-
La descente est raide, très raide. Et tandis que je me crampe sur mes muscles du bras et tends mes jambes, l'adrénaline monte en moi avec une sensation incroyable. Je souris de toutes mes dents, toujours concentrée sur la piste. Puis, arrivée à la fin de la pente, je m'accroupis presque sur mon vélo et saute pour arriver sur la rampe en face de moi. Puis, gardant mon équilibre, je me mets sur une seule roue, poussant sur mes bras. Je reste quelques seconde avant de rebondir sur le sol arrondit du géant bol. Je descends de mon vélo et m'allonge par terre, encore essoufflée, mon casque enlevé.
- Magnifique ! S'écrie alors mon coach tout excité. C'était génial Anna !
Je soupire de soulagement. C'était génial en effet. Je ferme les yeux un moment avant de me relever doucement. Je m'étire pour attraper mes pieds, faisant tendre mes muscles de mes épaules. Je me tourne ensuite vers John, qui joue avec mon casque tel un enfant. Il me fait tellement penser à mes frères alors qu'il a déjà atteint la quarantaine !
- Alors, c'était comment ?
- Comme je l'ai déjà dis : génial! Assure-t-il. Franchement, t'es déjà prête pour la compétition. Rappelle toi de t'entraîner aussi dans la montée, ton point faible.
- Samedi on va à la montagne?
Il me lance mon casque et je l'attrape au volant.
- Of course, grimace-t-il avec un accent douteux. Allez, j'veux que tu m'refasse des roues, fillette. Va t'entraîner sur du plat. Roue avant, puis arrière.
Je souffle. J'aurais préféré continuer à tourner et faire des figures à l'intérieur du bol. Je chevauche mon VTT et pédale jusqu'à un terrain plus plat. L'adrénaline remonte encore une fois et je me sens revivre.
-
Finir dans un bar bondé de monde n'a jamais été dans mes programmes. Pourtant je suis assise sur une chaise trop dure, un verre de sirop à la main pendant que Noémie pleurniche à côté de moi. Encore une fois, je me fais entraîner dans son tourbillon de problèmes détermques.
- Si à chaque fois que tu disputes avec lui, tu te saoules dans un bar, tu vas finir ruinée et ivrogne ma pauvre, j'assure avec un ton sarcastique en sirotant mon verre verdâtre. Dis moi No, ça fais genre, la dixième fois ce mois-ci ?
Elle renifle sans grâce, ses boucles blondes relevées en un chignon douteux, sa robe froissée. Elle me regarde avec des yeux rougis, pleins de tristesse. Je lève les yeux au ciel. Je sais que ça ne sert plus à rien de lui rappeler que Caleb ne la mérite pas. Je bois une gorgée de sirop en observant les gens bourrés qui rigolent trop forts.
- Je sais qu'au fond il n'est pas comme ça, Anna, réplique-t-elle après s'être mouchée.
- Sans blague ?
Elle me tape gentiment le bras. Je m'approche d'elle et essuie deux larmes qui coulent sur sa joue lentement. Elle me sourit. Puis elle finit son verre de bière et ferme les yeux, les joues toutes rouges à cause de l'alcool. Elle se penche au dessus de mon verre et fait une grimace.
- Pourquoi pas un jus d'orange pendant que t'y es ? Se moque Noémie. On est dans un bar Anna !
- J'ai jamais voulu être là, moi.
Elle hausse les sourcils, apparemment vexée. Elle pose son sac sur mes genoux et s'eclipse. Je ne me préoccupe même plus de ce qu'elle fait, attirée par un garçon qui me fait penser à Adil. Je vérifie que mon sac se trouve toujours entre mes jambes. Mon téléphone vibre mais je n'y prête plus attention. Le jeune homme, affalé sur une chaise, tout seul, sirote un verre avec un bonnet noir sur la tête. Je calle les sacs sur mes épaules et moi dririge vers ce garçon. En m'approchant, je vois qu'il serre le poing, ensanglanté sous un bandage. Je sais que je ne devrais pas, mais c'est beaucoup trop tard ; je suis attiré par ce garçon qui semble cacher des tonnes de secrets et en même temps qui semble tellement faible. Il va falloir se calmer, Anna... Je regarde autour de moi pour voir si Noémie est revenue. Ne la trouve pas, je me racle la gorge.
- Adil ? Je l'appelle, désormais très proche de lui.
- Dagage Anna, crache-t-il sans se lever un regard vers moi. Tu ferais mieux de t'éloigner.
Je fronce les sourcils. Je ne m'attendais pas à recevoir autant de colère. Je l'observe curieusement, en gardant mon sac et celui de Noémie près de moi. Il repose son verre et son poing se crispe encore plus. Il baisse la tête et je vois, même dans la pénombre du bar, les muscles de sa mâchoire se tendre. Bon, on va s'en aller hein...
- Alors salut hein ! Je lui lance tout de même.
Tout à coup je me fais bousculer par un grand costaud qui se presse pour se placer en face d'Adil. Mon cerveau est en alerte. Adil ne lève pas la tête et se contente de finir son verre. Puis sans crier gare, il se lève d'un bond, me faisant même sursauter. L'autre homme, noir et bien musclé, le fixe avec un sourire dédaigneux. J'essaye de reculer mais des gens se trouvent derrière moi, bourrés jusqu'au cœur.
- Adil, je pensais ne plus jamais te revoir, tonne l'inconnu.
Je lance un regard alarmé à Adil, qui reste crampé sur ses jambes, sa main blessée le long de son corps. Puis tout va très vite : l'inconnu pousse la table vers Adil qui réussi à se déplacer rapidement sur le côté. Il ne recule pas pour autant tandis que son adversaire se met en postition de combat. Je croise alors son regard ; il a peur. Je lui fais non de la tête mais c'est déjà trop tard. L'autre se jette sur lui en le ruant de coup et Adil place ses avant bras devant son visage pour se protéger. Je suis encore bousculée mais cette fois, c'est Noémie, qui me regarde avec des yeux inquiets. Adil se fait rué de coups dans les abdos et, rapidement, je me débarasse de mes sacs et agrippe l'homme par derrière.
- Arrêtez ! Je crie en tirant sur ses bras.
Adil recule en se tenant le ventre et gémit. Son assaillant, satisfait, s'arrête après m'avoir poussée sur ma meilleure amie. Puis il pouffe doucement, comme un fou. Je le regarde s'en aller, sans essayer de le retenir. Quand je me retourne, Adil n'est plus là.
- Mer**! Je jure.
- C'était qui ? S'enquiert Noémie en me tirant le bras. Tu connaissais ces gars ?!
Je ne repond pas et me précipite vers la sortie, le coeur ballant.
-