A peine Aron de retour, un débriefing eut lieu pour informer Aron de ce qu'il s'était passé durant son absence et pour que Sunset et les autres sachent ce que Lyna lui avait révélé. Calypso était légèrement énervée d'apprendre que rien ne pourrait séparer Aron et Nayana.

« Je n'aurais jamais pensé qu'une telle attaque aurait lieu... je suis désolée Aron... désolée de ne pas avoir su protéger Naya... soupira Sunset.

—Vous avez fait de votre mieux, mais maintenant il faut organiser une exfiltration. Il est hors de question qu'on laisse Naya entre leurs mains !

—C'est bien beau, mais Lyna ne t'a pas dit comment on pouvait lui rendre sa magie ? marmonna Calypso.

—Je pense qu'on ne pourra pas. Mais si, déjà, on faisait en sorte qu'elle reste en vie, ce serait déjà pas mal, répondit Aron.

—Je suis d'accord, approuva Sunset.

—Je ne sais pas vous, mais moi j'y vais. Je ne laisserai pas Nayana là-bas plus longtemps que nécessaire ! J'y vais maintenant !

—Moi aussi Aron ! affirma la rousse.

—C'est de la folie d'aller à Darkheim, dans le château du seigneur Obscur qui plus est. Il est hors de question d'y aller sans préparation. », refusa Caladan. « On vient tout juste de sortir de deux attaques très violentes. Tu es peut-être en pleine forme Aron, mais ce n'est le cas de personne dans cette pièce.

—Mais...

—Aron. », le coupa Taylor. « Il a raison. On ne peut pas y aller sans préparation, ni sans avoir récupéré au préalable. Si on y va maintenant, on se ferait écraser. On risque de devoir affronter les soldats de l'Inferium, voire le seigneur Obscur lui-même. La dernière fois que c'est arrivé, ton père était encore un apprenti, et des milliers de soldats ont péri !

—Mais on ne demande à personne de nous suivre ! », s'écria Sunset. « Si on y va à deux ou trois, on aura moins de chance de se faire repérer. Et Aron a raison, on doit y aller maintenant ! Qui sait pendant combien de temps ils la laisseront en vie, et pendant encore combien de temps son corps supportera l'absence de magie !

—Vous n'irez pas ! Je vous l'interdis ! », s'énerva Caladan.

Aron serra la mâchoire. La discussion n'aboutirait pas dans son sens. Mais il n'avait pas besoin de consulter sa cousine pour savoir ce qu'ils allaient faire.

Tous les adultes décidèrent de clore la conversation et d'aller se reposer. Calypso et Nakoa firent de même, non sans jeter un coup d'œil aux cousins. Ils savaient parfaitement ce qu'ils comptaient faire.

Plus tard, peu avant le lever du jour, Aron et Sunset empaquetaient des affaires pouvant être utiles à Darkheim. Une fois cela fait, ils mirent le sac sur le dos et sortirent discrètement du château. Ils virent alors avec surprise Calypso et Nakoa, également équipés, qui les attendaient.

« On vient avec vous. Et ce n'est pas négociable. », dit simplement Calypso.

Soupirant, Aron hocha tout de même la tête, la rousse également. Ils s'éloignèrent du château et allèrent dans la forêt. Comme convenu avec le rouge, Sunset utilisa alors sa magie pour transporter par les airs le trio et ils arrivèrent rapidement à la frontière des deux royaumes. Ils évitèrent habilement l'armée qui patrouillait et pénétrèrent sur les terres maudites. Calypso se transforma alors en léopard géant et fit signe aux autres de monter sur son dos, ce qu'ils firent. Aron utilisa alors la faculté provisoirement offerte par Lyna pour la guider vers le château. Nakoa utilisa son pouvoir du Bois pour noircir la surface de la fourrure de Calypso avec du charbon de bois, afin qu'ils se fondent un peu dans le décor exclusivement obscur de Helheim.

Il fallut une dizaine de minutes pour que les tours tortueuses d'un château sombre leur apparaissent à l'horizon, et tout autant pour atteindre les murailles du ledit château, murailles auprès desquelles les attendaient une armée de Darksouls. Calypso reprit sa forme originelle après que le groupe soit descendu de son dos.

« Je vais les retenir. Filez, je vous rattraperai plus tard.

—C'est de la folie Calypso ! dit Sunset.

—Non, au contraire. C'est la meilleure escrimeuse que j'ai jamais vu, c'est elle qui m'a appris à manier le katana. Elle s'en sortira, j'en suis sûre. Elle a beau être une peste, elle est pleine de ressources. »

Sunset soupira aux paroles de son cousin mais abdiqua. Calypso se changea alors dans une tenue nettement plus adaptée à la situation : son armure.

Elle dégaina son épée et se lança à l'attaque. Le trio restant en profita pour se faufiler à l'intérieur du domaine, puis dans le château lui-même. Aron leur indiqua alors qu'il fallait monter. Repérant un escalier qui servait tous les étages, Sunset utilisa de nouveau son pouvoir pour faire voler l'elfe et le mage et tous montèrent par la voie des airs. Cependant, alors qu'ils avaient dépassé le vingtième étage, soit la moitié du château, quelque chose empêcha les ailes de Sunset de continuer à battre. Elle tomba alors dans le vide. Du coin de l'œil, elle vit des nunchakus rouges foncés. Elle leur fit signe d'y aller, qu'elle les rattraperait plus tard. Elle allait se charger de celui qui avait essayé de les arrêter.

Comme ils ne pouvaient plus voler, Nakoa dut utiliser le bois des escaliers pour former une plateforme magique qui les ferait monter. Ainsi, ils réussirent à atteindre l'étage de Naya, qui était le trente-neuvième étage. Ils se mirent alors à courir, Aron les guidant. Le stress et l'angoisse montaient à chaque pas. Arriveraient-ils à temps ?

Aron s'arrêta brusquement devant une porte. Il regarda Nakoa et lui confirma d'un signe de tête que Nayana était à l'intérieur. Le rouge appuya sur la poignée et il ouvrit la porte. Dans la chambre, Freyja les attendait, armée de son épée en stellanium.

« Vous êtes arrivés plus vite que ce que je croyais. Bien, finissons-en rapidement avant que mon Maître ne s'énerve. », sourit sadiquement Freyja.

En réponse, Aron dégaina son katana. Une lutte s'engagea alors, Freyja tentant avant tout de briser l'arme du rouge, qui était en stellanium également bien qu'elle ne le sache pas. Cependant, la mage noire restait bien plus forte que lui, et elle avait le dessus sur lui. Mais il ne voulait pas plier, il ne voulait pas renoncer. Nayana avait besoin de lui, il ne pouvait pas l'abandonner.

« Je ne te laisserai pas faire du mal à Nayana sale vipère ! »

Ses yeux scintillèrent d'un bel éclat vert et son katana s'illumina de la même lueur. Freyja vit alors Aron et Nayana attaquer avec l'arme du rouge. Elle écarquilla les yeux, choquée, et baissa sa garde.

« Comment est-ce possible ? », murmura-t-elle.

D'une attaque d'une puissance qu'elle n'avait jamais reçu auparavant, Aron la mit au tapis. Au même moment, Nakoa le rejoignit, abandonnant son camouflage grâce auquel il avait pu se faufiler jusqu'à la terrienne. Cette dernière était dans ses bras. Ils s'échappèrent alors et Aron rengaina son arme, Nakoa lui tendant la noiraude. Le rouge la prit en princesse et tous deux redoublèrent d'allure pour échapper à Freyja qui les poursuivait.

« Vous entendrez parler de nouveau de Freyja ! Je vous le jure, je vous tuerai de mes propres mains !! », hurlait-elle.

Aron serra la mâchoire, se demandant comment elle avait pu tomber si bas, alors que rien ne la prédestinait à finir dans les ténèbres. Ils récupérèrent Sunset au passage, qui avait tenu le coup face à Kazuto et qui avait même réussi à le mettre à terre un instant, puis Calypso à l'extérieur, qui avait réussi à affaiblir les Darksouls.

Sunset utilisa alors son pouvoir pour les faire s'envoler, loin de Darkheim, tandis que les cris de rage de Freyja et Kazuto se faisaient entendre jusqu'à la Terre. La rousse utilisa son pouvoir à la puissance maximale pour les faire rentrer à Asgard en une poignée de minutes seulement. Malheureusement pour eux, les souverains et Taylor les attendaient de pied ferme.

« Bande d'idiots ! On s'est fait un sang d'encre !! On vous a dit de ne pas y aller !! s'écria Taylor.

—Non, au contraire. On a bien fait. Ils ne nous attendaient pas si tôt et leur défense n'était pas complète, révéla Sunset.

—Peu importe. Le plus important pour l'heure, c'est Nayana. Mais on n'en restera pas là.

—Laisse tomber Nymeria, ce qui est fait est fait. Même s’ils pouvaient revenir en arrière, ils le referaient quand même, dit calmement Caladan.

—D'accord. Mais Calypso, on devra parler, ton père, toi et moi. »

La discussion s'acheva là et tous allèrent dans la chambre de Naya. Le rouge la reposa sur son lit et le groupe décida de les laisser seuls. Seule Sunset resta dans la chambre, à l'écart tout de même, pour veiller sur le duo.

Aron prit la main de Naya, priant pour qu'elle puisse l'entendre et pour qu'il l'entende éventuellement.

« Naya... Nayana, tu m'entends ? »

Beaucoup plus tôt, du côté de Nayana, la jeune fille se réveilla. Elle papillonna des yeux quelques secondes avant de se relever doucement. Elle était sur un transat, dans le jardin de la maison où elle avait grandi, à Clermont-Ferrand.

Elle mit un moment à le réaliser. Elle posa alors une main sur sa tête, se demandant si tout ce qu'elle avait vécu n'était qu'un rêve. Elle regarda ses cheveux. Ils étaient noirs et lui arrivaient en dessous du bassin. Elle avait également des vêtements normaux et n'avait pas le collier légué par sa grand-mère.

« Cela avait l'air si réel... »

Elle se leva complètement du transat et vit sa grand-mère qui était en train de mettre la table, sur la terrasse. Elle était comme dans ses souvenirs, avec ses cheveux ondulés courts d'un noir d'encre et son regard si semblable au sien. Les larmes lui montèrent aux yeux.

« G... Grand-mère ?

—Bah alors Nayana, pourquoi tu pleures ? s'étonna sa grand-mère en voyant les larmes qui dévalaient ses joues.

—Hum... non, rien. Je suis juste contente de te voir... »

Elle prit Lyna dans ses bras qui, bien que surprise, lui rendit son étreinte avec tendresse.

« C'était un rêve. Juste un rêve. Grand-mère est toujours en vie... »

Lyna lui fit un bisou sur le front et elles passèrent à table. Elles discutèrent alors joyeusement tout en mangeant.

« Dis-moi Nayana, que t'arrive-t-il ? Tu n'es pas si expressive ni si bavarde d'habitude, fit remarquer Lyna.

—J'ai juste fait un drôle de rêve Grand-mère, un rêve qui semblait vraiment, vraiment réel. Mais pas tant que ça en fait, j'étais une fille pleine d'assurance et très expressive. J'avais des pouvoirs surpuissants que tu m'avais légué. Il y avait aussi Calypso, cette sale peste... la magie était partout, il y avait des sirènes, des elfes, des dragons, des anges, des guépards humanoïdes, des mages...

—Tu as décidément une imagination débordante Nayana ! », rit sa grand-mère. « Je pense que tu devrais arrêter de lire autant de mythes fantastiques et de contes de fée.

—En parlant de conte de fée, dans ce rêve, je suis allée à un bal. J'avais une robe tellement belle... elle était réellement féerique. J'avais l'impression d'être Cendrillon ! J'étais la plus belle de tout le bal, tout le monde me regardait !

—Et cela ne te gênait pas, dans ton rêve ?

—Non, au contraire. Cela me faisait plaisir. A ce bal, j'ai également dansé avec un autre mage. Je devais être amoureuse de lui dans mon rêve.

—Ton rêve semblait vraiment merveilleux.

—Merveilleux, c'est le mot. Mais il y a une attaque de monstres. On est allés défendre l'hôpital avec cet autre mage. On a dû se séparer pour couvrir plus de terrain et quand on s'est retrouvés, il était à bout de force. Je ne sais pas comment j'ai fait, mais j'ai détruit tous les monstres, c'était géant !! Puis... puis je me suis réveillée. Mais je te jure que cela avait l'air vrai.

—Je te crois chérie. Au fait, Alya a appelé. Elle passera te chercher vers sept heures, ce soir, annonça Lyna en débarrassant la table.

—Alya ? Pourquoi ?

—Ben, pour aller voir les feux d'artifice sur la place de la ville. Ne me dis pas que tu as oublié ?!

—Hein ? Non, bien sûr que non voyons ! rit nerveusement Nayana.

—Ce rêve t'a vraiment retourné la tête ma chérie. », pouffa Lyna.

La noiraude laissa échapper un rire gêné tandis que sa grand-mère rentrait dans la maison.

« La tête... mais aussi le cœur... je me demande si ce mage existe vraiment. Après tout, si Calypso était dans ce rêve, pourquoi ne serait-on pas dans la réalité ? », songea Nayana en regardant le ciel.

Au fond d'elle-même, elle se demandait si ce rêve n'était pas la réalité, et si la réalité n'était pas un songe. Ce qu'elle avait ressenti dans ce rêve était si fort, si réel, qu'elle doutait du fait que ce ne soit qu'un songe. Mais pourtant, rationnellement, cela ne pouvait être qu'un rêve, le fruit de son imagination.

« Je devrais vraiment suivre les conseils de Grand-mère et arrêter de lire autant de mythes fantastiques, j'en viens même à confondre la réalité et mes rêves... », soupira la jeune fille en se levant pour aider sa grand-mère.

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