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Quatre jours sont passés depuis que je suis tombé et je n'ai toujours pas abandonné ma nouvelle passion pour le skate. Pourtant je suis d'une humeur exécutable ; je n'ai fais que crier sur ma propre mère, qui est déjà épuisée. Elle a été effrayée à l'idée que je me sois blessé. Bref, il ne me reste encore beaucoup trop d'énergie et mon traitement n'arrive même plus à apaiser mes humeurs. Ça fait maintenant dix minutes que je gribouille du noir sur un carnet avec un Posca. Mes pensées vagabondent et je ne prends même plus la peine d'essayer de les chasser ni même de me concentrer sur elles. Mon regard se fait vague. Je pourrais même sortir fumer, mais bien entendu, ce serait triste de reprendre après 3 mois d'arrêt. Je m'arrête quelques instants de gribouiller en repensant à mes examens. Qu'est ce que je dois encore réviser ? Mon examen final de rapproche dangereusement et je ne suis même pas encore un fond dans mes révisions. Une notification sur mon nouveau téléphone tenue mon attention. Rdv psy. Je me redresse. Dans 10 minutes. Je me lève complètement et manque de tomber à cause d'un livre qui traîne par terre. J'attrape mon grand manteau et enfile mon bonnet noir préféré. Je salue Malo en chemin et sors rapidement de l'appartement, sans oublier d'attraper mon skate. Je dévale les escaliers quatre à quatre, car ma claustrophobie est toujours autant présente. Une fois dehors je m'élance sur mon skate dans une ruelle étroite et qui me sers de raccourci.
Arrivé devant le cabinet du Dr Lee, j'hésite avant d'entrer. J'ai vraiment pas envie de lui raconter encore mes journée. Mais je sais qu'en vérité ça m'aide beaucoup. Je pousse la porte du cabinet et m'installe rapidement dans la salle d'attente afin de publier la secrétaire trop intrusive. Une femme est assise en face de moi et secoue ses mains frénétiquement. Je renverse la tête sur le siège et essaye de me concentrer, faisant rouler de droite à gauche mon skate. Mais une porte s'ouvre brutalement et me coupe dans mon élan. L'autre docteur sors de la pièce et bavarde encore avec une femme aux cheveux rouges. Je me remet dans ma position tandis qu'il appelle sa prochaine patiente, cette femme en face de moi. Il me salue d'un hochement de tête mais je l'ignore complètement. Puis après quelques minutes, c'est un mon tour. Le Dr Lee, un homme séduisant et qui paraît extrêmement jeune m'appelle.
- Bonjour Adil ! Me salue-t-il gentiment avant que j'entre. Va y, mets toi à l'aise comme d'habitude.
Je m'installe alors confortablement sur un pouf géant et pose ma main sous mon menton.
- Alors dis moi, Adil, comment te sens-tu aujourd'hui ?
J'hausse les épaules. Toujours les mêmes questions, mon vieux...
- Excité, très excité même. Vos pilules ne marche plus d'ailleurs, j'ajoute en lui lançant un regard de reproche.
Il sourit et s'installe en face de moi, sans bloc-note. C'est le seul psy que j'ai vu ne jamais prendre de notes pendant nos séances. Et je crois bien que ça a renforcé notre lien.
- Ce traitement est là pour réguler tes humeurs, pas pour les stopper, m'informe-t-il en souriant. Ils servent à mieux te concentrer et à ne pas tomber dans une trop grande dépression tu vois ce que je veux dire?
Je cligne des yeux. Il a trop parlé pour que je retienne tout d'un coup. Ses yeux noirs m'observent tranquillement pendant que l'information monte à mon cerveau rouillé.
- Ouais j'ai compris ça, je répond après un moment. C'est juste...parfois j'aimerais ne pas faire encore souffrir ma mère.
Il hausse un sourcil. Je déteste quand il fait ça.
- Comment ça ?
Je change de position encore une fois.
- Je sais pas. Je vois bien qu'elle est fatigué et en plus de son travail, je lui demande trop d'attention. J'arrive pas à rester en place...c'est trop dur pendant cette periode. Oh puis bordel ça me saoule !
Son sourire diminue mais ne perd pas son éclat. Il s'installe à mes côtés, sans me toucher. J'inspire longuement avant de bloquer ma respiration.
- Je comprends que ça te frustre, me rassure-t-il en évitant mon regard. Tu veux qu'on continue à en parler?
- Nan ça m'énerve, je lâche en soufflant.
- Alors de quoi tu veux parler?
- Je sais pas j'ai pas grand choisi à dire, je bafouille.
- Bon, alors si tu me parlais de la ville? Elle te plaît, non ?
Je soupire. Encore un sujet ennuyeux... Je me redresse et entame une nouvelle discussion alors que mon coeur se comprime une nouvelle fois.
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La médiathèque est presque vide lorsque je parcours les allées. Je croise quelques adultes et des vieilles personnes mais presque pas de jeunes. Il est encore 17 heures et, en général, les adolescents se retrouvent ici pour faire leurs devoirs. Mais de toute façon, ça m'arrange beaucoup. Je jette quelques coups d'oeil sur des livres, avant de moi résigner. Il faut que je révise mes maths. Je m'installe sur une grande table et pose mes affaires. Je laisse mon skate sur une chaise à côté et sors mes cahiers tranquillement. Puis, mes affaires étaient très soigneusement sur la table, j'enlève mon manteau et mon bonnet. Je pioche un crayon, ouvre mon cahier de brouillon et m'acharne sur des calculs interminables. Soudain, mon téléphone sonne. Je me précipite pour raccrocher quand je vois que c'est ma mère. Je soupire.
- Allô ? Je lâche d'une voix lasse.
- C'est toi Adil ? Fait-elle d'une petite voix.
- Oui m'man. Qu'est-ce qu'il y a ?
- Dr Lee m'a appelé, m'annonce-t-elle brusquement. Tu es parti sans finir la séance. Je...je suis inquiète tu comprends. Est ce que tout va bien ?
- Oui, m'man je fais mes devoirs là, je grogne.
- D'accord, tu es à la médiathèque?
- Oui.
Je l'entend soupirer de soulagement. Après m'avoir lancé un petit "à tout à l'heure", elle raccroche. Je croise les bras sur la table et pose ma tête à l'intérieur de ce creux. Je bloque ma respiration et j'assiste. Il faut que j'attende avant de continuer, où je vais hurler à en devenir fou.
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