Вірші
Rouge Serment
Illunée, beauté émerveillée de mille passions
Vénus réincarnée, avec douce invitation
Dans mes draps prend son aise
Et moi, mortelle, qu'elle taise
Mes pensées d'un baiser
Ma bouche sur ses saints seins
Que je vénère, embrasse, croque à grande faim
Où j'entends son cœur battre et s'affoler
De l'adoration de son corps entier
Des louanges échoués sur son cou
Serments que je prête à genoux
Et plus bas, à l'origine du monde
Où je laisse ma langue vagabonde s'y fondre
Je n'arrache pas mais cueille
Ses soupirs, dont je m'abreuve
La tête entre les portes du Paradis
J'y fais mon nid
Que ses mains ne s'embarrassent pas de détour,
Mes seins embrasés sont voraces de leur séjour
Qu'elle vienne sur un velour d'amour
Je requiers son concours
Belle-de-nuit, allons nous cacher
Dans un monde qui ne peut nous dévoiler
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Le Lointain
Madelaines de Proust, vous ne me faites plus rêver
De votre goût me voilà bien ennuyée
Vous n'êtes point un soleil, ni même une autre étoile
Comme celles que l'ont voit briller dans le firmament de ces îles
Vous êtes fades, conformes, cocons que l'on conçoit sur des bases futiles
J'ai besoin d'idées floues, magiques, de m'évader de cette toile
Partir sans valise, sans regret ni raison
Dans de vastes horizons,
Voyager vers un lieu inconnu de tous, même de moi
Là où la mer n'est pas obstacle, mais destination
Où je me laisserai guider au gré de ses émois
Ses vagues , ses tempêtes, ses problèmes et sa passion
Glisser vers le fond, me cacher dans les abîmes taquines
Découvrir le secret des poissons, ce pourquoi leurs écailles s'égratignent
Voir le soleil de tout au fond, vérifier qu'il est plus beau qu'en haut
Pas de craintes, j'ai la protection des flots
Le sel et les courants marins feront partie de mon être
Je ne serai plus qu'humaine au paraître
Le voyage, je ne le ferai pas, car je le serai
Je rejoindrai le monde d'en-dessous
Les coraux seront mon chevet
Et les algues, mon oreiller doux
Alors, madeleines de Proust,
Je ne verrai plus jamais vos frimousses
Ma décision est prise, et je la maintiens
Je m'en vais devenir le lointain.
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Rouge Tulipe
Ainsi, nous vivons
Comme des personnes normales
Les personnes les plus banales
Sous le même ciel que tout le monde
Nous chantons une drôle de comptine
Une petite idiotie qui nous passait par l'esprit
Nous étions libres et heureux
Et le vent qui nous sème
Ne provient pas du nord
Sous la même tendresse violente
Nous courrons après le bonheur
Et ainsi vient notre erreur
De vivre comme tout le monde
Comme tous les gens comme tous les chiens
Nous tomberons dans la poussière
Dans l'oubli dans la misère
Nous serons comme tout le monde
Un drôle d'air se joue là-bas
Dans le café voisin
Les tulipes fanent
Nous chantons notre idiotie
En cœur avec ceux
Dont le vent s'est tût
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Bleu d'Été
Il pleut en été,
Ça me rappelle que tout va recommencer.
Il pleut mais suis-je triste ?
On va dire oui, j'aime être simpliste.
Quand le vent se lève
Sur la plage de sable carmin
Ah non, jamais, tu rêves,
On s'est bien retrouvé ce matin.
Quinze ans sous le même ciel d'orage,
J'en ai vu passer, de sacrés nuages
Je les aime, pourtant
Comme ça je sors pas dehors
Et dehors ça fait peur, dehors il y a le temps
Le temps indolore.
Je meurs en été, c'est un fait, sous le Soleil
J'aime pas nager mais j'irais à la plage quand-même
Un peu pour les potes, beaucoup pour toi
Je passerais des clopes alors que je fume pas
Sous le Soleil je crève
C'est sous l'ombre que je rêve
Les nuits chaudes d'été, où tout se passe
Où je sais que je pourrais partir
J'ai déjà prévu de m'enfuir,
J'abandonnerais mes angoisses
J'irais voir la mer, avec toi si tu veux
On sera seules toutes les deux.
On parlera beaucoup de chose sans importance
Je ne parlerais que de toi, car y'a que ça qui compte
Parce que l'été rajoute du sens à mes contradictions
On errera longtemps au bord de l'écume
Je te trouverais jolie, avec tes blagues idiotes
Et tes yeux qui fixent l'horizon éteint.
Je rentrerais quand-même chez moi à trois heures du matin
Parce que j'aurais à jamais trop peur du lointain
Demain il fera beau
Tu me diras, c'est pas trop tôt
Je râlerais parce que j'aurais du sable sous mon maillot
Pis y'a trop de monde et elle est froide l'eau
Je mangerai pas grand-chose, à part la poussière
Bref, rien qui change d'hier.
Ce n'est pas que tout se ressemble
Parfois, la mer tremble
Et une vague emporte les amis et les souvenirs
Quand le vent se lève, sur la plage au sable carmin
J'entend le rire des gamins
Et au loin, sur une dune, c'est toi que je vois partir.
Bleu d'Été.
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Bleu Miracle
Sois gentille, éteint la lumière
Éteint-la, comme je l'ai fait avec mes prières
Qui ont perdu leur raison d'être
Et n'ont tiré la larme d'aucun dieu
Laisse-moi disparaître
Sois gentille, laisse mourir nos adieux
Ferme la porte, en sortant
Ferme-la,
Le silence viendra me tenir au courant
Des derniers aveux de mon cœur qui pourrit ici-bas
Je dépose des allumettes sur ce linceul
Depuis qu'elle a fumé sa dernière cigarette, le vent est en deuil
La brise ne joue plus avec nos cheveux, elle n'emporte plus les feuilles
Tout continue de s'agiter, dans ce monde bien seul
Il tourne encore, mais le mien est figé
Il s'est arrêté
Il s'est endormie
Il me donne des insomnies
Oh, Mon petit mouton noir !
Tu t'amuses à mettre mon existence en foutoir !
Reviens, tu me manques,
J'ai supplié, je suis branque,
Je coupe mon souffle, suffira t-il que je souffre ?
Que j'attende nos retrouvailles, pendue à un gouffre ?
Tu ne reviendras pas, tu ne liras plus
Ni les Baudelaire, Rousseau ou Camus
Tu ne reviendras plus,
Tu as trouvé ton Salut.
Je vois cette lumière, disparue sous le prisme
De ces cauchemars latents qui s'y glissent
Dans mon placard j'entend les battements
De cet amour jamais dit, aux baisers oniriques saveur printemps
Et cette affection que je porte, elle rampe, dans mes soupirs
Elle s'exprime tout le temps, je ne veux pas la laisser croupir
Dans les eaux profondes d'une pensée résolue
De ces phrases toutes faites dont les bien-pensants sont pourvues
Je ne t'oublierai pas, comme je n'ai pas oublié tes clopes, tes livres, tes yeux,
Tes fautes, toi ivre, tes vœux,
Ta tristesse emballée dans de l'aigreur,
Ton Laroxyl-whisky à toute heure
J'ai attendu, jusqu'à ce que mille et une nuit passent
Mais jamais un conte merveilleux n'a réchauffé ma carcasse
J'ai attendu que tu passes
Mais tu t'effaces
Ce monde perd ta trace
Comme il s'est perdu, car trop vorace
Trop petit, trop grand, pas assez pour nous
Si fragile, si fort, si fou
Tu n'as qu'à rester à l'abri dans mes souvenirs
Une partie de toi pourrait continuer à y vivre
Entre deux projets littéraires, trois mots égarés,
Seize poèmes inachevés
Quand le Soleil se lèvera, ton visage se sera dissippé
Dans une brume monochrome, comme de la fumée
Quelle soit de cigarettes, un brouillard ou de la buée
J'aimerai que tu restes, ça ne me dérangerai pas de te cacher
Une nuit, cinq ans, une vie
Dans mon cœur, puisque ma tête n'appelle que les "Et si ?"
Alors, j'attendrai ta réponse, je compterai mes insomnies
Les heures qui filent entre les aiguilles de l'horloge
J'écrirai nos non-dits,
J'en ferai l'éloge,
J'en ferai l'amour,
J'en ferai la cour,
J'en ferai un empire,
J'en ferai le pire,
J'en ferai la ruine,
J'en ferai la gouine,
J'en ferai ce que les autres appellent "Enfer"
J'en ferai un Paradis pour t'y plaire
J'attendrais une nuit, cinq ans, une vie,
Pour te revoir fumer, appuyée contre le mur de la pharmacie
Sauf qu'ici, tu iras bien
Tu auras de doux matins,
Mes bras
Mes draps
Un chemin après la route
Un esprit dégagé tel le ciel, sans peine ni doute
Ah, sois gentille ! Éteint la lumière,
Éteint-la, éteint la meurtrière
De toutes mes prières, de tous mes vœux,
Qui n'ont jamais atteint l'oreille d'un dieu.
Bleu Miracle.
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Bleu Amorphe
Et je chantonne des histoires anciennes
Sous la pluie diluvienne
Au beau milieu du village,
De tout en haut de mon jeune âge
J'ai déjà perdu la tête
Et mon esprit le fête
Au sommet du dépit que m'a posé la vie,
Revoilà les miracles !
Après ma misérable débâcle
Qui clôtura le spectacle haï
De ma maigre mascarade,
Cette envie de vivre
Comme seule et unique camarade
Voilà qu'elle me rend ivre !
Et je m'écroule comme la ruine que je suis
Emportant avec moi les souvenirs du cerisier et ses fruits
Dévoré par la peste et les malheurs
Dont le tronc pourri ne pouvait porter les pleurs
Bleu Amorphe.
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Bleu Mutique
La nuit laisse tomber son mouchoir, tissé de satin et de lys,
Sous la fenêtre des grands enfants, qui attendent, l'œil complice,
Que la dernière lueur se meurt, derrière les buildings, les collines,
Nous laissant dans le silence, ou le vacarme d'une seconde existence,
Où nous abandonnons notre bonne conscience
Dépérir aux côtés des étoiles orphelines
Caché dans l'ombre du dédale des rues,
Si on s'est vraiment perdu
L'âme recouverte d'hématomes
On croisera peut-être nos fantômes
Qui ne nuisent qu'à ceux qui collectionnent les contradictions de la vie
Collant leurs réponses futiles à des tromperies foireuses
Ne sachant comment réparer leur cœur à la mélodie défectueuse
Ils déraillent, avec deux grammes, voulant retourner au fond de leur lit,
Inspirant les rails qui n'emmènent jamais à bonne destination
Car le train-train quotidien écrase, autant jouer avec le poison
Avec les idées défaites, la tête à nettoyer de toutes ces folles absurdités,
À commencer par les espérances, qu'il faut vite balayer
Les alcools ravagent ma langue comme de l'acide
Les erreurs que j'ai déjà faites, je préfère en rester placide
Les heures coulent sous mes yeux, et j'en fini livide
Je songe à l'auto-homicide
Et ma main cherche la tienne, au milieu de la fumée
De cigarettes et de joints à moitié allumé
Qui forme un épais brouillard toxique
Endormant en partie mon esprit narcissique
Ah, mon amie, il faut vite t'en aller !
Avant que le jour n'aille t'emporter,
Ah, le temps, au bord des lèvres,
J'aimerai te glisser quelques paroles mièvres
Et quand l'aube réapparaît, ma beauté perdra tous ses attraits,
Je ne suis belle que sous la lune, sublimée par la lumière des néons,
Mes mots ne sortent plus de ma plume, et les chimères, de mes confusions,
Je rechercherai encore, sur le visage effacé du portrait,
Qu'as-tu vu, dans ce regard ?
Qu'as-tu vu, dans ta mémoire ?
Que vois-tu, dorénavant ?
Maintenant que je fuis le présent ?
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Bleue Idiote
Je te coudrai une robe de mariée
Uniquement fait de fils d'amour éternel
J'irai en Enfer, à l'autre bout de la Terre
Pour te ramener tous les trésors cachés
Pour t'adorer, te vénérer,
Je bâtirai de mes mains fatiguées
Un temple sacré, un temple doré,
Où ton rire pourra résonner
Le Soleil sera tout à toi
Il sera une broche pour tes cheveux de soie
Je te tisserai un tapis
À partir de rosée et de pluie
Sertit de diamants et de pierres,
Je créerai pour toi la huitième merveille
Je volerai le Cœur du Monde en l'arrachant aux mains des dieux,
Comme Prométhée l'a fait avec l'art et le feu,
Je t'offrirai l'univers entier sur un plateau d'argent,
Construisant du bout des doigts l'utopie qu'imaginent les enfants
Et si cela ne te rend toujours pas heureuse,
Je t'offrirai tous les lieux, tous les cieux,
Les pièces les plus précieuses,
La vie d'une fille amoureuse.
Bleue Idiote.
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