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Depuis que je me suis réveillée, je me sens fievreuse, après avoir rêvée de ce parfait inconnu. Adil. Ce nom avait été accroché sur mon vélo, sur un petit bout de papier bleu, et je ne l'ai aperçu qu'en rentrant. Je suis presque sûre que c'est son nom.

- En ... euh, en voiture?

- Bah oui, je vais pas t'emmener à vélo !

Je secoue la tête, autant pour essayer d'enlever mon élastique de mes cheveux que pour sortir ce garçon de ma tête. Une fois mes cheveux lachés, j'attrape mon téléphone et tape un bref message à Noémie pour lui prévenir de mon absence aujourd'hui en cours. Mes genoux me font encore un peu mal, mais j'ai maintenant l'habitude de me blesser à cet endroit à cause de toutes mes chutes en VTT. Je ne sais même pas combien j'en fais par semaine. Mon frère n'a encore rien remarqué, après être revenu de sa soirée, à moitié défoncé.

Je pioche un doliprane, même si je pourrais m'en passer, et l'avale rapidement avec une gorgée d'eau. Il n'est que 7 heures, mais j'ai l'impression que ma journée est déjà passée. Je m'affale sur mon canapé, mon verre vide toujours à la main. Je soupire de lassitude. A part Noémie et mes frères, je ne peux pas compter sur grand monde en fait. Je ne fréquente personne d'autre a part mon entraîneur, John, et quelques professionnels de vélo, qui ne sont là que pour mes compétitions. En pensant a mon coach, je me rappelle qu'il faut que je lui téléphone. J'attrape d'une main molle mon téléphone cassé et compose son numéro.

- Allô ? Crie John après la première sonnerie.

Je décale le téléphone de mon oreille. Toujours sourd à ce que je vois...

- Oui, c'est Anna, je répond d'une voix lasse.

- Ah Anna ! S'écrie-t-il après un instant. J'me demandais quand tu allais enfin m'appeller hein !

- Oui, hum...je vous ai un peu oublié. C'est pour l'inscription.

- Bon Anna, reprend-il plus sérieux, comme je te l'ai déjà dis, tu n'as pas b'soin de t'inscrire. Tu es déjà sur la liste, il suffit que tu acceptes. Vois ça comme une invitation. Vu ton super niveau, t'as pas besoin d'attendre des s'maines pour avoir une réponse, tu piges ?

- Ouaip.

- Bon, comme tu le sais déjà, fillette, c'est dans deux semaines ...

Déjà ?! Je me lève précipitemment de ma place confortable et glisse, avec mes chaussettes, vers ma chambre. J'attrape le calendrier et regarde le jour de la compétition.

- T'es toujours là, fillette ? Me presse John en criant.

- Oui, oui, je lâche calmement, l'oreille éloignée du téléphone.

- Bon, alors c'est bon tu t'sens d'attaque ?

Je plie le genoux et grimace en sentant mon pensement pince. On va faire avec...

- Ouais ça va, je lui mens d'un ton obstiné.

- Ok, bon laisse moi deux jours et j'te rappelle pour finaliser tout ça, pigé ?

- Ouais.

Il raccroche précipitemment mais je ne lui en veux pas. John me connaît depuis que je suis rentrée au collège et est presque comme un membre de la famille. Il peut paraître désagréable mais ne m'a jamais sous-estimé et m'a déjà aidé dans mes épisodes les plus terribles. Je repose mon calendrier et renverse la tête en arrière. J'ai complètement oublié cette compétition. Je m'assois sur ma chaise de bureau et pose ma tête dans mes bras, réflechissant à ma décision.

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Je sursaute en sentant une main sur mon épaule. Je regarde l'heure : 12h. J'ai dormi aussi longtemps que ça ?! Je me relève brusquement et tombe sur mon grand frère Léo. Il me regarde avec des yeux ronds.

- Tu fais quoi ici ? Me demande-t-il en croisant les bras.

- C'est à moi de te demander qu'est ce que tu fous chez moi, non ? Je réplique froidement.

- Arrête ça Anna. T'as fais quoi hier pour être dans cet état?

- J'suis juste crevée et j'ai un peu de fièvre. Je vais bien me reposer ce week-end t'inquiète. En plus j'ai une compétition dans deux semaines.

Je frotte mon visage et m'attache les cheveux. Il me suit encore et j'aperçois Tom, mon petit frère planté au milieu du salon, un sac sur les épaules. Je me tourne vers Léo. 

- Vous faites quoi tous les deux ici bordel ?!

- Te faire une petite visite, chérie ! Se moque Tom.

Je lui lance un regard noir. Il sait très bien que je n'aime pas les surnoms mais aime bien m'embêter avec ça.

- Une compétition de quoi ? Interviens alors mon aîné.

- A ton avis, Léo ?! Un ton avis ?! Je m'écris en expirant ma frustration. C'est quoi ton problème à essayer de contrôler tout ce que je fais ?! J'suis adulte non ? Alors arrête de me poser toutes ces questions !

- Tu sais très bien ce que je pense à propos du freeride. Même papa est d'accord sur ce sujet. C'est super dangereux. Tu te rends compte qu'à chaque fois que tu te lance dans une compétition tu risque de mourir et que nous, de notre côté on ne sait même pas si tu reviendras saine et sauve ?!

Je bois un verre d'eau, en essayant de contrôler ce qu'il me reste de colère.

- T'abuse là, je lâche doucement.

- Non Anna, intervient Tom, rappelle toi qu'on a failli te perdre il y a presque deux ans.

Voyant sa mienne inquiète, je me détend. Je sais que tout ce qu'ils veulent c'est juste de garder leur sœur sauve et accessoirement vivante. Je sais qu'ils ne pourront pas supporter de moi voir encore dans le coma.

- D'accord les gars. J'avoue je devrais pas m'emporter sur ça... c'est juste que je peux pas m'en passer. C'est ma passion. Sans ça je n'ai plus aucune raison de vivre, vous voyez.

Léo s'approche de moi, les yeux brillants. Il me prend doucement dans mes bras et quelques secondes plus tard, Tom nous rejoint dans une accolade silencieuse. Je cale ma tête sur la poitrine de mon grand frère et écoute son cœur, tandis que celui de Tom rebondis sur mon dos.

- J'vous aime, les gars, je murmure et je sens leur poitrine se figer.

Tom me pose un petit baiser sur mon épaule et Léo m'embrasse sur le front. Cela me suffit pour me promettre de ne jamais les abandonner, quoi qu'il m'arrive.

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