Prise de conscience.
Le sang de l'eau.
De Neotasgos à Lacusoppidum.
Alison.
Aux portes du diable.
Crevez Furry!
Dix contre un.
Dernière raison.
Direction Périté !
Les ailes de chacun.
Damnatio aeternum.
Dans l'œil du maelstrom.
Le brasier du Fraxinus.
Damnatio aeternum.

Le rythme binaire des pistons les tirait toujours plus près de Périté.

Alison faisait un briefing de la prochaine étape. Le point de rassemblement serait la fontaine asséchée se situant sur la place du village, ensuite, chaque membre du convoi allait être logé jusqu'à leur départ. Selon elle, ce dernier voyage s'annonce calme la forêt étant réputée sûre.

C'est alors que, au loin, un beau soleil de midi, qu'un village à flanc de colline se montra sous ses plus belles couleurs.

- Voilà Périté ! s'exclama Frédéric.

- Tu disais vrai, vu d'ici le village me fait penser à Neotasgos, répondit Pako.

- Ça nous fera du bien de nous poser quelque temps.

- Je ne te le fais pas dire ! ajouta Rick. J'espère qu'on dort aussi bien qu'à la station. Pas vrai Suzanne ? lui dit-il, elle qui était encore allongée.

- J'espère aussi, me reposer et trouver enfin un médecin digne de ce nom. Sans vouloir te vexer Fred', fit-elle à Frédéric qui acquiesça sans amertume.

- Quelque chose ne va pas Alison ? dit le panda avec sa voix chaleureuse.

La biche baissa tristement les yeux pleins d'inquiétude. Frédéric s'en pressa de glisser son bras par dessus ses épaules et posa sa grande main velue du même bras sur la tête de son amie.

- Allez, ne te mine pas. Tout va bien se passer, on s'en sort bien, il n'y pas de raison que ça s'arrête là, lui dit-il avec son redoutable sourire aussi contagieux que chaleureux.

Elle laissa s'échapper un rire soudain suivi d'un sourire discret. La biche posa sa main sur le robuste bras du panda.

- Si ça peut te faire plaisir... dit-elle dans un soupir amusé.

- Bien bien, positivez et ça ira ! répondit-il en levant son bras de Alison.

Alison se tourna vers Suzanne qui la regardait avec des yeux pétillants, haussant bêtement et frénétiquement les sourcils. Quand elle la vit, elle fit un « Gamine ! » sur ses lèvres.

La louve arrêta mais gardait ces mêmes yeux pétillants, les babines retroussées comme celles d'un chat.

Enfin, comme prévu, le convoi arriva à midi dans le paisible village.

Le convoi fit écho dans Périté, habitants de tout âge se pressaient aux fenêtres et au coin de la route où ils acclamèrent ces aventuriers anonymes leur livrant l'assurance d'un demain sans soif.

La bande était ébahie devant cet accueil. Frédéric se tenait fièrement droit, l'air profondément satisfait, fier, bien que sans prétention, les bras croisés, devant la foule, Suzanne et Pako étaient surpris, impressionnés à en être figés. Alison, quant à elle, semblait cacher sa surprise à peine lisible sur son visage, sous des traits sérieux et presque inexpressifs. Et enfin Rick, bien que toujours aux commandes, se tourna et dit : « C'est dingue ce qu'on vit hein ? »

Le convoi arriva sur la place où une antique, magnifique, fontaine asséchée. Là où une petite foule venait de s'amasser dans une bruyante joie, accueillant le convoi.

Le chariot de tête, où se trouvait l'Iguane, fut le premier à être reçu, accueilli avec des dizaines de bras tendus et des acclamations.

La bande, même depuis la queue du convoi, pouvait voir l'Iguane recevoir les acclamations, serrer les mains des habitants avec un grand sourire.

Très vite le convoi déchargea un à deux tonneaux par chariot.

Pendant que tous les villageois s'étaient rassemblés sur la place, une véritable houle vivante, bruyante et gesticulante.

Alison était descendue avec Frédéric décharger leur tonneau.

Dans la confusion de la foule, elle ne vit pas l'Iguane surgir soudainement à ses côtés.

Elle n'eut eu le temps d'ouvrir la bouche qu'il la coupa.

- Ne dit rien. Je voudrais profiter de ce moment pour t'expliquer quelque chose. Avant que tu n'essaies quoique ce soit. Si tu pars c'est ces gens que tu laisses, lui dit-il en lui montrant la foule dans un signe de la tête. Chaque chariot perdu, membre d'équipage, c'est eux qui en sont les dommages collatéraux. Je ne veux pas de déserteurs car c'est notre devoir de les aider. Je sais que tu prépares quelque chose et je vais tout faire pour t'en empêcher. Je te donne une dernière chance : tu désertes et je t'abats moi-même, toi et tes camarades. Soit tu me dis tes réelles intentions, tu dénonces ton petit complot et tu auras peut-être une chance de t'en sortir. Ton silence me sera toujours suspicieux alors avise-toi de te dépêcher. Ne sacrifie pas ton équipe avec notre mission.

- Je suis tout aussi engagée que toi dans la cause Gérard. Mais nous n'avons pas les mêmes méthodes.

- Ne fais pas semblant. Durant toutes ces années tu n'as pensé qu'à toi et tes galons. Ce n'est pas moi qui sacrifie les autres.

- Ce n'est pas aujourd'hui que...

- Presque toutes tes manœuvres se sont terminées dans un immonde bain de sang et tu le sais. La sécurité t'importe peu, tu arrives à tes fins grâce au sacrifice machinale de tes aillons.

- Tu exécutes à tour de bras.

- Les traîtres et les désertrices comme toi mais je ne sacrifie personne et surtout des innocents qu'on se doit d'aider. Tu m'as toujours dégoûtée, tu as perdu toutes les personnes que tu aimais et tu t'apprêtes à sacrifier tes nouveaux équipiers avec tes méthodes. Je t'empêcherai de recommencer cette fois-ci, tu as trop de sang sur les mains. Aujourd'hui tu fuis et ce n'est pas l'administration qui va te sauver. On n'aurait jamais dû donner des responsabilités pareilles à une psychopathe de seize ans.

- Tu es une ordure, dit-elle l'air indifférent.

- Au fond tu sais que j'ai raison. Alors réfléchis bien à ce que tu vas faire.

Alison ne savait plus quoi répondre, alors Gérard s'éloigna dans la foule grouillante. Ces paroles raisonnaient en elle telles l'écho d'une cloche. Pourtant elle ne voulait pas écouter ce qu'il disait... Mais ce n'est pas la première fois, même Marc lui en avait parlé. C'est ce poids qu'elle traîne depuis tout ce temps, tous ces visages déjà oubliés refaisaient surface, souvenirs confus de visages grimaçant dans la fatale douleur, gravée sur leur face jusqu'au posthume. Pourquoi être allée aussi loin ? Dans quel but ? Tu n'as jamais regretté, aucune culpabilité, même après Marc, te servir des autres est devenu aussi facile que de presser la détente. Ta dernière once d'empathie est donc partie avec lui... Que te reste-t-il, qu'est-ce que tu es encore prête à faire pour arriver à un but inconnu ? Que t'apprêtes-tu à faire encore ? Qui en sera victime ? Qui en seront les victimes ?

Le bruit confus de la foule semblait si lointain. Perdue dans ses pensées, mais telle une houle sur un bateau, elle contribuait à la déstabiliser, la secouer, lui faire tourner la tête. L'extérieur, comme la mort des autres, ne faisait que l'effleurer mais la bouleversait comme une vague grandissante au large. Elle ne sentait plus ses jambes, ne sentait plus rien, comme si elle flottait, dérivait... Sa tourmente refaisait surface dans un tourbillon de joie, comme un démon qui vous attrape à la gorge sans prévenir dans l'utopie, le rappel que la réalité n'est qu'un enfer idéalisé. Elle s'enferme et se referme dans sa propre boîte crânienne, où ces simples paroles peuvent la lui percer comme ces calibres qui font taire la vie. Démons intérieurs crient, raisonnent en elle, la secouent encore, d'immondes boules grosses comme des grenades gonflent dans sa gorge qui se serre à ne plus pouvoir respirer... Les battements de son cœur font vibrer tout son être dans des vagues douloureuses faisant pression sur ses poumons. Elle ne faisait qu'éviter ses souffrances, ombres qui la suivent le jour et l'envahissent la nuit, ombres qui ne vous lâchent jamais les chevilles à l'instars des boulets que l'on traîne sans liberté. Les oreilles tintent, bourdonnent dans les battements du cœur qui laissent le corps dans une sensation de peine vide, comme si la miséricorde l'avait quittée. Plongée dans les plus profondes abîmes de ses pensées, elle n'est qu'isolée des secousses de l'extérieur, seul le noir reflète l'écho de son esprit. Plus rien ne semblait la repêcher... Sauf une voix un peu enfantine qui transperça ce voile noir et la tira comme dans une contre-chute, l'émergeant à nouveau dans la réalité bruyante...

C'était Rick qui venait de l'appeler dans le brouhaha, lui posant ses petites mains poilue sur son épaule... Tout ça n'était qu'un soudain songe... Gérard venait juste de disparaître dans la foule... Un interminable tunnel de pensées passées à toute vitesse dans la réalité... Elle venait d'immerger et toutes ses peines physiques s'étaient envolées, bien secouées du voyage.

Le petit renard à l'air insouciant lui demanda si ça allait. Elle lui répondit que oui dans le plus grand des naturels. Il demanda aussi ce qui avait été dit entre elle et Gérard l'iguane, que ça semblait l'avoir perturbé. Elle lui répondit que ça n'était rien, qu'il ne fallait pas y prêter attention.

Puis trois jeunes vinrent les remercier, en leur serrant la main, posèrent de nombreuses questions pleines de motivation. La bande leur répondit qu'ils étaient de nouvelles recrues et qu'ils ne savaient pas trop quoi leur dire, que c'était leur première ici. Avec cette remarque, les jeunes les invitèrent par la suite, avec insistance et enthousiasme, à visiter les lieux.

Ils leur firent visiter le village entier, parlèrent des histoires autour... Apparemment, Périté est un très vieux village, plus vieux que Neotasgos. Il serait un des derniers villages de la région qui auraient abrité les grands singes avant de servir de refuge aux animaux artistes qui, pendant la disparition, étaient rejeté par les groupes de survivants de par leur manque de compétences utiles à la survie de ces temps difficiles. Ces intellectuels auraient nommé ce village "Péritus" signifiant "prodige", étant tous des artistes et penseurs. "Péritus" qui se serait transformé avec le temps en "Périté". Depuis, ce village à un rapport fort envers la création et la conservation de la culture. En revanche, là aussi durant les vagues de haine après la disparition, des groupes d'animaux seraient venus détruire les représentations des grands singes, leurs livres, et leurs objets restant, en mettant feu aux bibliothèques parfois même tuant les témoins qui auraient autrefois côtoyé de trop près les grands singes avant que le temps ne termine le travail. Damnatio memoriae.

Ensuite ils allèrent à la lisière d'une épaisse et sombre forêt où les arbres sont impressionnants.

Pako demanda aux jeunes l'âge de cette forêt qui lui paraissait très vieille, plus que tout ce qu'il avait vu.

Les jeunes lui répondirent que c'est la plus vieille forêt de la région, il s'y trouverait des arbres ayant près de trois cent ans ayant vu les décennies précédant et pendant la disparition.

Il leva la tête vers la canopée qui était remarquablement épaisse, bien plus épaisse que les forêts qu'il connaissait. Un des jeunes le remarqua et lui expliqua que ça n'est rien par rapport au centre de la forêt et que cela n'est toujours rien par rapport à ce qu'étaient les forêts avant les grands singes.

Pako fut intrigué et lui demanda de continuer. Le jeune lui expliqua qu'avant, d'après leurs botanistes, les forêts recouvraient presque toute la Terre, que la canopée était si épaisse qu'une infime partie de celle-ci parvenait au sol et les arbres seraient démesurés dans toutes leurs mesures.

À l'arrivée des grands singes, les forêts ont été exploitées jusqu'à ne plus à avoir assez d'arbres pour satisfaire leurs besoins qu'ils auraient planté des forêts artificielles, comme celle-ci, un peu comme un grand potager avec des arbres que les grands singes exploitaient et replantaient en continu et ce sur des décennies... Épuisant les sols à cause de l'unicité des essences, en témoigne la majorité de Douglas ponctuant la forêt.

Rick demanda à son tour si des gens vivaient encore dans cette forêt. Un jeune, étant en fait une langouste, lui répondit que oui, une tribu se logeait dans les arbres depuis des décennies. Bien qu'ils se montrent méfiant vis à vis des étrangers, on peut les rencontrer avec de la chance.

À cette réponse Rick regarda furtivement Pako et comprit que c'est une piste à étudier.

Le renard continua en demandant dans quelle direction il y aurait le plus de chance de les croiser. Les jeunes se montrèrent assez étonnés de cette question, et répondirent qu'aller droit au Nord de la forêt suffirait. Mais qu'on s'y perd aussi vite que la forêt s'épaissit, le mieux serait d'y aller avec un guide comme c'est leur première fois dans la région.

Un des jeunes intrigués interrogea Rick sur cette question assez surprenante pour l'équipage d'un convoi comme celui-ci.

Il lui répondit que c'était une simple curiosité, que le paysage était beau et qu'il avait simplement envie de savoir.

Le jeune acquiesça en ayant l'air de prendre ses distances sur cette réponse.

Rick continua ensuite à leur poser des questions pour calmer les petits soupçons, suivi du reste de la bande qui soutenait subtilement le renard dans ses démarches pour gagner leur confiance.

Mais rien n'y fait, ce même lapin ne semblait pas convaincu. Un jeune intervenu, quant à lui toujours aussi impatient, et proposa de revenir au village.

Sur le retour, quelques horas étaient déjà passées, la foule c'était dissipée et une étrange organisation montait de grandes tables sur la place autour de la fontaine. Les équipages du convoi prenaient le temps de se reposer pour la plupart, laissant les chariots sur la place.

Les jeunes discutèrent entre eux à propos des chambres libres, l'un d'eux envoya un autre chercher une information. Quand il revint un peu essoufflé, il échangea un court instant avec les autres sur des places restantes.

Les jeunes les accompagnèrent par la suite au bas d'une maison de deux étages et montèrent au premier. Alison leur demanda ce qu'ils faisaient là.

- C'est simple ! répondit l'un d'entre eux.

- Vous allez dormir ici le temps que vous repartiez avec le convoi, continua un second.

- Vous avez l'étage pour vous ! termina le premier. Celui du dessus est déjà pris par une autre équipe.

Rick dressa ses oreilles, droit comme des piquets et laissa s'échapper un discret, poli, ricanement de satisfaction.

- Je ne pensais pas qu'on aurait un étage complet, dit Suzanne étonnée.

- Vous êtes cinq, il vous faut bien de l'espace. Nos maisons sont vides, la population du village n'est pas bien grande comparée aux maisons libre. Et puis, profitez, vous n'êtes que de passage !

- Et bien... Merci beaucoup on n'en demandait pas tant ! répondit chaleureusement Frédéric.

- Il n'y a pas de quoi, faîtes comme chez vous. Permettez, on a des petites choses à faire pour ce soir.

- Pas de problème, bonne journée !

Les jeunes repartirent par les escaliers.

C'est alors que Rick regarda intensément Suzanne, les yeux suppliant comme en enfant réclamant à une mère tressaillant d'impatience. La louve acquiesça avec sourire : « Oui Rick tu peux choisir ta chambre... ». Il partit dans un élan puéril dans l'appartement à petit trot.

- Bon, on va chercher les affaires avant qu'il détruise l'appartement ? répliqua-t-elle.

- Oui, ajouta Pako, ça fait déjà quelques horas qu'on est là et on n'a toujours rien fait. En revanche...

- Oui ?

- Le fait qu'il y ait une tribu dans la forêt est très intéressante comme issue de secours. Tu penses qu'on devrait tenter le coup ?

- Je ne sais pas honnêtement...

- Je suis du même avis que Suzanne, ajouta Frédéric, on ne sait même pas où ils sont précisément, foncer au Nord ce n'est pas suffisant. Et on ne sait même pas à combien de temps ils se trouvent, si ça tombe ça nous prendra plusieurs jours.

- Je n'ai pas dit le contraire, continua Pako, c'est une piste à creuser. Mais il faudra faire attention, le lapin qui a répondu à Rick semble nous soupçonner de quelque chose, vous l'avez tous remarqué je pense. Ils ont l'air de glorifier les actes des équipages de la station, on doit se montrer discrets sur nos agissements au risque que le mot passe dans les oreilles de l'iguane.

- Gérard, dit Alison.

- Il s'appelle Gérard ?

- Oui, je ne vous l'ai jamais dit mais c'est son nom.

- Bon d'accord. Alors on doit faire attention à ce qu'on dit, autant aux équipages qu'aux villageois, ainsi que surveiller ce jeune dans ce cas, essayez de l'éviter sans qu'il ne s'en aperçoive.

- Voilà qui complique tout, ajouta Frédéric.

- Allons chercher les affaires, ajouta Suzanne. On n'a pas de temps à perdre.

Ils allèrent prendre leurs sacs et remontèrent dans l'appartement. Quand ils furent de retour, Rick, ce petit renard, les attendait dans un fauteuil au salon. Quand ils furent dans cette même pièce, il leur posa le grappin de suite : « Bon ! Après avoir fait un rapide tour dans les pièces : il n'y a que deux chambres avec deux lits de deux places. »

- Oh on va devoir se partager les chambres ? répondit Suzanne.

- Oui, et j'ai décrété que je dormirai seul dans une pièce, dit-il dans une volontaire mesquinerie surjouée.

- Oh d'accord t'as décidé de faire chier ton monde toi. J'imagine qu'on va devoir faire nos binômes ?

Il hocha la tête bien fier de lui.

- Bon, écoutez, on verra ce soir là je n'ai pas envie de céder à se petit fifrelin.

- Et je ne te céderai pas non plus petite ''fifrelinne''.

- Petite saloperie va. Allez je vais un peu me promener dans le village, ceux qui m'aiment me suivent, dit-elle en posant lourdement ses sacs sur le sol. Je dois me trouver quelqu'un pour me traiter ma plaie aussi.

- Je te suis alors, dit Pako en la suivant.

- Ah ? Parce que tu m'aimes ? dit-elle d'un ton amusé en descendant les escaliers.

- Oui mais ça reste platonique entre nous, évidemment.

- Mouais c'est ça cache ton jeu ! se moqua-t-elle.

Ils descendirent dans la rue tout les deux, et passèrent le reste de l'après-midi ensemble à terminer de visiter le village, slalomant entre enfantillages et conversations variées. Les jeunes loups essayèrent aussi de trouver un médecin en demandant aux habitants. Ils trouvèrent un médecin, un tamanoir, qui après l'inspection de la blessure leur a posé un rendez-vous dans deux jours, tôt dans la matinée, comme le convoi partait le soir venu. Le temps qu'il retrouve et étudie les livres appropriés à son traitement. Le diagnostic posé était que la blessure n'était pas trop grave, mais qu'il fallait la traiter pour éviter les complications. Les loups étaient soulagés de trouver enfin de l'aide.

Ils avaient envie de continuer leur balade, allèrent voir les petites curiosités des artistes, choses très rares de ces jours, peu sont ceux qui s'attardent encore à la créativité. Il y avait surtout une en force de l'âge panthère qui utilisait des fusains de charbon et créait des scénettes, bien que sombres, évoquant le quotidien de peintre du village et visaient à illustrer la simplicité de vie, l'absence d'un matérialisme, car Périté est très solidaire et a pour culture le partage. Pour cela ses toiles étaient accrochées dans la rue, tout le monde pouvait en prendre une. Elle disait que l'art n'avait pas de prix et que c'est en donnant un accès libre à la connaissance que l'on donne une chance à chacun d'avoir des idées. Cette panthère fabriquait toute ses toiles elle-même, elle tissait de la laine de mouton et faisait des cadres dans de souples branches de noisetier ou encore, dessinait sur des planches de bois clair quand elle le pouvait. Les toiles qui n'étaient pas dans la rue, étaient accrochées à l'intérieur, dans un garage recouvrant totalement les murs. Un véritable musée de curiosités où des années de travail s'accumulaient. Toutes ses toiles semblaient assez euphoriques, bon enfant pour la plupart, quant à d'autres bien moins nombreuses, illustraient l'histoire de Périté telle que la panthère l'a apprise. Des toiles plus tristes, où une forme d'apocalypse était représentée. La soif, la faim, la végétation mourante, les tempêtes destructrices de la deuxième saison... Les vagues de haine, les bûchés de livres d'après la disparition, les lynchages dans les rues, la perte d'êtres chers... Ces toiles retenaient particulièrement l'attention de Pako, et il finit par demander : « Je ne comprends pas... Depuis on me répète que ce sont justement les grands singes qui ont commis ces atrocités... Pourquoi on aurait fait ça ? C'est à cause d'eux que tout est détruit n'est-ce pas ? »

- On ne sait pas tout de l'histoire Pako... acquiesça la panthère. Mais ce n'est sûrement pas aussi simple que tu l'entends.

- Que veux-tu dire par là ? ajouta Suzanne.

- Il faut vous rendre compte que, après la disparition, le monde était en ruine, personne ne savait si mère nature allait s'en remettre... C'est dur d'assumer une destruction pareille, même si on n'est pas les seuls responsables.

- On y aurait pris part ? dit Pako.

- On ne sait pas justement... Ou on ne sait plus. Ceux qui ont perpétré ces actes auraient essayé de réécrire l'histoire d'une certaine manière.

- Mais on a vu les vestiges du passé, ajouta Suzanne. On est allés au cœur d'une cité du diable, on a vu les traces de répression, on était mis à part, comment on aurait pu participer à l'Effondrement puis à la Disparition ?

- Encore une fois je ne peux vous répondre. Mais il y a bien une chose qui s'est passée, ici à Périté, c'est que nos semblables sont venus détruire les traces et ce n'est pas pour rien. Des gens sont morts brûlés dans ces rues car ils avaient vu de leurs yeux vus le pourquoi du comment. Vous êtes encore jeunes, vous ne savez pas encore... Mais encore, vous répétez ce que l'on vous a dit et en va de même pour moi. Je n'ai pas vu ce qui a été fait, tout n'est que bouche à oreille. À vous de décider de votre réalité, mais n'oubliez pas que la réalité n'est jamais ce que l'on veut entendre.

- Je ne comprends pas... continua Pako. On était plus proches qu'eux de mère nature, comment on aurait pu tout détruire ?

- Il n'était pas moins de mère nature que nous Pako. Tout être qui un jour trouve un outil utile s'en servira, c'est dans l'intérêt de la survie. Peut-être que nous, autant qu'eux, avions des moyens et en avions abusé comme eux.

Le jeune loup baissa les yeux, les oreilles en arrière, un mélange de honte, culpabilité et de colère. Suzanne le vit et alla poser sa main sur son épaule en le caressant légèrement.

- Seule chose Pako, c'est qu'il ne faut pas s'en faire, continua la panthère. Ce n'est pas de notre faute, le passé appartient au passé. Aujourd'hui on doit faire avec.

- Pourtant on a le droit de savoir, répondit-il. Ce n'est pas normal qu'on ait fait ça...

- Je suis désolée si cela heurte quelque chose en toi. Tu n'es pas obligé de me croire.

- Je vais y réfléchir... Ce n'est pas tellement l'apprendre qui me fait du mal, mais c'est le fait de savoir que jusque là j'ai peut-être vécu dans le mensonge et qu'une partie de nos racines ont volontairement été brûlées par mes semblables... J'aimerais tellement savoir ce qu'il s'est passé...

- On le veut tous, mais il faut se faire à l'idée qu'on ne saura peut-être jamais.

À ces mots Pako était dévisagé, triste. Ils continuèrent à échanger dessus, parlaient des tableaux tandis que la panthère continuait à parler de l'histoire de Périté.

Les horas passaient et le soleil entamait sa descente paisible. La panthère finit par dire aux jeunes loups qu'il fallait qu'ils se changent les idées: « Allez Pako, ne te mine pas. Ce soir, comme à chaque fois que le convoi passe par ici, il y a un petit évènement sur la place et tu devrais y jeter un coup d'œil avec Suzanne. Ce n'est pas tous les jours que l'on voit ça dans les villages. Je peux t'assurer que cela va te faire du bien. Peut-être que ça a déjà commencé, il faut absolument que vous voyez ça, on s'y reverra si ça tombe. »

- Je voyais bien que quelque chose se préparait sur la place, répondit-il. On va faire ça ? continua-t-il en regardant Suzanne.

- Oui bien sûr. C'est vrai que t'as un petit cœur tendre toi, je n'aime pas te voir triste comme ça, dit-elle en frottant sa truffe contre la joue de Pako qui soupira de gêne.

La panthère eu un léger ricanement: « Je vous laisse alors, j'espère vous revoir ce soir, sinon c'était un grand plaisir de vous avoir rencontré et je l'espère à une prochaine fois ! »

- Merci à vous aussi, disent les loups comme un seul !

- Amusez-vous bien les tourtereaux !

- Et non, juste amis pour le moment, on n'exagère rien ! répondit Suzanne alors que Pako ne fit comme de rien.

- Oups pardon ! Passez une bonne soirée alors !

- Merci !

Elle sortit du garage, là où Pako l'attendait.

- 'Faisait longtemps pas vrai ? dit-elle

- Qu'on nous prenne pour un couple ? Ouais... dit-il gêné.

- Et oui ! répondit-elle en le prenant sous son bras et en commençant à se diriger vers la place. Couple d'éternels célibataires pas vrai ?

- C'est ça ! Et dire que je n'ai jamais encore embrassé...

- Ce n'est pas le plus important ça ! Et moi non-plus je te rappelle. Tu te trouveras bien une femelle à ta pointure c'est certain ! Patience, et fais-moi confiance, la bonne n'est jamais très loin !

Il eut un rire soudain et poursuivit : « Et fais-moi confiance, le bon n'est jamais très loin. »

- Si seulement ! Le temps passe si vite, on se rapproche déjà de la vingtaine et toujours aucune expérience. J'aimerais bien vivre aussi longtemps que la panthère, ça se sent qu'elle est bien dans sa vie... Partir avant la quarantaine me ferait chier quand même.

- Ah c'est une discussion que j'ai eu avec Alison !

- Ah oui ?

- Et je vais te répondre la même chose : ne t'attends à rien, prends les choses telles qu'elles viennent. Ne parie sur rien au risque d'être déçue, ta vie sera toute aussi belle le jour où tu accepteras que ton temps est venu.

- Tu me dis de vivre comme si c'était le dernier ?

- C'est une manière de le prendre oui. Pour ma part je laisse juste couler, j'attends de voir où la vie me mène et quand mon temps sera venu c'est que ce sera le bon. Il n'y a pas de ''truc'' infaillible ou de perfection, que tu sois épicurien ou stoïcien ou même rien, le tout c'est juste d'être heureux et de mourir heureux tu comprends ?

- Oui je comprends.

Le jeune loup allait poursuivre la conversation mais un son mélodieux lui titilla les oreilles.

- Oh tu entends ce que j'entends ?

- Bien sûr !

- C'est de la musique n'est-ce pas ?

- Je pense aussi.

- J'y crois pas, ça faisait tellement longtemps que je n'en avais pas entendu.

- Viens, on se dépêche ! Elle avait raison ça vaut le coup d'œil !

Ils trottinèrent joyeusement jusqu'à la place où la musique se faisait entendre de plus en plus. Une contre basse, un violon, une guitare, une chanteuse et un tambourin sonnent des airs de valse et de jazz. Des pratiques que l'on croyait abandonnées, oubliées, disparues dans le tourment des catastrophes. Pourtant, après tant d'années, il reste toujours une place à la culture, la musique et ses rythmes enivrant constituent toujours ce langage commun. C'est avec soulagement que Pako redécouvre la musique, tous ces sons.

Suzanne le précipita dans la foule où de tranquilles lampions pendaient au dessus de leurs têtes alors que le ciel se colorait de mille et une couleurs. Sur une estrade, les musiciens faisaient par de leurs talents, ils entraînaient la foule dans une danse sur un nuage d'euphorie, les chaussures claquaient sur les vieux pavés, de soudaines acclamations se faisaient entendre et les rires se mêlaient aux rythmes véhément. La louve était ravie de l'ambiance, de cette inhabituelle expérience, elle commençait déjà à faire quelques pas de danse devant Pako, qui lui, restait un peu sur place, intimidé. Il regardait un peu autour de lui et voyait les gens boire, manger, railler entre eux, une inondation de bonne humeur éclatant sous les lumières douces du soir. Puis il posa à nouveau les yeux sur Suzanne qui se balançait de droite à gauche sur la chanson, elle était émerveillée par la voix de la chanteuse, une perroquet sans surprise, qui avait une voix chaude bien que marquée par la vie dans d'impressionnants vibratos de toutes octaves, peu grinçant mais pas moins agréable. Ces belles voix qui illustrent très bien ce qu'étaient les chanteuses féminines des temps modernes passés dans les paroles de la langue française. Elle et les musiciens passaient du andante au modérato, entrainant dans des danses plus lentes, moins énergiques, ces danses qui vous guident les pas sans vous forcer, vous prennent au bassin et jusqu'aux épaules comme une belle fille qui vous invite à danser. Et c'est ce que fit Suzanne qui commença à inviter Pako, sans un mot. Le jeune loup se laissa emporter tranquillement, guidé par les doigts délicats de celle qu'il fixait timidement. Sur la musique ils vont et viennent, s'éloignent et se rejoignent, corps contre corps, main dans la main, rien qu'elle et lui, tout cet émoi, puis elle s'élance, il la retient du bout des doigts pour la ramener dans ses bras. Sur la musique ils vont et viennent, corps contre corps, main dans la main, plus rien ne leur résiste, plus rien de rien. C'est entre deux souffles que Pako réalisa, collé contre elle sous le battement de la musique, que le bonheur était toujours à portée de mains comme disait son père... Et si le bonheur le prenait dans ses bras. Comment ne plus résister à un tel charme, dans sa poitrine son cœur semble fondre, brûlant comme dans une forge, cette sensation envahît tout son corps, lui donne envie de vibrer, lui donne soif de baisers doux au coin de la joue. Il ne veut plus la lâcher c'est terminé, il n'avait jamais ressenti cela jusqu'à présent. Son cœur battait fort jusqu'à le sentir vibrer dans ses tempes, ses poignets... Il ne pouvait s'empêcher de la serrer toujours un peu plus fort. Il sentit qu'elle faisait de même, tout semblait toujours plus fusionnel... Son flair sentait même son odeur changer, une odeur qu'il n'avait jamais senti sur elle jusque là... Alors qu'ils étaient enlacés sur la musique, Suzanne eut un soudain sursaut quand le loup la serra plus fort. Il était très surpris et dit : « Tout va bien Suzanne ? » alors qu'elle serrait les crocs.

- Oui... répondit-elle. C'est juste... Ma blessure... Depuis ce midi on n'arrête pas de bouger et là ça commence à faire franchement mal...

- Désolé j'avais complètement oublié ! On n'aurait plus dit que tu était blessée depuis le temps !

- On va peut-être se reposer un peu non ?

- Bien sûr, j'aurais dû faire plus attention.

- Ce n'est pas grave, je devrais moins faire la mariole c'est tout. Et dire que Frédéric m'a dit de ne plus bouger, dit-elle une main sur le flanc.

- En parlant de ça ils sont passés où ? On les a lâché comme ça, ce n'est pas sympa.

- Ils doivent être à une table... Regarde, t'as Rick qui nous fait signe avec les autres à une table.

- Ils n'ont rien vu j'espère...

- Bien sûr que si, tu te doutes bien, et on dansait juste, rien de plus, rien à voir, dit-elle l'air stricte.

Pako la regarda consterné un bref instant, à savoir s'il avait bien vécu le même moment.

- Heu oui c'est vrai. Allez viens, ils vont se poser des questions.

En les voyant arriver, Frédéric les accueillit : « Jolie danse vous deux ! Mais il me semble que Suzanne devait faire attention à sa blessure n'est-ce pas ? » dit-il avec un peu d'amertume.

- Je sais bien, répondit-elle. Mais la douleur semblait passer... Et je me suis laissée aller. Je regrette un peu car là j'en paie le prix fort...

- Bon au moins tu feras plus attention, c'est pour toi surtout.

- J'y pense, on ne profiterait pas de cette fête pour ''y aller'', dit Pako.

- On y a déjà pensé, mais Gérard a pensé à tout, depuis tout à l'heure y'a des gens du convoi qui ne nous quittent pas des yeux.

Il soupira un coup et reprit : « Allez ne gâchons pas cette soirée ! On vous a apporté de quoi se divertir » dit-il en montrant des pintes.

- Je me suis dit que ça vous ferez plaisir ! finit-il.

L'odeur des liqueurs titilla le museau des loups.

- Mais c'est... commença Pako.

- De l'alcool de poire ! Je n'en ai jamais goûté ! continua Suzanne aux anges. Je t'adore tu sais ? finit-elle en s'asseyant devant sa pinte.

- Ce n'est pas à moi qu'il faut le dire, Alison a eu l'idée, fit-il.

- Alors merci Alison ! lui dit-elle tandis que celle-ci acquiesça.

Tous prirent une pinte en bois et s'apprêtaient à trinquer : « À nous ! » fit la louve. « À nous ! » firent les autres. Et ils burent une première gorgée.

- Bon, vous en dîtes quoi ? fit-elle.

- Alors, fit Pako grimaçant.

- C'est fort, continua Rick. C'est bon mais c'est fort.

- Je trouve que ça va moi ! fit Frédéric.

Alison haussa les épaules.

- J'aime bien ! Je ne bois pas souvent mais j'aime bien ! fit-elle en ravalant une autre gorgée.

- Savoure d'accord ? dit Frédéric, je te vois venir, on n'a pas de quoi s'en payer une deuxième pour toi et ce n'est pas comme si ces liqueurs étaient monnaie courante.

- Oui pardon !

- C'est assez dingue pas vrai ? fit Pako.

- De quoi ? répondit Frédéric.

- Dans ce village, ils ont conservé tellement de choses, ils se sont efforcés à garder toutes ces... distractions, tout ce qui est de la culture simple, tous les petits savoir-faire. Je trouve ça beau et à la fois dommage.

- Pourquoi dommage ?

- Que tout ça soit presque oublié, écoute, la musique, ces pintes d'alcool de poire, tout ce qui sort de l'art en fait. Cela fait du bien de voir qu'il y aura toujours des gens qui accordent de la valeur à tout ça.

- Je trouve aussi.

Rick posait lourdement sa pinte sur la table.

- Et ben ça fait tout drôle de boire ça, fit-il.

- Ah pourquoi ?

- Je n'ai jamais bu avant, ça fait un drôle d'effet à la tête.

- Peut-être qu'une pinte c'est trop pour toi ?

- Trop je ne sais pas mais je devrais éviter de la finir. Vous pourrez me la prendre après.

- Si ça ne dérange personne, je me sacrifierai pour le lui prendre, lança Suzanne.

Pako eu un rire alors qu'il buvait son verre, presque à s'étrangler avec la liqueur.

- Bah quoi ? fit-elle. Au moins je ne sentirai plus ma plaie.

- Oh ça oui je ne dis pas le contraire ! répondit Pako. Déjà que je suis un peu pompette, je dois être comme Rick pour ça.

- Comme si je buvais souvent ! Je pense qu'on doit tous être pareils à ce niveau là.

Tout le monde regarda Alison qui buvait sa pinte silencieusement.

- Et toi ça ne te fait rien ? continua-t-elle.

- Disons que durant la saison des pluies, on pouvait boire un coup quand on avait de quoi pour se réchauffer, répondit Alison qui cachait son sourire.

- Ce n'est pas un peu d'alcool de poire qui va te faire de l'effet quoi.

- Oui si tu veux, fit-elle dans un soupire hilare.

La soirée s'écoula tranquillement et joyeusement dans la musique toujours plus prenante. Ils se sortaient leurs meilleures âneries, leurs petites histoires. Ils dansaient un peu ensemble, sauf Suzanne qui se limitait aux bancs de la table. Mais ils ne prirent pas moins de plaisir. Comme attendu, Rick n'avait pas fini son verre et Suzanne le termina. Ils découvrirent donc que la louve ne tenait absolument pas l'alcool et qu'il s'en fallut peu pour qu'elle soit ivre. Au milieu de la nuit, Rick alla dormir, le goût acre de l'alcool dans la gorge. Peu après le zénith de la lune, le reste fit de même alors que la fête commençait à s'essouffler.

Ils rentrèrent encore hilares de la fête, et virent avec peu d'étonnement que Rick avait pris le canapé comme il l'avait annoncé. Ils décidèrent de se partager les chambres, Frédéric insista de suite pour que les loups dorment ensemble, comme ça avait déjà été le cas. Tous étant fatigués, ils n'ont pas plus tergiversé.

Du côté de Frédéric et Alison, la biche préférait dormir sur le sol avec une couverture et des oreillers rembourrés de paille, au grand étonnement du panda. Du côté des loups, ils s'étaient déjà déshabillés et couchés.

- Tu vas t'en sortir avec ta plaie ? lui demanda Pako en regardant son bandage rougeâtre.

- Y'a pas de raison tu sais.

- Oui c'est vrai. Je préfère demander c'est tout. Et avec l'alcool ça passe ? lui dit-il avec humour.

- Un peu, même si j'en ai un peu abusé ce soir.

- T'as l'air épuisée, tu devrais dormir, ça a été une sacrée soirée.

- Oui c'est vrai, mais sans regret.

- Tant mieux alors. Dors, tu piques de la truffe déjà.

- D'accord, bonne nuit !

- Bonne nu...

La louve lui colla subitement sa truffe contre la sienne : « Boop ! » dit-elle.

- T'es terrible tu sais, fit Pako amusé.

- Ouais je sais ! Allez bonne nuit cette fois, dit-elle en se tournant.

Le loup la regarda un court instant et s'endormit à son tour.

© Macarez Clément,
книга «Après eux, La ruée vers l'eau.».
Dans l'œil du maelstrom.
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