Prise de conscience.
Le sang de l'eau.
De Neotasgos à Lacusoppidum.
Alison.
Aux portes du diable.
Crevez Furry!
Dix contre un.
Dernière raison.
Direction Périté !
Les ailes de chacun.
Damnatio aeternum.
Dans l'œil du maelstrom.
Le brasier du Fraxinus.
Dans l'œil du maelstrom.

La nuit passa très vite. Et le lendemain ils se réveillèrent face à face, en même temps, il était vers midi. Pako s'étirait : « C'est qu'on dort bien dans ce lit ! »

- Ouais il est pas mal celui-là, répondit la louve.

- Bien dormi ?

- Plutôt oui, ce trou dans le flanc ne m'a pas trop embêté cette fois.

- C'est en train de passer tu penses ?

- J'espère bien.

- Tu veux que je regarde ?

- Tu peux toujours, mais essaie de ne pas défaire le bandage de Fred', il tient bien autant ne pas y toucher.

Pako souleva la couverture pour découvrir le bandage. Il le souleva avec beaucoup d'attention pour regarder la plaie.

- Tu commences à cicatriser tout doucement, mais la plaie n'est pas belle à voir, ça ne m'étonnerait pas qu'elle soit encore sale. Il faut continuer à surveiller.

- Tu penses que je vais pouvoir tenir le coup si on se tire du convoi comme ça ?

- Vu comment tu te tiens je pense que oui, mais tu dois absolument te préserver d'ici là.

- Tu penses qu'on ira où ?

- Je ne sais pas, on peut très largement se débrouiller dans la forêt, si elle est aussi vieille que le prétendaient les jeunes ça sera même plus facile.

- Pourquoi ça ?

- La nourriture y sera très certainement plus abondante. Je pourrai nous trouver de quoi manger.

- Je stresse un peu... On va avoir une vingtaine de personnes à nos trousses quand même... Des conneries on en a faites mais là c'est vraiment risqué.

- Gérard est persuadé qu'on va déserter en plus d'avoir raison et Alison n'est même pas censée être là. S'il le découvre on ne pourra rien faire, on doit partir, rester repoussera juste notre mise à mort.

La louve semblait un peu inquiète.

- Hé mais ça va bien se passer, la rassura-t-il. On a survécu à pire, l'attaque de Lacusoppidum, l'embuscade dans le désert... On est toujours là ce n'est pas pour rien, on ne lâche pas l'affaire c'est tout.

- J'espère que ça va bien se passer, on fait tout ça dans l'improvisation... Et c'est différent cette fois-ci...

- Parfois on est obligés c'est tout. Ne te mine pas ça ira... Allez fais-moi un câlin un peu, tu en as besoin, fit-il sur un ton amusant.

Elle l'enlaça dans ses bras sans hésitation à la grande surprise de Pako.

- Oh... Je te voyais pas aussi câline.

- Chhh, j'en ai besoin tu as raison... dit-elle en le serrant dans ses bras, collant son museau dans son cou.

- Quelque chose ne va pas ?

- Non rien... Enfin... Juste besoin d'un de tes câlins on s'en fait jamais.

Il eut un rire soudain et savoura ce petit moment de tranquillité.

- Ce n'est pas tout Suzanne, mais il faut bien se décider de se lever, on traîne pas mal, si ça continue on ne se lèvera jamais du lit.

- Ouais, allez, on y va.

Elle s'arracha du lit pour ne plus être tentée de se lever, tournant le dos au loup, marchait à pas tranquille au fond de la pièce. Le jeune loup, toujours dans le lit la contempla découverte, elle, sa belle tenue de dryade, vraie hymne de beauté. Le loup a toujours été fasciné par l'élégance féminine, sans voyeurisme, mais par pure attention, appréciation de cette anatomie harmonieuse qu'avaient les femelles. Particulièrement la charmante lascivité de la louve qui prenait Pako au cœur, le saisissait sur place, pure grâce qu'était sa peaux pileuse s'affichait à ses yeux, dénuée d'imperfection. C'est dans ces gestes que trouvait sa passion, la mouvance d'un éclat comme elle, souple et délicate telle une danseuse de balais, les traits simples de son corps élancé s'exhibaient équilibrés sous le filet de lumière passant, laissé par l'interstice entre les rideaux de la fenêtre. Le blanc éclatant de son pelage scintillait à la lumière, sa queue se balançait sensiblement légère comme plume et ses oreilles pointues, attentives, attrayantes, expressives au moindre son. En pleine admiration il regardait avec adulation ses silhouettes prenantes, les jeux d'ombres qui se dessinaient dans les courbes, les creux et plis de la peau jouant avec les formes de son corps. Aucun artiste ne pourrait réillustrer ce véritable tableau existant, honneur de la création si ce n'est œuvre du vivant, pensait-il perdu dans son adoration.

La louve senti les yeux discrets de Pako posés sur elle et le regarda du coin de l'œil.

- Je ne te savais pas si voyeur Pako, fit-elle avec humour.

- Oh excuse-moi je ne voulais pas...

- T'inquiète je te taquine. Pourtant ce n'est pas la première fois que tu me vois comme ça, continua-t-elle en se rhabillant puis le regarda un court instant. Tu aimerais te trouver une femelle pas vrai ?

Il semblait gêné, les oreilles tournées vers l'arrière.

- Hem j'aimerais bien en trouver une, tu l'as bien compris... Mais je n'ai pas envie de sauter sur la première venue.

- Je comprends, c'est la même chose pour moi. Tu dirais quoi d'Alison ? fit-elle quand elle eut fini de se rhabiller.

- Oh t'es sérieuse ?

- Ah... C'est parce que vous n'êtes pas de la même espèce ?

- Non non mais on n'est pas très proches et puis elle ne m'intéresse pas pour ça.

- Oh d'accord excuse-moi. Je voulais essayer pour... voir.

Elle le regarda dans le lit : « Et ben qu'est-ce que tu attends pour t'habiller p'tit loup ? »

- Oh oui c'est vrai ! J'allais oublier.

- Allez on s'active ! C'est toi qui traînes là ! fit-elle en tapant dans ses mains.

Pako se rhabilla en vitesse sous la pression de Suzanne. Ils sortirent ensemble de la chambre.

Rick zonait sur le canapé, en train d'essayer de lire les livres de Marc.

- Alors tu t'entraînes ? lança Pako.

- Ouaip. Enfin... J'essaie, c'est à peine si j'ai déchiffré une phrase. Et vous, vous vous êtes bien amusé ? répondit-il en faisant sautiller ses sourcils vers Pako.

- Bah on s'est couchés tout de suite figure-toi. Donc oui quelque part. Et les autres dorment toujours ?

- S'ils dorment je ne sais pas mais ils sont toujours dans la chambre.

- On y jette un œil ? dit Suzanne après un coup de coude complice à Pako.

- Oui si tu veux !

Ils allèrent à la porte de leur chambre... Après avoir rapidement écouté à celle-ci, les deux petits curieux entre-ouvrirent la porte. Le panda géant rêvassait assis contre le coin de la pièce, la tête calée dans un oreiller tandis que Alison dormait dans le lit.

Frédéric remarqua rapidement les deux indiscrets et les rejoignit sans un bruit.

- Pourquoi tu dors par terre mon gros ? fit Suzanne.

- Elle ne voulait pas dormir dans le lit avec moi donc...

- Donc tu lui as cédé la place ? le coupa Pako.

- Non justement... Elle voulait dormir par terre. Et j'ai trouvé ça nul de ma part donc quand elle s'est finalement assoupie et qu'elle a le sommeil lourd, j'ai échangé les places.

- Tu sais que t'es trop mignon quand tu le veux bonne patte que t'es ? fit Suzanne.

- Non tout le monde aurait fait pareil, je n'avais pas envie qu'elle ait mal au dos ce matin en plus que le moral ce n'est pas ça par moment...

- C'est choupi tout plein. Allez va prendre ton petit déj' tu me raconteras le reste.

Ils allèrent manger leur petit déjeuné pendant que Alison se réveillait tout juste, surprise de s'être retrouvée dans le lit.

La biche rejoignit les autres, sans dire un mot sur son réveille.

Plus tard dans la journée ils descendirent sur la place, ils préparaient déjà le départ qui aurait lieu le lendemain. Ils rejoignirent les équipages qui faisaient le plein de toutes sortes de matériels, nourritures... Des briefings étaient donnés sauf à l'équipage de Alison et les autres dont ils avaient l'ordre de suivre celui de Gérard : ils ne savaient pas où ils allaient.

Suite à cette nouvelle Alison regarda le reste de la bande, un regard qui leur fit comprendre que ça ne présageait rien de bon.

À la fin du briefing Gérard donna quelques derniers ordres, dont un où il demanda directement à Rick et à deux autre animaux, un chien et un tigre, d'aller chercher une caisse à l'autre bout du village.

Il s'exécuta en cachant son inquiétude. Gérard continua en demandant à la bande de déplacer son chariot mais que Frédéric et Suzanne devaient rester sur la place pour bouger du matériel.

Quand ils s'exécutèrent, la louve comme les autres sentait que quelque chose allait se passer, Gérard n'a jamais encore éclaté le groupe comme cela.

Pendant que Rick s'éloignait avec les deux animaux dans une longue rue, Suzanne faisait en sorte de toujours garder un oeil sur eux...

Quand ils étaient presque arrivés au bout de la rue, elle eut à peine le temps de voir le chien empoigner soudainement le museau de Rick et le saisir alors que le tigre le poussait dans une ruelle.

Le corps de Suzanne se glaça, ses pupilles se fermèrent comme de minuscules points noirs. Elle tremblait presque de colère... elle fit en sorte de cacher ses ardeurs, continua sa tâche l'air de rien, posa une de ses caisses au près du coin d'une rue et saisit la première occasion pour courir sans se faire remarquer. Après ses visites dans le village elle savait quels chemins empreinter. La louve couru aussi vite qu'elle put pour rejoindre la rue où Rick avait disparu, sans se faire voir par les équipages du convoi. À droite... À gauche... Plus vite ! pensait la louve qui s'élançait toujours plus vite dans les ruelles. Elle déboula ensuite dans la rue, repéra la ruelle où le renard s'était fait poussé et s'y précipita. La louve ne sentait même plus la plaie qui recommençait à faire rougir ses vêtements. C'était une longue ruelle très étroite, à eux deux ces kidnappeurs pouvaient presque prendre la largeur de celle-ci. Le chien tenait fermement le museau du renard dont la gueule saignait, la brute le tenait si fermement que ses propres crocs avaient entamé ses babines et sa langue tandis que le tigre venait de démonter son HK en un clin d'œil.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? grogna-t-elle. Vous croyez que je ne vous ai pas vu depuis la place ? Je voyais les équipages plus professionnels.

- De quoi tu te mêles ? fit le tigre. T'es pas censée être là.

- Relâchez Rick, maintenant.

- Audacieuse pour une louve qui pisse le sang ! Regarde toi, tu fais pitié franchement.

- Vous êtes en train de vous attaquer à ma meute, dit-elle avec un regard d'un noir brûlant en s'avançant d'un pas déterminé. Lâchez-le tout de suite.

- Fais un pas de plus et on te broie le museau.

Elle semblait toujours plus déterminée, la louve grognait d'une rage sans précédente, elle découvrait ses crocs dans tout leur longueur, les muscles contractés à leur maximum, toute la musculature de ses bras ressortait complètement et reflétait leur puissance.

Le tigre ne semblait pas pour autant impressionné, il fit mine de se mettre en garde que... Un soupir n'aurait suffit pour décrire la vitesse du coup. La louve l'avait déjà frappé, plus rapide qu'un léopard, plus fort qu'un rhinocéroce à la charge. Son poing en pleine mâchoire, un claquement si sec qu'il sonna dans la ruelle. Dans ce coup elle y avait mis tout le poids et la force qu'elle pouvait. Le tigre tomba comme éteint, le haut de son corps chuta plus vite que ses jambes, le faisant atterrir dans une position ridicule, comme deux cartes posées l'une contre l'autre aux fondations d'un château.

Le chien poussa le renard et se jeta sur Suzanne, élancé dans un grand crochet du gauche. Dans la vitesse, elle prit le contrôle du geste en plaquant son poignet contre son épaule, posa sa main derrière sa tête par dessus son bras et lui enfonça lourdement le museau dans le mur de la ruelle avec un geste rotatif. Le chien n'a qu'eut le temps de gémir quand une effusion de sang gicla sur les briques que Suzanne l'avait retiré, lui attrapa son museau éclaté par l'impacte, le précipita ensuite contre le second mur de la ruelle et lui explosa l'arrière du crâne dans l'élan. Elle empoigna fermement son pelage entre ses oreilles, lui décolla sa tête ensanglantée des briques, lui reprit le museau et lui enfonça une nouvelle fois le crâne sur les briques dans un immonde bruit de suction. Le chien inanimé tomba lentement, laissant une grande trace dégoulinante sur le mur de la ruelle. Suzanne s'appuyait contre le mur, prenait sur elle, le poing serré, une main sur sa plaie et son visage crispé. Rick se releva rapidement pour la soutenir : « Putain ça va Suzanne ? Tu vas tenir le coup ? »

Elle respirait profondément mais réussit à articuler : « C'est ma plaie... Elle s'est rouverte... »

- Je t'en dois une belle tu sais...

- Qu'est-ce qu'il te voulait putain ?

- J'en ai aucune idée... Mais je pense qu'il voulait me tirer les verres du nez sur notre désertion.

- Fais chier ! dit-elle en frappant le mur.

- On va faire quoi des corps ?

- J'en ai aucune putain d'idée, tous les canidés du village vont les sentir ! Mais on ne pouvait pas les laisser en vie !

- Merde... Quelle galère...

- La bordure du village n'est pas si loin... Pas loin y'a un muret qui donne directement sur le flanc de la colline. On pourra les balancer là, y'a une pente assez rude à cette endroit... Il faut juste espérer que personne ne nous voit...

- Et il faut nettoyer tout ce merdier... J'espère que cette rue n'est pas trop empreintée... Et il faut aussi te nettoyer, t'en as plein les mains et ton visage est éclaboussé.

- On ne doit pas te voir non plus, planque-toi dans la forêt, là où on aura planqué les corps, on te rejoindra avec les autres cette nuit si tout s'est bien passé. Avant ça démerde-toi pour trouver un truc qui sent fort comme du soufre ou un quelque chose de périmé. Cherche l'armurier du village, il en a sûrement pour fabriquer la poudre.

- D'accord je vois où tu veux en venir.

- Mais va chercher un seau d'eau et tu enlèves tout ce sang pendant que je débarrasse un des corps... Grouille !

Le renard fila dans les ruelles en recherche d'un seau et d'une pompe. Suzanne commença par le chien, retourna sur l'envers son habit sur sa tête pour éviter que le sang ne coule plus et noua l'habit sur le dessus. Elle le porta péniblement mais pas moins rapidement jusqu'au muret malgré la douleur aiguë de la plaie. Et traîna ensuite le tigre jusqu'au muret comme elle le pouvait.

Au même moment, du côté de Rick, il tomba sur une vieille grand-mère qui nettoyait le rebord de sa porte avec une serpillère et un seau. Il attendit qu'elle détourne son attention un court instant et saisit immédiatement le seau en prenant ses jambes à son cou alors que la vieille criait au voleur. Il arriva sur le bain de sang et nettoya en ménageant son eau comme il put et ramassa son arme en pièce qui était toujours au sol . Il rejoignit Suzanne pour lui donner le fond d'eau qu'il lui restait. Elle se rinça comme elle put et demanda à Rick de grimper sur les briques du muret pour tirer les corps. Il s'exécuta et hissa la dépouille par les bras tandis que Suzanne poussait. Il laissa lourdement tomber le cadavre de l'autre côté, sur l'herbe. Et ils firent le second aussi vite que possible et la louve escalada le muret tout aussi vite.

Ils prirent un temps pour reprendre leur souffle.

- Putain de sa mère... dit le renard hors d'haleine.

- Le pot qu'on a pour l'instant, personne n'a rien remarqué...

- Fais que ça continue... On a juste... Juste à les jeter au bout là...

- Allez on se magne !

Le renard vérifia toutes les fenêtres donnant sur leur objectif.

Dès le signal de Rick, elle tira le plus vite possible le macrabé et le précipita dans la pente dans la hâte. Ils tirèrent le dernier ensemble avant de le jeter à leur tour. Les corps roulèrent longtemps dans la pente abrupte avant de tomber dans un buisson.

Les deux jeunes étaient à bout de souffle, les corps étaient très lourd et le stress était à son maximum.

- On s'est foutu dans une de ses merdes nous ! fit Rick qui s'était laissé tomber sur l'herbe.

- Je ne te le fais pas dire !

- Fais chier je ne pensais pas que Gérard irait aussi loin... Qu'est-ce qu'il espérait ?

- Je ne pense pas qu'il t'aurait laissé rentrer dans le convoi après ça... Il se serait arrangé pour t'enfermer dans le village ou... Il t'aurait fait tuer dans la forêt..

- Alison avait raison, on doit se tailler... dit-il en commençant à remonter son pistolet.

- T'as vraiment pas réussi à te défendre ?

- Le tigre a prit mon arme dès que j'ai dégainé et le chien ma juste broyé le museau pour m'empêcher de crier... D'ailleurs il ne m'a pas râté ce bâtard de clebs... Je ne me suis jamais mordu les babines et la langue comme ça.

- On regardera ça après, pour l'instant tu te planques et tu trouves du soufre ou un autre truc.

- J'en mettrai aussi autour des cadavres.

- Bonne idée. Mais prends en suffisamment pour que tout le monde puisse s'en badigeonner.

- Et toi, t'étais pas censée être avec le convoi ?

- T'occupes. Je vais me débrouiller. Vu dans l'état où je suis je trouverai facilement une excuse.

- On part ce soir ?

- Oui on ne peut plus faire autrement. Dès que le soleil commence à se coucher on se tire. J'espère juste que Gérard ne va pas nous accuser trop vite. Peut-être que si tu manques à l'appel aussi il va mettre plus de temps à se justifier.

- Alors ne traînes pas trop. Si tu disparais trop longtemps ça sera suspect.

- D'accord. Une dernière chose, quand on ira te chercher, je frapperai cinq fois dans mes mains, tu ne réponds que par ça, même si je crie ton nom. On se retrouve ce soir. Fais gaffe à toi, dit-elle avant de repartir.

- Toi aussi, fit-il inquiet.

Suzanne progressait titubante dans les rues avec cette douleur presque fiévreuse, une main cramponnée à sa plaie. Elle prit toutes les petites ruelles pour ne pas se faire remarquer avant d'arriver à nouveau sur la place.

Le convoi était très agité en son absence, à peine fut-elle arrivée qu'un animal cria : « Elle est là ! ». Dès lors cinq ou six animaux déboulèrent armés à la main.

- Jette ton arme ! Bouge pas et montre tes mains ! fit un premier.

Elle s'appuyait lourdement sur le coin de la rue, fatiguée par la douleur et jeta son arme sans résistance.

- Putain les gars on se détend ! dit-elle en voyant toutes ces armes pointées sur elle. « Qu'est-ce que j'ai fait encore ? »

Gérard se joint au groupe : « Pourquoi tu t'es barrée toi ? En plein milieu de tes tâches. »

- J'étais juste partie me chercher de quoi manger et j'ai eu un problème avec ma blessure là, c'est bon ! Vous voyez pas que je pisse le sang ?! Baissez vos armes bon sang ça ne sert à rien !

Gérard soupira profondément d'agacement.

- Ça m'étonnerait que tu réagisses ainsi avec tous tes coéquipiers, continua-t-elle. À quoi tu joues franchement ? Tu vas pousser le bouchon jusqu'où avec nous ?

- Premièrement tu peux baisser d'un ton avec moi, je suis ton supérieur jusqu'à nouvel ordre. Ne commence pas à me manquer de respect, on n'aime pas les têtes brûlées. Donc tu remballes tes chaleurs et là on pourra parler. Deuxièmement, étant le responsable de ce convoi je décide de la manière dont je traite mes hommes donc je décide de te surveiller plus qu'un autre car j'ai toutes les raisons de croire que tu n'es pas digne de confiance.

La louve blessée, les oreilles plaquées vers l'arrière, cachait sa colère et son dégoût.

- Et maintenant, reprit-il. Va te soigner avant que tu fasses un malaise devant tout le monde. On a encore du matériel à bouger.

Elle se redressa et commença à marcher et passa entre les sous-fifres de Gérard qui la regardait passer.

- Pathétique, dit l'Iguane.

Frédéric accourut vers la louve titubante, avant même qu'il puisse lui dire le moindre mot elle le prit et lui dit rapidement à l'oreille : « Rick est sauf. Les deux gardes sont morts. On se casse ce soir ou c'est fini pour nous. Vous me suivrez pour retrouver Rick. »

Le panda la regarda plein de détermination.

- Viens ma vieille, je vais t'arranger ça.

Pendant ce temps Rick circulait dans le village en évitant le plus possible le centre. Il demandait son chemin aux animaux âgés, comme ils ne venaient presque jamais voir le convoi en temps normal, ainsi ils ne sont que les derniers prévenus des rumeurs. Le renard apprit aussi que l'armurier était absent, qu'il était parti faire du troc à Pulvis, l'occasion rêvée. Une fois encore il devra voler mais c'était une question de vie ou de mort. Le petit voleur suivit les indications recueillies menant chez l'armurier qui, malheureusement, était dans le centre comme la plupart des commerces. Dans les rues, de nombreux sous-fifres de l'Iguane circulaient dans les rues, trop dangereux. Il escalada une gouttière à l'abri des regards pour atteindre les toits. Il fila avec précaution pour atteindre son objectif. L'atelier était une maison donnant directement sur la place où l'activité du convoi est la plus forte. Il redescendit dans le jardin de l'atelier servant apparemment de dépotoir. Il scruta la maison de deux étages, regarda par les fenêtres et comprit que la quantité de matériel exposé et démonté montrait que l'atelier se trouvait au rez-de-chaussée. La porte étant évidemment fermée il voulut briser une vitre. Il ramassa une pierre et pour faire le moins de bruit possible ; il enleva sa chemise à carreaux et la plia plusieurs fois. Il posa sa chemise contre la vitre et frappa dessus le plus fort qu'il put, mais la chemise n'attenua pas le vacarme du verre qui s'éclate : « Quelle poisse ! » pensa-t-il dans une sueur froide. Mais presque au même moment, un boucan monta sur la place, il entendit des : « Elle est là ! ». Suzanne venait tout juste de faire son entrée sur la place, tout le monde avait le regard tourné sur Suzanne ! Mais dans cette chance il espérait que tout irait pour le mieux pour elle. Une fois dans l'atelier, le bazard d'un artisan occupé laissait pèle-mêle toutes sortes d'outils et de pièces détachées, carcasses de fusils de tout genres, crosses de bois inachevées ou terminées, entreposées dans toutes parts de l'atelier.

Il huma l'air pour trouver des traces de soufre, suivit l'odeur et arriva dans ce qui semblait être un laboratoire. Plusieurs sacs de tissu étaient entreposés, beaucoup de charbon, de salpêtre... Quand il suivit l'odeur, il tomba sur un sac qui en était complètement imprégné... Bingo ! Une fois le sac ouvert, des éclats verdâtres, jaunâtres cassant dur comme l'argile y étaient stockés. Il prit un sac de taille raisonnable pour pouvoir être transporté. Une fois terminé il prit la poudre d'escampette.

Le temps passa et le convoi s'était aperçu depuis longtemps de la disparition de leurs coéquipiers. L'Iguane accusa à plusieurs reprises la bande qui rétorquait que Rick aussi avait disparu et qu'ils n'y pouvaient rien. Des battues allaient être organisées alors que le soir tombait. L'Iguane ne voulant pas que la bande s'échappe en participant à la battue alors il ordonna qu'ils restent dans leur appartement gardé par deux gardes. Leurs armes furent confisquées gardées dans un chariot.

- Ils nous ont niqué... fit Suzanne enragée.

- Ça ne fait pas partie du plan ? fit Alison.

- Évidemment que non ! Je savais que ça allait se produire, on ne pouvait qu'espérer mais rien ne se passe comme il faut ! Maintenant Rick est dehors, seul, avec qu'un pistolet pour se défendre et rien d'autre. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils le retrouvent en plus, au même endroit que les cadavres !

- Y'a moyen qu'on se tire d'ici je pense, répliqua Pako.

- Bon je t'écoute...

Les deux gardes étaient postés à l'entrée de la porte, sanglier petit, trapu et une zèbre armée de fusils AR 15 tous deux attendaient péniblement. Au dessus de la zèbre, une fenêtre s'ouvrit silencieusement... Et un lourd sac à dos lui tomba sur la tête et elle s'effondra presque assommée sur le coup, le sanglier s'empressa d'aller voir sa coéquipière, la porte s'ouvrit subitement, un coup de pied directe d'Alison fusa dans sa poire. Frédéric se jeta immédiatement sur le sanglier qui tombait à la renverse pour finir de l'assommer au poing tandis que Alison et Pako réglaient le compte à la zèbre avant de les emporter à l'intérieur. Ils sortirent de la maison avec leurs sacs, Frédéric et Alison avaient pris les armes et les pointaient dans toutes les directions, prêts à tirer.

La place était vide, tout le reste du personnel avait été mobilisé pour la battue.

Pako avait vu par la fenêtre dans quel chariot ils avaient rangé leurs armes, ils le rejoignirent et s'équipèrent immédiatement. Alison prit la décision de garder un des fusils d'assaut et de récupérer le chargeur du second afin de le donner à Rick, elle n'avait pas peur de se charger plus.

Tout de suite ils coururent dans la ruelle où le double meurtre avait eu lieu, passèrent le muret et prirent un temps de pause pour repérer les battues.

- Suzanne, Pako, c'est à vous, dit Alison.

Les deux canidés se concentraient pour humer l'air comme ils le purent ; les battues n'étaient pas encore passées ici mais étaient relativement proches, le temps pressait.

Comme convenu la louve frappa cinq fois dans ses mains et le renard ne tarda pas à montrer le bout de son museau.

- Oh les copains ! Je vous pensais morts ! fit-il ravi. Grouillez-vous ils sont très près ! continua-t-il en leur tendant le sac de souffre.

Ils se badigeonnèrent avec du soufre émietté pour cacher leur odeur.

- Laissez-en ! répliqua-t-il. Il en faut pour en balancer dans toutes les directions, pour brouiller les pistes.

- Prends ça aussi ! dit Alison en lui tendant le fusil alors que Suzanne lui donnait son sac.

Ils partirent immédiatement vers le Nord, dès le début ils lancèrent à des moments aléatoires des morceaux de soufre le plus loin possible ou en haut des troncs d'arbre pour répandre l'odeur sur une zone plus large.

Ils avançaient sans torche, les loups et le renard devant comme guides nocturnes, le plus silencieusement possible.

Ils filaient entre les arbres, passaient des fossés, franchissaient des roches...

Malgré tous leurs efforts, très vite, ils commençaient à apercevoir la lueur menaçante des battues, des deux côtés. Ils sentaient séparés en deux groupes de recherche, ceinturant progressivement le village. Voilà que la bande se retrouvait malgré eux entre le marteau et l'enclume ! Ils ne faisaient plus que courir de plus en plus vite, mais cela fait longtemps qu'ils ont perdu le Nord, ils ne font que s'enfoncer toujours plus profondément dans la forêt où il devenait de plus en plus compliqué de progresser dans l'épaisseur verte, les arbres devenant des obstacles plus réguliers et impressionnants, plus nombreux.

Les battues se rapprochaient dangereusement, les trois canidés pouvaient déjà entendre les voix résonner au loin, ils n'étaient qu'à une poignée de centaines de mètres, le soufre n'allait pas tarder à être inutile. La bande était épuisée, leurs jambes leur faisaient mal, ils n'avaient pas prévu de courir autant. L'étau finissait de se refermer autour d'eux et ils le savaient, leurs poursuivants étaient bien plus rapides qu'eux et les rattraperaient sans difficulté. La peur commençait à céder à la panique, ils couraient de plus en plus vite, de plus en plus désespérément... Suzanne faiblissait, la blessure saignait de plus belle, elle n'arrivait plus à tenir le rythme... Pako s'empressa de la soutenir sous son bras pour la tirer de là. Les lueurs des torches des pions diurnes du convoi se rapprochaient, des filets de lumière parvenaient même sur la bande.

La terreur était telle que chaque respiration en devenait douloureuse chez Pako, jamais il ne s'est senti traqué comme cela, jamais il n'a senti planner cette étrange et funèbre présence au dessus de lui... Il sentait déjà le fer froid de l'épée d'Amocles sur son cou. Du coin de l'œil il regarda Suzanne s'accrocher à lui et se forçait à garder le rythme de la course, elle avait cette expression de désespoir profond, terrorisée, jamais il ne l'avait vue avoir peur comme cela, elle qui se montrait sans faille.

Son cœur battait de plus en plus fort, sentait littéralement ses veines se gonfler à bloc dans chaque pulsion jusqu'en haut de ses oreilles.

C'était fini, la battue n'était qu'à une centaine de mètres, ils ne pouvaient que repousser leur fin en maintenant la distance, courant toujours plus vite, ne regardant pas derrière dans cette interminable course à la mort.

Soudainement, dans la pénombre une hyène mâle sortit de nul part. Rick le mit en joue et...

- Stop ! On n'a pas beaucoup de temps ! fit-il.

Le renard réalisa sur le coup... Ce foulard vert... C'était la hyène qu'il avait rencontré quand il cherchait un traitement pour Suzanne.

- Qu'est-ce que tu fais ?! dit le renard à bout de souffle.

- Votre stratégie avec le soufre a marché mais maintenant ils pistent l'odeur du soufre ! Je sais où vous allez, Alison m'a tout dit, je peux vous y emmener !

- Et pour l'odeur ?!

- Vous verrez, contentez-vous de me suivre c'est votre dernière chance !

Ils le suivirent en courant d'autant plus vite, la hyène savait exactement où les battues se trouvaient. Après avoir joué au chat et la souris pendant un moment il s'arrêta.

- Maintenant vous courez tout droit, vous trouverez un camp entouré de barrières végétales dans une poignée de kilomètres. Et donnez moi le soufre ! les pressa-t-il.

- Mais... répondit Rick, mais Alison lui arracha le sac des mains.

- Fais ce que tu as à faire, dit la biche en donnant le sac.

- On ne peut pas lui faire ça !

- Ta gueule ! On n'a pas le temps de pleurnicher ! C'est notre dernière chance ou on crève tous ! On n'a plus le temps !

- Je suis déjà mort, ajouta la hyène. Rien que le fait d'avoir essayé de vous aider m'a attiré les foudres de Gérard, avec votre désertion il m'aura inculpé sans procès. Et j'ai déjà votre odeur sur moi, c'est fini dans tous les cas, je préfère sauver que mourir pour rien.

Rick était dévisagé.

- File, fit Alison. Je suis désolée que ça se termine comme ça pour toi Greg.

- Ce n'est rien. Ne perdez pas de plus de temps. Adieu... dit-il en sortant un pistolet.

- Adieu.

Elle ne se retourna pas alors que Rick, désemparé, voulait regarder ce héros anonyme jusqu'au dernier instant mais Suzanne l'attrapa par le bras et le tira vers leur salut.

Ils s'élancèrent le plus vite qu'ils pouvaient, Rick était hanté par le regret, il aurait dû rester... On ne meurt pas seul sans connaître qui on sauve... Pourquoi faire ça ?

Déjà les craquements des tires résonnaient dans la forêt comme de lointains glas. L'affrontement dura un moment, Greg devait se battre comme douze. Puis la fusillade se tut subitement. Laissant place à un silence angoissant, un silence de tombeau. Juste eux, la légère brise dans les feuillages.

La bande était bien loin du convoi désormais, enfin tiré d'affaire.

Ils reprenaient leur souffle comme ils le pouvaient. Ils ralentissaient enfin la cadence, se remettaient de cette montagne russe d'émotions. Leurs jambes douloureuses, pieds meurtris, la fatigue, le corps pris de tremblements, la sensation de sang dans la bouche et Suzanne souffrant le martyre avec sa blessure, tous dans cette chaleur caniculaire nocturne... Mais tous toujours vivants.

Rick pensait encore à Greg, l'air triste.

- Pourquoi on l'a laissé faire ça ? fit-il.

Personne ne répondit.

- Mais répondez-moi ! Pourquoi on l'a laissé faire ça ?! Il ne nous connaissait même pas !

- Il n'a pas fait ça pour vous, répondit Alison. Mais pour moi.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Il a choisi son destin.

- Tu ne me réponds pas.

Elle prit une pause pour expirer longuement.

- Je... Il avait une dette envers moi. C'était sa manière de me la payer.

- Une dette ? Attends il vient de littéralement se suicider pour nous ! Quel genre de dette il avait ?! Comment tu peux laisser quelqu'un mourir comme ça ?! fit-il en s'arrêtant devant la biche et tout le reste de la bande s'arrêta.

- Sans son sacrifice personne ici ne serait vivant je te rappelle ! Il est arrivé juste à temps car on était pris en étau ! On serait morts là ! Morts ! Abattus entre deux arbres ou exécutés devant tout le village !

- On aurait dû faire autrement ! On le pouvait !

- On n'avait pas d'autres moyens ! Regarde-toi un peu ! À pleurnicher comme un torrent ! T'as toujours pas compris que pour s'en sortir il faut savoir faire des sacrifices ?! C'était lui ou nous, dans quelle putain de bulle t'as vécu depuis ta naissance petit con ?!

- Il faut vraiment mal me connaître pour sortir des choses pareilles, t'as pas idée des choses que j'ai dû faire pour en arriver là, même les autres ne savent pas. Mais il y a bien une chose que je peux te dire c'est qu'on n'accorde absolument pas la même valeur à une vie toi et moi. Et ce que tu as fait me dégoûte. Lui tendre le sac et lui dire froidement dans les yeux de se jeter dans la gueule du loup pour sauver son cul, c'est pas un sacrifice, c'est un véritable meurtre pour moi et vu ta réaction ce n'est sûrement pas le premier.

Alison ne répondit pas.

- Si tu n'as rien d'autre à ajouter je te laisse méditer là-dessus. Juste foutez-moi la paix pour l'instant s'il vous plaît...

Le renard reprit la route à la tête du groupe un peu plus loin. Et les autres le suivirent.

Suzanne, cramponnée à sa plaie, alla vers Alison pour lui parler tout bas : « T'en fais pas, ça a été une nuit éprouvante pour tout le monde... On est tous très fatigués et Rick a vraiment eu énormément de pression et... On en reparlera plus tard, ce n'est pas le moment de se disputer d'accord ? ».

La biche soupira profondément de fatigue. Et continua : « La nuit va être longue... Mais tu penses comme moi sur ce qui s'est passé ? »

- Écoute, je t'aime bien Alison mais je ne suis pas sûre si ce que tu as fait ce soir est juste et les autres risquent d'être du même avis. On aurait pu s'y prendre autrement...

La biche ne répondit pas.

- C'est déjà un miracle qu'on s'en soit sorti non ? fit la louve.

- Miracle c'est un mot faible... J'ai encore du mal à y croire... De toutes les fois c'est la seule où j'ai vraiment cru y rester.

- Moi aussi. Même dans le désert après m'être pris cette balle j'ai moins eu peur que ce soir.

- Rick va se calmer tu penses ?

- Oui bien sûr mais tu risques d'en entendre parler longtemps pour cette fois... Il est à bout nerveusement, il a dû rester planqué toute la journée avec les cadavres et voler des trucs à droite à gauche dans le village sans se faire voir avant qu'on se fasse traquer comme ça vient d'arriver...

- Mais tout à l'heure il m'a dit qu'il avait fait des choses que même vous ne savez pas. C'est vrai ?

- Oui, je t'en avais déjà parlé, le plus vieux souvenir qu'il nous a raconté c'est le jour où il est arrivé à Neotasgos. Sinon on ne sait rien de son histoire et je ne sais pas s'il ne nous le dira un jour. Il a dû se passer des choses graves pour qu'il soit discret comme ça.

La biche pensa « Encore plus grave ? » détourna la tête et regarda le sol.

- Tu vas devoir te réconcilier avec Rick, fit la louve. On ne peut pas laisser des querelles nous ralentir, surtout en ce moment. On va vivre des temps très difficiles dans les jours qui viennent.

- Je sais bien... Vous n'avez pas compris mon geste c'est tout...

- On en reparlera plus tard. Pour l'instant on doit atteindre le camp.

Suzanne s'écarta en lui faisant une tape sur l'épaule et Pako la rejoignit pour marcher à ses côtés.

- Tu t'en sors avec ta blessure ? fit-il. Je vois que tu te cramponnes...

- J'ai du mal à passer au-dessus... C'est presque aussi douloureux que la fois où Frédéric a nettoyé ma plaie... Courir comme ça m'a charcuté... Et dire qu'on était censés aller voir le médecin demain matin... Si ça continue je vais y rester c'est pas possible, j'en vois plus le bout... J'ai tellement perdu... Ça va devenir dangereux...

- On va trouver une solution d'accord ? Ils ont sûrement des guérisseurs là où on va, une tribu indépendante comme cela dans la forêt, c'est presque certain.

- Faites qu'on les trouve, soupira-t-elle. On n'a nulle part où aller. On est partis pour aider les communautés résultat on déserte un convoi de ravitaillement au bout de presque trois mois et les migrations vont commencer...

- Ce n'est pas de notre faute Suzanne, on ne serait sûrement pas allés à la station si on avait su plutôt... Peut-être que cette tribu à besoin d'aide, on se rendra utiles comme on le pourra.

- Je l'espère... Ça a pris des proportions délirantes je trouve...

- Je trouve aussi. Mais au moins on se rend utiles pas vrai ? Ce n'est pas donné à tout le monde.

- On essaie tu veux dire... J'espère qu'on sera bientôt arrivé pour en finir avec le convoi.

- C'est bientôt fini je te le promets, fit-il en lui caressant la tête.

© Macarez Clément,
книга «Après eux, La ruée vers l'eau.».
Le brasier du Fraxinus.
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