Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 2

Je m'étais évidemment empressée de tout raconter à Lou en sortant de cours. Seulement, alors que j'étais effrayée à l'idée qu'on ait pu découvrir ce que je prenais soin de cacher depuis des années, mon amie était plutôt excitée.

— Bon c'est vrai que c'est embêtant qu'il ait remarqué que tu étais différente mais tu ne rends pas compte de ce que ça signifie ? Tu as enfin rencontré des gens avec des pouvoirs comme les tiens et tu râles ? Il faut absolument qu'on aille leur parler, je suis sûre que Lysandre en a !

— Je ne sais pas, bougonnai-je.

C'était facile à dire pour elle qui était si extravertie et qui ne cherchait pas sa place dans ce monde depuis toute petite. Mais je savais que j'étais juste de penser ça, elle faisait vraiment tout pour m'aider.

— Ecoute, arrête de te stresser avec ça. Ils n'ont même pas de preuve concrète, tu n'as pas fait de magie et tu n'as pas acquiescé. Tu as juste à faire profil bas devant eux.

— Oui mais tu as raison. J'ai enfin une chance d'en savoir plus sur qui je suis et je m'en voudrais de la laisser passer, avouai-je à mi-voix. Je veux aussi comprendre comment il a pu deviner pour mes yeux alors que je porte des lentilles.

Lou réfléchit un instant à ma proposition.

— Je te propose quelque chose. Tu te fais la plus discrète de ton côté mais on mène notre enquête de notre côté, qu'en dis-tu ?

— J'en dis que j'ai beaucoup de chance de t'avoir, admis-je en souriant.

Elle me rendit mon sourire.

— Alors c'est parti ! s'exclama-t-elle en allant déjà chercher sa veste.

— Hein ? Mais où ça ?

— Chez Gabriel pardi ! Il a bien dit que les garçons habitaient en face de chez lui, non ? Alors le meilleur endroit pour commencer notre enquête et bien là-bas. Tu n'aurais pas vu ma deuxième botte ?

Je secouai la tête, abasourdie. Dans quoi m'étais-je encore embarquée ?

* * *

Vingt minutes plus tard, nous nous trouvions donc chez Gabriel en train de manger des cookies en buvant des chocolats chauds soigneusement préparés par sa mère. Mon amie avait rapidement expliqué à notre hôte que nous cherchions de renseignements sur ses voisins. Il n'avait pas insisté quand il s'était vu refusé plus de renseignement, se contentant d'hausser les épaules en bon connaisseur de l'esprit agité de Lou. Elle lui demanda s'il n'avait pas remarqué quelque chose de suspect depuis leur arrivé et il réfléchit de bonne grâce, se prêtant au jeu.

— Pas particulièrement, finit-il par répondre. Ça ne m'étonne pas qu'Eiya dise qu'ils ne s'entendent pas tant que ça, ils ont l'air de se disputer souvent. Je me demande bien ce qui les a poussés à habiter ensemble. J'ai d'abord pensé à une colocation forcée à cause de l'argent mais j'ai vite écarté l'idée, ils habitent une maison trop belle pour ça.

— C'est vrai, admis-je. Surtout s'ils ont un majordome.

— Oh, quelque chose me revient ! Un jour quand je sortais les poubelles le soir, j'ai surpris Dace en train de parler comme s'il avait une vraie conversation alors qu'il était tout seul et sans téléphone. Il y avait une drôle de lueur en face de lui et c'était comme s'il s'adressait à elle. Je crois que j'étais trop loin pour bien voir.

J'échangeai un regard avec Lou. S'agissait-il d'un quelconque pouvoir ?

Nous avons finalement laissé la discussion dériver vers un autre sujet comme Gabriel nous racontait ses dernières vacances à Venise. L'ambiance se détendit et nous avons finalement passé une heure et demie chez notre ami. Heureusement, les parents de Lou nous laissaient une grande liberté à condition que nous soyons raisonnables. Et puis, comme nous faisions bande à part, il était rare que nous sortions voir d'autres gens alors ils étaient plutôt contents les quelques fois où cela se produisait. Nous sommes donc parties vers vingt heures de chez Gabriel, non sans avoir remercié sa mère pour les gâteaux qu'elle nous avait préparé. Je la soupçonnai d'être au courant des sentiments de son fils pour Lou et d'essayer de l'aider pour l'attirer ici plus souvent.

Nous étions en train de parler des bruschettas qui nous attendaient à la maison en rentrant quand nous sommes tombées sur Lysandre et Dace qui s'embrouillaient justement devant chez eux. Lou s'empressa de m'entrainer derrière une voiture et me tira pour que je m'abaisse à ses côtés.

— Arrête tes bêtises Foster, grogna le brun. Je te rappelle qu'on est ici en mission. Et je ne pense pas qu'il faille pousser l'investissement jusqu'à intégrer une équipe de football.

— De basket, le corrigea la voix de mon voisin de mathématiques. Détends-toi un peu Agrest, ce n'est pas tous les jours qu'on a l'autorisation de venir dans l'Autre monde, on peut bien en profiter un peu, non ? Ça ne veut pas dire que je ne prends pas la mission au sérieux. D'ailleurs que penses-tu de cette Eiya Asahina ? Elle avait beau porter des lentilles, tu as bien dû remarquer ses yeux.

Je me tassai un peu plus contre la voiture à l'entente de mon nom, plus attentive que jamais.

— Comme si j'étais du genre à me laisser avoir par ce genre de supercherie humaine. Mais ça ne veut rien dire, tu sais que beaucoup d'Exemptés viennent vivre dans ce monde, sans parler de ceux que leurs parents abandonnent ici. Je suis certain qu'elle en fait partie. Elle ne peut pas être celle que nous cherchons, je ne détecte aucun potentiel en elle.

Le goujat ! Je pris sur moi pour ne pas quitter ma cachette et aller lui lancer une réplique bien sentie. Lou dut le sentir puisqu'elle posa une main sur mon épaule pour me calmer. Je me reconcentrai alors sur la conversation, me redressant tout de même suffisamment pour voir la scène à travers une des vitres de la voiture.

— Je n'en suis pas si sûr, contrattaqua Dace. Tu es juste vexé parce que tu as dû passer la journée avec une tâche, toi qui es si propre de ta personne. Mais ne t'inquiète pas mon chou, Nathanael a dit qu'il aller nettoyer tout ça.

— Ne m'appelle pas comme ça Foster ! s'insurgea Lysandre. Toi et moi ne sommes pas amis, mission ou pas. Je n'ai pas besoin de t'avoir dans les pattes de toute façon, je suis bien plus efficace tout seul alors profite de ta petite vie d'humain pendant que j'enquête de mon côté.

En parlant de petite vie d'humain, je vais faire une tour dans le quartier, tu sais, sociabiliser. Ce serait bien que tu essaies un jour. Tiens, tu pourras ranger mon sac au passage.

Je le vis le lancer sans que l'autre ne le récupère.

-Et je n'oublie pas ton petit défi Agrest, on verra qui fera ses recherches le plus vite. Si l'humour ne fait pas partie de ton vocabulaire, la défaite ne fait pas partie du mien.

Puis, il se détourna de lui en lui adressant un signe de main avant de disparaitre au coin de la rue. Le brun grommela quelque chose qui ne parvint pas jusqu'à nos oreilles puis décida de rentrer chez lui, laissant le sac de Dace abandonné sur le perron. Je me tournai vers mon amie.

— Tu as compris quelque chose à tout ça ?

— Que tu n'es probablement pas humaine ? Sans vouloir t'offenser bien sûr.

— Ça va, ce n'est rien. Bon sang, mais qu'est-ce que c'étaient que ces histoires d'Autre monde et d'Exemptés ? Tu crois que mes parents étaient de ce monde et m'auraient abandonné ici comme il a dit ?

Lou me lança un regard hésitant.

— Dis-moi ce que tu penses franchement.

— Je suis désolée d'avoir à te dire ça mais ça semble être l'idée la plus probable. Tu as été retrouvée toute petite devant la porte d'un orphelinat, ça semble coller avec ce que Lysandre a dit. En revanche, je me demande qui est cette fameuse personne qu'ils cherchent. Tu crois qu'ils sont ici par rapport à leur fameuse mission ?

Je me massai les tempes et soupirai.

— Ça en a tout l'air, admis-je.

— Je suis désolée Eiya, je sais que ça fait beaucoup d'informations après toutes ces années d'ignorance, compatit mon amie.

Je haussai les épaules.

— Tu n'y es pour rien. Et puis c'est moi terrible d'apprendre tout ça avec toi.

Je me tournai vers l'endroit où s'était déroulée la scène alors que nous n'avions pas quitté notre position.

-Je serais donc une Exemptée ? Je me demande bien ce que c'est ...

-Ne t'inquiète pas, nous allons le découvrir, m'assura Lou.

Je la regardai, intriguée mais elle m'ignora et s'avança vers la maison des garçons tout en regardant autour d'elle.

-Mais qu'est-ce que tu fais ? Reviens ici ! chuchotais-je de crainte qu'on nous remarque.

-Tu veux des réponses ou pas ? me demanda-t-elle sur le même ton.

Elle se détourna face à mon silence éloquent et s'approcha du sac de Dace avant de l'ouvrir.

— Dépêche-toi, lui dis-je mal à l'aise.

Savoir la présence de l'autre garçon derrière la porte me faisait stresser au possible.

— Preuve trouvée, s'enthousiasma-t-elle en sortant un livre plutôt volumineux du sac. On se replie camarade.

Je retins un soupir exasperé. Je crois qu'elle regardait trop de films d'espionnage pour son propre bien. Je m'abstins de tout commentaire toutefois et me contentai de la suivre pour vite quitter cet endroit. Nous nous sommes dépêchées de rentrer avec notre trouvaille, pressées de l'examiner.

La mère de Lou nous réprimanda légèrement pour notre retard mais nous fit réchauffer nos assiettes, qui furent vite englouties. Après la douche la plus rapide de notre vie, nous étions finalement installées sur son lit, l'ouvrage posé devant nous. C'était le livre le plus bizarre que j'ai jamais vu. La couverture était toute noire mais quand je posai ma main dessus, un spectre de couleur de mit à onduler sous mes doigts comme il commençait à scintiller légè-rement sous mes doigts, en réponse à quoi mon pendentif s'échauffa sur ma poitrine. Des lettres d'or commencèrent à apparaitre sur couverture. Lou plissa les yeux.

— Merde, je savais que j'aurais dû prendre option grec antique, je ne comprends rien à ce qui est écrit. Je sais reconnaitre à peu près tous les alphabets mais celui-là ne me dit rien du tout.

Je déglutis.

— Ce n'est pas du grec, affirmai-je.

— Qu'en sais-tu ? me demanda mon amie en se tournant vers moi.

— Parce que sinon je n'arriverais pas à lire ce qui est écrit. De quelle langue que soit issue cet alphabet, j'ai comme l'impression que ce n'est pas une langue que tu trouveras sur Google traduction.

Troublée, je passai mon doigt sur les lettres d'or, les faisant onduler. Je retins mon souffle en lisant le titre, qui à lui seul allait tout rendre plus concret.

Histoire du monde des Faes par Lawry Durel

Bon sang, dans quoi avais-je encore mis les pieds ? 

© EightNoAme,
книга «Elementary power».
Коментарі
Показати всі коментарі (1)