Je flotte. Encore. Je promène mon regard sur la voûte noire qui m'englobe. Il y a une tache violette. Je la discerne mieux. C'est la chèvre bipède ! Elle porte une robe violette avec de longues manches blanches. Je vois mieux le motif. Une sorte de bouclier, avec un rond et deux ailes, avec trois triangles dont un qui est inversé en dessous. Bizarre. La femme-chèvre semble dormir. J'arrive à la toucher et un flash me frappe l'esprit. La femme-chèvre sourit... Un enfant... L'enfant prend la main de la femme-chèvre...

    La vision s'arrête. C'était quoi ça ? L'enfant... Portait un pull bleu avec deux bandes roses, je crois. Je n'ai pas pu déterminer son genre ou son visage précisément... Je pense à un truc ! Si comme l'a dit Flowey, je "lis" les âmes, ça veut dire que cette femme-chèvre n'est pas morte ! Flowey m'a expliqué qu'une fois mortes, les âmes se brisent. Et donc impossible que j'aie pu lire dans une âme disparue !

    "Hum, est-ce que tu peux m'entendre ?"

    Cette voix... C'est celle des sauvegardes ! Elle continue de parler sans que j'aille répondu.

    "Que tu m'entendes ou pas, c'est pas si important... Enfaite si. Si tu es là, quelque part, écoute attentivement car je ne le répèterai pas deux fois. Prends garde à l'homme qui parle avec les mains. Méfie toi du Juge... Non, mieux, MÉFIE TOI DE TOUT LE MONDE !"

    La voix est devenue effrayante. Un rire féminin et lugubre retentit dans le noir. Ça me fait peur ! Le rire emplit mes tympans. Je me noie...

    Tout s'est arrêté. Plus aucun son. C'en est d'autant plus effrayant... C'était quoi ça ?! Pourvu que je ne l'entende plus jamais... J'essaie de parler.
    "I-il y a quelqu'un ?"
    Le silence me répondit. Il n'y a personne... Un flash arrive brusquement dans mon esprit.

    Je vois par les yeux de quelqu'un... Il y a de la neige. C'est "Snowdin" ? Cette personne marche dans la neige en sautillant. Elle est près d'un bar appelée "Grilby's"... J'entends une voix :

    "Nyeheheh ! Je t'ai trouvé humain ! À mon tour de me cacher !"

    Un petit rire retentit et la vision se stoppe.

    C'est étrange... À qui appartenait la voix ? Et le rire ? Je ne comprends plus rien... Il faut sincèrement que je parle à Flowey... J'entends une voix au loin...

    C'est Flowey qui gueule et me secoue comme un poirier.

    "RÉVEILLE-TOI ABRUTIE !"

    J'ouvre les yeux avec peine.

    "Fl-flowey ?
    - Enfin ! J'ai cru que t'étais morte !
    - J'ai vu ta mère."

    La fleur beugue. Mais vraiment. Flowey ouvre la bouche, mais aucun son ne sort. Il semble perturbé. Je déclare en soupirant :

    "On doit parler à ce que je sache...
    - Tu as des questions ?
    - Oui... Déjà, c'est quoi un RESET ?"

    Flowey explique en me regardant calmement :

    "L'individu qui a le plus de DÉTERMINATION a accès au RESET et aux SAUVEGARDES. Le RESET permet de réinitialiser la Timeline. Tu recommences à la chute des fleurs dorées. Et tout le monde oublie tout... Sauf toi et le Juge. Et pas besoin d'expliquer pour la Sauvegarde..."

    Je soupire légèrement et finit par déclarer :

    "Je n'ai pas vu une seule fois le Reset..."

    Flowey pâlit :

    "Comment ça ? Je ne l'ai pas non plus... Si c'est pas toi qui l'a, c'est qui ?
    - Aucune idée... La première fois que j'en ai entendu parler, c'était quand je dormais. Une voix calme et étrange avait déclaré "Une anomalie... Intéressant... Tout ça causé par le RESET... Voyons la suite...", je comprends pas..."

    Flowey est très pâle. Il murmure :

    "C'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible... Pourquoi je ne me souviens de rien ?
    - Tu as tout oublié ?
    - D'OÙ TU M'ÉCOUTES TOI ?
    - T'es pas vraiment discret..."

    Flowey semble râler. Je lui balance pour le décoincer :

    "J'ai une question... As-tu une âme Flowey ?"

    La fleur paraît outrée :

    "C'EST PRIVÉ ! PERSONNEL !"

    Je soupire et m'explique :

    "Par logique, je ne peux pas "lire" les âmes disparues. J'ai lu la tienne. Tu l'as toi-même dit. Alors si, tu en a une !"

    Flowey se rend compte :

    "Je suis pas censé en avoir une sous cette forme... Je suis même pas censé ressentir d'émotions ! Je me suis inquiété de ton absence ! C'est pas normal, ça !
    - Mais tu as une âme alors, c'est génial ! Je peux... Non, laisse tomber, j'ai faillis faire une gaffe...
    - De la voir ? Une âme est quelque chose de TRÈS personnel. Tu t'es rattrapée... Et..."

    Un grondement s'élève dans la chambre. Ça vient de Flowey. Je le taquine :

   "Tu as si faim que ça ? C'est trop mignon ! Sérieusement, c'est mignooooonn !
    - LA FERME !
    - Mignon, mignon, mignon, mignooooonn !"

    Flowey râle et me frappe avec ses feuilles. Je rétorque :

    "En plus de ça tu n'as pas de force ! C'est cuuuuuuute !
    - BON TU VAS LA FERMER, OUI ?
    - Hmmm, nan. C'est bon j'arrête de t'emmerder !"

    Flowey soupire de soulagement. Je me lève avec la petite fleur et sert le petit-déjeuner. Nous mangeons tranquillement et je regarde les armoires en soupirant :

    "On ne va pas avoir de la nourriture indéfiniment... On va avoir besoin d'aller en chercher..."

    Flowey manque de recracher son lait. Il crie :

    "AVEC LE JUGE DEHORS ? MAIS TU ES MALADE !
    - Seulement réaliste Flowey. On mourra de faim sinon..."

    Flowey soupire et déclare :

    "On va devoir t'entraîner au combat alors... Il faut que tu acquiert de l'expérience. Le Juge est vraiment très fort... Tu en as fait les frais."

    C'est à moi d'être à deux doigts de recracher mon lait. Je l'avale et déclare difficilement :

    "A-attends, il est si fort que ça ?
    - C'est le monstre le plus puissant de tout l'Underground. Tu aurais préféré Papyrus ?
    - Oh god... Je suis dans la merde... Et c'est qui Papyrus ?
    - Je te le fais pas dire... C'est un squelette assez grand et insupportable, aussi surexcité qu'une pile électrique et avec un égo surdimensionné. Avec ses "Nyeheheh !" à longueur de journée, tu as envie de lui mettre une tarte. Cela dit, il me manque cet imbécile... J'en ai marre de l'ordure souriante... Me fait tout le temps battre...
    - ..... Attends... C'était toi qui te battais contre Sans ?
    - Tu croyais que c'était qui, idiote ?
    - Pourquoi tu le combats si tu sais qu'il est si fort ? Tu dis que je suis folle, mais toi t'es masochiste.
    - Je m'ennuie... Il y a rien à faire ! Cela dit, il me fout les jetons...
    - C'est vrai qu'il est flippant..."

    Flowey soupire et nous débarrassons. La petite fleur commence à me donner des cours.

    "Ton âme est déjà très spéciale. Il te faut une arme et un équipement adapté. C'est pas avec celui de Patience que tu arriveras à vaincre le comédien.
    - Patience ?
    - Une des âmes tombées. Elle est morte dans les Ruines. Ce ruban que tu portes lui appartenait."

    Je frissonne d'horreur. Elle devait être jeune... Flowey continue :

    "Chaque équipement est composé de deux parties : une partie offensive et une partie défensive. Par exemple, ton Ruban te sert à la défense et ton Couteau en Attaque.
    - Je vois... Donc, il faut que je trouve quelque chose de correspondant à mon âme pour me défendre ?
    - Exact."

    Je réfléchis. Qu'est-ce qui pourrait me servir ? Flowey demanda :

    "Tu as des choses particulières qui pourrait nous aider ?
    - Hmm... Je crois que je jouais du violon quand j'étais à la Surface.
    - Mouais... Faut encore en trouver un. Le seul instrument que je connais, c'est la cheffe de la Garde Royale qui l'a, c'est un piano. Pas facile pour se battre..."

    Je réfléchis un peu, songeuse. Je marche dans la maison, réfléchissant à vive allure. Il faut qu'on trouve une solution.

    Je descends les marches pour aller à la grande porte violette. Mes doigts frôlent la porte. J'entends vaguement quelqu'un dire mon nom, assez fluette comme voix. Ma vue se brouille petit à petit. Pourquoi j'étais venue déjà ? Je n'entends plus rien, je vois juste le violet. Quand ma main se pose tout à fait sur la porte, une importante douleur me vrille le corps tout entier, je ne peux pas enlever ma main.

    "AAAAAHH !
    - ENLÈVE TA MAIN ABRUTIE !"

    Je ne peux pas répondre, trop obnubilée par la douleur. Je finis par tomber et sombrer dans les ténèbres.

Toc toc.