Lukas:
Ma cigarette entre mon majeur et mon index, je regarde par le balcon de ma chambre, le soleil devant moi, il est fatigué, tout comme moi. Sauf que lui s'en va, et que moi je reste à la même place, ici, planté, à regarder vers l'horizon. Les fils électriques s'étendent et partent d'un poteau vers l'autre, reliant des centaines de mètres entre eux, la ville est grande, mais les fils la relient. Quelques oiseaux viennent s'y poser, ils sont aussi silencieux que moi depuis mon arrivée ici. L'image de la blonde hante encore ma tête, ce boulet ouais... Elle a failli me faire tomber tout à l'heure !!
Ouais mais t'arrêtes avec ça. T'es bien plus fort qu'elle. C'est pas ça qui va te faire tomber, Lukas.
Toi la conscience arrête ! Cette princesse pompons m'est rentrée dedans comme le boulet qu'elle est ! J'arrive pas a y croire ! et en plus elle en rajoute ! "Je les mets où je veux mes pieds ! et la courtoisie avec une fille ne t'a jamais été apprise, je me trompe ?" gna gna gna ! et puis quoi encore ?
Je jette ma cigarette et l'écrase du bout de ma converse. Je fourre mes mains dans les poches de mon jean. Je suis paumé en vrai. Y'a rien à foutre. Au moins à Detroit, j'aurai pu aller m'éclater chez Jim, ou je ne sais quelle conneries je serais allé faire. J'entends la porte d'en bas s'ouvrir, des voix s'en suivent, la voix de... Caroline se propage dans la maison, sa voix me glace le sang au bon sens du terme, je sens la froideur se propager tout au long de mon corps, mes pieds commencent a trembler, et mon cerveau ne voit qu'une chose, du noir. De la colère et du noir.
— Lukas ! Descends bichon ! le dîner est prêt !
Les mots de Valentýna viennent s'introduire dans mes oreilles, je mets au moins 5 minutes à analyser ce qu'elle venait de dire. J'entends par la suite des pas montant les marches. La porte de la chambre s'entrouvre laissant se dessiner devant moi la silhouette de Valentýna :
— Bichon ? Tout va bien ? Tu ne descends pas manger ?
— Euh... Si si j'arrive !
Je suis Valentýna dans le couloir et descends les marches, mes yeux croisent les siens, en plein dans le mil. Je la fusille du regard, en gonflant mes narines.Je passe devant elle sans pour autant la regarder une seconde fois, Valentýna m'invite à m'asseoir à table, elle s'assoit loin de moi, un homme qui faisait quarante ans ou plus accompagnait ma génitrice. Il se joint à nous.
— Ah ! Alors c'est toi le fameux Lukas ?
Cet homme ne m'inspire aucune confiance. Costume, cravate, mocassins, barbe rasée... Ah, ces cons de chefs d'entreprises...
— Ouais, lui-même.
— Je suis Franck, le futur mari de Caroline.
— Elle est pas un peu vieille pour se marier à cet âge, non ? me moquai-je.
— Lukas ! Me sermonna Valentýna.
Caroline baisse la tête sur son assiette. Super je n'ai pas envie de voir les deux billes qui lui servent d'yeux.
— Non, reprit Franck. Je l'aime, et il n'y a pas d'âge pour aimer. Dit-il d'un air digne.
— T'étais bon en philosophie à l'école toi. Dis-je en le taquinant.
Valentýna Arrive avec un plat entre les mains, elle le pose sur la table et nous sert tous, les uns après les autres, une chaise est vide...
— Lindsay n'est pas là ? demande ma génitrice.
— Non, répond Valentýna. Elle est sortie avec ses amies... Cela fait bien trop longtemps qu'elle est à la maison, son amie lui a demandé de sortir reprendre des couleurs.
— La pauvre... Elle n'a vraiment pas de chance cette petite... Soupire Caroline.
— Elle a de la chance de t'avoir, ma chérie. La console Franck en lui caressant le dos.
Je mange devant ce spectacle nauséabond, "ma chérie"... Qu'il est con.
Je me lève et quitte la salle en laissant mon assiette à moitié remplie.
— Lukas ! Tu n'as rien mangé voyons ! Dit Valentýna.
— J'ai pas faim. Dis je en me retournant.
Je monte dans ma chambre. Une fois à l'intérieur, j'enlève mon haut, et mon pantalon, je mets un short et me jette sur mon lit.
Je regarde mon portable et regarde que j'ai un appel manqué de papa... Je décide alors de le rappeler. Les tonalités retentissent au fin fond de ma tête, il finit par décrocher :
— Allô ? Lukas ? Dit-il d'une voix cassée.
— Papa... Dis-je d'une voix triste. Tu vas bien ?
— Oui fiston, desolé de ne pas t'avoir appelé plus tôt tu es bien arrivé ?
Il ne le sentait pas, mais j'avais envie de pleurer.
— O...Oui papa...
— Et... Comment va... Caro ?
— J'sais pas, et j'ai pas envie de le savoir.
— Fiston...
— Bon, j'suis bien arrivé, t'es content ? tu peux dormir tranquille. Ciao.
— Lukas !
Je raccroche. Comment va Caro... Il l'aime encore et ça me fout la rage ! Je pose mon portable sur la table de nuit, et me mets sous les oreillers, oui je dors la tête sous l'oreiller et alors ? La voix de la princesse pompon trotte dans ma tête, je me souviens de sa petite frimousse tout à l'heure, on aurait dit un lapin énervé. Je rigole en me souvenant de cette gueule d'ange, avant de m'endormir.
à suivre ...