Dix minutes passèrent ainsi. Dix minutes durant lesquelles Calypso tenta le tout pour le tout pour séduire Aron, pensant que sa coiffure semblable à celle de Naya le ferait tomber sous son charme. Dix minutes durant lesquelles Aron mit des râteaux à la princesse et durant lesquelles Sunset n'arrêtait pas de se moquer de Calypso.

C'est ce moment que choisit Nayana pour apparaître en haut des escaliers. Sunset, qui guettait son arrivée, tapota sur l'épaule de son cousin pour attirer son attention vers les marches. Aron écarquilla les yeux et rougit intensément, bouche-bée. Il n'avait pas les mots pour exprimer une telle beauté.

Toute l'assemblée se stoppa et porta son regard sur la nouvelle venue. Calypso devint verte en voyant qu'elle n'avait pas saccagé la bonne robe et que la mage était plus belle que jamais. La vendeuse, présente au bal, sourit d'un air approbateur tandis que les souverains sourirent en voyant Nayana. Toute l'assemblée se demandait qui était cette belle inconnue.

« On se croirait dans le conte de Cendrillon, sauf que cette fois-ci, c'est réel... », songea Nayana, le sourire aux lèvres.

Elle descendit lentement les marches sous les yeux de la foule, faisant attention à ne pas abîmer la belle robe. Elle fit une révérence lorsqu'elle passa devant les souverains. Nymeria lui indiqua du regard de rester un peu à leurs côtés avant de rejoindre Aron, ce à quoi Nayana hocha la tête.

« Chers habitants d'Asgard et chers invités ! », s'éleva la voix de Caladan. « C'est un plaisir pour moi que de vous annoncer la descendante de Lyna, la célèbre mage qui sauva notre royaume plus d'une fois. Je vous présente sa petite-fille, Nayana ! »

Toute la foule applaudit à tout rompre et Naya rougit de gêne. Si elle avait su que les souverains la présenteraient à la foule, elle se serait préparée mentalement.

La fête reprit lentement, et Nymeria présenta Naya à une femme habillée de rouge. Elle était très élégante et sa gestuelle laissait comprendre que le raffinement et le chic de la cour ne lui étaient pas inhabituels. C'était une elfe aux yeux verts et aux cheveux rouges élégamment bouclés. Elle portait une longue robe rouge écarlate avec une pierre précieuse au niveau de sa poitrine, ainsi qu'un boléro blanc à fourrure et des gants de la même teinte avec des boutons écarlates. Des créoles chic en argent brillaient à ses oreilles. Son aspect physique rappelait curieusement à Naya son ami.

« Nayana, voici la Comtesse Taylor. C'est la mère d'Aldaron, les présenta Nymeria, confirmant les doutes de la mage.

—Ravie de vous rencontrer, salua respectueusement Naya en inclinant la tête.

—De même très chère. Mon fils me parle beaucoup de vous dans sa dernière lettre, mais j'ignorais l'identité de votre aïeule. J'éprouve un immense respect pour cette dernière. Elle conciliait merveilleusement bien la noblesse royale et l'esprit du peuple, et il semble que cela soit votre cas. Le roi et la reine m'ont dit beaucoup de bien à votre sujet, je suis ravie qu'une jeune fille de votre envergure soit dans l'entourage de mon fils, sourit Taylor.

—Hum... merci Comtesse, rougit Naya.

—Aldaron semble beaucoup tenir à vous, alors appelez-moi Taylor.

—Bien Taylor. Puis-je rejoindre Sunset et Aron ?

—Faites donc. Après tout, vous êtes ici pour vous amuser si je ne m'abuse. Au passage, je trouve votre robe absolument merveilleuse.

—Merci beaucoup Taylor. », sourit Nayana.

Elle se dirigea vers l'endroit où elle avait repéré ses amis depuis le haut des marches et vit avec soulagement qu'ils étaient encore là. Calypso collait Aron, tentant désespérément de lui faire les yeux doux, et ce dernier sourit aussitôt en voyant Nayana. Il se dégagea brusquement de Calypso, qui s'écrasa peu élégamment au sol, et rejoignit la mage alors que Sunset pouffait de la chute de la princesse.

« Bonsoir Aron.

—Nayana... tu es divine dans cette tenue. », dit tendrement Aron.

Rougissante, la mage tourna lentement sur elle-même en souriant.

« Oui, j'ai l'impression d'être une vraie princesse. C'est comme un rêve qui se réalise. Cette robe, le bal... franchement, je ne pourrais pas rêver mieux. Et ta mère est super sympa en prime.

—Tu lui as parlé ?

—Oui, et elle est contente de savoir qu'une fille comme moi fasse partie de tes amis. Au fait, tu es pas mal toi non plus, très élégant. Cela te change. Heureusement que tu as gardé tes cheveux en bataille !

—Pourquoi ? l'interrogea Aron, légèrement rouge.

—Pour ça. »

Elle ébouriffa les cheveux écarlates du jeune homme, qui rougit, en riant.

« Et puis, tu aurais l'air trop coincé avec des cheveux bien coiffés. Au moins, tu restes toi-même comme ça. Tu es prêt à danser ?

—Aldaron ne danse jamais, renifla Calypso avec mépris.

—Oh, bonsoir Calypso. Je ne t'avais pas vu. Au fait, merci pour avoir mis en lambeaux ma robe d'entraînement à la valse. Je devais la jeter de toute manière, alors tu m'as fait gagner du temps ! dit Naya avec un grand sourire hypocrite.

—Viens Naya. »

Aron lui présenta son bras et elle s'en saisit.

« Aron, tu vas danser ? s'étonna Sunset.

—Oui, Naya m'a appris à valser. »

Elle hocha la tête et les laissa partir sous le regard furibond de Calypso, qui n'avait jamais dansé avec le jeune homme.

Aron l'entraîna sur la piste, faisant d'eux le premier couple de danseurs.

« Détends-toi, d'accord ? Fais à l'instinct et je suivrai. », lui assura Nayana. « Et amuse-toi surtout.

—Comment pourrais-je ne pas être détendue ou ne pas amuser une si belle princesse à mon bras ? », plaisanta Aron.

Il passa sa main droite dans le dos de Nayana, qui l'interrogea du regard. Il lui fit un sourire qui disait « Fais-moi confiance » et la musique commença. Les mouvements de Naya se calquèrent aussitôt sur ceux d'Aron, comme lors de la fête d'Alfheim, comme si leurs âmes étaient faites pour fonctionner ensemble.

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Le sourire qu'arborait alors Nayana valait tout l'or du monde pour Aron. C'était un sourire heureux, un sourire qui pouvait bien lui provoquer une crise cardiaque tant il pouvait faire s'emballer son coeur.

« Tu veux continuer à danser ? lui murmura Nayana en voyant les autres invités les rejoindre.

—Avec toi ? Toujours ! »

Il lui fit un doux sourire et ils se mirent en position.

De son côté, Sunset les regardait avec des cœurs dans les yeux. Plus elle les voyait et plus elle se disait qu'ils étaient faits l'un pour l'autre.

Un jeune elfe vint alors l'aborder. Ses cheveux verts foncés en bataille et tombant sur ses yeux bleus la firent sourire. Visiblement, Aron et elle n'étaient pas les seuls à porter peu d'attention à leurs tignasses.

L'elfe était habillé d'un costume dans deux tons de vert, très chic, qui semblait néanmoins dater un peu. Comme Sunset et Aron, son look jurait totalement avec l'apparence de ses cheveux et il n'avait pas l'air de s'en soucier.

« Bonsoir, Nakoa, simple habitant d'Asgard pour vous servir, fit l'elfe en s'inclinant légèrement.

—Sunset, capitaine de la garde d'Alfheim et nièce de la Comtesse Taylor. », se présenta la rousse avec un hochement de tête respectif. « Ravie de vous rencontrer.

—De même. Puis-je vous inviter à danser ?

—Avec grand plaisir. »

Le duo se dirigea vers la piste, rejoignant ainsi Aron, Nayana et les autres danseurs. La musique commença et Calypso regarda les deux duos d'un œil rageur. Personne ne l'avait invité, elle qui croulait habituellement sous les demandes. Mais elle voulait danser avec Aron. Elle chercha donc une idée pour se débarrasser de la mage.

Le roi et la reine, de leur côté, discutaient d'un sujet fâcheux avec la Comtesse Taylor.

« Et votre enquête a porté ses fruits ? voulut savoir la mère d'Aron.

—Malheureusement. », répondit tristement Nymeria. « Les dires de Nayana étaient justes. Toutes les jeunes filles du peuple ont aussitôt parlé quand Caladan leur a demandé si Calypso s'était mal comportée avec elles. On pensait que, si on ne se déplaçait pas en personne, nous n'aurions aucune réponse.

—Et nous avons eu raison. Calypso les a menacé de mort si jamais elles ouvraient la bouche concernant son comportement. Elles n'auraient rien dit à un serviteur ou un garde, mais elles nous ont assuré qu'elles ne pouvaient mentir à leur roi, ajouta Caladan.

—Vous avez appris autre chose concernant cette jeune fille ? interrogea Taylor en fronçant les sourcils.

—Oui. Bien que nous n'en doutions pas, Nayana a bel et bien subi un harcèlement de la part de Calypso. Ce sont les scientifiques qui étaient allés sur Terre avec elle qui me l'ont affirmé quand je leur ai demandé. Comme pour les jeunes filles du peuple, elle les a menacé de mort si jamais ils parlaient. Cela me sidère que ma propre fille ait un tel comportement... soupira Nymeria.

—Vous vous rendez compte que vous ne pouvez pas la laisser monter sur le trône dans ces conditions, j'espère, répondit la mère d'Aron.

—Nous le savons, mais cela reste toujours difficile à avaler. Nous ne l'avons pas élevé comme ça. Cependant, la réalité est ce qu'elle est. Nous allons la destituer de ses droits au trône et nous devrons lui trouver un remplaçant. Le futur souverain doit pouvoir avoir les qualités attendues, expliqua Caladan.

—Calypso ne les a clairement pas, nous ne pouvons pas la laisser devenir reine, approuva Nymeria.

—Et la jeune Nayana, vous pensez qu'elle ferait l'affaire ? », proposa Taylor. « D'après les lettres d'Aldaron, elle a les qualités requises.

—C'est l'impression que nous avons eu. Mais elle semble être très proche de la nature, je ne pense pas que gouverner un royaume lui conviendrait. Alfheim semble lui plaire et nous ne voulons rien lui imposer. Elle n'est pas née à Caliawen, mais sur Terre. De plus, elle s'est retrouvée du jour au lendemain à devoir assumer le poids qu'impose le fait d'être la petite-fille de Lyna.

—Je comprends Nymeria, mais vous pouvez toujours lui en parler, une fois Calypso destituée. Et puis, rien ne dit qu'elle ne peut pas gouverner depuis Alfheim. Mon château est immense, on pourra sans doute en faire le nouvel emplacement du gouvernement. Ainsi, vous pourrez rester habiter ici et les deux partis seront satisfaits.

—C'est une idée à exploiter Taylor, mais attendons d'avoir l'avis de Nayana d'abord. Ne tirons pas de plans sur la comète pour le moment. », conclut Caladan.

Mettant fin à la discussion, le roi se leva et invita la reine à danser. Taylor les regarda faire avant de jeter un coup d'œil à la princesse. Dire qu'elle avait laissé une telle vipère s'approcher de son fils... elle était d'autant plus contente que la petite-fille de Lyna soit proche d'Aron. Elle semblait lui faire du bien et la preuve était qu'elle avait réussi à le faire danser à un bal, lui qui avait toujours refusé. Cette jeune fille était spéciale, pas seulement grâce à son héritage magique, Taylor le sentait. Nayana était très importante pour l'avenir de Caliawen.

Après quelques danses, Aron entraîna discrètement Nayana dans la roseraie. Une fois dehors, la jeune fille respira l'air frais de la nuit, embaumé par le parfum des roses.

« Enfin un peu de calme, souffla-t-elle

—Oui, même si tu ne semblais pas mal à l'aise.

—C'est vrai, je crois que je me suis habituée à la foule. Mais je préfère quand même le calme de la nature à l'effervescence de la foule.

—Moi aussi. »

Nayana se tourna vers lui, son regard d'argent brillant à la lueur des lucioles. Sous le clair de lune, elle lui paraissait encore plus belle et son regard plus envoûtant encore, si c'était possible. Elle lui sourit et son cœur rata quelques battements. Le temps sembla s'arrêter autour de lui. Se rendait-elle compte de l'effet qu'elle avait sur lui ?

Il la vit alors frissonner à cause de la fraîcheur nocturne. Il retira sa veste sous son regard interloqué et la posa sur ses épaules. Nayana rougit lorsque des effluves du parfum du rouge lui parvint. Elle resserra cependant les pans de la veste, les maintenant avec ses mains. Le vêtement était profondément imprégné de l'odeur et de la chaleur d'Aldaron. Elle ferma quelques instants les yeux, profitant du sentiment de paix qu'elle ressentait. Jamais encore elle n'avait ressenti cela. Ce qu'elle éprouvait pour Aron n'était en rien de l'amitié, elle s'en rendait compte maintenant qu'elle ressassait les moments passés avec lui. C'était de l'amour, comme dans ces films romantiques qu'elle regardait sur Terre. Cette soirée lui semblait d'ailleurs tout droit sortie d'un de ces films.

Ils marchèrent silencieusement vers le kiosque, qui était dépourvu de meubles, étant enlevés après le thé des souverains. Naya posa sa tête sur l'épaule du mage, pendant qu'ils marchaient. Il ne peut s'empêcher de sourire tendrement et prit brusquement conscience qu'il aimait sa meilleure amie. Il déposa un baiser sur sa tempe, ce qui la fit rougir. Il l'aimait, c'était un fait. Elle avait ravi son cœur et son âme avec son naturel, sa douceur et sa gentillesse, lui qui n'avait jamais eu de tels sentiments pour quelqu'un. Il n'avait jamais été charmé par une fille, mais les grands yeux argents innocents de Nayana le hantaient depuis un bon moment. Son sourire, sa voix... tout en elle le hantait. Il ne cessait de penser à elle, jusque dans ses rêves. Son innocence la rendait tellement mignonne selon lui. Il avait du mal à résister à son charme sans artifice. En fait, il n'y arrivait plus.

Une fois sous le kiosque, les deux mages s'installèrent sur un des murets blancs ceinturant l'abri. Nayana se blottit instinctivement contre Aron, qui sourit en passant un bras sur sa taille pour la rapprocher de lui.

Elle leva le visage vers lui et la magie de son regard frappa une nouvelle fois Aron, comme le magnétisme de ses yeux émeraudes charma encore Naya. Il leva lentement la main pour caresser sa joue avec tendresse. Elle ferma les yeux sous la douceur de la caresse et pencha la tête sur le côté, comme si elle lui disait « Continue ».

« Aron... », soupira-t-elle.

Son nom dans sa bouche le rendait fou, le fait qu'elle soupire son nom de cette manière le rendait fou. Tout en elle le rendait fou. Elle le rendait fou, juste avec son sourire, son rire et tout ce qui faisait d'elle la fille qu'il aimait.

Sa main alla prendre place derrière la nuque de la jeune fille pour rapprocher un peu son visage du sien. Elle ouvrit les yeux et rougit, mais ne détourna pas le regard pour autant. Au contraire, ses yeux innocents semblaient presque le défier.

« Naya... », soupira à son tour le jeune homme.

Comment un garçon pouvait-il être à la fois aussi gentil, aussi généreux et aussi protecteur ? Comment un garçon arrivait-il à la faire chavirer avec un simple regard, un simple sourire, une simple parole ? Dans ses bras, elle se sentait en sécurité, protégée. Elle se sentait à sa place, comme elle ne l'avait jamais ressenti avant. Sa place était à ses côtés, envers et contre tout. Elle ne supporterait pas de le perdre. Il était devenu tout son monde, elle ne pouvait imaginer un jour sans lui. Son amour pour lui était tel qu'il aurait pu détruire l'univers entier, tant il était puissant. Elle voulait continuer à rire avec lui, à se promener avec lui, à passer du temps avec lui.

« Aron... »

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