Emma se rappelait le temps où elle et Alhéna avaient étaient amies.

Avaient-elles étaient amies ? Emma n'en était pas sûr. Non, elle n'étaient pas amies. Elles se comprenaient. Où tout du moins, Alhéna comprenait Emma.

Emma avait débarqué dans la vie d'Alhéna un peu par hasard. Il avait suffi d'un regard hésitant, un sourire rassurant, un repas partagé, et le tour était joué.

À cette époque, Emma était en train de couler. Ses nuages d'encre l'avaient entraînée dans les flots du désespoir.

C'est à ce moment qu'Alhéna était apparue, semblable à une bouée venue la sauver.

Emma avait étalé son corps et son âmes meurtris sur cette bouée  inespérée. Alhéna l'avait écoutée, réconfortée et Emma avait commencé à recracher l'eau de ses poumons.

Emma tenait bon sur sa bouée de fortune malgré les flots qui menaçaient de la rattraper. Cependant, grâce à Alhéna, elle avait pu à nouveau respirer un air plus pur.

Emma aimait vraiment Alhéna et elle était devenue un peu comme une drogue. Emma avait finit par avoir peur de se jeter à l'eau pour essayer de nager. Elle avait finit par préférer la facilité, se reposer sur sa bouée, s'appuyer sur Alhéna.

Emma était devenue dépendante d'Alhéna. Elle ne pensait plus qu'à elle, ne vivait que pour elle.

Seulement, Alhéna avait commencé à fatiguer, à étouffer. Emma l'entrainait avec elle dans ses flots sombres et effrayants. Alhéna avait voulu mettre de la distance entre elle et Emma. Mais Emma ne l'avait pas écouté, elle avait peur de couler, sans voir que sa bouée risquait de se dégonfler.

Et puis un jour, la bouée a glissé des mains d'Emma, Alhéna est partie.

Emma est restée sans comprendre et les flots ont menacé de la reprendre. Mais elle ne s'est pas laissée faire, elle devait remonter, elle devait nager pour montrer à Alhéna qu'elle était forte et digne de son amitié.

Emma avait fini par réussir. Elle s'était sortie du flot noir de ses pensées. Sauf qu'une fois arrivée à la berge, le rivage était désert et personne ne l'attendait.

Alhéna avait définitivement quitté sa vie.

Et le bateau de son cœur dériva sur le courant de la nostalgie.