Foule, bruit, piétinement roulement.

Le petit oiseau ne sait plus où mettre ses palmes, en guise en patte, pour marcher. Les grands ne le voient pas, ils sont beaucoup trop axés sur leur lapin en peluche numérique à liker, regarder les derniers tweets et à s’observer de manière narcissique avec des filtre au risque de lui marcher dessus

C’est comme ça que des accidents peuvent arriver. Et que des âmes viennent rejoindre leurs proches là-haut.

Avec sa pancarte il ne vient les prévenir qu’au dernier moment de sa présence, en les cognant ce qui les font sortir de leur bulle d’insécurité. Il ne cancane pas, il est poli et sait pertinemment que son cri casse les oreilles. Mais ne pourrait-il pas leur rendre la monnaie de leur pièce en les dérangeant eux aussi ?

Il est beaucoup trop gentil pour le faire.

Le petit canard décide de se déporter de la foule pour avoir plus de place afin de gambader. Son but étant d’atteindre le parc qui se trouve de l’autre bout de la ville en évitant de se retrouver en crêpe.

Mais en se déportant il se retrouve sur la route. Qu’est-ce qu’il aimerait être humain.

Une lumière blanche l’éblouit, il s’arrête afin de la contempler. Non il s’arrête car cette lumière lui fait mal. Cette énergie prend partiellement une forme humaine et atténue sa puissance pour que le canard puisse poser ses yeux sur elle. De long cheveux flottent au vent en direction du canard.

Mais il ne sent aucun vent, aucun courant d’air qui puisse expliquer cela.

« Il est encore trop tôt mon poussin. Que ton vœu soit exaucé. »

Il ne comprend pas pourquoi elle dit ça, mais au moment où elle termine sa phrase une puissante lumière l’éblouit avant qu’il ne sombre dans les ténèbres.

Il ne sent plus rien, il ne peut plus bouger, comme si son corps est sous anesthésie générale. Il ne sait pas ce qui lui arrive, ni s’il est toujours en ville. Pourquoi serait-il ailleurs ? En tout cas il est toujours vivant étant donné qu’il pense. Mais pouvons nous penser en étant mort ? Cela ne serait pas logique selon lui.

« Monsieur ? »

Cette voix lui semble si lointaine, tellement que la voix est faible. Puis elle appelle à nouveau et cette fois-ci il la distingue parfaitement. Puis il sent enfin quelque chose. On le pousse, on le secoue plus précisément. Ses paupières vacillent mais il les garde fermés car le soleil vient d’agresser ses yeux.

« Je crois qu’il est vivant.

-Nan jure, c’est pas comme si ses yeux avaient bougé.

-Ferme ta gueule et aide nous plutôt »

Son, corps est en train d’être bougé dans une autre position. Il sent qu’un coté est plus appuyé sur le sol que l’autre. Il réfléchit quand il bute sur un mot.

« On m’a… appelé monsieur ? »

Les paroles font échos dans sa tête, alors qu’il ouvre grands les yeux. La lumière de soleil lui fait vivement regretter cette décision. Il crie de douleur, retombe sur son dos et pose ses bras sur ses yeux par réflexes

« Tu lui a fait mal !

-Tema sa position c’est aux yeux qu’il a mal !

-Mais taisez vous, vous deux ! Vous ne l’aidez pas, il a besoin de calme. »

Trois voix distinctes, donc l’une lui parait nettement plus sympa. Il s’agit de la dernière.

Après que cette douleur s’est calmée, il enlève ses bras et ouvre les yeux de manières à ce qu’ils s’habituent de la forte luminosité. Il remarque qu’il est toujours habillé de la même manière, il en est soulagé.

« Vous allez bien monsieur ? »

Il regarde d’abord ses mains, avec un étonnement qui parcourt son corps, avant de tourner la tête vers la personne qui lui a parlé.

« Je… Oui je vais bien »

Il ne paraît pas très sûr de lui. Il… Il est perdu. Ses belles plumes ont disparu. Tout ce qui l’importe pour l’instant est de savoir qui il est et à quoi il ressemble.

Est-ce que c’est vraiment la réalité ? Est-il en train de dormir ? C’est scientifiquement impossible cet évènement et le surnaturel n’existe pas ! Il est sûr d’être réveillé mais il a un sacré doute d’un coup.

Cela doit être un rêve.

Il se relève sans douleur et se commence à chercher du regard une vitrine de magasin où il peut se constater

« Vous cherchez quoi monsieur ? »

Toujours la même personne qui lui parle. Il se tourne vers cette personne et lui répond

« Un miroir, une vitrine de magasin. Pour voir…

-Oh attendez ! »

Il n’a pas eu le temps de terminer sa phrase que la personne lui a répondu et lui tend aussitôt son téléphone portable. Cette personne lui à mis son appareil photo en mode selfie.

Il se trouve joli

Il a un teint pâle qui se marrie parfaitement à ses cheveux blancs. Seuls ses yeux bruns font tâches dans cette harmonie glacée. Mais on y retrouve un certain côté plaisant dans cette apparence, comme celle d’une mignonne créature aux plumes blanches.

Il apprécie son apparence, surtout son petit épi. Il aime beaucoup son rêve, comptant bien apprécier chaque seconde qu’il peut s’écouler.

« Vous savez vous n’avez pas…

-Je n’ai rien ! Super ! »

À son tour de lui couper la parole.

« Il vous est arrivé quoi ? Il serait peut-être mieux d’aller chez le médecin ? On vous a pas remarqué traverser la route et pouf vous étiez là par terre, près du trottoir ! »

-Pas la peine ! Je suis en pleine forme ! »

La personne avec qui il parle ne semble pas très convaincue. Ses amis insistent pour le laisser tranquille, il a vraiment l’air de se porter bien vu son énergie.

« D’ailleurs drôle de pancarte ! »

Il sourit grandement

« Et oui mes amis ! Mes amis m’appellent Mister Free Hug ! Car j’aime beaucoup étreindre les personnes quelles qu’elles soient. Donc si vous avez besoin d’un câlin, vous savez qui appeler ! »

Le trio rigole face à la joie et l’humour débordant du jeune homme.

« Et toi mon ami comment t’appelles-tu ?

-Axis, et derrière moi Edouard et Caliel. »

Les deux concernés saluent Mister Free Hug de leur manière. Ce dernier sourit grandement

« Pour vous remercier de votre attention je vous offre un câlin doublement gratuit ! Vous en voulez un ? Ou même deux ? »

Edouard et Caliel refuse mais Axis rigole et se laisse porter au jeu encouragé par ses deux amis. Après tout pourquoi pas ? Mister Free Hug ouvre grand ses bras tandis que Axis vient s’y blottir et le serrer. Il referme son étreinte sur son nouvel ami et le câline doucement mais joyeusement.

Caliel filme la scène en rigolant tout en faisant des commentaires, ce qui ne laisse pas Axis et Mister Free Hug insensibles. Ils rigolent alors qu’une personne vient les interrompre.

« -Excusez moi, vous n’auriez pas un sachet ?

-Pour faire quoi ? Demande Axis

-C’est pour débarrasser la route de quelque chose. »

La personne ne semble pas très à l’aise en disant cela. Axis regarde devant et voit une petite foule se trouvant près d’une voiture. Axis regarde les autres, puis comme s’ils avaient compris se dirigent ensemble vers ce troupeau.

« Je vous déconseille d’y aller ! »

L’inconnu n’est pas pris au sérieux par le quatuor qui se hâte vers la fameuse voiture. Ils arrivent à se faire une place et parviennent à apercevoir ce qui attire tant de gens. Mais ils ne s’attendaient pas à cela…

« Il te ressemble, chuchote Axis à Mister Free Hug, surtout au niveau de la veste. »

En effet, devant la voiture le corps un canard aux plumes rouges, le bec cassé et des boyaux à l’air. La veste qu’il portait est déchirée, les taches de sang tentent de complètement cacher la couleur verte de l’habit, tandis qu’un objet fin à coté de lui est immaculé de sang.

Mister se sent mal face à cette vue. C’est son corps, son corps de canard, il en est sûr et certain. Mais pourtant il est là debout, mais humain. Certaines personnes lui adressent des condoléances en pensant que c’était son animal de compagnie du au même vêtement qu’ils portent.

Axis lui tapote l’épaule alors qu’une larme, puis deux, coulent sur le visage de son nouvel ami, puis lui fait aussi un câlin voyant sa détresse finissant aussi par être contaminé d’une cascade de pleur. Axis ne connaissait pas ce canard, mais aurait bien voulu lui faire un câlin sentant au plus profond de son être qu’il que cela lui aurait fait plaisir.

Perdu et désorienté.

Que doit-il à présent penser ?

Est-ce qu’il n’a jamais été un canard, où est-ce qu’il était bel et bien ce canard ? Cette silhouette lumineuse était alors bel et bien réelle ? Pourtant il était sûr d’avoir été encore un canard lorsqu’il l’avait aperçu.

« Il est encore trop tôt mon poussin. Que ton vœu soit exaucé. »

Elle lui a exaucé son vœu. Mais alors, il était déjà mort à ce moment-là ? Il n’a pourtant aucun souvenir de cet accident !

Tremblant et encore plus pâle qu’avant, Mister Free Hug tourne la tête vers la gauche et voit Caliel le regarder. Ses yeux sont fixés sur lui et il semble ailleurs. Il tourne la tête et voit Edouard, la tête baissée, les yeux dirigés vers lui avec un sourire pervers gravé sur le visage.

Il regarde à nouveau Caliel qui le regarde d’un air suppliant. Il tourne à nouveau la tête vers Edouard dont la tête est orientée vers lui, les yeux qui établissent un contact avec les siens. Son sourire est toujours le même, il s’est d’ailleurs agrandi.

Mais que se passe-t-il ?

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