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Il fait vraiment trop chaud dans ma couverture et pourtant, rien ne me donne l'envie de quitter cette chaleur. Comme tous les matins, en fait. Et, toujours comme d'habitude, mon réveil se met à sonner de plus en plus fort en émettant des bruits beaucoup trop aigus. Je tend la main, dans l'espoir que mon reveil s'éteigne juste avec ce geste. Mais après quelques secondes levé, mon bras commence déjà a s'engourdir.

- Anna !

Et c'est parti pour une journée pourrie.

- Bordel Anna, étends ce foutu réveil !!!

Je me lève d'un bond et éteins mon réveil avec mon index, une façon de maîtriser ma colère. Je me regarde dans le miroir et manque de m'étrangler en voyant que j'ai dormi dans mon bonnet de satin, pour éviter que mes cheveux frisés se transforment en crinière.

- Eh bah tu commence bien la journée, Anna, je murmure en moi dirigeant vers mon armoire.

Je l'ouvre et quelques vêtements roulés en boule tombent par terre avec un bruit sourd. Ma chambre avait l'air un minimum ordonnée avant que je décide de me lever. Encore un inconvénient du réveil. J'attrape un pull dix fois trop grand, un jean over size et des chaussettes et file dans la salle de bains avant que ce microbe l'occupe. Une fois la pièce fermée à clé, je me dépêche de m'habiller avant de me donner le courage de démêler mes cheveux.

Puis il décide de cogner à la porte alors que je terminait d'étaler la crème sur mes cheveux. Je manque de faire tomber le pot, et m'emmêle les cheveux avec le peigne que j'ai laissé accroché sur le haut de ma tête. On se calme, hein.

- Anna dépêche!

- Assiste encore, je rétorque calmement, j'ai pas fini.

- Bordel dans dix minutes je dois être préparé...! S'exclame-t-il.

Je ne répond pas et ouvre la porte violemment. Je me retrouve face à mon frère qui fait presque deux têtes de plus que moi. Il croise les bras et hausse un sourcil, un rictus moqueur sur le coin des lèvres.

- Prends tes affaires et débrouille toi, je lui annonce sans broncher, j'ai encore besoin du lavabo.

Il pouffe et entre dans la salle de bains pour ramasser ses affaires pliées.

- Qu'est ce qui te fait rire ? Je lui demande en fronçant les sourcils en continuant de me battre avec une mèche. J'ai rien dis de drôle pourtant.

Ses vêtements et déodorant à la main, il me sourit et me caresse doucement la joue toujours souriant. Je tressaille car je n'aime pas les contacts physiques, mais me laisse faire jusqu'à ce qu'il me colle un bisou sur le front. Mon grand frère a toujours été très sensible et démonstratif. Il y a quelques années, c'était encore dur pour lui d'accepter mon hyposensibilité. Nos tempéraments totalement opposés nous séparaient tout le temps. Mais au fur et à mesure, il a appris à doser ses propres émotions et moi à mieux les montrer.

- Prends soin de toi, p'tite sœur, me murmure-t-il d'une voix douce, je compte sur toi.

- Ouais, je répond en lui faisant un de mes rares sourires.

- Je t'aime, rajoute-t-il plus fort.

J'acquisse de la tête, songeuse, puis il ferme la porte.

Une dizaine de minutes plus tard, coiffée et habillée, je me prépare à commencer ma journée. Autant dire que je ne suis même plus motivée. J'attrape à la volée un paquet de Granola tout en portant mon sac et je sors de mon appartement.

Ma merveille et palpitante journée ennuyeuse venaient de commencer ...

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Lorsque je sors en trombe du bâtiment, il pleut à petites gouttes. En vérité, j'aime la pluie; ça suffit à moi remonter le moral après des heures de cours ennuyeuses. Je me précipite vers mon vélo électrique, mis à l'abris, et l'enfourche avant que trop de gens me barrent le passage. La capuche de mon manteau s'envole lorsque j'accélère, mais je m'en fiche un peu. Seules les gouttes de pluies qui me strient le visage me gardent concentrée sur la route.

J'arrive enfin à ma cantine, un petit restaurant pas très cher où je mange tous les midis. J'entre, encore toute trempée et file m'installer à la place la plus éloignée des gens. Le restaurant n'est pas très plein, mais j'ai quand même l'impression d'être entourée de monde. Mon antisociabilité reprend le dessus et je me prépare à supporter ma solitude. Puis, comme à son habitude, Alice, une serveuse qui semble beaucoup m'apprécier, viens pour savoir mon plat.

- Coucou Anna! Dit-elle d'une voix enjouée. Alors, ça va? Pas trop épuisée?

- Non ça va merci. Je réponds en mes affaires à mes côtés. Tu travailles déjà toi; j'ai l'impression que mon futur métier est à des années lumières d'aujourd'hui.

Elle sourit et rajuste ses lunettes d'une manière presque gracieuse.

- Moi j'ai juste pas eu la chance de pouvoir payer toutes mes études, réplique-t-elle doucement en rajustant ces cheveux. T'inquiète pas, tu seras contente après tous ces efforts.

J'hoche vaguement la tête et commande mon repas. Puis je sors mon classeur et entame un réviseur machinalement. Les chiffres et les schémas se floutent à une mesure que je les lis, et je me maudis moi même. Je suis dyslexique, accompagnée d'une dyscalculie aiguë. Depuis que j'ai appris à lire, un peu plus tôt que les autres enfants, les mots et les chiffres sont pour moi des ennemis féroces. Ils s'entremêllent dans un tourbillon qui me donne mal à la tête. Et pourtant, j'ai choisi des études scientifiques qui semblent conspirer chaque jour à ma perte.

- Voilà ton repas!

Je lève lentemement la tête vers la fille blonde, et lui fais un rapide sourire. Je la remercie vaguement et retourne à ma torture, les yeux rivés sur les phrases gribouillées de mes cours. N'arrivant plus à me concentrer sur mes notes, je commence à manger, avec un étrange goût amer à la bouche. La pluie commence à tomber plus fort et je regrette de n'être pas assise près d'une fenêtre pour observer les gouttes glisser le long de la vitre, entender le clapitement sur le sol et même sentir l'odeur humide. Le fait d'y penser m'apaise, et ma solitude semble n'être qu'une impression.

Je ferme les yeux et essaye de me détendre.

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