était réservé et créa une dizaine de rose de glace sur le plafond. Il alluma ensuite la lumière de la chambre et celle-ci se réfracta aux travers de ces sculptures. Le résultat fut éblouissant, cela donnait à la pièce un aspect irréel.

-J'espère que cette réponse te suffit. Reprit-il arrogamment.

Alister ferma les yeux et croisa les bras sous sa tête, ne semblant pas emballé. Ce que le blond ne remarqua pas fut le micro sourire qui étira la commissure des lèvres de l'écarlate.

De leur côté, Alice et Chloé finissaient de s'installer dans leur chambre. La violette soupira et s'assit sur son lit tandis que sa « colocataire » s'allongeait sur le sien. La seconde était une frêle jeune fille qui ne devait pas avoir plus de quinze ans. Elle avait des cheveux bruns coupés au carré et des yeux de la même couleur. Son physique était typiquement le physique moyen des jeunes filles de son âge.

La plus âgée des deux regarda sa cadette fixer un point inexistant du plafond. Elle devait sûrement se poser les mêmes questions qu'elle-même se posait. La surprenant, la plus jeune prit la parole.

-Tu y crois vraiment toi ? Demanda-t-elle.

-Je crois vraiment à quoi ?

-Tu crois vraiment que nous portons le gène de la mutation ?

-Pour tout te dire... Je n'en sais rien. Je ne sais pas qui croire ou ne pas croire. Mais je me dis que si le vieil homme nous a fait traverser la forêt pour nous amener ici, il doit bien y avoir une raison. En parlant de traverser la forêt... Passer six jours sans prendre une douche...

Elle se leva et examina son reflet dans le miroir sur la porte de l'armoire. Elle grimaça en voyant l'état dans lequel elle était. Son visage était couvert de boue et de sang séché, son chemisier rouge et noir était déchiré à plusieurs endroits et son soutien-gorge en devenait visible, sa jupe plissée noire était couverte de boue et ses chaussures étaient dans le même état. Elle bloqua sur son sous-vêtement et rougit au plus haut point avant de lâcher un soupir dépité.

-La honte...

-Je vois pas ce qui te dérange. Intervint la plus jeune, s'étant glissée derrière elle. T'as un corps de rêve.

-Tout le sanctuaire a pu me voir dans cet état. Pire ! Le doyen m'a vue comme ça...

-Si ça peut te rassurer, t'es pas la seule dans cet état-là. Fit-elle gentiment en pointant sa propre jupe, déchirée de bas en haut.

Elles fixèrent toutes deux le reflet de l'autre dans le miroir et furent prises d'un fou rire. Elles décidèrent de se rendre à la salle de bain de leur étage. Elles savourèrent la sensation de l'eau chaude coulant sur leur peau comme jamais et se lavèrent en silence.

Tout se passait pour le mieux jusqu'à ce qu'Alice se mette à hurler et se tordre de souffrance. Elle tomba au sol tant la douleur était forte. Cholé, inquiète, prit juste le temps d'enrouler une serviette autour de sa taille et se rua hors de la salle de bain, cherchant toute l'aide qu'elle pourrait trouver. Elle cria à pleins poumons qu'on vienne à son secours. La première personne à entendre ses supplications fut Lenka. Elle lui expliqua la situation aussi bien qu'elle pût malgré les larmes qui coulaient à flot de ses yeux. Il lui conseilla de retourner auprès de sa colocataire et ajouta qu'il se chargeait de trouver la personne de la situation.

La jeune fille fit ce qu'il lui demandait tandis qu'il courut vers l'opposé. Le bâtiment formant en réalité un carré, il se rendit dans l'aile opposée. Il se hâta vers un bureau en particulier. Il y entra sans frapper, surprenant la jeune femme qui s'y trouvait, relisant des notes inscrites sur un rouleau.

-Lily ! L'apostropha-t-il.

Devant son air affolé, elle posa vivement son manuscrit et l'encouragea à continuer.

-On a besoin de toi, douches, troisième étage.

Elle se leva précipitamment et courut à sa suite vers le lieu suscité. Quand ils furent arrivés, elle s'agenouilla à côté d'Alice. Elle l'allongea correctement et se mit à l'examiner.

-Est-ce que c'est grave ? Demanda Chloé, tremblante.

-Cela aurait pu être bien plus grave si tu n'avais pas été à ses côtés. Tu as bien réagi en appelant au secours tout de suite. La rassura la dénommée Lily. Amène-la à l'infirmerie. Ordonna-t-elle à Lenka en se tournant vers lui.

Il entoura une serviette autour de la violette et la porta jusqu'au rez-de-chaussée. Il entra dans une pièce à la suite de son amie et déposa la nouvelle sur un lit.

-Tu peux disposer, je prends le relai. Déclara gentiment la jeune femme, une mallette à la main.

-Est-ce que c'est ce que je crois ? Demanda-t-il simplement avant de quitter les lieux.

Elle hocha la tête pour toute réponse, en sortant un stéthoscope de sa mallette. Le jeune homme tourna les talons et remonta. Il passa par la salle de bain du troisième étage pour voir Chloé et la rassurer mais ne la trouva pas. Il dut donc se résigner à redescendre et se rendit au bureau du doyen.

Devant la porte, il calma sa respiration et se tint droit avant de frapper pour signaler sa présence. La voix de Newton se fit entendre à travers celle-ci.

-Entrez. Entendit le responsable de la discipline.

Il s'exécuta et s'inclina poliment.

-Professeur Venturi.

-Je t'écoute Lenka. L'incita-t-il à en venir aux faits.

-J'aimerais savoir quelle chambre occupe la jeune Blackwood.

-Chambre 314, pourquoi ?

-Elle a fait un malaise pendant qu'elle se douchait avec sa binôme. J'étais le premier sur les lieux et je me suis chargé d'aller chercher Lily-Rose qui l'a prise en charge. Je comptais retrouver... Comment s'appelle-t-elle ?

-Chloé Bell.

-Merci. Je comptais retrouver la jeune Bell, donc, pour la rassurer.

-Soit, je te laisse gérer cette affaire.

Le plus jeune s'inclina une nouvelle fois et repartit vers le troisième étage. Il toqua doucement à la porte de la chambre 314 et attendit qu'on lui ouvre.

-Oui ? Fit la petite voix de Chloé qui passait à tête à l'embrasure de la porte.

-Je venais te dire que ton amie est hors de danger. Lily-Rose l'a prise en charge et c'est le meilleur médecin que je connaisse, tu n'as pas à t'inquiéter.

-Est-ce que je peux voir Alice ?

-Connaissant Lily je sais ce qu'elle te répondrait si tu y allais maintenant. Elle a besoin de repos pour l'instant. Si tu veux la voir, rends-toi à l'infirmerie demain en fin de journée.

-Je vous remercie. Déclara-t-elle en s'inclinant légèrement.

-Il n'y a pas de quoi, c'est mon travail. Répondit-il avec un sourire. Je te laisse, j'ai d'autres chats à fouetter. Termina-t-il en tournant les talons.

La plus jeune referma la porte et rougit. Heureusement qu'elle n'avait pas ouvert totalement la porte, en plus de l'avoir vue plus tôt ne portant qu'une serviette, il aurait pu la voir avec un débardeur rose et un shorty de la même couleur. Elle espérait qu'elle ne prendrait pas la mauvaise habitude de se montrer assez peu vêtue.

L'homme à la tenue shaolin, de son côté, était descendu d'un étage. Il avait bien sentit que la température y était plus basse. Il ne chercha pas bien longtemps la provenance de cette sensation de fraicheur. Une seule chambre possédait une moitié de porte gelée. Il y entra sans même prendre la peine de frapper, surprenant cette fois les deux jeunes hommes à l'intérieur.

-Dites-donc, vous deux ! Commença-t-il avec un ton de reproche.

Le blond et l'écarlate tournèrent les yeux vers lui et reconnurent le responsable de discipline.

-Cela fait à peine deux heures que vous êtes ici et vous commencez déjà à faire n'importe quoi ? Non mais c'est quoi ce travail ?! Où as-tu vu que tu pouvais recouvrir ta chambre de glace ?! Tu te crois chez toi ?

-Et bien, en fait... Commença narquoisement Noah. Oui, c'est un peu ça. Je suis ici contre ma volonté, on m'attribue une chambre sans me demander mon avis alors oui, j'estime pouvoir au moins faire ça. Termina-t-il en se rapprochant le plus possible de son interlocuteur.

Interlocuteur qui le souleva d'une seule main comme s'il ne pesait rien et rapprocha son propre visage de celui du bond.

-Je croyais avoir été clair, tout à l'heure. Ceux qui troublent le calme ont affaire à moi.

Il le posa sur son épaule comme un vulgaire sac de ciment et sortit de la pièce devant le regard inexpressif de l'écarlate. Écarlate qui se décida malgré tout à les suivre.

Lenka descendit, le blond se débattant toujours sur ses épaules, et sortit du bâtiment. Il l'emmena jusqu'à une sorte d'aire de combat, le jeta au sol sans ménagement et lui ordonna de se lever.

-Puisque tu veux jouer les fortes têtes, je vais te calmer moi. Lâcha-t-il d'une voix froide.

-Cause toujours, tu m'intéresses. Rétorqua sèchement le plus jeune en se relevant.

Il leva les yeux vers son ainé et le vit se faire craquer les phalanges et la nuque. Il déglutit mais ne laissa rien paraitre, il fallait qu'il montre qu'il n'avait pas peur de son adversaire. Il joignit le poing gauche fermé à la paume de sa main droite ouverte et le froid s'abattit sur la surface de combat. Des flocons commencèrent à se former autour de lui tandis que le sol autour de ses pieds givrait. Le brun l'observa attentivement, attendant que l'attaque vienne.

Les flocons virevoltant autour du blond ne tardèrent pas à se changer en de minuscules cônes faits de glace. Leur mouvement se fit plus cohérent, leur rotation plus rapide. Ils gagnèrent encore en vitesse quand il écarta légèrement les bras. Il les tendit vers le bas, les inclinant un peu, et tourna les paumes de ses mains vers son adversaire.

Alister observait tranquillement la scène, les bras croisés, appuyé sur une pierre un peu plus loin. Il trouvait cette technique artistique. La lumière qui filtrait au travers de la glace se réfléchissait dans toutes les directions et le résultat était un ravissement pour les yeux. De plus, le givre qui gagnait progressivement en taille à ses pieds dessinait des formes géométriques parfaitement symétriques. Il était fasciné.

Lenka, quant à lui, trouvant le temps long, chercha à pousser son adversaire à l'offensive. Il fit donc un pas en avant. Quelle ne fut pas sa surprise quand le givre sur le sol commença à lui dévorer le pied, grimpant le long de sa cheville.

Le manipulateur de glace sut que le moment était venu. Il tendit ses bras vers l'avant et tous les cônes de glace qu'il avait créés s'élancèrent vers son opposant. Voyant qu'il ne pourrait pas esquiver une attaque d'une telle ampleur, ce dernier croisa simplement ses bras devant son visage pour éviter d'être trop blessé. Les multiples coupures sur son corps lui firent un mal de chien et il dut faire un effort surhumain pour ne pas gémir de douleur.

Quand la rafale fut passée, il prit le courage de décroiser les bras pour vérifier si le plus jeune préparait une nouvelle offensive. Il fut soulagé en constatant que ce n'était pas le cas. Il se redressa simplement et, d'un geste sec, délivra son pied de la glace. Noah ne pût s'empêcher d'écarquiller les yeux devant la facilité qu'il avait eu à se libérer de cette emprise et resta bouche bée en se rendant compte que mis à part les coupures qui parsemaient son corps, le brun n'avait pas souffert d'avoir encaissé une telle attaque.

-Comment... Comment c'est possible ça ?!

-On m'appelle Berserk. Répondit glacialement le responsable de la discipline en fronçant les sourcils. Tu croyais quand même pas que pourrais m'avoir avec une seule technique ?! Redescends sur Terre, garçon, tu rêves en plein jour, là !

Sa musculature prit à nouveau cette taille démesurée qu'ils avaient vue plus tôt et il se rapprocha de son cadet d'un air menaçant.

-Si tu veux m'avoir en une seule attaque, c'est un coup comme ça que tu devrais me coller. Fit-il froidement avant d'enfoncer violemment son poing dans l'abdomen du blond, l'envoyant planer sur plusieurs mètres. Le spectacle t'a plu ? Lança-t-il à l'écarlate sur le même ton.

Celui-ci se contenta de fermer les yeux et d'acquiescer d'un hochement de tête. Le juggernaut alla ramasser le corps évanoui de Noah et l'amena lui aussi à l'infirmerie.

-Encore un ?! Le questionna Lily-Rose.

-Non... Soupira le brun. Celui-ci est juste un petit rigolo qui pensait pouvoir n'en faire qu'à sa tête.

-Envoyé à l'infirmerie avant même son premier jour... Tu y es allé un peu fort, tu ne crois pas ?

-J'ai été clair pendant la cérémonie, le moindre pet de travers et ils ont affaire à moi. Je pense qu'il ne sera pas le seul mais que ça en fera réfléchir quelques-uns.

Il posa l'inconscient sur un lit et s'apprêta à quitter la pièce.

-Deux côtes cassées et sûrement une ou deux fêlées. Souffla-t-il en passant la porte, sachant que son amie saurait quoi faire.

Il croisa Alister sur le pas de la porte. Celui-ci s'inclina poliment, un micro sourire sur les lèvres. Il ne lui posa pas la moindre question et passa son chemin, semblant vouloir regagner sa chambre. Le brun fut surpris de son attitude mais ne s'en formalisa pas.

L'écarlate repassa en effet par la pièce qu'il occupait avec le blond, attrapa des habits de rechange et du nécessaire de toilette dans le sac qu'on lui avait fourni et se rendit à la salle de bain des garçons.

L'eau tiède coulant sur son corps lui fit un bien fou, il aurait pu rester sur place pendant des heures mais il risquait d'avoir affaire au chargé de discipline. Pas qu'il en avait peur, bien au contraire, mais il préférait ne pas l'affronter tout de suite.

Il passa sa main dans ses cheveux écarlates. Ceux-ci lui arrivaient au niveau des épaules. Il soupira de dépit, se savonna en vitesse et se rinça avant de se sécher. Il s'habilla et regarda son reflet dans le miroir. Le tangzhuang noir commun à tous les cadets lui allait plutôt bien, il se trouva même séduisant.

Il sortit et regagna sa chambre. Il jeta ses vieux vêtements dans la corbeille encore vide puis se ravisa. Il les récupéra, les plia soigneusement et les rangea dans le fond de l'armoire de la chambre, se disant qu'il devrait aller les laver.

Ne sachant pas quoi faire d'autre pour tuer le temps avant le repas du soir il s'assit à son bureau et ouvrit le règlement du sanctuaire. Mieux valait le lire que de faire une chose interdite sans le savoir.

Il lut les quelques pages du document attentivement, retenant les passages qui l'intéressaient le plus. Il retint donc que le port de l'uniforme était obligatoire tous les jours sauf le dimanche, que les cadets avaient interdiction d'utiliser leurs pouvoirs dans le dortoir, que les repas étaient servis à heure fixe chaque jour, que la bibliothèque était accessible à tous de neuf heures le matin à vingt heure le soir et surtout que les garçons du dessous n'avaient rien à faire chez les filles du dessus.

Il soupira à cette phrase. Le doyen voulait-il les faire vivre comme des moines ? Quoiqu'en y repensant, c'étaient des moines qui dirigeaient le sanctuaire... L'écarlate laissa sa tête tomber dans ses bras croisés sur le bureau. Il n'avait jamais eu envie d'entrer dans les ordres, lui.

Il regarda l'heure sur l'horloge au mur et vit qu'il lui restait une petite heure avant le dîner. Il s'allongea sur son lit et ferma les yeux, espérant pouvoir dormir un peu avant le repas. Lorsqu'il les rouvrit, il lui restait juste assez de temps pour se rendre au réfectoire.

Il arriva tout juste à temps. Il s'empressa de se rendre à une table et de s'installer avant qu'on ne lui amène son assiette. Il mangea en silence, seul à une table à l'écart, et savoura la nourriture. Il n'avait pas mangé à sa faim depuis six jours... Les fruits des arbres de la forêt étaient succulents mais loin d'être suffisants pour le sustenter.

Après le repas, chacun regagna le dortoir. Il se rendit à sa chambre en silence, traînant des pieds pour éviter la cohue. Il avait toujours été comme ça, il détestait la foule et les interactions. Il préférait rester seul, au calme. Il glissa sa clé dans la serrure et tourna la clinche. Il se changea, optant pour un short noir et un T-shirt mauve, s'allongea et s'endormit en vitesse. Le lendemain serait un autre jour.

© Kira ,
книга «Cataclysme».
Chapitre 2 : L'Entrainement commence.
Коментарі
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Philophile
Chapitre 1 : Le Sanctuaire.
C'est vraiment génial ! Ces chapitres sont le contraire de la négligence, chaque détails et chaques phrases sont un vrai plaisir ! Mes yeux ne pouvaient pas s'arrêter, et je m'imaginais très bien les scènes... Un grand bravo pour ce début !
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2021-10-21 18:01:53
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