Le noir m'englobe et ma conscience est éparpillée... J'ai comme l'impression d'être... Brisée. Incomplète. Que m'arrive-t-il ? Je sens comme... Un vide en moi. Quelque chose manque, je ne saurai dire quoi. J'essaye de me rappeler, mais ma mémoire n'est qu'un brouillard infranchissable... J'arrive à saisir quelque chose !

    "Maman Toriel". Ce simple terme. Il désigne la Reine et la mère de Flowey ? C'est étrange... Ça m'évoque comme un sentiment de familiarité... Je sens comme un immense sentiment de solitude... Une grande solitude... J'entends bientôt des pensées de quelqu'un, ce ne sont pas les miennes.

    "Je ne peux plus vivre ici... Tout le monde ignore... Personne ne sait... Je rêverai juste de partir, loin..."

    Cette voix... Je l'ai déjà entendue ! Je la connais ! Une autre voix arrive, la même... Calme et omniprésente...

    "Tu m'entends humaine ? C'est étonnant... C'est quasiment un... Miracle ? Non, ça ne peut pas en être un, il y a forcément une explication rationnelle. Dans tous les cas, écoutes attentivement ce que je vais te dire. Je ne sais ni ton nom, ni qui tu es réellement, mais juste... Ton temps est compté. Ne reste pas dans les Ruines indéfiniment, mieux, pars le plus vite possible. Prends ceci, tu en auras besoin."

    Un tout petit fragment blanc triangulaire de la taille de mon ongle de mon auriculaire apparaît. C'est quoi ça ? Il rentre en moi d'un coup. La douleur reprend possession de moi et je bascule dans les ténèbres tandis qu'un nouveau souvenir remonte :

    "Hey... Toc toc..."
    Aucune réponse.
    "Toc toc..."
    Toujours aucune réponse...
    "Hey... Tu sais ce que ça fait de se souvenir de tout ? Moi oui... Je t'envie d'avoir tout oublié... Heh... Heh heh heh heh heh heh..."

    Je me réveille, ayant des difficultés à me rappeler de tout. Ma tête bourdonne, j'ai des acouphènes désagréables. Je sens des claques faibles sur ma joue. J'ouvre un œil. C'est Flowey qui me fout des tartes avec ses feuilles. Je suis... Couchée en boule sur le sol violet, mes membres sont tout engourdis, j'ai l'impression que des milliers de fourmis marchent sur ma peau... J'essaye de parler :

    "F... Flowey ?"

    Ma voix est enrouée, cassée. La fleur m'engueule :

    "J'AI CRU QUE T'AVAIS CLAMSÉ ! T'ES VRAIMENT UNE IDIOTE PROFONDE ! TU MÉRITES QUE JE TE TUES SUR LE CHAMP ! IMBÉCILE ! N'AS-TU DONC AUCUNE CONSIDÉRATION POUR...
    - Arrête de gueuler... Mal au crâne..."

    Je me relève en me frottant la tête. Flowey fait une mine inquiète couvert d'une fausse colère. Je me relève en tremblant, Flowey me dit :

    "Au sol ! Tu ne peux même pas tenir debout, idiote !
    - Ça va aller...
    -Non ! Tu vas m'ob..."

    Toc toc. On vient de frapper à la porte. Je me retourne vers celle-ci, un frisson d'effroi me traverse l'échine. Je me lève et titube vers les escaliers, le plus rapidement possible. J'ai du mal à avancer, j'ai faillis me casser la figure plusieurs fois. Je monte les escaliers comme je peux, je m'appuie au mur. Mais je perds l'équilibre et dégringole les escaliers. Soudain, un bruit se fait entendre et je sens une présence dans la pièce. Oh non...

    Mon âme devient bleue et je suis projetée en l'air. Je vois Sans, un combat se lance. Je sélectionne Actes cette fois. C'est comme tout beugué... Je sélectionne une action toute beuguée et illisible. Ça ne semble ne rien faire, le squelette allait me projeter dans le mur quand des lianes le saisirent. Flowey !

    "NE LA TOUCHE PAS !"

    Je me débats comme je peux et je réussis, je ne sais comment, à briser son emprise ! Je tombe par terre et me mets à courir, loin, sans me soucier du paysage ou du froid ! Je sais juste que j'ai passé la porte mauve. Je cours le plus rapidement possible, mes poumons sont en feu.

    Mes jambes finissent par me lâcher, je tombe par terre et respire bruyamment, mon cœur bat tellement fort qu'il résonne dans mes oreilles. Je suis contre un arbre, ma tête contre les racines noueuses. Ma respiration est saccadée, ma vision trouble. Je sens ces fourmillements désagréables le long de mon corps. J'essaie de me calmer, mais le stress m'enserre la tête comme un étau. Je respire doucement, essayant de me calmer méthodiquement. Ma vue est moins trouble et je me redresse. Je suis au beau milieu de la forêt enneigée... Les arbres m'encerclent, ce sont de grands pins. Je finis par perdre conscience.

    Je me réveille. Je suis assise sur la neige. Je me relève lentement, mes os craquent. Je ne peux pas rester ici... Je regarde l'arbre et soupire. Je remarque bien vite que Flowey n'est plus avec moi. Sérieusement ? Je suis vraiment cruche ! Je repense à la voix... Elle avait raison... Je n'aurais pas dû m'éterniser dans les Ruines. Ça m'a porté préjudice. En attendant, je vais devoir me débrouiller...

    Je me relève à la recherche d'un abri, et de la bouffe. Je meurs de faim. Je dois ne pas me faire repérer... Je marche en titubant, mes douleurs sont toujours présentes. Je finis par arriver à la ville de Snowdin. Au moins ça c'est bon... En marchant, je tombe sur un bar. Il est marron/orangé et il y a un panneau au dessus de la porte. Je lis l'inscription comme je peux : Grillby's. J'espère trouver de la nourriture... J'ouvre la porte et la ferme ensuite.
    Mon regard se porte sur la décoration de la pièce. C'est un peu particulier... Tout est dans un style un peu vintage, rétro. Il y a un Jukebox à droite au fond, les tables sont brunes et bien nettoyées, les fauteuils sont rouges et ont l'air confortables. Le bar se trouve au centre. Il n'y a que des couleurs chaudes... C'est particulier... Une ambiance familière et chaleureuse me remplit le cœur.

L'atmosphère du bar t'apaise et te remplit de Compa...nation.

    Il y a tellement d'ondes positives ici... C'est tellement... Reposant. Je m'avance vers le bar et m'asseois sur un tabouret avant d'entendre un gros pet. Je me relève et voit un coussin péteur sur le tabouret. Je ris légèrement. Je ne sais pas qui a mis cela ici, mais ça m'a surprise ! Je prends le coussin péteur et le met sur le comptoir. Je pars chercher dans la réserve s'il y a de la nourriture... Je tombe sur des réserves, il y a des frites et des hamburgers. Je vais devoir cuisiner.

    Je prends donc les ingrédients et me rend dans la cuisine. Après quelques tentatives ratées et le fait que j'ai failli me brûler, j'arrive enfin à cuisiner correctement. Je me fais donc un hamburger simple mais saura apaiser ma faim. Après une dizaine de minutes, c'est prêt. Enfin... La viande est à moitié crâmée. Je suis vraiment pas douée en cuisine... Si Flowey voyait ça ! En pensant à la fleur, un sentiment de tristesse m'envahit. Je prends ma nourriture et va au comptoir.

    Je mange distraitement ma nourriture, je n'arrête pas de penser à l'épisode de tout à l'heure. Des milliers de questions m'assaillent l'esprit. Suis-je folle ? Comment va Flowey ? Comment vais-je faire maintenant ? Dois-je fuir toute ma vie ? Il me rattrapera bien un jour, je ne peux pas me cacher indéfiniment ! Bientôt, je sens des sentiments familiers et terriblement désagréables me prendre l'âme.

Les remords. Et le désespoir.

    Pour la première fois depuis mon arrivée ici, je craque. Je me mets la tête dans les bras et laisse échapper mes larmes. J'ai abandonné Flowey... Et j'ai l'impression que tout est de ma faute, même s'il y a une partie où je ne sais pas pourquoi... Devrais-je laisser ce tas d'os me tuer pour de bon ? Ne plus revenir ? S'il se souvient de chaque RESET, si je reviens il me tuera encore et encore non ? À quoi rime donc tout ça ? Je pleure comme une madeleine, je me sens coupable, terriblement coupable. Je m'en veux, d'être aussi faible, aussi naïve, d'avoir laissé tomber Flowey, de ne pas être capable de me défendre ! Je suis pathétique...

    Dans mes lamentations, je sens vaguement une main me tapoter la tête, et une voix masculine rassurante me dire :

    "C'est tout &#(¥='×$•, c'est terminé mon ami... Je vais te raccompagner chez toi ¥$¥¥¥£..."

    Le nom est beugué, comme imprononçable. Je relève la tête, il n'y a personne... Je deviens sincèrement folle... Je me mets à entendre des voix maintenant... Je renifle, je me sens toujours aussi mal. Malgré tout, cette atmosphère finit par avoir raison de mes craintes et je m'endors sur le comptoir.