Introduction
Chapitre 1 : Le Sanctuaire.
Chapitre 2 : L'Entrainement commence.
Chapitre 3 : La force des Ainés.
Chapitre 4 : Alister...
Chapitre 5 : Un objectif.
Chapitre 3 : La force des Ainés.


La première semaine d'entrainement se passa quasiment de la même manière. Les exercices de chaque groupe changèrent chaque jour mais le fond resta toujours le même. Lenka augmentait la difficulté de ses entrainements quand il sentait que ses cadets devenaient plus endurants, le vieux Musashi donnait de vagues indices aux siens pour qu'ils parviennent à la méditation transcendantale sans s'être trop faits aider et Camille s'amusait à torturer psychologiquement ses disciples en les faisant sauter de plus en plus haut à divers endroits du sanctuaire sans jamais savoir ce qu'il y avait à la réception.

La jeune Alice n'était quant à elle toujours pas sortie de l'infirmerie. Chloé passait la voir chaque jour pour voir comment son état évoluait et demander à Lily-Rose si rien de grave ne se passait. La réponse de la rousse était toujours la même : « Pour l'instant son état est stationnaire, elle se repose ». L'ainée lui avait également rappelé que l'éveil tardif des pouvoirs d'un enfant du météore était dangereux et avait ajouté que c'était en plus extrêmement fatiguant pour le corps et l'esprit.

Noah, voulant faire ses preuves et prendre sa revanche contre le Berserk, passait tout son temps libre à travailler sur la méditation. Il voulait être le premier de son groupe à savoir ce que l'on ressent quand on parvient à visualiser le flux de ses pouvoirs au sein de son esprit. L'Ancien du sanctuaire fut surpris de le voir au jardin de bambou en dehors des travaux pratiques mais fut satisfait de sa motivation. Il fut cependant inquiet de le voir trop forcer sur son mental et lui en fit part à la fin de la semaine. Il lui conseilla de ne travailler que deux heures par jour en plus de son entrainement de groupe. Le jeune blond écouta les conseils de son maître et le remercia en s'inclinant.

Alister était fidèle à lui-même : se rendant en silence au petit déjeuner, travaillant avec son groupe sous les directives de Camille et évitant la foule l'après-midi. Ce que personne ne savait, c'était que pendant ses périodes d'absence il ne se tournait pas les pouces. Il cherchait des endroits calmes pour s'entrainer de son côté. Pas à la maîtrise de ses pouvoirs, il en avait bien assez avec son instructrice, mais au repérage des mutants. Il avait bien essayé le jardin de bambou mais avait vu que son colocataire y passait du temps aussi. Ne voulant pas le déranger dans sa méditation il avait choisi de chercher un autre endroit. Après plusieurs heures de recherche, la réponse lui sembla évidente. Il retourna à la cascade où les avaient emmenés la psychopathe et s'installa en tailleur au bord du précipice.

Les trois ainés, satisfaits par les progrès de certains, décidèrent de leur offrir une récompense. Le samedi matin, au lieu de disperser les groupes, ils les conduisirent à l'arène ou Lenka avait corrigé Noah le premier jour. Ils y furent rejoints par Newton, Lily-Rose et trois autres ainés qu'ils n'avaient jamais vus. L'un d'entre eux était un homme noir de peau, chauve, très grand et à la musculature hors du commun. Un autre était un jeune blond aux cheveux mi-longs dont la forme de la chemise laissait comprendre qu'il était de type P. Le troisième était une femme plus âgée que les autres, aux alentours de la quarantaine, ses cheveux noirs étaient attachés en deux macarons sur les côtés de sa tête et elle semblait douce et attentionnée au premier regard. Les cadets se demandèrent qui donc pouvaient être ces gens et surtout pourquoi l'essentiel de la puissance du sanctuaire était réuni au même endroit. Ce fut le doyen qui leur apporta la réponse. Il se racla la gorge, attirant l'attention de tout le monde, et leur demanda le calme.

-Jeunes gens ! S'exclama-t-il pour que tout le monde puisse l'entendre. Pour vous récompenser de vos efforts au cours de cette première semaine, vos ainés on décider de vous accorder une journée spéciale ! Aujourd'hui vous allez voir s'affronter les plus puissants mutants du sanctuaire ! Nous espérons tous que cela vous donnera la motivation nécessaire pour persévérer !

Une clameur s'éleva dans les rangs des novices. C'était pour eux l'occasion de voir quel niveau avaient vraiment leurs instructeurs. Ils en avaient déjà eu un aperçu au début de la semaine mais l'altercation entre Mori et Camille avait été trop brève pour qu'ils puissent vraiment en profiter. Noah voulait voir comment se battait vraiment Lenka pour espérer avoir une chance contre lui et Alister, lui, voulait observer chacun des ainés, désirant coûte que coûte en faire un jour partie.

Le vieux Musashi s'avança, le dos voûté comme la majorité des personnes de son âge, marchant à l'aide du bâton qu'il semblait avoir avec lui en tout temps. Il se redressa lentement et les plus jeunes firent des grimaces de dégoût à l'entente des craquements de ses vertèbres. Il fit également craquer sa nuque en tournant son cou pour s'échauffer. Il ouvrit alors les yeux et on aurait dit une autre personne. Le regard qu'il lançait était celui d'un vrai combattant voulant en découdre. Il était dur et on y lisait la rage de vaincre. Il planta son bâton dans le sol d'un geste vif et fit craquer ses phalanges. Il remua des épaules pour se mettre en condition et déboutonna sa chemise. La totalité de ceux qui ne l'avaient jamais vus ainsi fut bouche bée : le vieil homme était loin d'être un vieillard grabataire. Bien au contraire, on pouvait deviner à son torse et ses biceps que, malgré son âge, il conservait un entrainement physique très strict. Noah se demanda même pourquoi il avait une telle musculature sachant qu'il avait expliqué aux cadets de type N que leurs pouvoirs passaient par le mental. La voix du doyen le sortit de ses pensées.

-Le premier combat opposera Musashi Akahoshi, connu sous le nom de Mori, à Abou M'Baye, alias Baliste. Annonça-t-il lorsque les deux suscités furent face à face. Commencez !

L'Ancien adopta immédiatement une posture défensive, jambe gauche en extension devant lui, la droite fléchie et le corps légèrement pivoté vers la droite. Il avait ramené son avant-bras gauche vers son visage et gardé le droit en retrait le long de son corps, son kongo-zue était donc à l'horizontale au niveau de l'arrière de son bassin.

Son adversaire avait, de son côté, décidé de passer immédiatement à l'attaque. Il se baissa rapidement et tapa le sol du poing. La terre trembla tout autour du lieu du combat et se fissura du point d'impact vers les pieds de Mori.

Celui-ci, sentant qu'il ne devait pas rester fixe, joignit les pieds et fléchit les genoux. Cette manœuvre lui donna une impulsion suffisante pour faire un salto arrière.

L'homme à la peau noire, pensant que sa cible ne pourrait pas se déplacer comme elle le souhaitait une fois dans les airs, repassa à l'attaque. Il se releva vivement et tapa le sol du pied gauche, en extrayant une petite pierre qui lévita devant lui avant d'être propulsée vers le vieil homme d'un coup du pied droit.

Le manipulateur de plantes, constatant que c'était bien pensé, ne s'avoua pas vaincu pour autant. Avant la fin de sa rotation, il fit pousser un tronc d'arbre suffisamment robuste pour lui permettre d'y prendre appui. Il put alors esquiver l'attaque de son opposant sans difficulté. Il atterrit ensuite agilement sur ses jambes, reprenant sa place initiale.

-Pas mal, l'ancêtre. Lui lança rageusement le tas de muscles.

-Je m'en vais te rosser, jeune blanc-bec. Rétorqua le plus âgé sans s'énerver. Tu constateras alors que c'est plus que « pas mal ».

L'homme à la peau foncée grinça des dents, la pique qu'il avait lancée n'avait pas eu l'effet escompté et n'avait pas déconcentré le vieil homme. Il serra les poings et une veine apparut sur sa tempe, pulsant au rythme de sa circulation sanguine. Il savait qu'il allait avoir énormément de mal à vaincre le vieux Musashi, cet homme avait plus du triple de son âge et avait l'expérience de son côté. Il se souvint en plus d'une chose qu'on lui avait apprise quand il était encore un cadet : c'était Maitre Musashi, Mori, qui pour s'entrainer avait fait pousser la forêt qui entourait le volcan où avait été construit le sanctuaire. Lui seul... Il savait qu'il n'avait pas la moindre chance mais refusait catégoriquement d'abandonner. Il serra les poings encore plus, si tant est qu'il le pouvait, et se concentra au maximum, à tel point qu'une autre veine apparut sur son visage. Suivie par quelques autres sur les muscles de ses bras, tendus à l'extrême.

Il frappa ses deux poings l'un contre l'autre et tapa à nouveau du pied sur le sol. La terre trembla à nouveau mais cette fois ci les secousses se firent bien plus intenses et fréquentes, tellement que la majorité des bleus dut s'appuyer à quelque chose ou à quelqu'un pour ne pas tomber. Il poussa un cri mêlant rage et désespoir avant d'écarter les bras de chaque côté, paume vers l'avant.

-Encaisse donc ça, vieux débris ! Vociféra-t-il alors que des tas de cailloux et de pierres se rejoignaient au-dessus de lui, fusionnant pour prendre la forme d'un immense carreau d'arbalète.

Tous écarquillèrent les yeux devant cette scène. Devant eux, l'un des ainés utilisait sa plus puissante attaque pour un simple match d'exhibition. Sans compter qu'elle était en train de ravager le sanctuaire car elle érodait la pierre dont étaient faits les murs pour se former, elle risquer fortement de blesser les cadets.

Quand l'attaque fut prête, que le carreau fut parfaitement formé, Abou était à bout de souffle et transpirait à grosses gouttes. Il jouait le tout pour le tout en abattant sa carte maitresse. C'était cette technique qui lui avait valu son surnom de Baliste. Il l'avait créée juste après avoir fini son cycle d'apprentissage et tentait sans cesse de la perfectionner depuis ce jour. Il savait qu'elle tirait tellement sur son corps que si elle ne lui permettait pas de gagner ce combat il serait contraint d'abandonner.

Les muscles crispés au maximum, les veines apparentes pulsant à son rythme cardiaque surélevé et le regard rivé vers son adversaire, il ramena ses bras devant lui d'un geste rapide, mettant le carreau flottant au-dessus de sa tête en mouvement.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser pour un objet de cette taille, il s'élança vers l'Ancien à une vitesse démesurée, prouvant que Baliste maitrisait ses pouvoirs avec brio. Cependant, le vieil homme ne broncha pas. La perspective de se faire empaler par l'arme créée par son adversaire ne sembla même pas lui effleurer l'esprit. Il fixa son regard dans celui de son adversaire et celui-ci ne put y lire qu'une seule chose « J'ai gagné ».

Mori planta subitement son bâton dans le sol et joignit les mains comme pour prier. Il poussa ensuite le même genre de cri que celui qu'avait fait Baliste un peu avant et le sol trembla à nouveau. Cette fois-ci ce fut une multitude de lierres qui sortirent du sol autour de leur maitre. Ils ondulaient comme les tentacules d'une pieuvre, attendant un ordre. Le manipulateur de plantes n'eut qu'à tendre les bras vers le carreau qui lui fonçait dessus pour que ceux-ci s'y élancent à leur tour et s'enroulent tout autour.

L'homme à la peau noir eut un semblant d'espoir quand il vit que ça n'avait en rien ralenti son attaque. Espoir que s'empressa de lui arracher son adversaire. D'un dernier mouvement de main, serrant les poings au maximum, Musashi ordonna à ses lierres de se resserrer. Ceux-ci obéirent et leur étreinte fut telle qu'elle en brisa l'arme qui menaçait leur maitre. Abou tomba alors à genoux d'épuisement, reconnaissant sa défaite. Son adversaire vint à sa rencontre et lui proposa sa main pour l'aider à se relever.

-Tu te débrouilles bien, mon enfant. Félicita le plus vieux. Mais même si ta maitrise de tes pouvoirs est grande, tu attaques avec trop d'agressivité... Expliqua-t-il ensuite. Que t'ai-je appris ? Nous sommes de type N, nos pouvoirs viennent du calme et de la sérénité d'esprit. A ta carrure et ta façon de te battre n'importe qui te prendrait pour un type P... Tu dois apprendre à te servir de ça. Lui conseilla-t-il en lui frappant la tête avec son kongo-zue.

Le colosse à la peau foncée s'inclina en signe de respect et de remerciement envers son maitre. Même en n'étant plus un cadet, il se faisait encore remonter les bretelles par le vieil homme.

Le doyen reprit place au centre de l'arène et prit à nouveau la parole tandis que Lenka et le blond se plaçaient de chaque côté de lui.

-Le second combat opposera donc Lenka Landerwolf, alias Berserk, à Viktor Poliakov, aussi appelé Gabriel. Annonça-t-il pendant que les deux adversaires se saluaient en s'inclinant respectueusement.

-Justement. Commença le blond. J'attendais depuis un bon moment de pouvoir te faire mordre la poussière encore une fois. Fit-il narquoisement au brun tout en déboutonnant sa chemise.

-Cause toujours... Soupira l'instructeur des bleus de type P.

Vexé par le comportement de son adversaire, Viktor envoya valser son haut en déployant une magnifique paire d'ailes d'un blanc immaculé avant de se mettre en garde. Les quelques demoiselles présentes dans l'assistance en furent toutes émoustillées. Le jeune homme avait déjà un physique avantageux, ajoutez-y des ailes d'ange et il en devenait limite un sex-symbol. Lenka soupira une nouvelle fois et leva les yeux au ciel, blasé par le numéro ridicule de son adversaire. Il se mit lui aussi en garde et fixa son regard dans celui du blond.

-Tu sais que si je te touche ne serait-ce qu'une fois, une seule fois, t'es mort ? Lui demanda-t-il, sûr de lui.

-Encore faudrait-il que tu me touches, t'es cloué au sol ! Lui rétorqua l'homme ailé en prenant son envol. Une proie facile pour un prédateur volant !

Il balança ses ailes d'arrière en avant d'un mouvement sec et décocha une volée de plume qui fusa vers son opposant. Celui-ci sembla surpris par la manœuvre mais ne se découragea pas, il encaissa l'attaque de la même manière qu'il avait encaissé les cônes de glace de Noah quelques jours plus tôt.

Ce fut une première erreur car le manque d'attention provoqué par cette parade permis à Gabriel de fondre sur lui comme un rapace sur un rongeur. Il lui asséna un violent coup de poing au moment de l'impact et commença un enchainement de coups au corps à corps, profitant du déséquilibre du brun.

Le combat fut à sens unique pendant quelques minutes, Viktor ne laissant pas une seule seconde de répit à Lenka, enchaînant coup sur coup, alternant coups de poings et de pieds, en passant par les genoux. Vint le moment où le grand blond sauta et envoya un coup de pied circulaire dans la mâchoire du brun, l'envoyant à plusieurs mètre. Il leva le bras doit et déploya ses ailes fièrement.

-L'ange Gabriel triomphe à nouveau du Berserk ! Scanda-t-il à qui voulait l'entendre.

Il se tourna vers l'endroit où gisait le responsable de la discipline et s'y rendit d'un pas lent. Devant lui, il le regarda de haut avant de lui écraser le visage du pied.

-Je continue de penser que c'est moi qui aurais dû avoir la charge de la discipline. Nargua-t-il en frottant sa semelle contre la joue de l'inconscient. T'es pas à la hauteur face à un ange.

Cette réplique fit l'effet d'un électrochoc au Berserk. Il rouvrit les yeux d'un coup, comme s'il n'avait pas encaissé les assauts répété de son adversaire juste avant, et saisit sa cheville avant même qu'il n'ait eu le réflexe de retirer son pied. Il serra tellement fort sa prise que le fanfaron en hurla de douleur, sa musculature avait une fois de plus pris cette taille hors du commun. Il la relâcha et profita de l'inattention du blond pour faire un saut carpé, en profitant pour envoyer ses pieds dans le visage du bond. Il termina son mouvement parfaitement sur pieds tandis que son rival se tordait de douleur au sol, le nez en sang. Les rôles s'étaient complètement inversés et ce fut au tour du brun de le regarder de haut. Le rayonnement du soleil derrière lui empêcha l'homme ailé de le regarder dans les yeux et de soutenir son regard, il était obligé de baisser la tête.

-Désolé Gabriel... S'excusa le Berserk. Mais si tu gardes ce genre d'attitude, ce poste ne sera jamais le tien. De plus, je l'ai je le garde. Trancha-t-il.

Il se baissa et saisit le blond par la gorge avant de se relever. Il leva le bras, décollant son rival du sol. Il lui jeta un regard noir avant de lui asséner un puissant coup de poing dans l'abdomen, le lâchant au moment de l'impact pour lui permettre de faire un vol plané sur la totalité de la surface de l'arène.

A l'instar de Gabriel quelques instants plus tôt, il brandit son poing, victorieux, avant de prononcer une dernière parole.

-Un seul coup... Soupira-t-il.

Les cadets restèrent sans voix de cette démonstration de force brute. Les bleus qui suivaient son enseignement depuis le début de la semaine comprirent la force de leur instructeur et se jurèrent de ne jamais relâcher leur efforts, ils voulaient lui faire honneur. Noah se dit que même s'il avait pris deux raclées, ce type y était vraiment allé mollo contre lui et se promit de ne plus chercher à troubler le calme, pensant qu'il ne serait pas toujours aussi indulgent.

Avant de quitter l'arène, Lenka glissa son regard vers Chloé. Elle n'avait rien perdu du combat et il le savait. Elle lui fit un léger sourire auquel il répondit par un léger hochement de tête, ne voulant pas que tout le monde le remarque.

Newton reprit sa place de maitre de cérémonie alors que la femme inconnue et Lily-Rose s'avançaient à leur tour, la plus jeune ayant remplacé son yukata rose et ses gettas par une tenue plus adaptée à ce genre d'affrontements formée d'un débardeur noir simplement décoré de deux bandes rouges sur les côtés, d'un pantacourt noir près du corps lui arrivant sous les genoux et d'une paire de chaussures fines dédiées normalement au tai chi.

-Notre troisième combat opposera Lily-Rose Valentine, alias Scylla, à Elisabeth Venturi, alias Almighty !

Ce nom frappa toute l'assemblée. Cette femme qu'ils n'avaient jamais vue portait le même nom que le doyen. Etait-elle son épouse ? Sa sœur ? Nul ne pouvait deviner mais son physique n'étant pas très proche de celui de Newton tous optèrent pour la première option. Cependant, un mystère demeurait entier dans les esprits d'Alister, Noah et Chloé : les surnoms qu'on attribuait aux ainés étaient généralement en rapport avec leur pouvoir mais pourquoi attribuer à une jeune femme aussi douce que Lily-Rose le nom de Scylla, l'horreur des mers dans la mythologie grecque... Et puis le surnom d'Elisabeth, Almighty, était également très énigmatique. « Tout puissant ». Quelle surprise pouvait révéler un surnom pareil... Ils n'en avaient aucune idée mais ne tarderaient pas à le découvrir. Les femmes se saluèrent et Newton lança le combat.

Lily-Rose prit le plus de distance possible avec son opposante qui se permit de rester droite comme un piquet, croisant simplement les bras et suivant la rousse du regard dans tous ces déplacements. Rousse qui trouva le comportement de la brune aux macarons très impoli et hautain, même quand on connaissait ses capacités.

Son regard se fit bien plus froid, ses traits se durcirent tandis que sa personnalité même semblait changer drastiquement. Elle prit la parole et sa voix froide et sans le moindre sentiment surprit tous ceux habitués à son habituelle voix douce et harmonieuse.

-Si tu continues à rester droite comme un poireau... Commença-t-elle.

-Je vais te cueillir et t'étriper. Coupa la plus vieille, terminant sa phrase, choquant tout le monde.

C'était ça, tout était clair dans l'esprit de l'écarlate. Elisabeth Venturi pouvait lire dans les pensées des gens. Son surnom prenait alors tout son sens : quiconque pouvait lire dans les pensées de son entourage ou de ses adversaires devenait intouchable, un dieu vivant. Toute puissante était un qualificatif qui ne pouvait qu'aller comme un gant à une personne ayant un tel pouvoir. Encore un brillant exemple pour confirmer la théorie selon laquelle le type E serait le plus puissant.

-Ton petit numéro de médium ne marchera pas avec moi ! Reprit la voix froide de Lily-Rose, sortant Alister de ses pensées.

-Même si tu peux lire dans mes pensées ça ne te rend pas immortelle pour autant. Continua la femme du doyen.

Ce petit manège énerva la jeune infirmière au plus haut point. Elle fronça les sourcils et décida de passer à l'attaque pour lui clouer le bec. L'air autour de l'arène se fit de plus en plus sec à mesure qu'une sphère d'eau gagnait en volume au-dessus de sa tête. D'un geste fluide mais agressif du bras, elle changea cette sphère en une sorte de fouet aqueux et le dirigea vers la brune.

Comme si elle avait prévu la trajectoire de l'attaque, celle-ci se contenta d'un pas sur le côté et esquiva. Alors que l'hydromancienne faisait un autre mouvement élégant du bras, le fouet changea de direction, semblant vouloir s'enrouler autour de la taille de la médium. Cette dernière eut juste à se baisser rapidement au moment où l'eau allait l'encercler pour ne pas se faire avoir par l'attaque.

La jeune manipulatrice d'eau enchaina les tentatives pour immobiliser son adversaire pendant plusieurs minutes, en vain. La femme aux macarons semblait jouer avec elle, lisant en elle comme dans un livre ouvert et déjouant toutes ses offensives, faisant monter son agacement.

La rousse savait parfaitement qu'à force de multiplier les échecs elle allait se fatiguer inutilement mais elle avait beau chercher, rien de ce qu'elle essayait ne fonctionnerait tant et aussi longtemps que son adversaire pourrait deviner ses stratégies à mesure qu'elle les imaginait.

En ayant plus qu'assez de se torturer l'esprit inutilement, elle s'élança vers son opposante qui ne comprit pas le but de la manœuvre. Pourquoi diable une type N voudrait-elle se battre au corps à corps ? C'était stupide...

Lily-Rose tenta une approche frontale, puisque de toute façon n'importe quelle diversion n'aurait aucun effet contre une personne pouvant lire dans les pensées. Arrivée à portée de coup, elle lui envoya un direct du droit qui fut aussitôt esquivé comme si de rien était. Elle n'en démordit pas et arma l'autre bras pour un crochet du gauche qui eut le même effet. Elle tenta un fauchage que la femme du doyen esquiva en se reculant d'un pas. Elle s'avança également et attrapa d'un geste vif les manches du yukata de la brune.

-Maintenant que je te tiens tu vas prendre. Annonça-t-elle froidement.

Sachant que même si elle ne pouvait pas se servir de ses pouvoirs sans ses mais, elle se disait malgré tout que quelques coups de genoux et de pieds pourraient avoir de l'effet.

Pour toute réponse, Almighty ramena ses bras vers elle sèchement pour obliger la rousse à faire de même et lui envoya son propre pied dans la poitrine d'un geste souple. L'infirmière fut obligée de lâcher devant la force du coup et fut projetée en arrière. Elle glissa sur l'eau qui s'était répandue sur le sol depuis qu'elle avait relâché sa concentration sur ses attaques aquatiques. Elle se releva difficilement en toussant et en tremblant, plus enragée que jamais. Elle fixait la femme du doyen d'un regard noir et ses envies meurtrières étaient facilement imaginables par tous ceux qui assistaient à l'affrontement, pas besoin d'avoir de pouvoir particulier.

-Inutile d'attendre que je vienne à toi, gamine. Lança la plus vieille. Je sais très bien ce que tu as prévu de faire au moment même où mon pied touchera l'eau.

La plus jeune grinça des dents une fois de plus, ayant été déjouée avant même d'avoir lancé son attaque. Elle savait pertinemment que sa maitrise venait de son calme et de sa sérénité, comme l'avait rappelé Mori à Baliste à la fin de leur combat, mais comment se calmer quand son adversaire faisait tout la faire sortir de ses gonds en plus de déjouer chacune de ses techniques ?

Cette simple question rappela à l'ainée son temps en tant que cadette sous la tutelle du maitre des plantes. Il leur avait un jour enseigné à méditer et se calmer pendant que lui faisait tout pour les sortir de leur transe. Il leur avait mis des coups de bâtons, avait fait pousser des lierres qui les avaient retournés dans tous les sens, avait provoqué un vacarme assourdissant en cognant des casseroles les unes aux autres. Elle se souvenait même de la sensation qui lui avait provoqué un lierre qui s'était glissé sous le haut de son uniforme... Répugnant...

Elle eut un déclic. Elle venait de trouver la réponse : l'entrainement à la méditation transcendantale. Elle était parvenue à ce stade avec brio, réussissant à voir le flux de ses pouvoirs au sein de son esprit en à peine deux semaines et demie. Elle n'avait plus eu à le refaire depuis son dernier jour en tant que cadette mais se souvenait très bien de ce qu'il se passait quand on parvenait au stade de la méditation transcendantale et à visualiser ce flux on pouvait influer sur ses propres pouvoirs à leur source, dépassant temporairement mais de façon significative ses propres limites.

Ainsi, ignorant les piques que lui lançaient Elisabeth et son discours sur la prédiction, la rousse s'assit en tailleur et ferma les yeux, surprenant toute la foule, autant les cadets que les ainés. Le plus surpris de tous fut Mori, qui ne l'avait plus vue faire ça depuis des années. Il retint un sourire fier de se dessiner sur ses lèvres. Cette petite avait été et restait jusqu'à ce jour la plus brillante de ses disciples.

Pendant un peu plus d'une minute, le combat cessa plus ou moins. La femme du doyen tenta bien de donner des coups à la plus jeune pour la sortir de son état second mais rien n'y fit, la rousse était imperturbable. Puis soudain, elle rouvrit les yeux et glissa son regard vers son adversaire qui fit rapidement quelques pas en arrière pour éviter toute menace. Elle se releva, semblant bien plus calme et surtout bien plus puissante.

Noah, pensant à juste titre avoir reconnu la manœuvre, ne voulut rien perdre du spectacle à suivre. Il allait enfin voir ce qu'il se passait quand on parvenait à se couper entièrement du reste du monde et que l'on parvenait au but fixé par maitre Musashi.

Lily-Rose roula du cou, faisant craquer sa nuque, et se remit en garde. Voyant la femme face à elle toujours droite et immobile, elle s'accorda un sourire.

-Je n'abandonnerai pas sous prétexte que vous pouvez lire dans mes pensées. Déclara-t-elle fermement mais de sa voix douce habituelle.

La brune haussa les sourcils sous la surprise, signe qu'elle n'avait pas prévu ce changement, mais dut bien vite se reconcentrer. L'eau répandue sur le sol de l'arène se mit en mouvement alors que la jeune hydromancienne avait repris son emprise sur elle. Les fines flaques se regroupèrent en une sphère au creux des mains de leur maitresse. Celle-ci sembla alors adopter un style de combat diamétralement opposé à son style raide et agressif du début du combat. Cette fois-ci, elle semblait danser et l'eau suivait ses mouvements. La danse captiva toute l'assistance, laissant tout le monde bouche-bée. La jeune infirmière rousse semblait encore plus belle en cet instant, elle parsemait l'aire de combat de gouttes d'eau en lévitation qui réfractaient la lumière à mesure qu'elle enchainait ses pas légers et ses arabesques souples et agiles.

La plus âgée comprit bien trop tard le but de cette manœuvre, lorsqu'elle se rendit compte qu'elle était encerclée par ces fines gouttelettes. Elle fut soudain comme paralysée comprenant que peu importe où elle irait elle se ferait toucher. La plus jeune ne lui laissa pas le temps de se poser plus de questions et termina son mouvement par un gracieux mouvement de révérence, faisant pleuvoir une pluie de milliers de petites aguilles faites d'eau.

Le combat prit fin en même temps que les cris de douleur de la médium, son corps tombant lamentablement au sol, du sang s'échappant librement des plaies causées par la redoutable technique omnidirectionnelle de l'infirmière.

Toute la foule put enfin respirer à nouveau après un tel finish. Quelques cadets se permirent même de faire une standing ovation à la manipulatrice de l'eau, elle venait de leur offrir une démonstration à la fois de force, de maitrise et d'élégance. Le jeune blond manipulateur de glace avait maintenant un objectif à atteindre : il voulait surpasser cette femme. Il l'avait d'abord admiré pour son physique, il l'admirait dès lors pour sa puissance.

Lily-Rose, malgré sa gêne devant tant d'enthousiasme, courut vers son adversaire, toujours au sol et dans un état plutôt grave. Elle la coucha sur le dos et vérifia si elle respirait toujours. Rassurée à ce sujet, elle colla son oreille à la poitrine de sa patiente. Son cœur battait faiblement mais battait toujours. Elle devait cependant agir vite pour éviter le pire. Elle s'agenouilla à ses côtés et concentra une sphère d'eau dans le creux de chacune de ses mains. Elle en appliqua une sur la poitrine de la femme allongée et l'autre sur son abdomen et fit pénétrer l'eau dans son corps par ses plaies. Elle la fit ensuite circuler dans son système sanguin et bougeant les mains à différents endroits.

Noah, surpris de la voir agir de la sorte, haussa les sourcils et fit part de ses interrogations à Alister. Celui-ci se contenta de hausser les épaules en lui répondant qu'il n'en savait pas plus que lui. Ce fut Chloé qui éclaira sa lanterne.

-Elle fait passer de l'eau dans son corps pour maintenir sa pression artérielle et permettre à ses muscles de rester irrigués. En plus de ça elle utilise sa maitrise pour apaiser les muscles endommagés.

-Comment tu sais ça toi ? Lui demanda l'écarlate.

-Je suis passée par l'infirmerie toute la semaine après l'entrainement pour voir comment va Alice. Expliqua-t-elle dans un soupir. Un jour, quand je suis arrivée, elle faisait la même chose avec toi. Je lui ai demandé ce qu'elle faisait et elle me l'a expliqué.

Les deux garçons se regardèrent, comprenant que c'était surement lors du premier jour, quand Lenka avait cassé deux côtes de plus au blond.

-Tiens. Glissa l'écarlate. Tu veux bien nous dire ce qu'il lui est arrivé ?

-Apparemment ce serait le réveil de ses pouvoirs... Révéla la brunette.

-Elle va mieux ? Demanda à son tour le blond. Parce qu'elle avait l'air d'être vraiment mal en point quand je l'ai vue.

-Son état reste stable. Elle a surtout besoin de repos et d'antidouleurs.

Les deux jeunes hommes acquiescèrent d'un hochement de tête.

L'infirmière rousse, pendant leur discussion, avait eu le temps d'apporter suffisamment de soins à Elisabeth pour éviter que ses jours soient en danger et Lenka et Musashi s'apprêtaient à la transporter vers l'infirmerie. Elle était à présent en train de présenter ses plus plates excuses à Newton en s'inclinant le plus bas possible et en répétant qu'elle était désolée. La douce et fragile Lily-Rose était de retour. Le doyen, voyant qu'elle était vraiment mal à l'aise d'avoir blessé gravement un membre de sa famille, la consola en lui rappelant que c'était le risque de s'engager dans un tel combat. Son trouble ne fut entièrement apaisé pour autant mais cela lui permis de reprendre constance.

Le maître du sanctuaire s'avança une fois que sa femme fut en dehors de l'arène, suivi de près par Camille. Camille qui avait troqué son habituelle qipao et ses ballerines par un débardeur mauve, un short moulant noir descendant à mi-cuisse et le même type de chaussures que l'infirmière rousse. Elle portait également une sorte de longue sacoche, assez fine, à l'épaule. L'homme prit une dernière fois la parole quand la jeune femme fut à ses côtés.

-Le dernier combat nous opposera Camille Dragoon, alias Psycho, et moi-même Némésis Venturi, que vous pouvez appeler Newton.

Ils se firent face à face et s'inclinèrent en guise de salut et toute l'assemblée retint son souffle. Devant eux allait se dérouler un combat titanesque opposant les deux plus puissants mutants de type E du sanctuaire.

Les deux adversaires s'éloignèrent l'un de l'autre par un bond en arrière. Camille ne perdit pas de temps et ouvrit sa sacoche pour en dévoiler le contenu. Quelle ne fut pas la surprise de ses disciples quand ils virent non pas une ni deux mais bien huit lances en sortir sans qu'elle n'ait à les prendre des mains et léviter en cercle autour d'elle. Même le doyen en sembla surpris mais s'accorda un rictus.

-Je ne m'attendais pas à ce que tu sortes le grand jeu dès le début, Camille. Lui confessa-t-il.

-Il faut bien ça pour que j'aie une chance de vous toucher. Avoua-t-elle.

Les cadets qui connaissaient sa puissance furent étonnés pas de telles paroles. Elle n'avait pas parlé de le vaincre, mais seulement de le toucher. Quels pouvaient être les pouvoirs de cet homme pour qu'elle doute de le toucher alors qu'elle utilisait la télékinésie. Ils n'allaient pas être déçus. Newton sembla réfléchir une seconde et pris une décision. La brune écarquilla les yeux quand elle le vit décroiser les bras, cela ne présageait rien de bon pour elle.

Elle préféra ne pas lui laisser le temps de porter le premier coup, par crainte que ce ne soit le dernier. Elle s'élança vers lui en courant, bras tendus vers l'arrière. Elle sauta par-dessus son adversaire quand elle fut suffisamment proche et, sans le moindre mouvement de sa part, une de ses lances se planta fermement dans le sol, à l'endroit même où il se trouvait à peine une seconde plus tôt. Lorsqu'elle fut à nouveau les pieds sur le sol, elle s'étonna de sa réactivité et de sa vitesse d'esquive. Lui se trouvait à la place qu'elle occupait quelques secondes auparavant.

Ils se toisèrent du regard quelques secondes, se jaugeant mutuellement avant la prochaine attaque, cherchant la moindre faille à exploiter. La kinésiste eut l'idée de se mettre à tourner rapidement sur elle-même, entraînant les sept lances qui lui restait dans son mouvement, rejointes par celle qui avait été utilisée pour la première attaque. Plus elles tournaient et plus leur position se rapprochait de l'horizontale, laissant à Newton le temps d'imaginer à quoi pourrait bien ressembler la prochaine offensive. Lorsque ses armes furent parfaitement parallèles au sol, Psycho stoppa sa propre rotation, le buste légèrement pivoté, un bras tendu vers son adversaire devant elle, l'autre vers l'arrière. Ce mouvement eut pour effet de propulser de propulser les propulser dans toutes les directions.

Cette fois, ne cherchant même pas à esquiver, Newton leva juste une main ouverte devant lui, paume en avant. Une pression énorme s'abattit sur la surface de combat et les lances tombèrent au sol sans plus avancer d'un millimètre. Leur maitresse dut également poser un genou au sol, éprouvant des difficultés à rester debout. Surpris de ses progrès, le maitre du sanctuaire haussa un sourcil. Il comprit que s'il voulait la faire tomber il devrait y aller un peu plus sérieusement. Il fronça les sourcils et replia légèrement les doigts, sans pour autant fermer totalement le poing, faisant augmenter la pression déjà insoutenable pour quiconque aurait été à la place de la jeune femme. Celle-ci gémit de douleur en tentant de ne pas s'écrouler.

Elle força autant qu'elle pouvait, transpirant à grosses gouttes, les muscles tendus à l'extrême par l'effort surhumain qu'elle tentait d'accomplir. Elle grinça des dents tandis qu'elle relevait le genou qu'elle avait dû poser au sol pour se redresser.

-Tu devrais t'épargner une souffrance aussi intense qu'inutile. Fit la voix de Némésis. Actuellement tu pèses dix fois ton poids habituel. Tu es train d'ordonner à tes frêles jambes de supporter un poids d'environ cinq cents cinquante à six cents kilos. C'est beaucoup trop ! Tu vas finir pas y laisser des plumes !

Pour toute réponse, elle lui envoya un de ces regards meurtriers dont elle avait le secret. Non seulement il la sous-estimait mais il supposait en plus qu'elle pesait entre cinquante-cinq et soixante kilos, pour qui se prenait-il ? Elle allait lui faire payer un tel affront, elle se le jura. Elle parvint, grâce à toute l'énergie de la rage, à se relever et à tenir plus ou moins droite sur ses jambes, suant à grosses gouttes. Elle réussit, elle-même sans trop savoir comment, à relever un bras vers le ciel pour tenter une ultime attaque. Ses lances tremblèrent un instant au sol, sous le regard amusé du mètre de la gravité, avant de finalement s'en décoller lentement.

L'homme, se demandant pourquoi elle s'obstinait à disperser ses pouvoirs au travers huit objets plutôt qu'un ou deux, écarquilla les yeux devant la prouesse que son ancienne disciple accomplissait sous ses yeux. Chacune de ces armes devait peser entre vingt et trente kilos, multipliés par dix cela donnait une fourchette pouvant aller jusqu'à trois cents, à nouveau multipliés par les huit à contrôler... C'était comme si son adversaire, en plus de supporter son propre poids, était en train de soulever un objet de plus de deux tonnes par la seule force de son esprit. Il était stupéfait de la force de volonté de celle-ci, lui qui était vu comme le mutant le plus puissant du monde... Il se sentait ridicule. Cette petite possédait une force bien plus grande que lui au même âge. Il en était sûr, elle avait sans conteste le potentiel pour le surpasser. Il voulait que ce soit elle, il le savait désormais. Mais ce n'était pas pour autant qu'il allait la laisser gagner. Il leva les yeux à mesure que les armes de son opposante gagnaient en hauteur et constata qu'elle les rassemblait en cône au-dessus de sa tête, pointes vers le bas. Il comprit soudain sa stratégie, elle comptait interrompre son contrôle quand elles seraient en place pour que leur poids, augmenté par la gravité créée par ses propres pouvoirs, les fasse naturellement tomber sur lui comme l'épée de Damoclès. Quelle idée brillante. Il allait de surprise en surprise. Elle avait réussi à mettre ce stratagème au point alors qu'elle était en grande difficulté, confrontée à une force qui lui faisait souffrir le martyre en plus de lui bloquer tout mouvement. Elle était bien une enfant du météore de type E... Le dépassement de soi et de ses propres limites... Elle avait tout pour devenir la meilleure. Mais il n'était toujours pas d'accord pour perdre ce combat.

-Ce qu'il y a de bien quand on contrôle la gravité... Commença-t-il alors qu'elle rompait son contrôle mental. C'est qu'on peut sans problème l'inverser. Acheva-t-il en levant le bras.

Les armes de la brune n'eurent pas le temps de retomber qu'elles étaient propulsées vers le ciel. Elle écarquilla les yeux devant la facilité avec laquelle il avait percé son plan à jour et tomba à genoux. Elle grimaça en le voyant abaisser le bras, le gardant tendu vers elle, et baissa la tête en guise de soumission.

-J'abandonne... Articula-t-elle, les larmes lui montant aux yeux.

Il s'approcha d'elle lentement, la couvant d'un regard protecteur, et lui tendit une main pour l'aider à se relever. Elle l'accepta, sachant parfaitement qu'elle ne pourrait pas le faire seule dans son état. Avant d'être parfaitement debout elle se tourna, ne voulant pas que les cadets la voient dans cet état de faiblesse, les larmes aux yeux, ayant abandonné le combat. Elle fut cependant surprise d'entendre autant de cris d'enthousiasme venant de derrière elle que pour le combat précédent. Elle entendit même certains de ses disciples scander son nom, fier d'être sous son enseignement. Comment diable ces stupides gamins pouvaient-ils être fiers d'elle alors qu'elle s'était faite écraser lamentablement par son adversaire ? Elle n'eut pas le temps de se poser la question plus longtemps qu'un corps sauta vers elle, venant de l'arrière, et lui fit faire un vol plané avant de retomber lourdement.

Alors qu'elle était sur le point de tuer ce malade pour lui avoir sauté dessus dans son état, elle se rendit compte qu'il avait pivoté pendant la chute, encaissant tout le choc tandis qu'elle n'avait quasiment rien senti. Elle entendit ensuite le son lourd que font les morceaux de métal quand ils tombent sur le sol et écarquilla les yeux en voyant que ses lances étaient retombées et s'étaient plantées à l'endroit où elle se tenait à peine une seconde plus tôt. En vérité ce malade venait de lui sauver la vie, il était semble-t-il le seul à avoir pensé que ses armes ne resteraient pas en l'air indéfiniment. Elle pivota et baissa le regard vers sa taille et tout ce qu'elle vit avant de s'évanouir fut une masse de cheveux rouges hirsutes.

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© Kira ,
книга «Cataclysme».
Chapitre 4 : Alister...
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