Vieillard
Le dessin est un art
Il sera toujours là
Étoiles disparues
Se nourrir des autres
Pourquoi elle?
Tel une louve
Prolongement du rocher, harmonie
Chaleur d'illusion
Armes en larmes
S'abandonner (Drabble)
Un bouquet d'écume
Étoiles disparues
Aya était assise dans l'herbe, enfouie sous les bras de son grand père, sous la voûte céleste.

- Tu vois cet espace d'herbe sur lequel nous sommes installés? Ce si rare espace de végétation. À mon époque, quand je suis né, ils foisonnaient à tous les coins de rue. Et je ne te parle pas de la campagne. Là bas, c'était des champs à perte de vue, entrecoupés de forêts, d'allées menant à des maisons... Quand mes parents m'y emmenaient, je courais et gravissait le plus vite possible les pentes conduisant au pied de la montagne. Une fois là bas, je cherchais les sentiers. Ils étaient entretenus par les chasseurs. Et quand je n'en trouvais pas, je me faufilais à travers les buis et les rochers. Ça me prenait plus longtemps, mais en soi, quel importance? Je revenais le midi, après avoir longtemps dévalé les chemins en descente. Je mangeais rapidement et dès que je pouvais, je ressortais dehors. On n'y restait jamais plus de quelques jours, mais régulierement on faisait le voyage. Pas besoin de plus pour moi, pour que je connaisse les lieux sur le bout des doigts. Parfois on allait faire des promenades en famille. J'aimais bien ça aussi..., lui raconta son grand père.
- Pourquoi tu parles comme si ce n'était que du passé? Questionna la petite, naïve.
- Oh maintenant, rien n'est plus comme ça. Les villes se sont étendues sans cesse, engloutissant les arbres, les plaines, les villages. Tout ça pour une folie des grandeurs. Toujours plus. Les humains sont comme ça, tu sais, toujours avides de plus de choses.
- Mais...et nous? On est pas des humains? Le coupa Aya.
- Si. Parfois je regrette. On a accompli des milliers de choses formidables mais personne n'a su ne pas reproduire les mêmes erreurs. Incapables de faire retour arrière, de se rendre compte de ses torts... Et ça continue aujourd'hui, en pire. Les humains sont devenus idiots. Ils prennent tout. Tout ce qu'ils aiment. Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est que pour que la beauté reste, il ne faut pas que ça appartienne à quelqu'un. Il faut que cette beauté soit libre. Bien sûr, ce ne sont que des généralités.
- Des généralités? Qu'est-ce que c'est?
- Ça veut dire que je dis des choses en donnant l'impression que c'est absolument tous les humains alors que non. Ce n'est qu'une grande majorité, expliqua-t-il.

La fillette fronça les sourcils, pas bien sûre de comprendre puis hocha la tête, plus sûre d'elle.

- Je me souviens, mes parents voyaient bien que j'étais passionné par ça. Alors ils m'ont laissé sortir une journée entière, puis un peu plus tard le soir. Et enfin, un jour, ils m'ont autorisé à passer une nuit en pleine nature, seul mais à de nombreuses conditions. J'ai sauté sur l'occasion. Je leur ai promis tout ce qu'ils voulaient et tenu mes promesses. J'en ai profité largement. Je suis allé plus loin que jamais, en territoire inconnu. Quand le soir est arrivé, je me suis construit un abri et fait un feu. Je me suis nourri de plantes. Je connaissais leurs propriétés et leurs apparences par cœur. Quand tout a été prêt pour que j'aille me coucher et rassasié, j'ai grimpé tout en haut d'un grand épicéa, je me suis assis au creux d'une branche et j'ai regardé les astres brillaient dans le ciel de la nuit. Regarde, maintenant on n'en voit plus, dit-il en désignant la couche céleste du doigt.
- Mais si! Tu ne vois pas? Là! Et là! Il y en a plein! S'écria l'enfant.

Le grand père secoua la tête.

- Non ma petite. Ce sont des satellites. Ils bougent. Les étoiles sont immobiles. Les satellites ce sont des engins en orbite autour de la Terre, ils amènent et informent de différentes choses. Par exemple, c'est par eux qu'on reçoit l'électricité, ou qu'on reçoit des images de l'espace. Tant ils sont proches de nous, on ne voit plus qu'eux.  Souvent les humains les prennent pour des étoiles, mais ce ne sont que des incultes. Ce n'est pas de leur faute, personne ne l'enseigne. Personne n'enseigne rien du tout maintenant. Mais si on ne voit pas les étoiles, c'est surtout parce qu'il y a tellement de pollution dans l'air que cela forme de gros nuages gris et denses. Même dans les rares endroits de campagne on ne les verrait plus. Aussi parce qu'il ne fait plus jamais vraiment noir tellement les villes émettent de la lumière.

- Dis, j'aurais jamais pu courrier dans les montagnes moi, hein? Lui demanda Aya, le regard désespéré.

Il regarda son fauteuil roulant bancal, posé là, à côté d'eux. Les larmes lui monta aux yeux, pleines de rage et d'injustice. Il baissa la tête un instant puis serra fort sa petite fille dans ses bras.

- On trouvera des solutions. Je te le promets.

La fillette était née avec une malformation. Une jambe en moins et la deuxième s'arrêtant au genou. Tout ça parce que sa mère avait respiré trop de choses chimiques balancées dans l'air. Elle avait les poumons abîmés, même si elle avait fait le plus attention possible. Elle en est morte, quelques mois après tout comme le père d'Aya. Ils travaillaient tous les deux dans une centrale nucléaire. Ils n'avaient guère le choix, seul moyen de se maintenir financièrement. Il n'avait resté à Aya que son grand père.

- Pourquoi tu me racontes tout ça?fit l'orpheline.
- La plupart des adultes pensent qu'ils faut préserver les enfants. Moi je me dis autant que tu apprennes l'injustice de la vie maintenant, plutôt que de l'apprendre par de mauvaises rumeurs. Je veux que tu saches qu'avant le monde était beau, qu'un jour tu pourras être libre. Je veux pas que tu deviennes idiote comme tous ces pauvres gens qui n'y sont pour pas grand chose. Enfin... peut être que si. T'iras pas à l'école, répondit son grand père en regardant du coin de l'œil son fauteuil roulant,les enfants là bas sont stupides. Tu es pareille qu'eux même si t'es différente. Tout le monde est différent, l'un sera blond, l'autre aura tel trouble. Mais par un code de société, ils s'allient, inconsciemment ou non, tous contre une personne.
Je veux que tu saches qu'avant il y avait des étoiles qui illuminent ta vie. Elles sont devenues rares maintenant mais il y en a toujours. Ce sont des lanternes et les autres, toujours plus avides, toujours plus jaloux, viennent étouffer la lumière qu'elles émettent. Elles sauvent le monde. Pour tout.
- On dirait pas que tu parles de celles là haut, fit remarquer l'enfant, en montrant le ciel.
- En effet. Je parle pas que de celles-ci. Il y en a d'autres, répondit le grand père, fier qu'elle soit déjà aussi perspicace, certain qu'elle sera une de ces étoiles.

***

Écrit dont je suis plutôt fière.
/!\Deux choses ont été empruntées ou du moins inspirées/!\ :

"Ils prennent tout. Tout ce qu'ils aiment. Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est que pour que la beauté reste, il ne faut pas que ça appartienne à quelqu'un. Il faut que cette beauté soit libre.". Ça c'est reformulé. Viens du livre génial Sirius de Stéphane Servant.

"Je veux que tu saches qu'avant il y avait des étoiles qui illuminent ta vie. Elles sont devenues rares maintenant mais il y en a toujours. Ce sont des lanternes et les autres, toujours plus avides, toujours plus jaloux, viennent étouffer la lumière qu'elles émettent."
Ça s'est reformulé/inspiré d'une des bios de UnRefletDeLune sur Wattpad.

© Un_Reve_De_Liberte,
книга «Recueil de nouvelles».
Se nourrir des autres
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