La chanson du noyé ravi
Alors qu'un jour, je me souviens
Autour de moi tout était noir
Mes sanglots et mes cris restaient vains
Et ni les dieux ni les hommes ne voulaient me voir
J'ai sauté, tête la première
Et sans savoir nager
Dans cette affreuse substance douce-amère
En étant conscient du danger
Quelle euphorie, soudain, s'empara de mon âme !
Je volais et dansais bien loin au-dessus des flammes !
Je les narguais, ces pensées et ces peurs
Mon obscurité s'était changée en milliers de couleurs
Je profitais, des mises en gardes inconscients
De ce nouveau ciel aux azurs lactescents
Je pouvais flotter, et parler aux nuages
Désormais je voyais les plus beaux des mirages
Dans ce tourbillon se mêlaient folie
Joie, ivresse et bonheur
Je ne voulais quitter cette harmonie
D'arc-en-ciels et de champs de fleurs
Mais quand un jour, aveuglé par tant de lumière
Rendu sourd par tout ce bruit
Et malade par la brillance et les flots de cette mer
J'ai voulu quitter cet étrange pays
Les mirages que je croyais tendres ont attrapé mes chevilles
Me tirant sous la beauté de la mer
Je ne vis alors plus aucune trace de mes idylles
Et les couleurs ont laissé place à l'enfer
Ignorant mes mouvements, mes débats
Ils m'ont traîné tout au fond de l'eau
Et c'est là que doucement, sans un sanglot
Mon œil se ferma.
2020-10-11 17:10:52
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