-
Je sens une main me secouer doucement l'épaule, alors que je suis émitoufflé, en pleurs, dans ma couverture, transpirant et tremblant de tout mon corps. Seul le haut de ma tête dépasse de la couverture. Je ferme les yeux et essaye de retenir mon souffle pour me détendre, un exercice qui n'a en réalité jamais fonctionné. Bordel...
- Adil, m'appelle ma mère.
Je secoue la tête et ramène mes jambes contre mon torse nu. Le contact de sa principale disparaît de mon épaule et je sens le bord du matelas s'enfoncer.
- S'il te plaît, continue-t-elle, tu ne peux pas rester comme ça.
- Si, je réplique d'une voix cassée, j'ai juste passé une sale nuit. Laisse moi s'il te plaît.
- Adil, j'ai une nouvelle à t'annoncer.
Je tressaille. Une nouvelle appréhension m'envahît alors que j'ai déjà trop de peurs qui me compriment le cœur. J'ouvre les yeux, encore mouillés et décide de me lever, finalement. Je m'assois et garde ma couverture sur mes jambes pour garder un minimum de pudeur. Je l'observe minutieusement, encore un défaut de maniaque, et cherche toutes les marques qui traduiraient ses sentiments. Elle a les cheveux encore un peu ébouriffés, ses yeux sont cernés et son teint est encore un peu rouge, marqué d'un sommeil léger. Ses mains ne tremblent pas, signe qu'elle n'est pas très stressée, et ses yeux n'expriment pas de tristesse, mais d'une affection maternelle avec une petite once de fatigue émotionelle. J'en déduis que c'est, apparement, une bonne nouvelle.
- C'est quoi ta bonne nouvelle? Je lâche en regardant sa main qui retombe.
- Le déménagement est avancé, m'annonce-t-elle. J'ai pu demander à ce qu'on puisse apporter les meubles dès demain. Le propriétaire a accepté et la compagnie de déménagement n'a pas eu de souci à avancer le transfert de toutes nos affaires. Et ensuite, si tout se passe bien, lundi sur sera dans notre nouvel appartement. Tu verras, il sera plus grand que cette maison, avec un petit balcon et un local à vélo. C'est pas génial? S'exclame-t-elle avec un grand sourire.
Je hausse les épaules. J'ai beaucoup déménagé ces derniers temps, mais j'ai toujours voulu qu'on se trouve un endroit où on restera plus que quelques mois. Pourtant, j'ai pas l'impression que cet appartement sera cet endroit rêvé.
- Tu ... tu n'es pas content? Questionne ma mère et je vois qu'elle est déçue.
Je recommence à trembler et je prends dans ses bras, je me laisse aller doucement. Nous restons là, blottis, ma tête sur sa poitrine et sa main carressant mon dos, pendant de longues minutes. Puis elle se dégage de moi et plonge ses yeux dans les miens.
- Aller, tu dois quand même passer ton examen avant, hein, glisse ma mère en souriant.
Je souris et moi laisse ébouriffer mes courts cheveux comme lorsque j'étais petit, après que je tombe à vélo. Mon coeur se serre et une bouffée de sentiments agréables me transperce le corps d'une douce déchirure. J'aimerais tellement que cela dure au lieu de retrouver la tristesse et la colère de vivre ... Elle se lève et referme la porte doucement. Puis je m'assois sur le bord du lit, encore en caleçon et me concentre sur mon corps plutôt que sur mes pensées. Lorsque je m'observe sous toutes les coutures dans le miroir. Je détourne le regard en voyant mes cicatrices. Quand serais-je capable de les regarder sans ressasser le passé?
-
Mon coeur bat encore trop vite lorsque je quitte la salle encore bondée d'étudiants stressés. Je rabat ma capuche, plus comme une facheuse habitude que pour cacher mes cernes. Je ferme mon gilet et met les mains dans mes poches, machinalement. Puis j'avance d'un pas rapide en évitant tout contact physique avec tous ces étrangers. T'as réussi? - J'ai oublié des dates, pu****! - J'ai vraiment galéré à la question 3, mec - Mais je pensais que c'était plus dur moi - Pfff, je l'ai raté c'est sur - Je stresse encore là, les filles. Autant de paroles qui me trouble jusqu'à ce que je sois sorti du bâtiment. Un groupe de filles, voyant que je sors, commence à glousser. Je fais mine de ne pas les avoir vues en regardant mes Vans et je continue ma route précipitemment. Ensuite, une fois dans un coin tranquille, je sors mon téléphone et appelle ma mère. Elle répond à la première sonnerie; elle doit sûrement être encore à la maison.
- Alors tout c'est bien passé, mon chéri ? S'inquiète-t-elle. Tu penses avoir réussi ?
- Je pense, je répond sans grande conviction. Pas besoin de venir me chercher m'man, je vais au gymnase.
- Un pied ?! S'écrie-t-elle devant un fracas de vaisselle. Mais t'es sur ?
Je lui bafouille un bref "oui, m'man", raccroche avant de reprendre ma route. Je croise différentes personnes, et je ne peux m'empêcher de trouver des défauts sur leurs habitudes, leurs visages ou dans leurs voix. Mon côté maniaque s'accentue lorsque je suis stressé ou fatigué, et je ne contrôle rien. Un rictus, un tic, une tâche, un ton trop aigu, rien ne m'échappe. Et tout ça me rend afreusement malade; comme si je ne pouvais que voir les défauts et ne rien remarquer comme qualité, même sur moi-même. Je ferme les yeux et accelère le pas, pendant qu'un mal de tête apparaît.
Une fois arrivé au gymnase, je file dans les vestiaire pour simplement enlever mon pull et mon gilet, pour garder mes cicatrices sur le dos cachées. Une fois préparé, j'enfile mes manique et entre dans la salle de gym. Par chance, il n'y a pas beaucoup de monde, et peu de filles. Je commence par un échauffement avec des tractions et quelques pompes. Puis, sans perdre de temps, je me hisse sur les barres parallèles. Je commence par la chandelle, un de mes exercices préférés, où le corps doit se trouver bien droit. Je garde cette position pendant moins d'une minute, avant de faire une bascule. Je reste un moment sans comprendre ce que je suis en train de faire, et doit me concentrer fortement pour me rappeler mes exercices.
- Oh et puis j'en ai marre ! Je grogne pour moi-même.
L'envie d'une cigarette me vient alors à l'esprit. Non, on va éviter, mon pauvre... Je rassemble vite mes affaires et m'en vais d'un pas mal assuré, après seulement un quart d'heure d'entraînement. J'ai l'impression d'avoir des marteaux dans le crâne qui me cognent la tête sans cesse. Cigarette ou alcool ? Un haut le coeur manque de ma faire vaciller. Juste un petit verre ou bien... Je m'accroche à la porte de sortie, essouflé.
Cette voix, encore cette voix ...
La mort, Adil .... la mort. Et tout sera fini.
-
- За популярністю
- Спочатку нові
- По порядку