Sens unique
L'amour. Un sentiment magnifique. Magnificence qui peut se transformer en sentiment destructeur, ravageur.
Je suis assise sur mon lit, rêveuse. Montrant mon visage rouge aux murs de ma chambre, je m'imagine plusieurs scénarios avec celui pour qui l'organe vital que je possède à décider de me faire tomber amoureuse.
Je me trouve complètement ridicule, mais ça me fait rêver, ça me détend et surtout, ça me rend heureuse.
Et puis soudain, le besoin de tout lui dire, tout lui confier, lui balancer à la figure s'empare de moi avec la même puissance d'un camion qui me percute.
Alors je saisit mon téléphone, le coeur battant la chamade, avec l'impression qu'il me remonte dans la gorge.
Lorsque je tape le texte, ce que j'éprouve, ce que non pas mon cerveau, mais ma conviction la plus profonde me dicte, mes doigts glissent et commettent plusieurs fautes.
Quand le dernier point, le final, est mis, tout mon courage et ma volonté m'abandonne. Mais je ne peux pas me résoudre à tout effacer.
D'autant plus que l'envie qu'il le sache, elle, est bien restée au beau fixe. Alors je décide de camoufler. En quelque sorte.
Je dis que j'ai écrit deux versions, la première étant assez vague, pas vraiment ce que je pense. Mais la deuxièmement, reflète bel et bien mes pensées.
Je ferme les yeux, appuie sur la touche envoyer, sans me laisser une seconde de réflexion, de peur de me dégonfler.
Puis je réalise, et paniquée, je le mets en sourdine. Je vois les messages s'accumuler, mais je refuse de cliquer sur la conversation, terrifiée.
« À quoi ça sert ? Ce n'est pas comme si tu avais quoi que ce soit d'attirant. En plus de ne pas être vraiment jolie, pour ne pas dire assez laide. »
Cette fichue petite voix qui vous rabaisse, ne vous laisse jamais l'occasion de ne pas douter, d'être tranquille et en accord avec soi-même.
Je parle avec mes amis, je demande des conseils. Finalement, à contre coeur, j'ouvre les messages.
À la lecture des neuf messages, plusieurs émotions me traversent d'un coup, comme si je suis foudroyée.
Tristesse, douleur, déception, résignation, soulagement, colère, honte, regret...
Le pauvre s'inquiète, du fait de mon silence. Ses réponses sont négatives, mais gentilles, et je lui en suis reconnaissante.
Je lui réponds avec un message que j'espère décontracter, où je ne montre pas mes émotions.
Mais les larmes montent. Pendant un instant, je refuse catégoriquement de pleurer, mais après plusieurs secondes de lutte inutile contre moi-même, je laisse les gouttes salées jaillirent de mes yeux embués.
Je visse mes écouteurs sur mes oreilles, je m'allonge de tout mon long, et j'ouvre les vannes.
J'écoute de la musique, je parle à mes amis, et quelques minutes plus tard, les flots se tarissent jusqu'à ne plus déposer sur mes lèvres le goût amer de ma peine.
Mes muscles, contractés par l'absorption de la douleur, se relâchent petit à petit, mon coeur serré en fait de même, ma respiration irrégulière et interrompue par des hoquets reprend un rythme normal, et je souffle un bon coup.
Un sourire s'épanouit sur mon visage, un sourire triste, résigné.
Je ne lui souhaite que du bonheur, et je me répète que je le veille ou non, c'est comme ça.
Mon corps se décolle du matelas où je suis étendue, se lève et se dirige vers la fenêtre.
Je l'ouvre et le vent frais qui souffle sur mes joues trempées me fait énormément de bien. Je souffle longuement, comme pour chasser les derniers débris dérangeants du tourment intérieur de mon organisme.
Je lève la tête vers les étoiles qui brillent dans le ciel, et je me complaît à imaginer qu'elles me regardent, veillent sur moi.
J'ai lu quelque part qu'écrire aide à se sentir mieux, c'est donc ce que je fais.
Je prends de quoi consigner absolument tout, et quand je pose le stylo sur la tranchée du cahier, je me sens comme réchauffée de l'intérieur.
La magie des mots n'a pas de limite.
2020-10-22 20:40:50
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