Laissant les larmes couler peu à peu sur mon visage, je réalisais alors quelque chose. Cela faisait maintenant des années que je n'avais pas pleurer.

La dernière fois que mes yeux ont été aussi humides, c'était à mes huit ans. Je venais de perdre les deux êtres les plus chers à mes yeux et j'étais inconsolable. Criant à mes parents de revenir, de ne pas me laisser, de ne pas m'abandonner, j'ai finis par tarir ses larmes quand Maya m'a recueillie.

Après cet incident avec mes parents, j'ai beaucoup changée. Je n'étais plus la petite fille souriante et joyeuse qui ne juge personne. J'étais celle qui ne voyait plus que les autres dans ce monde. Celle qui ne faisait plus attention aux tournants que prenait sa vie. Celle qui avançait comme on lui disait de faire et qui ne cherchait à sociabiliser avec personne d'autre.

En grandissant je me suis rendue compte que vivre sans juger les autres m'aurait demander trop d'efforts si j'avais essayé.

Et à ce instant vous allez rire mais je ne pense qu'à une seule personne.

Nathan.

Tout ce temps cheveux bleus à vécu dans un monde où les gens le jugeaient pour ce que sa mère était. Tout ce dont il avait besoin c'était d'une personne prête à ne pas le juger...

Est-ce que j'ai été bête de me mettre à juger avec le temps...?

Je pense oui.

Est ce que j'ai été bête de juger cette relation entre Valerio et Lucien ?

Je pense également que oui.

Je suis complètement stupide mon dieu... j'en ai même oubliée les paroles de la femme que je respecte plus que tout au monde. Qu'est ce que ça fait de moi au juste ?

Je sors de mes pensées en prenant une grande décision. Il est dix huit heure quinze environ, j'ai largement le temps de faire ce que je vais faire.

Je vous ai menti vous savez.

J'avais déjà remarquée Nathan à plusieurs reprises depuis que je suis ici.
Beaucoup de fois.
Et ce mec a toujours attiré mon attention. Mais il en avait probablement rien à foutre de moi, et j'avais peur de sortir de ma zone de confort. Alors je me suis aussi menti à moi même en prétextant que je ne voulais rien avoir à faire avec lui.

Parce-qu'il est le type de personne que je déteste.
Ce type de personne qui dit Fuck à la vie..
Ce type de personne qui a des dizaines d'amis...
Ce type de personne inaccessible.

Putain mais quel conne.
Qu'est ce que je suis conne.

Je dévale les escaliers et ne prend pas la peine d'enfiler mon manteau, j'ouvre rapidement la porte d'entrée et fait face à Hugo et Polo au même moment.

- Tu vas où ? Me questionne Hugo tandis que Maya et Leyla sortent de la voiture.

- J'ai pas le temps de vous expliquer. Dites a Maya que je reviens ! Lançai-je avant de me remettre à courir mais cette fois ci dans la rue.

J'entends Leyla gueuler après moi mais je m'en fiche.
Le vent fouette mon visage et mes larmes n'ont pas le temps de dévaler mes joues alors qu'elles sont tout de même assez nombreuses.

"Qu'est ce que tu fais ?

Je n'en sais rien.

Où tu vas ?

Voir une personne avec qui j'aurais dû me comporter autrement dès le début.

Tu ne sais rien de lui.

Je m'en contre fous ! Je veux me rattraper.

Tu es idiote.

La ferme...

Vulnérable.

La ferme.

Perdue.

La ferme !

Orpheline, misérable, stupide,IMPUISSANTE."

Je me stoppe alors dans ma course et essuie mes larmes en relevant la tête. C'est finit. J'en ai finit avec cette partie de ma vie. Un nouveau chapitre va s'ouvrir et cette petite voix agaçante doit le comprendre. Cette petite voix qui n'est autre que le jugement doit cessée. Arrêter de me manipuler et de pensée qu'elle me domine. Car c'est finit.

- Je ne suis pas toi. Murmurai-je en détachant chaque syllabe de mes mots.

Et c'est comme si un poids venait de s'enlever de ma poitrine. Je me sens plus légère.
Plus... vivante.

Depuis l'événement qui m'a rendue orpheline, je n'ai cesser de juger les gens alors que je m'étais promis de ne jamais le faire. Et j'en avais même fait la promesse à la femme qui m'a mise au monde. Alors plus jamais je ne laisserai cette petite voix m'atteindre assez pour me corrompre à nouveau. J'ai changée. 

Vidée de toute pensées négatives, je me remet à courir. Où ? Je ne le sais pas. J'ignore où habite même Nathan Swift. Mais peut-être qu'avec un peu de chances.. Il est retourné à la salle d'arcades..? C'est peu probable mais je vais tout de même tenter le coup. De toute manière je n'ai pas le choix. Je dois le trouver.

Je cours donc preciptemment vers la salle d'arcade et constate en soupirant qu'elle est fermée...
Génial.. vraiment génial.. 

Je me laisse glisser contre le mur avec un long soupire las et ramène les genoux contre ma poitrine en fourrant ensuite ma tête au creux de ses derniers. Ça fait des années que je n'ai pas autant pleurée. Mais les problèmes s'enchaînent et j'aimerais au moins en régler un. Parce-que demain c'est Samedi et que je ne veux pas attendre deux jours avant de le revoir et de dire ce que j'ai à dire... d'ici là, mes paroles auront peu de valeur..

Et c'est alors qu'un souvenir me revient en tête aussi rapidement que Frost m'a embrassé tout à l'heure.