Je flotte. J'ai l'impression d'être enfermée dans de la soie... Et de l'encre en même temps. Bizarre, je sais. Je sens comme quelque chose enroulé dans mon bras... J'entends une petite musique, mélancolique, mais d'une beauté infinie et qui pourrait émouvoir le plus froid des hommes. Elle est jouée par une boîte à musique au vu de la mélodie... Elle est si douce... J'entends la voix des sauvegardes dire :

La douce musique apaise ton âme et la remplit de compa...nation.

    Attend... Cette voix me dit quelque chose... Je réfléchis... Raaahhh, stupide mémoire ! Je ne suis pas fichue de me souvenir ! Comme un blocage... Plus je tente de me souvenir, plus une migraine me vrille la tête.

    Une scène passe devant mon esprit. Un chevreau blanc habillé d'un pull vert avec une bande jaune. Le même que je porte... Il est avec une fille aux cheveux bruns coupés au carré et aux yeux rouges. Chara... Ils sont assis près d'une vieille statue, qui est protégée par un parapluie rouge. Le chevreau a des yeux verts qui lui donne un air adorable. Il dit d'une voix joyeuse :

    "Tu es géniale, Chara ! Nous sommes les meilleurs amis, pour la vie !
    - Je sais Azzy. Toi aussi tu es génial."

    Cette scène me donne un  pincement au cœur. C'était exactement le genre de choses qu'on était, Chara et moi, inséparables. Des larmes viennent briller au coin de mes yeux. La pression sur mon bras s'accentue. Je renifle. La pression s'accentue encore. "Azzy" prend Chara dans les bras. Je vois des larmes perler des yeux de ma jumelle. Elle se souviendrais de nous ? Je m'imagine à la place de ce chevreau, dans le champ de fleurs où Chara et moi jouions quand nous étions enfants.

  Soudainement, ma jumelle et le chevreau deviennent transparents. Je vois deux petits cœurs apparaître. Leurs âmes... Les images d'eux vacillent et le décor derrière disparaît. J'ai maintenant deux âmes devant moi. La première, celle d'Azzy, est inversé et d'un blanc éclatant. Celle de ma jumelle d'un rouge vif.
    Je m'aperçois vite qu'il y a un problème. Les couleurs de l'âme de Chara se ternissent, jusqu'à une sorte de marron mort. Et l'âme du chevreau a carrément disparue !

    Je suis seule dans le noir, avec l'âme invisible. Je sens ses battements, mais je ne la voit pas. Et je la sens disparaître.... Je cherche à tâtons et la trouve. Je l'aggrippe de toutes mes forces. J'entends une voix assez faible dire :

    "Réve..... Abrutie..."
    J'ai pas tout entendu. Je vois le chevreau devenir une petite fleur dorée. Je vois son visage........ FLOWEY ? ........................................
    "RÉVEILLE-TOI ABRUTIE !!!!"

    J'ouvre les yeux, Flowey est au dessus de moi. Il a un visage concerné. Je regarde aux alentours, mes livres sont par terre. Le point de sauvegarde brille. Je me relève et me frotte la tête :

    "Que s'est-il passé, Flowey ?
    - Je t'expliquerai tout plus tard ! D'abord prend tes bouquins et allons-nous en d'ici avant que l'autre se ramène !"

    Je prends le sac où il y a les livres. Flowey sort ses racines et s'accroche à mon bras. Je pars en courant sous les ordres de Sa Majesté. Je pouffe discrètement à cette pensée. Nous arrivons devant la porte mauve qui est toujours entrouverte. Je la passe et la referme. Ouf.... Mission accomplie. Je monte les marches, pose les livres sur la table et court dehors :

    "HEY ! QU'EST-CE QUE TU FAIS ?" me crie Flowey.

    Je sors de la maison et sauvegarde.

    "Voilàààààà, là on est bien ! Tu disais, Flowey ?"

    Flowey soupire et nous rentrons dans la maison. La petite fleur me regarde avec sérieux.

    "Oui ?
    - TU AS LU DANS MON ÂME !
    - Quoi ?
    - TU CROIS QUE JE NE T'AI PAS VUE, DANS MES SOUVENIRS AVEC CHARA ?
    - Hey, calmos ! J'ai pas fait exprès ! C'est toi donc, "Azzy" ?"

    Flowey grimace :

    "Non... Asriel est mon vrai nom, Azzy qu'un surnom... Je préfèrerais que tu m'appelles Flowey.
    - Oh.... Mauvais souvenir ?"

    Flowey hoche la tête.

    "Je compatis. Et... Tu peux m'expliquer ce qui nous arrive ?
    - Je ne sais pas.
    - QUOI ?
    - Oui... Avant, il y avait plein de gens... Des monstres... Le peuple dont je suis le Prince. Et du jour au lendemain, pouf, plus personne. Appart cette ordure souriante...
    - Le juge ? C'est pas très sympa de dire qu'il est une ordure souriante. Il a forcément un nom."

    Flowey grogne et lâche du bout des lèvres :

    "Sans...
    - Sans ? Pas mal le nom. J'espère juste que nos prochaines rencontres se feront SANS accrochage !"

    J'essayais de détendre un peu l'atmosphère. Flowey se facepalm avec une de ses feuilles. Il soupire.

    "Par mon père Asgore... Tu vaux pas mieux que lui...
    - Pourquoi tu ne m'as pas tuée alors ? Tu en es capable.
    - Honnêtement ? Je sais même pas pourquoi je n'ai pas brisé ton âme... Tu me rappelles Chara... Pour la première fois, je ne veux pas tuer quelqu'un.
    - Sympa... Donc tu es un ami ?"

    Flowey ne répond pas. Je soupire et sort un livre et commence à le feuilleter. Flowey me demande :

    "Tu fais quoi ?
    -Je lis. Lors de notre dernière rencontre, je t'ai dis que je cherchais des informations sur cet univers. Tu ne m'as pas répondu, alors je me débrouille.
    - .......... Je veux bien t'aider. Mais à une condition.
    - Je le sens mal, mais je t'écoute."

    Flowey sourit. Je sais pas s'il simule ou si c'est sincère.

    "Nous sommes tous les deux sur le même bâteau. Et nous voulons sortir de là. Je t'aiderai. Mais en échange, tu me donneras une âme d'humain.
    - QUOI ? TU VEUX QUE JE TUE QUELQU'UN ?
    - Pas exactement... Mon père, Asgore, détient dans son château six âmes humaines. Leurs propriétaires sont déjà morts ! Mais vu qu'elles sont conservées, elles ne sont pas disparues ! On tue l'ordure souriante, je prends les âmes et on peut s'en aller d'ici ! Génial, non ?
    - Heuuuuu...."

    Son plan est bancal et ne me plais pas. Je dois néanmoins accepter. Mais une idée germe dans mon esprit. Je sens comment peut-être te la mettre à l'envers, Flowey. J'accepte le plan d'un hochement de tête et Flowey s'exclame :

    "Bien ! Je vais t'apprendre des choses alors ! Allons nous reposer et commençons ! Allez, debout !"

    Je me lève et me dirige vers la chambre que m'indique Flowey. C'est la sienne. Je squatte la maison de sa mère, l'ancienne reine... Je me couche dans les draps, Flowey à mes côtés. Cette petite fleur est si choupi quand elle dort... Je m'endors à mon tour, un petit sourire aux lèvres, heureuse d'avoir trouvé quelqu'un sur qui compter. Même si cette même personne n'hésitait pas à tuer.

    Dans la pénombre de Snowdin, où l'atmosphère était plus lourde, un squelette errait près d'un bar qui portait l'appellation du "Grillby's". Il semblait sans but, comme un mort qui errait car il ne pouvait pas payer Charon le passeur. Une silhouette féminine était présente dans l'ombre, deux pupilles rouges luisaient dans l'obscurité. Personne ne la voyait ou l'entendait. Elle dit d'une voix effrayante :

    "Ces anomalies dans les Timelines... Intéressant... Quelque chose va arriver, comédien. Je serais de retour et rien ni personne ne pourra m'empêcher... Je pourrais me venger... Et racheter ma faute auprès d'elle. Je la rejoindrais enfin. Enfin, après les avoir tous tués. Et s'il le faut... Je ferai un combat contre toi, comédien. Que la partie commence..."

    Le rire lugubre de la jeune fille retentit et elle disparaît dans une volée de poussière.