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Emma avait retrouvé un peu de sa joie d'autrefois.

Un sourire illuminait son beau visage et plissait ses yeux gris avec douceur.

Elle se sentait revivre, animée par une flamme d'espoir ardent.

Cela faisait maintenant deux semaines depuis sa conversation avec Alhéna. Elle avait aperçu cette dernière quelques fois, dans le recoin d'une pièce, à l'ombre d'un arbre, au détour d'une rue et celle-ci apparaissait toujours furtivement, un sourire mystérieux sur ses lèvres si délicates. Elle était tellement discrète que parfois Emma se demandait si elle n'imaginait pas ce spectre rayonnant.

Alors qu'elle se rendait à son petit banc de pierre pour achever la toile qu'elle avait commencé en présence d'Alhéna, elle fut accueillie par un visage souriant éclaboussé de brun.

Emma ne put retenir un sourire et pris place à côté d'Alhéna. Elle prit ses pinceaux et travailla en silence. Elle n'avait pas besoin de mots. Alhéna était là. Et ça suffisait.

La fille aux yeux d'or décida de briser le silence et déclara:
« Tu ne m'en veux plus.»
Et leurs sourires s'agrandirent un peu plus. La voix grave vibra de nouveau dans l'air:
« Ça fait du bien de te voir sourire un peu. Ça m'avait manqué.
- Ah oui ? répondit la voix d'Emma pleine d'espoir.
- Bien sûr. Tu sais, ce n'est pas parce que je me suis éloignée que je te détestais.
- Pourtant on aurait dit, rétorqua la blonde en haussant les épaules.
- Tu es bien placée pour savoir que ce qu'on laisse paraître et ce qu'on est sont deux choses bien distinctes.
- Oui...  »
La joie d'Emma s'effaça un instant, envahie par de sombres souvenirs. Elle se voyait, recroquevillée sur le sol, en pleurs. Ses yeux étaient ternes. Elle n'avait qu'une envie: disparaître, quelqu'en soit le moyen. Elle aurait préféré être partout, sauf ici. Puis l'instant d'après, elle avait effacé ses larmes, elle souriait et essayait de rallumer un peu ses yeux gris. Elle paraissait tellement fausse. Tellement superficielle et clichée. Elle se dégoûtait. Mais elle était obligée. Parce que les gens n'étaient pas prêts à voir la vérité. Ils préféraient ignorer son état alarmant. Parce qu'on préfère se bercer d'illusion que de voir la vérité en face.

Emma frisson à un instant puis chassa ces moments de son esprit, du moins pour le moment. Elle voulait simplement profiter d'Alhéna. Elle lui sourit et continua à peindre, rassurée par la présence chaleureuse que dégageait sa voisine.

Et le bateau de son cœur voguait sur une mer rouge flamboyante au douces ondulations semblables à une chevelure.

© Alhéna,
книга «Le bateau de son cœur».
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