Chapitre 2 : L'Entrainement commence.
Le lendemain matin, l'écarlate ouvrit les yeux de très bonne heure. Il se redressa lentement, s'assit et se passa la main dans les cheveux. Il bailla à s'en décrocher la mâchoire et regarda l'horloge. Cinq heures du matin... Magnifique... Le petit déjeuner n'était servi qu'à partir de sept heures. Il se demanda quoi faire pendant deux heures. Il n'avait rien vu dans le règlement qui interdisait un cadet de sortir du dortoir le matin. Il enfila donc son tangzhuang, ses tabis et ses warajis et sortit de sa chambre.
Il passa en vitesse à la salle de bain pour se passer un peu d'eau sur le visage pour se réveiller ety croisa Lenka qui venait de se doucher. Il s'inclina en guise de salut, salut que lui rendit l'ainé d'un signe de tête.
-Tu es bien matinal, dis-donc. Lui glissa le Berserk.
-Je me suis endormi de bonne heure et j'ai besoin de peu de sommeil. Répondit simplement le plus jeune en faisant couler l'eau du robinet.
-Je vois. Pourquoi tu n'es pas intervenu hier ?
-Parce que ça ne me concernait pas. C'est lui qui a voulu jouer le caïd, j'y suis pour rien. C'est mon compagnon de chambre mais je le connais à peine. Chacun sa merde, j'ai envie de vous dire.
-Et bien... Je ne m'attendais pas à une réponse de ce genre-là. Et puis tu peux me tutoyer, je ne suis pas beaucoup plus vieux que toi.
-Comme tu veux. Et pour ma réponse... Je suis juste franc, je déteste l'hypocrisie.
-Intéressant. Termina le brun en finissant d'enfiler ses vêtements.
L'écarlate se décida à lui poser une question qui lui brulait les lèvres.
-Pourquoi on doit porter cet uniforme alors que vous portez des vêtements différents ?
-Je m'attendais à cette question. Il n'y a que ceux qui sont sortis de leur cycle d'apprentissage qui ont le droit de changer de tenue. Tant que vous serez des cadets, vous devrez vous contenter de ça. Si tu veux un jour pouvoir choisir ce que tu portes dépêche-toi de progresser.
-Je vois. Soupira le plus jeune. C'est une manière de nous rappeler la hiérarchie en gros.
-Tu peux voir ça comme ça, en effet.
Le brun s'apprêtait à sortir quand Alister le stoppa dans son élan par une dernière question.
-Dis-moi, Lenka, tu sais si je peux me faire couper les cheveux ici ?
L'ainé haussa les sourcils, surpris, mais décida de répondre.
-Va voir Maitre Musashi. Je pense qu'il acceptera.
-Qui ça ?
-Maitre Musashi, Mori comme on l'appelle, notre Ancien, celui qui vous a amenés ici.
-Je croyais que le doyen était Newton.
-C'est le cas, il faut bien que tu fasses la distinction entre notre doyen, Newton, qui est le chef suprême du sanctuaire, et notre Ancien, Mori, qui est le plus âgé parmi nous.
-Ah d'accord... Je vais faire attention. Et où puis-je trouver Mori ?
-A cette heure-ci... Sembla réfléchir le responsable de la discipline. Il doit se trouver près du jardin de bambou.
-Je vois, merci.
Ils se saluèrent rapidement et l'écarlate essaya de se souvenir comment se rendre à l'endroit voulu le temps de se laver. Il commença par déambuler au hasard en espérant trouver un point dont il se souviendrait. Il parvint, sans trop savoir comment, à retrouver la place centrale du sanctuaire où tout le monde s'était réuni pour les accueillir. Il fit marcher sa mémoire pour trouver le chemin à emprunter. Il eut beau essayer, il n'y parvint pas mais, par chance, il reconnut l'une des jeunes femmes qui leur avaient souhaité la bienvenue. Il se souvenait de son visage mais pas de son nom. Il savait que l'une d'entre elles s'appelait Camille mais ne connaissait pas l'identité de l'autre.
Camille avait la peau foncée et les yeux bleus tandis que la jeune fille qu'il voyait avait la peau pâle et les yeux violets. Elle portait un magnifique yukata fleuri rose maintenu en place par un large obi argenté, des tabis d'un blanc immaculé et des gettas. Ses longs cheveux roux étaient maintenus en place par un peigne doré qui semblait orné de pierres précieuses.
-Excusez-moi, mademoiselle. L'interpela-t-il.
-Lily. Corrigea-t-elle avec un sourire magnifique Je m'appelle Lily-Rose, mais tu peux m'appeler Lily.
-Lily. Répéta l'écarlate. Est-ce que tu sais par où je dois aller pour trouver le jardin de bambou ?
-Bien sûr, je m'y rendais justement. Tu n'as qu'à me suivre. Lui proposa-t-elle.
Il accepta avec un mouvement de tête et la suivit vers le lieu désigné. La rousse profita du chemin pour le détailler. De taille et de carrure moyenne, ce jeune homme ne lui paraissait pas très robuste mais elle savait qu'il ne fallait pas se fier au physique d'un enfant du météore, ils avaient tous des facultés hors du commun. Il sembla remarquer qu'elle le fixait du coin de l'œil puisqu'il se permit une remarque.
-C'est assez désagréable de se sentir fixé, même quand c'est par une aussi jolie demoiselle.
Elle fut prise de rougissement d'une part à cause du compliment, d'autre part parce qu'il l'avait remarquée en train de l'observer. Sentant son trouble, il voulut mettre fin au malaise.
-Si tu as le droit de porter ce que tu veux ça veut dire que tu as fini ton cycle, ça fait longtemps que tu es au sanctuaire ?
-J'y ai été amenée alors que j'avais sept ans. Répondit-elle, une pointe de regrets dans la voix.
-Tout ce temps passé ici... Je pense que j'en serais devenu fou... Plaisanta l'écarlate. Tu n'as jamais ressenti l'envie de partir ? Découvrir autre chose que l'intérieur du volcan ?
-Et pour aller où ? Où qu'on aille, les humains cherchent à nous tuer...
-Ta mutation n'est pas physique, tu pourrais très bien vivre normalement.
-Parce que tu connais beaucoup d'humains aux yeux violets toi ? Même si je ne suis pas de type physique, le gène laisse une marque. Regarde-toi, tu as les cheveux rouges.
Il ne put qu'acquiescer, sachant pertinemment qu'elle avait raison.
-Et comment tu es arrivée ici ? Lui demanda-t-il ensuite.
-De la même manière que vous tous, je pense. Mori est venu trouver ma famille et leur a expliqué que je portais le gène responsable de la mutation. Il a annoncé que s'ils voulaient que je sois en sécurité il fallait que je vienne ici. Ils ont tellement mal digéré la nouvelle qu'ils m'ont presque jetée dehors. Il me restait plus que deux options : venir ici ou tenter de survivre par moi-même. Le choix était vite fait. Et aujourd'hui ça fait quinze ans que je suis arrivée.
-Quinze ans... Tiens, juste à titre d'information, ça prend combien de temps pour finir le cycle d'apprentissage.
-Tout dépend du niveau que tu as en arrivant ici. Est-ce que tes pouvoirs se sont éveillés, est-ce que tu les maitrises correctement, est-ce que tu es capable de repérer un enfant du météore à proximité. Il y toutes ces questions à prendre en compte. Chez certains ça peut aller très vite, chez d'autres ça peut demander bien plus de temps. Il y a même eu des mutants qui sont restés cadets toute leur vie.
-Ceux qui n'ont pas vu leurs pouvoirs s'éveiller ?
-Ou ceux qui n'ont jamais pu les maitriser. Ou même ceux qui n'ont jamais pu ressentir la présence des autres.
-Très bien, je vois.
Sans qu'ils ne s'en rendent compte, leur discussion les avait menés vers leur destination. Ils aperçurent l'Ancien un peu plus loin, un arrosoir à la main. Ils s'approchèrent et s'inclinèrent de concert.
-Bien le bonjour, jeunes gens. Les salua le vieil homme. Même s'il encore tôt, ma foi. Quel bon vent vous amène.
-Pour ma part je venais chercher ces quelques plantes. Commença la rousse en lui tendant une liste.
-Je m'en vais te chercher ça. Lui assura-t-il en lisant la feuille qu'elle lui avait donnée. Et toi jeune homme ? En quoi puis-je t'être utile ?
-J'ai besoin de vos services pour ça. Répondit l'écarlate en étirant une mèche de ses cheveux.
-Je vois. Comprit le plus âgé. Attends-moi ici, je reviens.
Il laissa les jeunes patienter pendant qu'il partait cueillir les plantes dont avait besoin l'infirmière. Il revint quelques minutes plus tard avec quelques sachets en papier.
-Voilà pour toi, jeune fille. Lui dit-il gentiment en lui tendant sa commande.
Le jeune femme les prit avec le sourire et s'inclina en guise de salut. Elle tourna les talons et s'en alla. L'Ancien regarda ensuite l'écarlate. Il passa sa main dans sa barbe blanche et soupira.
-A nous, maintenant. Lança-t-il en s'approchant du cadet. Suis-moi.
Ils se rendirent dans une espèce de chalet qui semblait être en fait une sorte de petit appartement, sans doute celui du vieil homme. L'endroit était sobrement décoré mais le tout était harmonieux et une impression de plénitude se dégageait de l'endroit. Mori fit asseoir Alister sur un tabouret et se plaça derrière lui, une paire de ciseaux et un peigne à la main.
-Tu es vraiment sûr de toi ? Demanda le plus âgé. Il me semblait que tu tenais à tes cheveux.
-C'est le cas... Soupira l'écarlate. Mais je me dis qu'ils risquent de me gêner si je dois me battre.
Le vieil homme rit à cette constatation, lui-même était passé par là, et se mit au travail. Il y passa près de trois quarts d'heure mais le résultat fut impeccable. Le jeune mutant regarda son reflet et fut satisfait. Sa chevelure n'était plus une cascade raide mais était bien plus ordonnée. Ses cheveux étaient plus courts et ébouriffés. Il hocha la tête vers le miroir et s'inclina vers son ainé en signe de remerciement avant de s'en aller.
Il lui restait presqu'une heure avant le petit déjeuner. Ne sachant pas quoi faire d'autre, il décida de retourner à sa chambre. Il croisa un groupe de cadets qui étaient au sanctuaire depuis plus longtemps que lui. Il ne prêta pas attention à eux et passa son chemin.
Ne supportant pas d'être ignoré par un bleu, l'un d'entre eux lui attrapa le haut de la manche. L'écarlate tourna lentement la tête vers lui et fixa son regard émeraude dans les onyx de l'autre. Il posa sa main sur celle de son agresseur d'un air menaçant et la serra lentement.
-Retire ta main tout de suite. Ordonna-t-il d'une voix monocorde qui en fit déglutir plus d'un.
Le plus vieux fut pris d'une peur bleue et sentit une douleur lacérante autour de sa main. Il commença à transpirer à grosses gouttes. Il fut contraint de faire ce qu'Alister lui demandait, préférant ne pas risquer plus.
L'incident clos, le plus jeune reprit sa route. Ce qu'il ignorait était que la scène n'avait pas échappé à l'œil du chargé de discipline. Celui-ci fut surpris de la tournure de la situation et de son dénouement, connaissant le tempérament du cadet inconnu. Il se demanda comment diable Alister avait pu se débarrasser de lui aussi facilement. Il avait bien senti l'ambiance changer quand le plus jeune avait pris la parole mais il devait y avoir autre chose.
Arrivé à sa chambre, l'écarlate fut surpris que la porte ne soit pas verrouillée, il était pourtant sûr de l'avoir fait. Il se tint sur ses gardes et entra. Il fut soulagé de voir que le coupable n'était autre que Noah, revenu de l'infirmerie. Il fut malgré tout surpris de le voir déjà ici, se rappelant dans quel état Lenka l'avait mis la veille.
-Yo ! Lança gaiement le blond.
Pour toute réponse, il hocha simplement la tête.
-Toujours aussi bavard. Constata ironiquement le blessé. Tiens, tu t'es fait couper les cheveux ? Remarqua-t-il
-Plus pratique.
-Plus pratique pour ?
-Grâce à toi j'ai remarqué qu'on risque de se battre souvent, les cheveux longs c'est pas pratique.
Comprenant, le manipulateur de glace acquiesça.
-Mais dis-moi, c'est prudent de sortir de l'infirmerie ce matin ? Lui demanda le premier. Vu ton état hier...
-J'avoue que Lenka y est allé super fort, la vache. J'ai l'impression d'avoir fait la bise à un train... Il m'a au moins cassé deux côtes ce malade... Mais heureusement l'infirmière est une vraie déesse... Elle a fait des miracles, si tu savais... Et son sourire...
-Lily-Rose. Glissa subitement son colocataire.
-Quoi ?
-Elle s'appelle Lily-Rose, et elle est trop vieille pour toi. Plaisanta l'écarlate.
-Et comment tu sais ça toi ?!
-Je l'ai croisée ce matin, on a parlé un peu.
Le blond fut jaloux et bouda. Il se coucha sur son lit et grimaça. Ses côtes n'étaient pas totalement ressoudées et il avait bougé un peu trop vite. Il fixa le plafond un moment et fut surpris du silence dans la pièce. Il tourna la tête vers son interlocuteur et le vit en tailleur, les yeux fermés : il semblait en pleine méditation. Ce qu'il ignorait était qu'en vérité, il s'exerçait à repérer les mutants proches de lui.
Le temps passa rapidement et l'heure du petit-déjeuner arriva. Noah se releva tandis qu'Alister ouvrit les yeux. Ils échangèrent un regard et se mirent en route vers le réfectoire. Ils s'installèrent à une table tous les deux. L'écarlate fut surpris que son colocataire le suive à une table reculée mais ne dit rien. Ils prirent leur petit-déjeuner sans échanger un mot, l'un préférant le silence pendant ce moment, l'autre ne sachant pas quoi dire pour lancer une conversation.
Etant arrivés dans les premiers, ils furent dans les premiers à sortir. Ils savaient qu'ils devaient être au centre du sanctuaire avant huit heures trente, il leur restait une heure. Ils retournèrent à leur chambre, le manipulateur de glace désirant prendre une douche. Il prit son uniforme dans l'armoire et remarqua les vieux vêtements du plus âgé des deux.
-Tu comptes faire quoi de ce vieux tas de loques ? Lui demanda-t-il en les pointant du doigt.
-« Ce vieux tas de loques », comme tu dis, est tout ce qu'il me reste de ma vie à l'extérieur. Je sais pas si ça a un sens pour toi mais je ne compte pas m'en débarrasser. D'ailleurs tu fais bien de m'en parler, il faut que j'aille les laver.
-Personnellement je pense qu'on doit faire un trait sur nos vies passées, notre présent et notre avenir c'est le sanctuaire, désormais. Alors je compte me débarrasser de tout ce qui me rattache à ma vie d'avant. Rétorqua le blond avant de passer la porte.
L'écarlate, quant à lui, attrapa ses vieux vêtements dans l'armoire, les mis dans un sac et sortit. Il remarqua la clé de son colocataire sur sa table de chevet et la prit au passage. Il fit un crochet par la salle de bain pour l'amener à son propriétaire, non sans lui rappeler qu'il devait toujours l'avoir sur lui car la porte devait être verrouillée, et quitta le bâtiment. Sur le pas de la porte, il chercha la laverie. Il se souvint de sa visite guidée brève de la veille et entama sa marche. Il fut soulagé de voir que même ici, dans un sanctuaire dirigé par des moines, la lessive était assurée par des machines à laver. Il en chercha une non occupée et y plaça ses quelques habits. Il attendit que le cycle soit terminé et passa au sèche-linge. Peu après, il était de retour dans sa chambre. Le blond était, sans surprise, allongé et fixait le plafond. Il lui tapa sur l'épaule et pointa l'horloge du doigt, ils devaient être au centre du sanctuaire dix minutes plus tard.
Ils se mirent en route immédiatement, rejoignant les autres cadets déjà en chemin. Tous étaient parfaitement ordonnés et disciplinés, trop pour le jeune manipulateur de glace qui eut une idée pour se divertir. Il joignit donc les mains et fronça les sourcils. La température, déjà proche du 293 Kelvin, chuta légèrement. De fins flocons de neige firent leur apparition autour du jeune mutant et le sol se couvrit d'une fine pellicule de glace. Fine mais suffisante pour faire perdre leur équilibre à quelques cadets inattentifs. Certains parvinrent à se redresser mais tous n'eurent pas cette chance et quelques un tombèrent à la renverse, provoquant un effet de domino.
L'écarlate soupira devant cette preuve de maturité chez son colocataire. Il secoua la tête de dépit et lui donna un coup sur l'arrière du crâne.
-T'es fier de ta connerie ? Lui demanda-t-il sur un ton de reproche.
-Assez, ouais. Répondit insolemment le plus jeune. J'suis assez satisfait du domino.
Un raclement de gorge se fit entendre derrière eux. Ils tournèrent la tête et firent face à Lenka, pas franchement enchanté d'avoir à nouveau affaire à ce jeune abruti.
-On dirait que ça ne t'a pas suffi, hier. Lâcha-t-il au blond en faisant craquer ses phalanges.
-Bah non, tu vois, j'me disais justement qu'il fallait que je prenne ma revanche. Répondit-il sur le même ton que précédemment.
L'instant d'après, les quelques cadets sur les lieux eurent tout le plaisir de voir Noah faire son deuxième vol plané. Il termina sa course contre... Contre rien... Il ouvrit difficilement les yeux à cause de la douleur du coup mais se demandant surtout comment il avait pu s'arrêter sans impact. Il constata qu'il flottait dans les airs, à un peu plus d'un mètre du sol. Il tourna la tête et croisa le regard le plus effrayant qu'il ait jamais vu. Camille Dragoon se tenait devant lui, un bras tendu, paume de la main vers lui, une expression glaciale peinte sur le visage.
-Je vous avais prévenus... Souffla-t-elle froidement, sourcils froncés au maximum. Je suis la dernière personne que vous voudriez trouver sur votre chemin. Je ne pensais pas qu'un cadet aurait des envies de suicide aussi tôt pendant son séjour...
Elle balança sèchement son bras vers la droite et le pauvre Noah fut comme catapulté dans la même direction. Il serait mort en s'écrasant contre un rocher si une sorte de buisson n'était pas sorti du sol par on ne sait quel moyen. Surprise de ne pas entendre de fracas ni de cri de douleur, Camille tourna les yeux vers le jeune garçon qu'elle avait propulsé à une vitesse hors du commun. Elle fut surprise de voir cette espèce de végétal et tourna vivement la tête pour en trouver le responsable. Ce fut maitre Musashi qu'elle aperçut, le bras levé et le bâton à l'horizontale.
-Mori ! Vociféra-t-elle. De quoi tu te mêles ?!
Le vieil homme, visiblement peu enchanté de se faire rappeler à l'ordre par une femme qui n'avait pas le quart de son âge, inclina légèrement la tête, fronçant les sourcils, et la regarda droit dans les yeux.
-Peux-tu me dire à qui tu parles sur ce ton, Camille ? Fit froidement sa voix habituellement douce et calme. Dois-je te rappeler où est ta place ? Trancha-t-il alors qu'un lierre grimpait sur la brune et commençait à l'étrangler.
Tous déglutirent devant cet échange et certains se demandèrent même quel était le niveau de ce papi pour qu'il fasse pousser une plante sans même faire le moindre mouvement. Camille, quant à elle, commençait à suffoquer, le vieil homme ne faisait pas semblant. Elle allait s'évanouir par manque d'oxygène quand une immense pression se fit sentir aux alentours. Tous, sans exception, s'écroulèrent face à cette force écrasante. Newton venait de faire son apparition. Il était, comme à son habitude, droit et fier, les bras croisés. Mais il avait les yeux ouverts, signe qu'il était mécontent. Sa voix puissante retentit sur le lieu de l'affrontement où le silence régnait désormais.
-Suis-je donc en plein rêve éveillé, pour voir des ainés se battre entre eux devant des cadets, tout cela avant même le salut matinal ? Demanda-t-il glacialement. Dois-je prendre des mesures correctives ou m'assurez-vous que ce genre d'incident ne se reproduira plus ?
Les deux ainés hochèrent difficilement la tête, la pression envoyée par le doyen leur était insupportable. Il sembla satisfait de cette réponse car ladite pression s'estompa. Il continua sa route en silence, les yeux à nouveau fermés, se rendant sur son estrade.
Camille et Musashi se relevèrent péniblement et se toisèrent du regard. L'échange n'alla cependant pas plus loin par peur des représailles du maitre du sanctuaire. Les cadets eurent encore plus de mal à tenir à nouveau sur leurs jambes, bien moins aptes à supporter une telle force, certains en avaient même perdu connaissance. Alister et Lenka allèrent relever Noah, toujours dans son buisson : la puissance du doyen, ajoutée au coup du Berserk un instant plus tôt, l'avait laissé dans un piteux état. L'écarlate se permit malgré tout de le sermonner.
-Tu vois où on en est à cause de tes gamineries ?! Articula-t-il avec peine, tout juste remis.
Le blond, sachant qu'il avait raison, baissa la tête.
-Le score est donc de deux à zéro. Souffla le plus âgé des trois. On fera la revanche un autre jour, à un moment prévu pour ça. Et sans Camille dans les parages, parce que la prochaine fois que tu la croiseras... Elle te tuera.
-Cette nana... Soupira le blond. C'est une psychopathe... Qui a cru bon de la ramener ici ?
-C'est Mori. Comme pour la quasi-totalité des enfants du météore du sanctuaire. Pour deux bonnes raisons. La première, c'est la même que pour nous tous : les humains veulent notre mort. La deuxième tu viens de la découvrir : Camille est... Légèrement dangereuse. Certes les humains n'auraient jamais réussi à avoir sa tête mais avec elle en liberté tous ceux qui auraient croisé sa route seraient morts...
-Légèrement ? Lâcha le blond, trouvant le mot un peu de trop dans la phrase du responsable de la discipline. C'est une plaisanterie...
Le seul qui resta en dehors de la conversation à propos de l'ainée fut Alister, préférant écouter. Lenka se rappela soudain qu'il avait frappé le plus jeune à deux reprises, d'un jour au lendemain. Il se dit qu'il allait encore se faire remonter les bretelles par Lily-Rose mais conseilla au manipulateur de glace d'aller la voir après la cérémonie du salut, qu'elle y serait de toute façon et que l'infirmerie serait donc fermée.
Ils se rendirent ensuite tous à ladite cérémonie. Le doyen était déjà sur son estrade, entouré des ainés. Il attendit que le Berserk monte à son tour et sa voix tonna au centre du sanctuaire.
-Saluez ! Ordonna-t-il.
-Rei ! Lui répondirent tous les cadets d'une seule voix en s'inclinant.
Il s'inclina en retour et tourna les talons. Tous les cadets formèrent des groupes et chacun de ces groupes se mit en marche vers une destination précise, sachant tous où ils devaient aller. Les seuls à rester sur place furent les bleus, les derniers arrivants. Ils faisaient à présent face à trois de leurs ainés : maitre Musashi, Lenka et Camille. Ce fut le vieux Musashi qui prit la parole.
-Nous allons vous faire passer un petit test puis nous vous répartirons en trois groupes. Le test est simple : à l'appel de votre nom vous monterez sur l'estrade et vous joindrez vos mains aux nôtres, vous comprendrez plus tard le but de cette manœuvre.
Comme prévu, chacun passa à son tour sur l'estrade. Noah se retrouva dans le groupe du vieux Musashi, Alister dans celui de Camille et la petite Chloé se retrouva avec Lenka. Lenka qui rappela aux deux autres aînés qu'il manquait Alice et qu'elle allait devoir passer le test un peu plus tard. Musashi reprit ensuite la parole.
-Bien, comme vous avez sans doute pu le constater, vous avez réagi au contact avec la personne derrière laquelle vous êtes. Ce n'est pas un hasard, cela veut dire que vos pouvoirs sont du même type.
-Si vous êtes dans mon groupe c'est que vos pouvoirs sont ou seront de type P, pour physique. Continua Lenka. C'est-à-dire qu'ils affectent ou affecteront votre apparence.
Chloé paniqua à cette phrase. Elle qui n'était qu'une adolescente ne voulait pas se transformer en un mutant hideux ou en n'importe quel être repoussant, elle voulait rester jolie.
-Si vous êtes dans le mien, c'est que vos pouvoirs sont de type N, pour Nature. Reprit l'Ancien. C'est-à-dire que vous avez la capacité de contrôler les éléments.
Noah se réjouit à cette explication. Il avait de la chance de manipuler la glace. Il aurait vendu père et mère pour ne pas se retrouver dans le groupe de la psychopathe qu'était Camille.
-Si vous êtes dans le mien, petits veinards, c'est que vos pouvoirs sont de type E, pour extra-sensoriel. Termina la brune. Et sachez que pour beaucoup de mutants, ces pouvoirs sont les plus puissants et les plus redoutables.
Le blond regarda alors son colocataire. Il savait donc au moins une chose à propos des pouvoirs de l'écarlate, ils étaient de type E. Il ne savait pas grand-chose à ce sujet mais une femme qui avait failli le tuer d'un simple mouvement de bras avait des pouvoirs de ce type et prétendait que ces pouvoirs étaient redoutables.
-A partir de maintenant, et pour les quatre prochaines semaines, tout ce que vous devrez faire le matin sera de prendre votre petit-déjeuner, de venir saluer le doyen et de former ces groupes. Informa le responsable de la discipline.
-Nous allons évaluer vos niveaux respectifs et nous tâcherons d'améliorer ce qui doit l'être. Compléta le plus vieux des aînés.
-Vous allez en baver et pleurer vos mères avant la fin du mois mais je garantis que d'ici là, vous aurez acquis les bases et rattrapé les autres cadets. Trancha la brune au teint halé.
Le programme étant fixé, les trois groupes se séparèrent, celui de Lenka se dirigeant vers le dojo du sanctuaire.
-Si vous êtes de type P vous devez d'abord entraîner votre corps. Leur expliqua le brun. Nous allons donc commencer par une séance de remise en forme puis nous attaquerons une période de préparation physique.
Ses cadets acquiescèrent d'un mouvement de tête et allèrent enfiler des tenues plus adaptées au sport que leur uniforme. Il les plaça par binômes de taille et de carrure équivalentes et leur énonça les exercices à faire. Ils s'exécutèrent sans rechigner quand il déclara le début de la séance. La grande majorité fut rapidement à bout de force. Ils n'avaient jamais transpiré autant, Lenka était un vrai tortionnaire. Il n'était pas spécialement stricte ou sévère mais il leur refaisait faire chaque exercice qui n'était pas correctement réalisé. La petite Chloé, contre toute attente, réussit à encaisser chaque minute de cet entrainement. Elle termina à bout de souffle mais toujours debout. Tremblante comme une feuille mais toujours debout. Elle essuyait la sueur sur son visage avec une serviette quand elle entendit des applaudissements à côté d'elle. Elle tourna la tête et aperçut son instructeur qui lui lançait un sourire.
-Félicitations, Mademoiselle. Commença-t-il. Rares sont les cadets capables d'encaisser mes séances d'entrainement. J'en suis impressionné.
-J'étais sportive d'assez haut niveau avant d'arriver au sanctuaire. Expliqua-t-elle en lui rendant son sourire.
-« Assez haut niveau » ?
-J'avais le niveau national en gymnastique. Avoua-t-elle.
-« Assez haut » en effet. Ironisa le Berserk.
Il fit soudain attention aux vêtements de la jeune fille et fut pris de rougissement. La tenue de sport qu'elle portait, déjà près du corps en temps normal, épousait parfaitement les courbes de son corps. Il détourna les yeux et réfréna un saignement de nez. La jeune brune ne comprit le malaise du brun que quand elle baissa les yeux. Le rouge lui monta également aux joues alors qu'elle se dit qu'elle était maudite. Pourquoi fallait-il qu'il soit dans les parages à chaque fois que sa tenue était embarrassante ? Le responsable de la discipline leur annonça la fin de la séance et leur signifia qu'ils pouvaient disposer, qu'ils se reverraient le lendemain. La petite brune s'empressa de retourner au dortoir pour aller prendre une douche. Elle fit un crochet par sa chambre pour prendre son nécessaire de toilette et fila à la salle de bain.
Du côté de maitre Musashi, les choses se passèrent vraiment différemment. Le vieil homme avait mené ses cadets dans le jardin de bambou et les avait faits se placer en demi-cercle devant lui et s'asseoir en tailleur. Il avait fait de même et avait placé son kongo-zue sur ses genoux.
-Jeunes gens. Commença-t-il en passant sa main dans sa barbe. Si vous êtes de type N, vous devez avant tout savoir que vos pouvoirs viennent de votre esprit. Pour les enfants du météore de type N tout passe par le mental. Alors même si pas peux vous surprendre ou vous ennuyer... Les prochaines semaines seront dédiées à la méditation.
-C'est une plaisanterie ?! S'insurgea Noah, pas très emballé par l'idée.
L'Ancien lui jeta un regard qui lui glaça le sang.
-Je te prierai de ne plus jamais hausser le ton en ce lieu. Lui ordonna-t-il en insistant sur le « jamais ». J'ai planté ce jardin pour que vous, les cadets, puissiez disposer d'un endroit calme où méditer.
-Oui maitre... Soupira le jeune manipulateur de glace.
L'incident clos, la séance de méditation put commencer. Le vieux maitre leur expliqua que l'objectif à atteindre au cours du mois à venir était de parvenir à atteindre le stade de la méditation transcendantale et de réussir visualiser le flux de leurs pouvoirs au sein même de leur esprit. Le jeune blond lui demanda comment ils pourraient savoir s'ils parvenaient au bon résultat et à quoi cela leur serait utile. Le vieil homme lui rendit évasivement qu'ils le sentiraient au plus profond d'eux quand ils parviendraient à visualiser ce flux et qu'ils verraient seulement par la suite à quoi cela pourrait leur servir. Les cadets durent se contenter de ces réponses, comprenant que leur maitre ne leur dirait rien de plus. Pour leur première séance de méditation, le vieux Mori ne s'attendait pas à ce qu'un des bleus parvienne à la méditation transcendantale mais fut malgré tout agréablement surpris de voir avec quelle facilité certains spécimens parvenaient à se couper du monde pour se concentrer.
Le troisième groupe, celui de Camille, fut guidé vers le bord d'une chute d'eau par la brune. Elle se tourna vers eux et les regarda d'un air supérieur avant de prendre la parole.
-Si vous êtes de type E il n'y a pas de secret ou de raccourci. Fit-elle sèchement. Vos pouvoirs viennent du dépassement de vos limites et de vos peurs. C'est pourquoi vous allez regretter d'être de ce type pendant votre apprentissage. Vous allez en baver, suer sang et eau, pleurer vos mères, regretter d'être venus au monde... Je suis même certaine que vous allez soit souhaiter votre mort soit souhaiter la mienne. Mais dites-vous bien une chose... Tous ceux qui seront encore en vie à la fin du mois seront devenus bien plus forts. Plus forts que les autres et même plus forts qu'eux-mêmes.
Le vent souffla plus fort suite à cette tirade, comme pour annoncer un mauvais présage. Certains, d'abord emballés d'être de type E, le furent beaucoup moins. Cette femme avait le don de vous glacer le sang d'une simple parole. La furie brune, après leur avoir laissé le temps de digérer l'information et d'angoisser, sentit qu'il était temps de commencer, ils avaient assez perdu de temps. Elle fit claquer sa langue sur son palais, signe d'agacement, et tapa le sol du pied, attirant l'attention de tous ses cadets inattentifs.
-Bon, alors ? C'est pour aujourd'hui ou pour demain ? Leur demanda-t-elle, au bord de la crise de nerfs.
-Il faudrait déjà que vous disiez ce qu'on est censé faire ! Rétorqua un cadet sur un ton de reproche.
L'ainée, fortement désenchantée par l'intervention intempestive de ce jeune insolent, fronça les sourcils. Tous surent que ce jeune impertinent allait passer un mauvais moment quand le visage de la brune se ferma. Elle leva subitement le bras droit vers lui, paume en avant et doigts écartés. Il paniqua en sentant qu'il était dès lors incapable de bouger. Sa panique ne fut que plus grande quand il vit un sourire sadique se dessiner sur les lèvres de sa supérieure.
-Si je t'ai amené sur le bord d'une cascade avant de te déballer mon monologue sur le dépassement de ses limites c'est pour quoi, à ton avis ? Lui demanda-t-elle froidement. Pour la frime ?
Elle ne lui laissa pas le temps d'articuler la moindre réponse et balança son bras vers la chute d'eau, pivotant tout son corps dans le même mouvement. Le jeune impoli fut propulsé dans le vide à une vitesse encore plus élevée que ne l'avait été Noah plus tôt dans la journée. Ayant senti que l'élan de sa rotation avait eu pour effet de relever le bas de sa qipao, elle se tourna vers le reste de ses cadets.
-Si vous l'avez vue, avancez d'un pas. Glissa-t-elle agressivement.
Certains se regardèrent, comprenant qu'elle parlait de sa petite culotte, d'autres rougirent, signe qu'ils l'avaient bel et bien vue. Ces derniers hésitèrent à obéir, se disant qu'ils allaient en subir les conséquences.
-Je vous jure que si vous ne vous dénoncez pas je vais vous atomiser. Les menaça-t-elle, les joues roses malgré tout.
Ceux qui avaient effectivement eu le loisir de voir les dessous de leur instructrice préférèrent obéir. La jeune femme semblait on ne peut plus sérieuse quand elle parlait de les tuer. Alister se trouvait parmi ceux-ci. Il était d'ailleurs le seul à s'être avancé dès le début, se disant qu'après avoir vu des dessous si... Beaux... Il pouvait de toute façon mourir heureux.
La brune fronça à nouveau les sourcils et tendit les deux mains vers le groupe, les décollant du sol par ce simple geste. Le rouge sur les joues toujours présent, diminuant sa crédibilité, elle reprit la parole.
-Faute avouée est à moitié pardonnée, dit-on... Lâcha-t-elle. Seulement à moitié.
Elle se tourna à nouveau vers le bord du vide, écarta les bras de chaque côté de son corps, les ramena sèchement droit devant et relâcha son contrôle sur ses cadets, les propulsant dans la même direction.
Ceux qui étaient encore sur la terre ferme eurent tout le loisir de profiter des hurlements de terreur de ceux qui chutaient. Ces derniers paniquaient à la vue à l'idée de s'écraser lamentablement au sol et gardaient les yeux fermement clos pour ne pas le voir se rapprocher. Seul l'écarlate et un adolescent avaient eu le courage de garder les yeux ouverts, ils avaient donc pu se rendre compte que la brune les avait catapultés au-dessus d'une sorte d'immense lac. A une certaine distance de l'eau, ces derniers réussirent à se redresser et prirent une posture pour plonger. Ils entrèrent ainsi dans l'eau sans trop de douleur, contrairement à tous les autres cadets que leur instructrice avait jetés dans le vide.
Parmi les cadets n'ayant pas été envoyés faire leur « baptême de l'air », certains choisirent de sauter par eux-mêmes, ne voulant pas avoir à subir la colère de leur ainée. Le reste dut se faire aider par la brune, ne trouvant pas le courage de sauter le pas.
Ce petit manège dura jusqu'à ce que tous les bleus de type E soient dans l'eau. Quand le dernier fut catapulté, Camille sauta à son tour. Elle enchaina gracieusement les figures aériennes avant de se stabiliser à un mètre au-dessus de la surface du lac. Elle rejoignit lentement ses disciples en lévitant et les regarda tour à tour.
-J'aimerais féliciter certains d'entre vous. Commença-t-elle, semblant plus douce. A tous ceux qui ont eu le courage de s'avancer lorsque je vous l'ai demandé et à tous ceux qui l'ont eu de sauter dans le vide je dis bravo. Vous avez ce qu'il faut en vous pour devenir très forts. Il faut que vous sachiez qu'aussi bien moi que notre doyen... Tous les cadets de type E sont passés par l'exercice de la cascade. Leur avoua-t-elle. Aux autres... Reprit-elle, de nouveau froide et effrayante. Je vous préviens que vous allez morfler... Acheva-t-elle.
Cette première matinée d'entrainement s'acheva donc, laissant l'après-midi aux cadets de chaque groupe pour se reposer et se remettre de leurs émotions. Quand Alister retrouva sa chambre, il vit sur l'horloge qu'il lui restait à peine dix minutes pour se rendre au réfectoire. Il laissa tomber son idée d'aller prendre une douche et dut se résoudre à aller déjeuner avec un uniforme trempé.
Noah était rentré un peu plus tôt de sa séance de méditation et s'était rendu à l'infirmerie. Lily-Rose l'avait fait s'asseoir sur un lit et prendre une décoction de plantes médicinales pour atténuer la douleur due à ses côtes. Elle l'ausculta ensuite pour déterminer si son état s'était aggravé. Elle se demanda comment il faisait pour tenir debout dans l'état dans lequel il était. Ses deux côtes fêlées s'étaient finalement cassées au deuxième coup de Lenka plus tôt dans la matinée. Elle le fit donc s'allonger et lui fit prendre un cachet pour qu'il dorme. Avant qu'il ne tombe dans les bras de Morphée, il remarqua Alice, inconsciente, sur un lit un peu plus loin. Il se demanda ce qu'il lui était arrivé pour qu'elle se retrouve alitée.
Chloé, quant à elle, avait eu le temps de remonter à son étage, de prendre une douche et d'aller voir Alice à l'infirmerie. Elle avait demandé à l'infirmière ce dont souffrait son amie. La rousse lui avait alors répondu qu'il n'y avait rien de grave, que c'était juste la première phase de l'éveil des pouvoir de la violette. La petite brune fut soulagée et se dit qu'elle ferait mieux de la laisser se reposer. Elle quitta les lieux et se rendit au réfectoire un peu en avance.
----------
Il passa en vitesse à la salle de bain pour se passer un peu d'eau sur le visage pour se réveiller ety croisa Lenka qui venait de se doucher. Il s'inclina en guise de salut, salut que lui rendit l'ainé d'un signe de tête.
-Tu es bien matinal, dis-donc. Lui glissa le Berserk.
-Je me suis endormi de bonne heure et j'ai besoin de peu de sommeil. Répondit simplement le plus jeune en faisant couler l'eau du robinet.
-Je vois. Pourquoi tu n'es pas intervenu hier ?
-Parce que ça ne me concernait pas. C'est lui qui a voulu jouer le caïd, j'y suis pour rien. C'est mon compagnon de chambre mais je le connais à peine. Chacun sa merde, j'ai envie de vous dire.
-Et bien... Je ne m'attendais pas à une réponse de ce genre-là. Et puis tu peux me tutoyer, je ne suis pas beaucoup plus vieux que toi.
-Comme tu veux. Et pour ma réponse... Je suis juste franc, je déteste l'hypocrisie.
-Intéressant. Termina le brun en finissant d'enfiler ses vêtements.
L'écarlate se décida à lui poser une question qui lui brulait les lèvres.
-Pourquoi on doit porter cet uniforme alors que vous portez des vêtements différents ?
-Je m'attendais à cette question. Il n'y a que ceux qui sont sortis de leur cycle d'apprentissage qui ont le droit de changer de tenue. Tant que vous serez des cadets, vous devrez vous contenter de ça. Si tu veux un jour pouvoir choisir ce que tu portes dépêche-toi de progresser.
-Je vois. Soupira le plus jeune. C'est une manière de nous rappeler la hiérarchie en gros.
-Tu peux voir ça comme ça, en effet.
Le brun s'apprêtait à sortir quand Alister le stoppa dans son élan par une dernière question.
-Dis-moi, Lenka, tu sais si je peux me faire couper les cheveux ici ?
L'ainé haussa les sourcils, surpris, mais décida de répondre.
-Va voir Maitre Musashi. Je pense qu'il acceptera.
-Qui ça ?
-Maitre Musashi, Mori comme on l'appelle, notre Ancien, celui qui vous a amenés ici.
-Je croyais que le doyen était Newton.
-C'est le cas, il faut bien que tu fasses la distinction entre notre doyen, Newton, qui est le chef suprême du sanctuaire, et notre Ancien, Mori, qui est le plus âgé parmi nous.
-Ah d'accord... Je vais faire attention. Et où puis-je trouver Mori ?
-A cette heure-ci... Sembla réfléchir le responsable de la discipline. Il doit se trouver près du jardin de bambou.
-Je vois, merci.
Ils se saluèrent rapidement et l'écarlate essaya de se souvenir comment se rendre à l'endroit voulu le temps de se laver. Il commença par déambuler au hasard en espérant trouver un point dont il se souviendrait. Il parvint, sans trop savoir comment, à retrouver la place centrale du sanctuaire où tout le monde s'était réuni pour les accueillir. Il fit marcher sa mémoire pour trouver le chemin à emprunter. Il eut beau essayer, il n'y parvint pas mais, par chance, il reconnut l'une des jeunes femmes qui leur avaient souhaité la bienvenue. Il se souvenait de son visage mais pas de son nom. Il savait que l'une d'entre elles s'appelait Camille mais ne connaissait pas l'identité de l'autre.
Camille avait la peau foncée et les yeux bleus tandis que la jeune fille qu'il voyait avait la peau pâle et les yeux violets. Elle portait un magnifique yukata fleuri rose maintenu en place par un large obi argenté, des tabis d'un blanc immaculé et des gettas. Ses longs cheveux roux étaient maintenus en place par un peigne doré qui semblait orné de pierres précieuses.
-Excusez-moi, mademoiselle. L'interpela-t-il.
-Lily. Corrigea-t-elle avec un sourire magnifique Je m'appelle Lily-Rose, mais tu peux m'appeler Lily.
-Lily. Répéta l'écarlate. Est-ce que tu sais par où je dois aller pour trouver le jardin de bambou ?
-Bien sûr, je m'y rendais justement. Tu n'as qu'à me suivre. Lui proposa-t-elle.
Il accepta avec un mouvement de tête et la suivit vers le lieu désigné. La rousse profita du chemin pour le détailler. De taille et de carrure moyenne, ce jeune homme ne lui paraissait pas très robuste mais elle savait qu'il ne fallait pas se fier au physique d'un enfant du météore, ils avaient tous des facultés hors du commun. Il sembla remarquer qu'elle le fixait du coin de l'œil puisqu'il se permit une remarque.
-C'est assez désagréable de se sentir fixé, même quand c'est par une aussi jolie demoiselle.
Elle fut prise de rougissement d'une part à cause du compliment, d'autre part parce qu'il l'avait remarquée en train de l'observer. Sentant son trouble, il voulut mettre fin au malaise.
-Si tu as le droit de porter ce que tu veux ça veut dire que tu as fini ton cycle, ça fait longtemps que tu es au sanctuaire ?
-J'y ai été amenée alors que j'avais sept ans. Répondit-elle, une pointe de regrets dans la voix.
-Tout ce temps passé ici... Je pense que j'en serais devenu fou... Plaisanta l'écarlate. Tu n'as jamais ressenti l'envie de partir ? Découvrir autre chose que l'intérieur du volcan ?
-Et pour aller où ? Où qu'on aille, les humains cherchent à nous tuer...
-Ta mutation n'est pas physique, tu pourrais très bien vivre normalement.
-Parce que tu connais beaucoup d'humains aux yeux violets toi ? Même si je ne suis pas de type physique, le gène laisse une marque. Regarde-toi, tu as les cheveux rouges.
Il ne put qu'acquiescer, sachant pertinemment qu'elle avait raison.
-Et comment tu es arrivée ici ? Lui demanda-t-il ensuite.
-De la même manière que vous tous, je pense. Mori est venu trouver ma famille et leur a expliqué que je portais le gène responsable de la mutation. Il a annoncé que s'ils voulaient que je sois en sécurité il fallait que je vienne ici. Ils ont tellement mal digéré la nouvelle qu'ils m'ont presque jetée dehors. Il me restait plus que deux options : venir ici ou tenter de survivre par moi-même. Le choix était vite fait. Et aujourd'hui ça fait quinze ans que je suis arrivée.
-Quinze ans... Tiens, juste à titre d'information, ça prend combien de temps pour finir le cycle d'apprentissage.
-Tout dépend du niveau que tu as en arrivant ici. Est-ce que tes pouvoirs se sont éveillés, est-ce que tu les maitrises correctement, est-ce que tu es capable de repérer un enfant du météore à proximité. Il y toutes ces questions à prendre en compte. Chez certains ça peut aller très vite, chez d'autres ça peut demander bien plus de temps. Il y a même eu des mutants qui sont restés cadets toute leur vie.
-Ceux qui n'ont pas vu leurs pouvoirs s'éveiller ?
-Ou ceux qui n'ont jamais pu les maitriser. Ou même ceux qui n'ont jamais pu ressentir la présence des autres.
-Très bien, je vois.
Sans qu'ils ne s'en rendent compte, leur discussion les avait menés vers leur destination. Ils aperçurent l'Ancien un peu plus loin, un arrosoir à la main. Ils s'approchèrent et s'inclinèrent de concert.
-Bien le bonjour, jeunes gens. Les salua le vieil homme. Même s'il encore tôt, ma foi. Quel bon vent vous amène.
-Pour ma part je venais chercher ces quelques plantes. Commença la rousse en lui tendant une liste.
-Je m'en vais te chercher ça. Lui assura-t-il en lisant la feuille qu'elle lui avait donnée. Et toi jeune homme ? En quoi puis-je t'être utile ?
-J'ai besoin de vos services pour ça. Répondit l'écarlate en étirant une mèche de ses cheveux.
-Je vois. Comprit le plus âgé. Attends-moi ici, je reviens.
Il laissa les jeunes patienter pendant qu'il partait cueillir les plantes dont avait besoin l'infirmière. Il revint quelques minutes plus tard avec quelques sachets en papier.
-Voilà pour toi, jeune fille. Lui dit-il gentiment en lui tendant sa commande.
Le jeune femme les prit avec le sourire et s'inclina en guise de salut. Elle tourna les talons et s'en alla. L'Ancien regarda ensuite l'écarlate. Il passa sa main dans sa barbe blanche et soupira.
-A nous, maintenant. Lança-t-il en s'approchant du cadet. Suis-moi.
Ils se rendirent dans une espèce de chalet qui semblait être en fait une sorte de petit appartement, sans doute celui du vieil homme. L'endroit était sobrement décoré mais le tout était harmonieux et une impression de plénitude se dégageait de l'endroit. Mori fit asseoir Alister sur un tabouret et se plaça derrière lui, une paire de ciseaux et un peigne à la main.
-Tu es vraiment sûr de toi ? Demanda le plus âgé. Il me semblait que tu tenais à tes cheveux.
-C'est le cas... Soupira l'écarlate. Mais je me dis qu'ils risquent de me gêner si je dois me battre.
Le vieil homme rit à cette constatation, lui-même était passé par là, et se mit au travail. Il y passa près de trois quarts d'heure mais le résultat fut impeccable. Le jeune mutant regarda son reflet et fut satisfait. Sa chevelure n'était plus une cascade raide mais était bien plus ordonnée. Ses cheveux étaient plus courts et ébouriffés. Il hocha la tête vers le miroir et s'inclina vers son ainé en signe de remerciement avant de s'en aller.
Il lui restait presqu'une heure avant le petit déjeuner. Ne sachant pas quoi faire d'autre, il décida de retourner à sa chambre. Il croisa un groupe de cadets qui étaient au sanctuaire depuis plus longtemps que lui. Il ne prêta pas attention à eux et passa son chemin.
Ne supportant pas d'être ignoré par un bleu, l'un d'entre eux lui attrapa le haut de la manche. L'écarlate tourna lentement la tête vers lui et fixa son regard émeraude dans les onyx de l'autre. Il posa sa main sur celle de son agresseur d'un air menaçant et la serra lentement.
-Retire ta main tout de suite. Ordonna-t-il d'une voix monocorde qui en fit déglutir plus d'un.
Le plus vieux fut pris d'une peur bleue et sentit une douleur lacérante autour de sa main. Il commença à transpirer à grosses gouttes. Il fut contraint de faire ce qu'Alister lui demandait, préférant ne pas risquer plus.
L'incident clos, le plus jeune reprit sa route. Ce qu'il ignorait était que la scène n'avait pas échappé à l'œil du chargé de discipline. Celui-ci fut surpris de la tournure de la situation et de son dénouement, connaissant le tempérament du cadet inconnu. Il se demanda comment diable Alister avait pu se débarrasser de lui aussi facilement. Il avait bien senti l'ambiance changer quand le plus jeune avait pris la parole mais il devait y avoir autre chose.
Arrivé à sa chambre, l'écarlate fut surpris que la porte ne soit pas verrouillée, il était pourtant sûr de l'avoir fait. Il se tint sur ses gardes et entra. Il fut soulagé de voir que le coupable n'était autre que Noah, revenu de l'infirmerie. Il fut malgré tout surpris de le voir déjà ici, se rappelant dans quel état Lenka l'avait mis la veille.
-Yo ! Lança gaiement le blond.
Pour toute réponse, il hocha simplement la tête.
-Toujours aussi bavard. Constata ironiquement le blessé. Tiens, tu t'es fait couper les cheveux ? Remarqua-t-il
-Plus pratique.
-Plus pratique pour ?
-Grâce à toi j'ai remarqué qu'on risque de se battre souvent, les cheveux longs c'est pas pratique.
Comprenant, le manipulateur de glace acquiesça.
-Mais dis-moi, c'est prudent de sortir de l'infirmerie ce matin ? Lui demanda le premier. Vu ton état hier...
-J'avoue que Lenka y est allé super fort, la vache. J'ai l'impression d'avoir fait la bise à un train... Il m'a au moins cassé deux côtes ce malade... Mais heureusement l'infirmière est une vraie déesse... Elle a fait des miracles, si tu savais... Et son sourire...
-Lily-Rose. Glissa subitement son colocataire.
-Quoi ?
-Elle s'appelle Lily-Rose, et elle est trop vieille pour toi. Plaisanta l'écarlate.
-Et comment tu sais ça toi ?!
-Je l'ai croisée ce matin, on a parlé un peu.
Le blond fut jaloux et bouda. Il se coucha sur son lit et grimaça. Ses côtes n'étaient pas totalement ressoudées et il avait bougé un peu trop vite. Il fixa le plafond un moment et fut surpris du silence dans la pièce. Il tourna la tête vers son interlocuteur et le vit en tailleur, les yeux fermés : il semblait en pleine méditation. Ce qu'il ignorait était qu'en vérité, il s'exerçait à repérer les mutants proches de lui.
Le temps passa rapidement et l'heure du petit-déjeuner arriva. Noah se releva tandis qu'Alister ouvrit les yeux. Ils échangèrent un regard et se mirent en route vers le réfectoire. Ils s'installèrent à une table tous les deux. L'écarlate fut surpris que son colocataire le suive à une table reculée mais ne dit rien. Ils prirent leur petit-déjeuner sans échanger un mot, l'un préférant le silence pendant ce moment, l'autre ne sachant pas quoi dire pour lancer une conversation.
Etant arrivés dans les premiers, ils furent dans les premiers à sortir. Ils savaient qu'ils devaient être au centre du sanctuaire avant huit heures trente, il leur restait une heure. Ils retournèrent à leur chambre, le manipulateur de glace désirant prendre une douche. Il prit son uniforme dans l'armoire et remarqua les vieux vêtements du plus âgé des deux.
-Tu comptes faire quoi de ce vieux tas de loques ? Lui demanda-t-il en les pointant du doigt.
-« Ce vieux tas de loques », comme tu dis, est tout ce qu'il me reste de ma vie à l'extérieur. Je sais pas si ça a un sens pour toi mais je ne compte pas m'en débarrasser. D'ailleurs tu fais bien de m'en parler, il faut que j'aille les laver.
-Personnellement je pense qu'on doit faire un trait sur nos vies passées, notre présent et notre avenir c'est le sanctuaire, désormais. Alors je compte me débarrasser de tout ce qui me rattache à ma vie d'avant. Rétorqua le blond avant de passer la porte.
L'écarlate, quant à lui, attrapa ses vieux vêtements dans l'armoire, les mis dans un sac et sortit. Il remarqua la clé de son colocataire sur sa table de chevet et la prit au passage. Il fit un crochet par la salle de bain pour l'amener à son propriétaire, non sans lui rappeler qu'il devait toujours l'avoir sur lui car la porte devait être verrouillée, et quitta le bâtiment. Sur le pas de la porte, il chercha la laverie. Il se souvint de sa visite guidée brève de la veille et entama sa marche. Il fut soulagé de voir que même ici, dans un sanctuaire dirigé par des moines, la lessive était assurée par des machines à laver. Il en chercha une non occupée et y plaça ses quelques habits. Il attendit que le cycle soit terminé et passa au sèche-linge. Peu après, il était de retour dans sa chambre. Le blond était, sans surprise, allongé et fixait le plafond. Il lui tapa sur l'épaule et pointa l'horloge du doigt, ils devaient être au centre du sanctuaire dix minutes plus tard.
Ils se mirent en route immédiatement, rejoignant les autres cadets déjà en chemin. Tous étaient parfaitement ordonnés et disciplinés, trop pour le jeune manipulateur de glace qui eut une idée pour se divertir. Il joignit donc les mains et fronça les sourcils. La température, déjà proche du 293 Kelvin, chuta légèrement. De fins flocons de neige firent leur apparition autour du jeune mutant et le sol se couvrit d'une fine pellicule de glace. Fine mais suffisante pour faire perdre leur équilibre à quelques cadets inattentifs. Certains parvinrent à se redresser mais tous n'eurent pas cette chance et quelques un tombèrent à la renverse, provoquant un effet de domino.
L'écarlate soupira devant cette preuve de maturité chez son colocataire. Il secoua la tête de dépit et lui donna un coup sur l'arrière du crâne.
-T'es fier de ta connerie ? Lui demanda-t-il sur un ton de reproche.
-Assez, ouais. Répondit insolemment le plus jeune. J'suis assez satisfait du domino.
Un raclement de gorge se fit entendre derrière eux. Ils tournèrent la tête et firent face à Lenka, pas franchement enchanté d'avoir à nouveau affaire à ce jeune abruti.
-On dirait que ça ne t'a pas suffi, hier. Lâcha-t-il au blond en faisant craquer ses phalanges.
-Bah non, tu vois, j'me disais justement qu'il fallait que je prenne ma revanche. Répondit-il sur le même ton que précédemment.
L'instant d'après, les quelques cadets sur les lieux eurent tout le plaisir de voir Noah faire son deuxième vol plané. Il termina sa course contre... Contre rien... Il ouvrit difficilement les yeux à cause de la douleur du coup mais se demandant surtout comment il avait pu s'arrêter sans impact. Il constata qu'il flottait dans les airs, à un peu plus d'un mètre du sol. Il tourna la tête et croisa le regard le plus effrayant qu'il ait jamais vu. Camille Dragoon se tenait devant lui, un bras tendu, paume de la main vers lui, une expression glaciale peinte sur le visage.
-Je vous avais prévenus... Souffla-t-elle froidement, sourcils froncés au maximum. Je suis la dernière personne que vous voudriez trouver sur votre chemin. Je ne pensais pas qu'un cadet aurait des envies de suicide aussi tôt pendant son séjour...
Elle balança sèchement son bras vers la droite et le pauvre Noah fut comme catapulté dans la même direction. Il serait mort en s'écrasant contre un rocher si une sorte de buisson n'était pas sorti du sol par on ne sait quel moyen. Surprise de ne pas entendre de fracas ni de cri de douleur, Camille tourna les yeux vers le jeune garçon qu'elle avait propulsé à une vitesse hors du commun. Elle fut surprise de voir cette espèce de végétal et tourna vivement la tête pour en trouver le responsable. Ce fut maitre Musashi qu'elle aperçut, le bras levé et le bâton à l'horizontale.
-Mori ! Vociféra-t-elle. De quoi tu te mêles ?!
Le vieil homme, visiblement peu enchanté de se faire rappeler à l'ordre par une femme qui n'avait pas le quart de son âge, inclina légèrement la tête, fronçant les sourcils, et la regarda droit dans les yeux.
-Peux-tu me dire à qui tu parles sur ce ton, Camille ? Fit froidement sa voix habituellement douce et calme. Dois-je te rappeler où est ta place ? Trancha-t-il alors qu'un lierre grimpait sur la brune et commençait à l'étrangler.
Tous déglutirent devant cet échange et certains se demandèrent même quel était le niveau de ce papi pour qu'il fasse pousser une plante sans même faire le moindre mouvement. Camille, quant à elle, commençait à suffoquer, le vieil homme ne faisait pas semblant. Elle allait s'évanouir par manque d'oxygène quand une immense pression se fit sentir aux alentours. Tous, sans exception, s'écroulèrent face à cette force écrasante. Newton venait de faire son apparition. Il était, comme à son habitude, droit et fier, les bras croisés. Mais il avait les yeux ouverts, signe qu'il était mécontent. Sa voix puissante retentit sur le lieu de l'affrontement où le silence régnait désormais.
-Suis-je donc en plein rêve éveillé, pour voir des ainés se battre entre eux devant des cadets, tout cela avant même le salut matinal ? Demanda-t-il glacialement. Dois-je prendre des mesures correctives ou m'assurez-vous que ce genre d'incident ne se reproduira plus ?
Les deux ainés hochèrent difficilement la tête, la pression envoyée par le doyen leur était insupportable. Il sembla satisfait de cette réponse car ladite pression s'estompa. Il continua sa route en silence, les yeux à nouveau fermés, se rendant sur son estrade.
Camille et Musashi se relevèrent péniblement et se toisèrent du regard. L'échange n'alla cependant pas plus loin par peur des représailles du maitre du sanctuaire. Les cadets eurent encore plus de mal à tenir à nouveau sur leurs jambes, bien moins aptes à supporter une telle force, certains en avaient même perdu connaissance. Alister et Lenka allèrent relever Noah, toujours dans son buisson : la puissance du doyen, ajoutée au coup du Berserk un instant plus tôt, l'avait laissé dans un piteux état. L'écarlate se permit malgré tout de le sermonner.
-Tu vois où on en est à cause de tes gamineries ?! Articula-t-il avec peine, tout juste remis.
Le blond, sachant qu'il avait raison, baissa la tête.
-Le score est donc de deux à zéro. Souffla le plus âgé des trois. On fera la revanche un autre jour, à un moment prévu pour ça. Et sans Camille dans les parages, parce que la prochaine fois que tu la croiseras... Elle te tuera.
-Cette nana... Soupira le blond. C'est une psychopathe... Qui a cru bon de la ramener ici ?
-C'est Mori. Comme pour la quasi-totalité des enfants du météore du sanctuaire. Pour deux bonnes raisons. La première, c'est la même que pour nous tous : les humains veulent notre mort. La deuxième tu viens de la découvrir : Camille est... Légèrement dangereuse. Certes les humains n'auraient jamais réussi à avoir sa tête mais avec elle en liberté tous ceux qui auraient croisé sa route seraient morts...
-Légèrement ? Lâcha le blond, trouvant le mot un peu de trop dans la phrase du responsable de la discipline. C'est une plaisanterie...
Le seul qui resta en dehors de la conversation à propos de l'ainée fut Alister, préférant écouter. Lenka se rappela soudain qu'il avait frappé le plus jeune à deux reprises, d'un jour au lendemain. Il se dit qu'il allait encore se faire remonter les bretelles par Lily-Rose mais conseilla au manipulateur de glace d'aller la voir après la cérémonie du salut, qu'elle y serait de toute façon et que l'infirmerie serait donc fermée.
Ils se rendirent ensuite tous à ladite cérémonie. Le doyen était déjà sur son estrade, entouré des ainés. Il attendit que le Berserk monte à son tour et sa voix tonna au centre du sanctuaire.
-Saluez ! Ordonna-t-il.
-Rei ! Lui répondirent tous les cadets d'une seule voix en s'inclinant.
Il s'inclina en retour et tourna les talons. Tous les cadets formèrent des groupes et chacun de ces groupes se mit en marche vers une destination précise, sachant tous où ils devaient aller. Les seuls à rester sur place furent les bleus, les derniers arrivants. Ils faisaient à présent face à trois de leurs ainés : maitre Musashi, Lenka et Camille. Ce fut le vieux Musashi qui prit la parole.
-Nous allons vous faire passer un petit test puis nous vous répartirons en trois groupes. Le test est simple : à l'appel de votre nom vous monterez sur l'estrade et vous joindrez vos mains aux nôtres, vous comprendrez plus tard le but de cette manœuvre.
Comme prévu, chacun passa à son tour sur l'estrade. Noah se retrouva dans le groupe du vieux Musashi, Alister dans celui de Camille et la petite Chloé se retrouva avec Lenka. Lenka qui rappela aux deux autres aînés qu'il manquait Alice et qu'elle allait devoir passer le test un peu plus tard. Musashi reprit ensuite la parole.
-Bien, comme vous avez sans doute pu le constater, vous avez réagi au contact avec la personne derrière laquelle vous êtes. Ce n'est pas un hasard, cela veut dire que vos pouvoirs sont du même type.
-Si vous êtes dans mon groupe c'est que vos pouvoirs sont ou seront de type P, pour physique. Continua Lenka. C'est-à-dire qu'ils affectent ou affecteront votre apparence.
Chloé paniqua à cette phrase. Elle qui n'était qu'une adolescente ne voulait pas se transformer en un mutant hideux ou en n'importe quel être repoussant, elle voulait rester jolie.
-Si vous êtes dans le mien, c'est que vos pouvoirs sont de type N, pour Nature. Reprit l'Ancien. C'est-à-dire que vous avez la capacité de contrôler les éléments.
Noah se réjouit à cette explication. Il avait de la chance de manipuler la glace. Il aurait vendu père et mère pour ne pas se retrouver dans le groupe de la psychopathe qu'était Camille.
-Si vous êtes dans le mien, petits veinards, c'est que vos pouvoirs sont de type E, pour extra-sensoriel. Termina la brune. Et sachez que pour beaucoup de mutants, ces pouvoirs sont les plus puissants et les plus redoutables.
Le blond regarda alors son colocataire. Il savait donc au moins une chose à propos des pouvoirs de l'écarlate, ils étaient de type E. Il ne savait pas grand-chose à ce sujet mais une femme qui avait failli le tuer d'un simple mouvement de bras avait des pouvoirs de ce type et prétendait que ces pouvoirs étaient redoutables.
-A partir de maintenant, et pour les quatre prochaines semaines, tout ce que vous devrez faire le matin sera de prendre votre petit-déjeuner, de venir saluer le doyen et de former ces groupes. Informa le responsable de la discipline.
-Nous allons évaluer vos niveaux respectifs et nous tâcherons d'améliorer ce qui doit l'être. Compléta le plus vieux des aînés.
-Vous allez en baver et pleurer vos mères avant la fin du mois mais je garantis que d'ici là, vous aurez acquis les bases et rattrapé les autres cadets. Trancha la brune au teint halé.
Le programme étant fixé, les trois groupes se séparèrent, celui de Lenka se dirigeant vers le dojo du sanctuaire.
-Si vous êtes de type P vous devez d'abord entraîner votre corps. Leur expliqua le brun. Nous allons donc commencer par une séance de remise en forme puis nous attaquerons une période de préparation physique.
Ses cadets acquiescèrent d'un mouvement de tête et allèrent enfiler des tenues plus adaptées au sport que leur uniforme. Il les plaça par binômes de taille et de carrure équivalentes et leur énonça les exercices à faire. Ils s'exécutèrent sans rechigner quand il déclara le début de la séance. La grande majorité fut rapidement à bout de force. Ils n'avaient jamais transpiré autant, Lenka était un vrai tortionnaire. Il n'était pas spécialement stricte ou sévère mais il leur refaisait faire chaque exercice qui n'était pas correctement réalisé. La petite Chloé, contre toute attente, réussit à encaisser chaque minute de cet entrainement. Elle termina à bout de souffle mais toujours debout. Tremblante comme une feuille mais toujours debout. Elle essuyait la sueur sur son visage avec une serviette quand elle entendit des applaudissements à côté d'elle. Elle tourna la tête et aperçut son instructeur qui lui lançait un sourire.
-Félicitations, Mademoiselle. Commença-t-il. Rares sont les cadets capables d'encaisser mes séances d'entrainement. J'en suis impressionné.
-J'étais sportive d'assez haut niveau avant d'arriver au sanctuaire. Expliqua-t-elle en lui rendant son sourire.
-« Assez haut niveau » ?
-J'avais le niveau national en gymnastique. Avoua-t-elle.
-« Assez haut » en effet. Ironisa le Berserk.
Il fit soudain attention aux vêtements de la jeune fille et fut pris de rougissement. La tenue de sport qu'elle portait, déjà près du corps en temps normal, épousait parfaitement les courbes de son corps. Il détourna les yeux et réfréna un saignement de nez. La jeune brune ne comprit le malaise du brun que quand elle baissa les yeux. Le rouge lui monta également aux joues alors qu'elle se dit qu'elle était maudite. Pourquoi fallait-il qu'il soit dans les parages à chaque fois que sa tenue était embarrassante ? Le responsable de la discipline leur annonça la fin de la séance et leur signifia qu'ils pouvaient disposer, qu'ils se reverraient le lendemain. La petite brune s'empressa de retourner au dortoir pour aller prendre une douche. Elle fit un crochet par sa chambre pour prendre son nécessaire de toilette et fila à la salle de bain.
Du côté de maitre Musashi, les choses se passèrent vraiment différemment. Le vieil homme avait mené ses cadets dans le jardin de bambou et les avait faits se placer en demi-cercle devant lui et s'asseoir en tailleur. Il avait fait de même et avait placé son kongo-zue sur ses genoux.
-Jeunes gens. Commença-t-il en passant sa main dans sa barbe. Si vous êtes de type N, vous devez avant tout savoir que vos pouvoirs viennent de votre esprit. Pour les enfants du météore de type N tout passe par le mental. Alors même si pas peux vous surprendre ou vous ennuyer... Les prochaines semaines seront dédiées à la méditation.
-C'est une plaisanterie ?! S'insurgea Noah, pas très emballé par l'idée.
L'Ancien lui jeta un regard qui lui glaça le sang.
-Je te prierai de ne plus jamais hausser le ton en ce lieu. Lui ordonna-t-il en insistant sur le « jamais ». J'ai planté ce jardin pour que vous, les cadets, puissiez disposer d'un endroit calme où méditer.
-Oui maitre... Soupira le jeune manipulateur de glace.
L'incident clos, la séance de méditation put commencer. Le vieux maitre leur expliqua que l'objectif à atteindre au cours du mois à venir était de parvenir à atteindre le stade de la méditation transcendantale et de réussir visualiser le flux de leurs pouvoirs au sein même de leur esprit. Le jeune blond lui demanda comment ils pourraient savoir s'ils parvenaient au bon résultat et à quoi cela leur serait utile. Le vieil homme lui rendit évasivement qu'ils le sentiraient au plus profond d'eux quand ils parviendraient à visualiser ce flux et qu'ils verraient seulement par la suite à quoi cela pourrait leur servir. Les cadets durent se contenter de ces réponses, comprenant que leur maitre ne leur dirait rien de plus. Pour leur première séance de méditation, le vieux Mori ne s'attendait pas à ce qu'un des bleus parvienne à la méditation transcendantale mais fut malgré tout agréablement surpris de voir avec quelle facilité certains spécimens parvenaient à se couper du monde pour se concentrer.
Le troisième groupe, celui de Camille, fut guidé vers le bord d'une chute d'eau par la brune. Elle se tourna vers eux et les regarda d'un air supérieur avant de prendre la parole.
-Si vous êtes de type E il n'y a pas de secret ou de raccourci. Fit-elle sèchement. Vos pouvoirs viennent du dépassement de vos limites et de vos peurs. C'est pourquoi vous allez regretter d'être de ce type pendant votre apprentissage. Vous allez en baver, suer sang et eau, pleurer vos mères, regretter d'être venus au monde... Je suis même certaine que vous allez soit souhaiter votre mort soit souhaiter la mienne. Mais dites-vous bien une chose... Tous ceux qui seront encore en vie à la fin du mois seront devenus bien plus forts. Plus forts que les autres et même plus forts qu'eux-mêmes.
Le vent souffla plus fort suite à cette tirade, comme pour annoncer un mauvais présage. Certains, d'abord emballés d'être de type E, le furent beaucoup moins. Cette femme avait le don de vous glacer le sang d'une simple parole. La furie brune, après leur avoir laissé le temps de digérer l'information et d'angoisser, sentit qu'il était temps de commencer, ils avaient assez perdu de temps. Elle fit claquer sa langue sur son palais, signe d'agacement, et tapa le sol du pied, attirant l'attention de tous ses cadets inattentifs.
-Bon, alors ? C'est pour aujourd'hui ou pour demain ? Leur demanda-t-elle, au bord de la crise de nerfs.
-Il faudrait déjà que vous disiez ce qu'on est censé faire ! Rétorqua un cadet sur un ton de reproche.
L'ainée, fortement désenchantée par l'intervention intempestive de ce jeune insolent, fronça les sourcils. Tous surent que ce jeune impertinent allait passer un mauvais moment quand le visage de la brune se ferma. Elle leva subitement le bras droit vers lui, paume en avant et doigts écartés. Il paniqua en sentant qu'il était dès lors incapable de bouger. Sa panique ne fut que plus grande quand il vit un sourire sadique se dessiner sur les lèvres de sa supérieure.
-Si je t'ai amené sur le bord d'une cascade avant de te déballer mon monologue sur le dépassement de ses limites c'est pour quoi, à ton avis ? Lui demanda-t-elle froidement. Pour la frime ?
Elle ne lui laissa pas le temps d'articuler la moindre réponse et balança son bras vers la chute d'eau, pivotant tout son corps dans le même mouvement. Le jeune impoli fut propulsé dans le vide à une vitesse encore plus élevée que ne l'avait été Noah plus tôt dans la journée. Ayant senti que l'élan de sa rotation avait eu pour effet de relever le bas de sa qipao, elle se tourna vers le reste de ses cadets.
-Si vous l'avez vue, avancez d'un pas. Glissa-t-elle agressivement.
Certains se regardèrent, comprenant qu'elle parlait de sa petite culotte, d'autres rougirent, signe qu'ils l'avaient bel et bien vue. Ces derniers hésitèrent à obéir, se disant qu'ils allaient en subir les conséquences.
-Je vous jure que si vous ne vous dénoncez pas je vais vous atomiser. Les menaça-t-elle, les joues roses malgré tout.
Ceux qui avaient effectivement eu le loisir de voir les dessous de leur instructrice préférèrent obéir. La jeune femme semblait on ne peut plus sérieuse quand elle parlait de les tuer. Alister se trouvait parmi ceux-ci. Il était d'ailleurs le seul à s'être avancé dès le début, se disant qu'après avoir vu des dessous si... Beaux... Il pouvait de toute façon mourir heureux.
La brune fronça à nouveau les sourcils et tendit les deux mains vers le groupe, les décollant du sol par ce simple geste. Le rouge sur les joues toujours présent, diminuant sa crédibilité, elle reprit la parole.
-Faute avouée est à moitié pardonnée, dit-on... Lâcha-t-elle. Seulement à moitié.
Elle se tourna à nouveau vers le bord du vide, écarta les bras de chaque côté de son corps, les ramena sèchement droit devant et relâcha son contrôle sur ses cadets, les propulsant dans la même direction.
Ceux qui étaient encore sur la terre ferme eurent tout le loisir de profiter des hurlements de terreur de ceux qui chutaient. Ces derniers paniquaient à la vue à l'idée de s'écraser lamentablement au sol et gardaient les yeux fermement clos pour ne pas le voir se rapprocher. Seul l'écarlate et un adolescent avaient eu le courage de garder les yeux ouverts, ils avaient donc pu se rendre compte que la brune les avait catapultés au-dessus d'une sorte d'immense lac. A une certaine distance de l'eau, ces derniers réussirent à se redresser et prirent une posture pour plonger. Ils entrèrent ainsi dans l'eau sans trop de douleur, contrairement à tous les autres cadets que leur instructrice avait jetés dans le vide.
Parmi les cadets n'ayant pas été envoyés faire leur « baptême de l'air », certains choisirent de sauter par eux-mêmes, ne voulant pas avoir à subir la colère de leur ainée. Le reste dut se faire aider par la brune, ne trouvant pas le courage de sauter le pas.
Ce petit manège dura jusqu'à ce que tous les bleus de type E soient dans l'eau. Quand le dernier fut catapulté, Camille sauta à son tour. Elle enchaina gracieusement les figures aériennes avant de se stabiliser à un mètre au-dessus de la surface du lac. Elle rejoignit lentement ses disciples en lévitant et les regarda tour à tour.
-J'aimerais féliciter certains d'entre vous. Commença-t-elle, semblant plus douce. A tous ceux qui ont eu le courage de s'avancer lorsque je vous l'ai demandé et à tous ceux qui l'ont eu de sauter dans le vide je dis bravo. Vous avez ce qu'il faut en vous pour devenir très forts. Il faut que vous sachiez qu'aussi bien moi que notre doyen... Tous les cadets de type E sont passés par l'exercice de la cascade. Leur avoua-t-elle. Aux autres... Reprit-elle, de nouveau froide et effrayante. Je vous préviens que vous allez morfler... Acheva-t-elle.
Cette première matinée d'entrainement s'acheva donc, laissant l'après-midi aux cadets de chaque groupe pour se reposer et se remettre de leurs émotions. Quand Alister retrouva sa chambre, il vit sur l'horloge qu'il lui restait à peine dix minutes pour se rendre au réfectoire. Il laissa tomber son idée d'aller prendre une douche et dut se résoudre à aller déjeuner avec un uniforme trempé.
Noah était rentré un peu plus tôt de sa séance de méditation et s'était rendu à l'infirmerie. Lily-Rose l'avait fait s'asseoir sur un lit et prendre une décoction de plantes médicinales pour atténuer la douleur due à ses côtes. Elle l'ausculta ensuite pour déterminer si son état s'était aggravé. Elle se demanda comment il faisait pour tenir debout dans l'état dans lequel il était. Ses deux côtes fêlées s'étaient finalement cassées au deuxième coup de Lenka plus tôt dans la matinée. Elle le fit donc s'allonger et lui fit prendre un cachet pour qu'il dorme. Avant qu'il ne tombe dans les bras de Morphée, il remarqua Alice, inconsciente, sur un lit un peu plus loin. Il se demanda ce qu'il lui était arrivé pour qu'elle se retrouve alitée.
Chloé, quant à elle, avait eu le temps de remonter à son étage, de prendre une douche et d'aller voir Alice à l'infirmerie. Elle avait demandé à l'infirmière ce dont souffrait son amie. La rousse lui avait alors répondu qu'il n'y avait rien de grave, que c'était juste la première phase de l'éveil des pouvoir de la violette. La petite brune fut soulagée et se dit qu'elle ferait mieux de la laisser se reposer. Elle quitta les lieux et se rendit au réfectoire un peu en avance.
----------
Коментарі