Prise de conscience.
Le sang de l'eau.
De Neotasgos à Lacusoppidum.
Alison.
Aux portes du diable.
Crevez Furry!
Dix contre un.
Dernière raison.
Direction Périté !
Les ailes de chacun.
Damnatio aeternum.
Dans l'œil du maelstrom.
Le brasier du Fraxinus.
Le brasier du Fraxinus.

Ils marchèrent encore durant une horas à pas tranquille. Tous étaient soulagés , le convoi était maintenant loin et leur piste complètement brouillée. Rick marchait toujours devant, personne n'avait osé lui adresser à nouveau la parole depuis... D'ailleurs, tout le monde restait silencieux. Suzanne peinait à continuer la marche mais refusait catégoriquement de s'arrêter. Alors Alison, Pako et Frédéric aidaient la louve à poursuivre en la soutenant à tour de rôle. Ils furent ensuite face à une végétation incroyablement dense, surtout composée de ronces. Une véritable muraille de barbelés. Ils essayèrent ensuite de la contourner mais elle s'étendait toujours plus loin, semblant entourer quelque chose. Le petit renard se retourna : « Je pense qu'on l'a trouvé». Ils poursuivirent un moment avant d'apercevoir une torche luisant entre les arbres. Le cœur de Pako se serra, il ne savait pas si les animaux qui s'y trouvaient seraient hostiles avec eux. Il appuya Suzanne contre un arbre ; elle était à bout de force, c'est a peine si elle pouvait se traîner elle-même. Il poursuivit tout bas : «Restez ici, je vais aller voir. Tant que je ne vous ai pas fait signe, soyez prêts à tirer en cas de problème ». Ils acquiescèrent et Pako partit sans un bruit. Il arriva face a l'entrée. Une jeune loutre y montait la garde, elle était vêtue de haillons couplés avec des tissages de cordes végétales, pieds nus et avait comme arme un genre de fusil à silex. Le loup avançait à pas de chat et se montrait d'une grande prudence. Quand il entra dans la lumière de la torche, il montra ses mains en l'air et prit un air encore plus serein et calme qu'il avait déjà. Dès lors, la loutre l'aperçut : « Halte là ! Qui va là ?! »

- N'ayez crainte, je ne vous veux aucun mal, fit-il d'un ton remarquablement posé.

- Qui es-tu ?

- Je m'appelle Pako. Je viens de Neotasgos.

- Neotasgos ? Pourquoi es-tu venu ici depuis Neotasgos ?

- C'est une très longue histoire. Je ne pourrais vous expliquer maintenant car nous avons une mourante dans mon groupe, blessée par balle. On n'a nul part où aller et rien pour la soigner. On a appris l'existence d'une tribu, la vôtre, on voulait tenter notre chance.

- Si c'est un médecin que vous voulez, pourquoi ne pas être allés à Périté ?! Qu'est-ce que vous nous voulez ?!

- C'est une longue histoire, je vous expliquerai à condition que vous nous laissez passer. Le temps presse. Nous venons de loin comme vous le voyez... Nous vous demandons votre merci, nous ne voulons pas la voir succomber dans nos bras sans n'avoir pu faire quoique ce soit...

La loutre vit sortir de la pénombre un panda géant et une biche, tout deux soutenant une louve faible. Une affreuse plaie teignait ses habits d'un rouge foncé, noirâtre par endroits. Elle semblait exténuée, les traits de visage graves, la tête ballante vers le sol comme si sa nuque ne pouvait supporter son poids.

- On a été poursuivis toute la nuit, continua Pako. Elle a couru avec sa blessure ouverte et a continué à marche forcée pour arriver ici à temps, je vous en prie... Aidez nous...

La loutre était dévisagée. Elle se mordit les lèvres un instant et acquiesça : « Dépêchez vous. »

Frédéric et Alison se hâtèrent en premiers suivi de près par Rick.

La loutre prit rapidement la tête et fit signe à un second garde qui gardait l'autre côté de l'entrée, à l'intérieur des murailles.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?! fit-il, surpris.

- Prends le poste à l'entrée !

Ils continuèrent au-delà des murailles de ronce et entrèrent dans un minuscule village de huttes éclairées de part et d'autre avec des torches. Ils le traversèrent jusqu'à une grande hutte faite de branches et de feuillages. La loutre souleva un tissu servant de porte et entra : « Mia ? Mia ? Réveille-toi on a une urgence ! »

Une très vieille renarde volante* vêtue d'une robe très ample se leva fébrilement d'une paillasse :

« Que se passe-t-il ?... fit-elle d'une voix enrouée.

(* ce n'est pas une renarde volante à proprement dit, mais une espèce de chauve-souris géante de son nom commun ''Renard volant des Philippines'' ou Acerodon jubatus)

- Excuse-moi de te réveiller à cette heure mais c'est grave je pense.

- Alors arrête de jacasser et montre-moi cette urgence !

Le panda fit passer la mourante à l'intérieur, la vieille eut un mouvement de recul :« Mais... Ils ne font pas partie de la tribu ! »

- Peut-être mais regarde-la ! Tu ne vas pas la laisser mourir ?

Mia regarda la faible louve un instant.

- Posez-la ici. Et partez, je n'ai pas besoin d'aide. Oh une dernière chose Luna, parle de ces gens à Augustin, voir ce qu'il advient.

La loutre sortit avec Frédéric. Elle souffla un long moment en se frottant la tête. Pako se rapprocha d'elle : « Merci du plus profond de mon coeur, merci de nous accueillir. »

- Accueillir est un grand mot. Je dois encore vous montrer à Augustin. Mais je doute que vous restiez ici bien longtemps.

Pako ne répondit pas.

- Suivez-moi, on va voir Augustin.

- Qui est-ce ?

- Notre chef.

Ils allèrent au centre du village qui était un cercle de terre battue, cercle formé par les différentes huttes, d'arbres impressionnants de par leur taille et la largeur de leur tronc dépassant aisément les deux mètres à vue d'œil pour la plupart, et enfin, une grande souche d'arbre servant certainement d'estrade au centre du cercle. Ils traversèrent celle-ci et se dirigèrent vers une hutte dominant la tribue depuis un rocher.

La loutre et la bande gravirent quelques marches taillée directement dans la pierre.

Au sommet, une vieille et grande hutte formait un dôme de branches. La loutre s'adressa ensuite à la bande : « Maintenant vous avez intérêt à parler avec le plus grand respect si vous voulez rester ici. »

L'entrée se résumait à un fin rideau de perles de calcaire teintes. La loutre le poussa d'une main dans un petit bruissement et entra en première. La hutte était encore plus impressionnante de par la place qui s'y trouvait, de nombreuses plantes aromatiques pendaient depuis des ficelles attachées à son plafond ainsi que de nombreuses boîtes de toutes tailles se trouvaient de part et d'autre de la salle.

Une lueur scintilla, venant d'entre les maillages d'un rideau fait de fins tissages d'orties sur leur gauche. Il se souleva et un loup au pelage entièrement gris foncé, presque noir, se leva, une lampe à huile à la main et torse nu. Il avait le regard perçant mais sage et le visage grave, le corps comme taillé dans le rock, il avait quelques petites perles de bois accrochées à de petites tresses faites sur le pelage de ses joues ainsi que la mâchoire, aux bases de ses oreilles et l'arrière de sa tête, lui donnant des airs de chamane assez intimidant.

- Pourquoi me réveilles-tu à cette heure-ci Luna ? fit-il d'une voix grave et posée, semblant nous faire deviner l'intelligence et l'expérience.

- Pardonne-moi Augustin, mais un groupe d'étrangers est arrivé cette nuit. L'un d'entre eux était mourant à cause d'une balle. Ils m'ont réclamé ma merci pour les accueillir et j'ai eu pitié d'eux... La louve mourante est entre les mains de Mia et je m'en remets à toi pour décider de ce qu'il adviendra d'eux.

- En tant normal je t'aurais reproché d'avoir fait entrer des étrangers sans m'avoir averti, mais dans ce cas exceptionnel je comprends ta réaction, lui répondit-il dans un hochement de tête. Présentez-vous.

Pako s'avança d'un pas ; « Je suis Pako, le panda géant s'appelle Frédéric, la biche Alison et le renard Rick, notre blessée est une louve blanche qui se nomme Suzanne. Nous venons tous de Neotasgos sauf Alison qui vient directement de Lacusoppidum. »

- C'est un long chemin que vous avez fait... Pourquoi être venu ici ? Et... Pourquoi vous empestez le soufre comme ça ?

- C'est une longue histoire... Je pourrais vous le résumer si vous m'accordez un peu de votre temps.

- Nous avons tout notre temps ici, asseyez-vous avec moi et allez-y.

La bande raconta son voyage sans mensonge, du premier jour jusqu'à aujourd'hui. Le chef les écoutait avec beaucoup d'attention et ne les interrompit pas. Une fois le récit terminé, il croisa les bras, ferma les yeux et sembla méditer sur la question.

Il fit ensuite : « C'est un sacré voyage que vous avez fait là... Alors comme ça vous êtes des philanthropes ? »

- En quelque sorte, répondit Frédéric. On veut juste se rendre utiles durant les sécheresses. À chacune d'entre elles nous sommes spectateurs de ces hécatombes... Vous les connaissez sûrement, toutes ces « marches à la mort »... Tant de nouvelles tombes aux bords des chemins chaque été... Et encore, si on les enterre... On ne pouvait plus rester là sans rien faire, alors nous voulons faire ce que d'autres animaux tentent de faire : porter notre aide.

- C'est une noble cause... Bien que je la trouve excessivement ambitieuse. Je ne sais pas si vous pouvez changer quoique ce soit dans ces périodes difficiles. Et... J'ai entendu beaucoup de mauvaises fins à ces histoires...

- Peut-être, nous ne sommes que le colibri apportant sa goutte d'eau dans l'incendie. Mais si nous pouvons sauver quelques infortunés, ce serait déjà une avancée. Une vie en vaut toujours la peine.

- Alors qu'il en soit ainsi, j'ose espérer que vous serez nos colibris. Vous pouvez rester quelques jours pour que votre blessée guérisse, mais si d'ici là vous n'avez pas trouvé votre place, une utilité quelconque, vous devrez quitter la tribu. Comprenez, je traite la tribu comme une meute, chaque membres doit y être utile, sinon ce n'est qu'une bouche pesante a nourrir. Entre loup, je pense que Pako me comprendra. Et à propos de votre venue, je sens que vous êtes sincères et pleins de bonnes intentions mais en tant que chef je ne peux accorder ma confiance aux premiers métèques venu. Je n'aurai aucune tolérance si vous commettez un affront je serais obligé de vous chasser d'ici et si cela vient à arriver, ne tentez aucune résistance. Vos fusils sont peut-être plus moderne que les nôtres mais on n'est pas moins bon tireur.

- Ne vous en faite pas, vous n'aurez besoin de prendre de telles mesures.

- Mais j'aimerais vous poser une question, quand vous avez fuit Périté, êtes vous sûr d'avoir brouillée les pistes ?

- Nous avons fait tout notre possible, fit Alison. On a répandu du soufre sur une zone très large et ce dès que nous sommes partis de Périté. Et comme vous le sentez, nous même sommes imprégné de l'odeur, avec la végétation, notre odeur masqué et nous n'avons parlé à personne de notre désertion, il y a peut de chance qu'il nous retrouve à la trace. Mais le chef du convoi est perfide, déterminé et sans cœur, il me traquerait jusqu'en Asie pour avoir ma tête. J'aimerais vous garantir qu'il ne viendra pas mais il est bien plus intelligent qu'on peut le penser.

- Je vois.

- Le convoi part pour demain soir, ajouta Rick. Peut être qu'il partira avant d'essayer quoique ce soit.

- C'est mal connaître Gérard, répondit Alison. Il est capable de beaucoup pour exécuter des déserteurs, si c'est te dire ce qu'il serait capable pour moi.

- Nous serons alors plus vigilant. Maintenant reposez vous, vous avez eu une nuit interminable, vous méritez le sommeil. Vous allez dormir à la belle étoile pour ce soir, demain vous pourrez vous construire des abris si vous en trouvez le besoin.

Ils le saluèrent et sortir de la hutte, la loutre prit une petite pause pour regarder le village puis se tourna vers la bande :<< Vous pouvez vous installer sur les bordures du village, il y a de la place. Mais si vous voulez faire un feu, soyez très prudents et si possible faite le là où il n'y a pas d'herbe. Depuis quelques mois elle est sèche comme de la paille ainsi que le reste des plantes, un rien pourrais y mettre feu et dégénéré très vite.>>

- On sera prudent, dit Frédéric. Encore merci.

- Y'a pas de quoi. Mais surtout respectez le lieu, ça fait des générations que notre tribu s'y trouve.

- Entendu.

Luna partit de son côté et la bande partit s'installer. Mais Pako s'inquiétait encore beaucoup pour Suzanne, il voulait la revoir.

Alors que les autres avaient déjà allumé un feu au près des murailles du village, Pako s'était assis en boule au côté de la hutte de Mia, il essayait d'écouter ce qu'il s'y passait, mais il n'entendait rien de particulier, peut-être que l'opération était terminée ? Il aimerait entrer mais il n'osait pas, si elle avait besoin de se reposer il ferait mieux de ne pas la déranger. L'état de Suzanne était devenu très inquiétant à leur arrivé, elle manquait de tomber dans les pommes, ne répondait presque plus quand on lui parlait et il sentait qu'elle peinait à se tenir à lui. Il savait très bien qu'il ne l'a verrait certainement pas avant demain matin, pourtant, il ressentait l'irrépressible besoin de se sentir proche d'elle. Elle était dans le mal et il ne pouvait pas la voir, a savoir si elle s'en remettra ou non. Un mélange de frustration, d'inquiétude et d'impatience lui secouait l'esprit et le cœur. Pourtant il était bien déterminé à rester là, toute une nuit s'il le fallait, comme pour veiller sur elle, en ignorant les regards des animaux curieux passant devant lui. Le temps passa et il sentit toute la fatigue des effort d'aujourd'hui, tout s'abattit sur ses épaules d'un seul coup... et ne lutta pas bien longtemps contre la fatigue.

À peine il avait cligné des yeux que le soleil était là, Pako se trouvait au même endroit, même position, il n'avait pas bougé de la nuit. Mia,la renarde volante sortit de sa hutte, l'échine courbé par l'âge et le travail.

Elle remarqua rapidement Pako qui dormait encore.

La doyenne lui toucha quelques fois une oreille dressée du bout de ses doigts crochu, le loup émergea dans un petit sursaut.

- Hé ben mon loup, tu as dormi là toute la nuit ? fit elle d'une voix un peu étranglée mais amusée.

- Oh hum... excusez moi... je... heu...

- Ne t'excuse pas, je sais ce que tu fais là. La meute c'est sacré, les loups comme toi ne peuvent pas s'en empêcher. Bien que, je te trouve un peu vieux pour ce comporter à ce point. Ça fait longtemps que vous vous connaissez ?

- Oui quand même... On n'avait pas dix ans pour vous dire... Trop vieux ou non j'avais juste besoin de me sentir près d'elle, surtout dans l'état où elle est... Mais elle va bien ?

- Vous êtes arrivé au bon moment, un peu plus et une infection bien plus grave aurait pu se développer. C'est la poussière qui a réellement compliqué les choses, sinon sa blessure aurait été loin d'être grave et même plutôt propre je pourrais dire, la balle est passée au bon endroit et est ressortie sans trop abîmer les muscles.

- On n'a pas eu de chance je pense...

- Laissez moi deviner, vous êtes passé par Pulvis ?

- Oh... Oui pourquoi ? Elle vous l'a dit ?

- Non elle m'a à peine parler, elle était trop fatiguée. Je te fais cette remarque car c'est sa blessure qui me l'a fait penser...

- Dite moi ?

- Il faut vraiment se méfier de la poussière de Pulvis, elle est très toxique. Les gens qui restent trop longtemps dans ces déserts sont victimes d'empoisonnement au plomb par exemple, ou d'autres cancers du poumon voir des problèmes aux os.

- Et Suzanne aurait été victime de cette poussière ?

- Vu l'infection... oui mais vous n'êtes visiblement pas resté suffisamment longtemps pour que vous soyez réellement touché.

- Par curiosité, pourquoi la poussière de Pulvis serait si dangereuse ?

- On ne sait trop... Mais beaucoup pense comme moi : c'est certainement une très vieille No life land. Les maladies qu'on y trouve sont proches de celles des autres No life lands, bien que nettement moins virulente, comme si les substances qui s'y trouvait avaient vieilli.

- Je vois... Et quand est-ce que je pourrais la revoir ?

- Elle devrait se rétablir très vite. Ta louve est incroyablement solide je dois l'avouer, je ne pense pas avoir souvent vu des femelles comme elle. Mais pour l'instant il faut impérativement la laisser dormir.

- Je ne vous le fait pas dire... Ces derniers jours elle m'a vraiment épaté...

- Je vois ça, ricana t'elle. Je ne t'ai pas demandé ton nom au fait, s'excusa t'elle.

- Je m'appelle Pako.

- Et moi Mia. Tu l'as certainement remarqué, je suis là guérisseuse de la tribu depuis mon plus jeune âge.

- Heureux de faire ta rencontre alors ! Au fait, cette tribu porte un nom ?

- Nous sommes la tribu du Fraxinus.

- Oh j'aime beaucoup, j'essayerai de retenir.

- Ne t'inquiètes pas pour ça mon garçon. Je vais devoir te laisser, j'ai a faire. Augustin t'en a sûrement parler mais je te conseille de rapidement te trouver une utilité ici, retrouve Luna elle pourra t'éclairer. Une dernière chose, prenait le temps de vous laver, ça empeste le soufre depuis votre arrivée dans tout le village.

- Oui je pense que ça serait une bonne chose... Merci et bonne journée !

La doyenne partit dans le village. Mais avant toute chose, le loup ne put s'empêcher de voir son amie, alors il souleva discrètement la toile d'entrée pour regarder à l'intérieur. Son amie dormait très profondément sur une paillasse au coin de la hutte, un bol d'eau et un autre de baies à ses côtés tandis que son Marcel blanc était pendu non loin de là, la quantité de sang désormais sec imprégnant le tissu lui fit réaliser tout ce qu'elle avait perdue.

Il était soulagé de la voir enfin, Pako voulait s'approcher mais elle devait encore dormir. Le loup relâcha doucement la toile et se mit en route.

Le village de la tribu était très petit, composé d'une majorité de hutte en forme de dôme fait de divers branchages et de feuilles fraîches. Quelques baraquements au pieds des arbres monumental servaient de réserves tandis que certains villageois habitaient perché dans les arbres à l'intérieur de cabanes s'issant facilement à plus de cinq mètre au dessus du sol.

C'est en levant la tête que Pako en perdait presque l'équilibre, les arbres étaient gigantesque, leurs troncs avaient un diamètre sans précédent et leur branche s'étiraient si loin et haut ! Il ne pensait pas qu'un arbre aussi vieux soit-il aurait pu ne serait-ce que rivaliser avec la taille d'un clocher ! Il se sentait petit, minuscule devant ces patients centenaire veillant sur eux avec bienveillance. Une chose indescriptible se dégageait de ces arbres, une aura de sagesse mais aussi de puissance. Et pourtant, il n'illustraient que peu le pouvoir de la création, la création commun à tous êtres, celui de la nature même. Un pouvoir énorme qui pourtant montrait ses faiblesses, ces arbres étaient terriblement assoiffés, en cette saison, ils devraient avoir d'épais feuillages vert pour profiter du soleil, pourtant, il était foncé presque nu malgré ces très nombreuses branches, comme le corps d'un affamé.

Le loup à la fois impressionné et triste aurait pu encore rester longtemps à les contempler, mais il devait d'abord chercher les autres.

Il marchaient dans le village sur la terre battue par les passages et sentit rapidement de nombreux regards se poser sur lui et ses oreilles percevaient de nombreuses critiques sur son odeur, se forçant de cacher sa honte.

Dans les chemins il croisa Rick, mais quelque chose avait comme changé en lui. Le renard marchait droit, l'oeil vif, son AR 15 en mains, il était petit par apport à la taille du fusil qui l'encombrerait certainement, et pourtant, il semblait être très à l'aise et plein d'assurance avec l'instruments. Pako ne l'avais même pas encore remarqué mais les traits de son visage semblaient s'être plus marqué, accentué rendant un air plus sérieux et lui retirant une partie de son innocence autre fois apparente. Allant même dans sa démarche qui était nettement plus assurée et imposante qu'autre fois, malgré sa taille il portait quelque chose intimidant dans son attitude. Il semble s'être métamorphosé en une nuit.

Le renard le repéra très rapidement.

- Hé salut Pako ! dit le renard d'une voix joyeuse toujours aussi enfantine provoquant un terrible contraste avec ses nouvelles attitudes.

- Yup !

- T'était passé où cette nuit ? On pensait que tu allais revenir.

- Je m'assurais juste que Suzanne allait bien, c'est tout.

- Et elle va bien ?

- Oui elle se repose justement, la guérisseuse m'a dit qu'elle se remettra vite.

- Très bien ! Même si une nuit ça fait beaucoup pour ça... mais bref. Et par contre va te laver je sentais l'odeur du soufre depuis l'autre bout du village.

- Bah tiens comme ça m'étonne. Et toi tu ne sens presque plus rien. Tu t'es rincé où ?

- Tourne à droite quand t'es face à la sortie, tu verras Alison qui se fait un abris, on nous a prêté une sorte de bassine d'eau en argile.

Moi je vais chercher Luna.

- D'accord à tout à l'heure !

Pendant ce temps, à des kilomètres de là, à Périté, une foule agitée se trouvait à la place de la fontaine.

Greg, la hyène dont les mains étaient liée derrière le dos, tombait lourdement à genoux sur le planché d'un chariot servant d'estrade, après un violent coup de poing de l'estomac de Gérard, le chef du convoi. La hyène était dans un état pitoyable, torse nu, marqué de nombreux coups et plaie encore saignante, il avait une terrible plaie causé par une balle juste à côté de son poumon droit, une blessure sanguillonante à peine pansé.

- Regardez bien tous ! Ce petit merdeux de traître là ! fit il en lançant une claque sur la tête en passant derrière lui. 'À été attrapé hier soir alors qu'il tentait de s'échapper, il a tiré et blessé plusieurs de nos camarades avant d'essayer de se suicider au milieu du combat comme un lâche. Il a entre autre participé à la désertion de cinq autres traîtres et a certainement organisé le double meurtre de nos deux braves camarades ! Le crâne d'Alexandre à été éclaté à plusieurs reprises à mains nues ! Sauvagement mutilé par des esprits perturbé par l'instinct de prédation ! Son corps est méconnaissable, défiguré ! Massacrés avant d'être bazardé dans un fossé comme des déchets !

- Je n'étais pas au courant de ces meurtres ! C'étaient aussi mes camarades, mes amis ! cria Greg. Je n'y ai pas...

- Silence ! avant d'envoyer un coup de pieds dans sa bouche qui fit tomber Greg sur le planché avant de tousser abondamment du sang.

Le chef se tourna vers son public : << Ces déserteurs n'ont pas la moindre loyauté envers notre mission ! Pas la moindre pitié pour vous ! Villageois autant que vous êtes ! On vous doit d'apporter l'eau et eux, ces déserteurs, n'ont aucun scrupule à vous abandonner à votre soif pour leur intérêt personnel ! »

Il eut un mouvement de foule, un brouhaha monta.

«C'est pourquoi ! reprit Gérard pour faire taire le brouhaha. C'est pourquoi je viens implorer votre aide pour que justice soit faite ! Pour venger nos camarades et punir ceux qui vous assoiffe ! Cette hyène ici, ce complice, ne veut pas révéler où se trouve ses complices malgré l'avoir interrogé toute la nuit ! C'est pourquoi je me remets à vous ! Le convoi par ce soir, il nous reste peu de temps pour rendre justice ! Quiconque apportera des pistes sera récompensé ! Nous devons agir vite !»

Un brouhaha agité monta encore, quelques caillasses et injures volèrent sur Greg qui venaient de se redresser.

Un sifflement strident fit taire la foule puis une jeune voix criait : « Je pense savoir ! Je pense savoir ! » C'était la langouste qui avait accueilli la bande.

- Où se trouvent t'ils alors ?! lança Gérard.

- La tribu du Fraxinus ! Ils m'avaient demandé si des gens vivaient dans la forêt et m'ont demandé comment y aller ! Ils étaient très suspect, il faisait tout pour évité le sujet après m'avoir demandé où la trouver ! S'ils ont fuit dans la forêt, ils y sont sûrement !

Greg se dévisagea.

Gérard le remarqua :<< Alors mon gros, il dit vrai ? >>

- Vous vous trompez... fit tout bas la hyène désemparé. Vous vous trompez... vous ne les trouverez pas là bas...

- Regarde moi un peu, reprit Gérard en prenant le museau de Greg dans sa mains. Je te connais bien et ça me fend le coeur ce que tu as fait. Mais je ne pas te pardonner. Je n'ai plus besoin de toi.

La hyène était pétrifié.

- Écoute ! reprit il d'une voix sonore. Je te remercie ! Nous irons à la tribu du Fraxinus dès ce soir ! Ta loyauté est exemplaire, tu seras récompensé comme il se doit mon grands ! On partira les retrouver tout à l'heure ! Mais maintenant, que faire du déserteur, de cette assoiffeur, cette assassin !? Peuple de Périté décidez de son sort !

La foule s'agita, des animaux huèrent, des cries de colères, des peines de tout genre était clamé et l'une dominait de plus en plus le vacarme : « À mort ! À mort ! ».

Gérard se tourna vers la hyène un sourire aux lèvres et ricanant gravement. Il sortit un pistolet semi-automatique de son manteau alors que la folie meurtrière de la foule était assourdissante. L'Iguane pointa l'arme sur la tête de la hyène à bout portant, Greg le regardait droit dans les yeux bien qu'une lueur dans son regard témoignait de sa peur. Il arma le chien et lâcha : «Encore un mort pour rien ».

-Bam !-

Alison cassait de solide branche pour faire le squelette de son abris alors que Pako s'était déshabillé pour se laver à l'aide de la bassine en poterie de quelques litres à peine non loin de là.

- Punaise ça ne part pas cette odeur ! Je n'en vois plus le bout. En plus ça me bride le flaire c'est insupportable.

Frédéric mangeait des feuilles de bambou non loin de là : «Écoute continue on verra bien. Et tu devrais demander ton aide aux cueilleurs, si tu veux te rendre utile ».

- C'est une bonne idée. Et si je trouve un coure d'eau je peux espérer trouver des fleurs de savon si ça ne part pas.

- En revanche je ne sais pas ce que je pourrais faire ici...

- T'occuper des enfants par exemple ! fit Alison. Je pense que ça pourrait t'aller.

Il eut un rire soudain.

- J'aurais pu prendre ça comme une mauvaise blague mais je ne trouve pas ça si bête, c'est juste que je n'ai jamais eu à m'occuper d'enfants. J'irai voir.

- Bon pour m'a part il n'y aura pas de surprise, dit Alison. Autant rester dans la sécurité. Et Rick voudrait aussi y être.

- Au moins on a déjà des pistes pour nos rôles ici. On va enfin servir à quelque chose.

Alison se dépêchait de finir son abris alors que Rick arrivait avec Luna.

- Bonjour tout le monde, fit elle. Rick est venu me chercher pour vous renseigner. C'est quoi vos idées ?

- Alison et moi on aimerait bien être garde, répondit le renard.

- D'accord, et les autres ?

- Aider dans la puériculture pourrait m'aller, fit Frédéric.

- Moi dans la cueillette, répondit Pako.

- Je vois, et vous avez les compétences ?

- Pour ma part j'ai toujours fait de la cueillette. S'il y a des plantes nouvelles pour moi j'apprendrai vite.

- J'étais la responsable de la sécurité dans la station de Lacusoppidum pendant quelques années, fit Alison.

- Pour ma part je pense m'être assez battu pour faire de la sécurité, répondit Rick.

Luna semblait amusée.

- Je ne veux pas te vexer mais honnêtement, vu ta taille je ne sais pas si c'est une bonne idée.

- Et ben ? Je reste un prédateur non ?

La loutre hoqueta de rire.

- Tu sous estime Rick, ajouta Frédéric. C'est dangereux ça ! fit il avec un brin ironie.

Luna souriait, presque au rire.

- Mais plus sérieusement, continuait t'il. Tu n'as pas vu Rick conduire un chariot un pistolet à la mains durant une embuscade dans le désert de Pulvis. Il a largement prouvé sa valeur au combat je trouve.

Elle se calma et hésita un instant.

- S'il y a de la place j'essayerai de vous faire prendre pour essayer. Je fais un petit peu de surveillance aussi mais ce n'est que une partie de la nuit. Et Frédéric ?

- Et bien... Je n'ai aucune compétence particulière pour me rendre ici, j'aimerais bien dire surveillance mais je ne sais pas s'il y a encore de la place avec Alison et Rick... Donc j'imaginais m'occuper des enfants de la tribu.

- Pour les enfants je ne suis pas certaine car ce n'est vraiment pas quelque chose qui s'improvise. Mais tu as fait un métier avant d'arriver ici ?

- Ouais, ferrailleurs. J'achetais et revendais du métal çà et là. Mais ce n'est pas quelque chose qui se fait dans la forêt.

- Il y a une forgeronne dans le village, si tu veux rester dans le métal tu peux lui demander de t'apprendre.

- Je trouve que c'est une très bonne idée, tu me montreras où elle se trouve ?

- Évidemment. Concernant Pako, les cueilleurs sont de sortie presque toute la journée, tout les jours et en très petit groupe, tu pourras peut-être en voir un rentrant ou allant à la cueillette dans l'entrée.

- J'irai voir, et il commença à se rhabiller.

Frédéric continuait de manger, bien qu'avec de plus en plus de précautions, il n'avait pas trouver de feuilles de bambous au village et ses réserves diminuait progressivement. Il avait déjà faim, cela faisait longtemps.

Là journée s'écoula, le panda alla voir la forgeronne, essaya de trouver du bambous, vainement sans surprise, la tribu est coupée des animaux à l'extérieur de la forêt et le bambou ne se trouvant pas naturellement dans des forêts comme celle-ci.

Quand a Alison, elle commençait déjà ses premiers tours de garde autour des épaisses barrières de ronces avec Rick, mais n'était évidemment jamais seuls, marchaient devant le groupe suivit de très près par les autres guerriers.

Pako réussi à rejoindre un petit groupe de cueilleur, tous des herbivores qui le regardait du mauvais oeil, étant un grand carnivores et étrangers, il leur avait retiré sa carabine. Le loup n'avait qu'un panier sac à dos en osier et ce qui était un ustensile tranchant en silex. Malgré cela, il se sentait comme un poisson dans l'eau et était ravis.

La nuit tomba tardivement, durant la journée les arbres s'avèraient complètement inutile contre l'omniprésente chaleur sèche stagnant dans l'air.

Dans le camp, peu de torches avaient été allumée ce soir et aucun feux n'avait été fait, la végétation jugée bien trop sèche.

La bande s'étaient réunis près de l'abri d'Alison. Ils discutaient joyeusement, Pako étaient particulièrement grande gueule ce soir là, heureux de sa journée. Bien que très vite, il se sépara eu groupe et alla voir Suzanne qui n'avait pas quitté son esprit de la journée.

Dans la hutte de Mia, la guérisseuse quoi était absente, Suzanne était seule en train de retrouver progressivement ses forces.

Pako entra avec beaucoup de précautions, sans bruit, et s'assit près d'elle.

La louve se réveilla progressivement, et quand elle distingua la silhouette du loup, son visage s'illumina :« Bah tiens, t'es là toi ?».

- Hé oui où veux-tu que je sois ? Je prends des nouvelles, il faut bien !

- Merci t'es gentil Pako.

- Tu récupères bien ?

- Progressivement... Mais c'est pas en une journée que ça va se régler,il était temps que ça se calme de mon côté. Je me sens vidé de mes forces.

- Et la douleur ?

- C'est nettement mieux ! Elle m'a donné un mélange de plantes et de graines de pavots un peu "space" qui a bien marché... Je ne sais plus trop ce que c'était mais... C'était vraiment très rapide comme effet, presque assommée.

- Je vois, fit il le sourire aux lèvres. Ça m'étonnerait pas qu'elle t'ait fait un mélange avec une variété de cannabis, ça marche bien contre les douleurs.

Tu ne t'es pas trop ennuyée ?

- Non pas tellement, j'ai beaucoup dormi et Mia est une personne très amusante, qui a énormément de choses à raconter. La journée s'est vite passée. Et de ton côté ?

- Je me suis beaucoup amusé. Avec les autres on n'a pas perdu de temps, tout de suite on a essayé de s'intégrer, chercher des choses à faire. Rick et Alison sont déjà partis dans la surveillance et Frédéric essaye de se rapprocher de la forgeronne. Quand a moi j'ai pu partir une après-midi faire de la cueillette avec des herbivores, c'était vraiment passionnant bien que les récoltes était assez maigre... On est aussi surveillé de près, sans surprise. Par exemple pour sortir on ne m'a pas laissé mon arme et les herbivores me regardaient de travers. Mais je ne suis pas à plaindre, content déjà qu'ils nous laisse travailler avec eux.

- C'est vrai, je trouve que c'est un bon début... Tu avais l'air pressé de me revoir dit. Je t'ai manquée ? fit elle avec ironie.

Il souffla amusé mais un peu gêné : « Si quand même »...

Dans la forêt, trois silhouettes aux auras pesantes s'avançaient dans l'ombre. Des grands pas d'ours écrasaient les brindilles, à la tête du groupe un chat blanc progressait à patte de velours suivit de près par la queue de l'Iguane balayant sensiblement le parterre de feuilles.

Le chat se stopa, levant le poing pour marquer un arrêt, il se tourna lui et ses yeux scintillant dans le noir, à voix basse : « On y est, je vois des lueurs de torches entre les branches. L'éclaireur vous a déjà dit leurs positions dans le village».

L'Iguane s'avança, les yeux brûlant, déterminé. Mais l'épaisse patte de l'ours sur son épaule l'arrêta : « Gérard, tu ne pourras pas le faire seul. Je ne veux pas perdre un camarade pour des traîtres».

L'Iguane, sans le regarder : « Il n'est pas question de traîtres ni de déserteurs ce soir Gary. Il est question d'une meurtrière qui a sacrifié nos frères et sœurs. Il est question d'Alison. C'est vous que je ne veux pas perdre pour elle. J'en fais une affaire personnelle. Si une ordure doit mourir ce soir c'est elle ou moi ».

Il écarta sa patte de son épaule et parti sans se retourner.

La louve sourit, lui caressa la joue ; « Tu ne sais pas te cacher Pako... Mais quelque part c'est bien ce que j'aime...

Il lui prit la main : « C'est ce que je n'ai jamais su te dire...

- Tu n'as jamais eu besoin de mot Pako.

L'Iguane surgit brusquement devant la première garde de l'entrée. Elle n'eut le temps de réagir que dans un geste ample, souple, presque chorégraphique, l'Iguane lui trancha la gorge avec un imposant couteau.

Il l'a rattrapa sans un bruit alors qu'elle gémissait, sa voix ayant été coupée par la lame.

Et il l'a traîna misérablement dans l'entrée et rapidement le second garde posté à l'intérieur de la muraille le repéra :« Halte ! Qui va là !? »

- Vient m'aidé ! Elle a été égorgée ! répondit l'Iguane le pressant.

Le garde était désorienté.

- Dépêche toi ! reprit l'Iguane.

Le garde se précipita sur sa camarade. Mais à peine avait-il rejoint sa coéquipière qu'il se prit soudainement un couteau dans l'estomac.

«Crétin», lui chuchota l'Iguane avant que la lame redescende brusquement vers le bas, l'éventrant brutalement et tomba au sol avec sa camarade.

L'Iguane se faufila dans la tribu sans se faire voir et atteignit rapidement la hutte d'Alison. De son ample manteau il sortit une bouteille presque pleine, un mouchoir qu'il enduit du liquide et l'introduit à l'embouchure. Sortit une allumette au phosphore, la craqua sur ses écailles et enflamma le tissu.

Le loup frissonna.

«Tu n'en a jamais eu besoin non plus... » fit il tout bas, il se pencha sur elle qui l'invitait de sa main.

Leurs truffes se touchèrent et se regardèrent dans les yeux un moment, rapprochait leur lèvres à tour de rôle grâce à cette étincelle que l'on voit dans le regard. Les paupières se fermèrent, leur souffle de coupa, les cœurs tressaillir et le temps s'arrêta.

Au même moment la bouteille traversa brutalement les branches de l'abri dans un craquement sec.

Suzanne et Pako s'interrompirent soudainement, ils entendirent le bruit d'une bouteille que l'on fracasse au sol et le souffle d'un embrasement rapide et violent tandis que de nombreux cris d'alarme retentirent.

Le loup se redressa et dit tout bas : « Merde, une attaque... reste là Suzanne j'y vais »!

- Tu es fou ?! Je viens avec toi !

- Reste là !

Le loup sortit en trombe de la hutte, sa carabine à la main et vu l'abri en flamme d'Alison. Il a couru le plus vite qu'il pu pour arriver sur les lieux du drame. Dans le brasier tout était silencieux, rien que le bruit des flammes vacillante de cette boule de feu. Pako l'appela à plusieurs reprises avec Frédéric et Rick qui venaient d'arriver, mais aucune réponse.

Le grand panda essaya de pénétrer dans les flammes infernales mais sa fourrure flambée dans des crépitements dès qu'il touchait le feu. Frédéric était désarmé, impuissant, il resta là à regarder avec effroi le brasier.

Le loup aperçu tout à coup une silhouette fuyante courir le long de la murailles, son instinct lui criait que c'était l'assassin, il s'élança à sa poursuite.

Rick sursauta : « Le feu ! Il gagne sur l'herbe ! »

Le feu s'étendait comme une vague sur l'herbe sèche à une vitesse ahurissante tandis que des animaux piétinaient les flammes pour les étouffer.

Des cris de douleur rugirent du brasier et le sac de Alison vola hors des flammes et la biche se jeta hors des flammes en ce roulant au sol. Frédéric accouru en frottant sur les flammes qui lui mordait la peau et les vêtements. La biche hurlait de douleur surpassant les cris d'alarme. Elle criait avec tant de peine que toute la tribu en aurait eu des sueurs froides, ils portaient haut et loin, effrayant, angoissant, des rugissement primaire implorant miséricorde de dieux en qui elle ne croyait pas. Ses flammes moururent, elle se tenait à quatre pattes sur le sol, fumante, tremblante, gémissante et respirait convulsivement de grande bouffée à s'en décrocher la mâchoire. Sa peau avait été mise à nue par endroits, sur le visage et les bras avec quelques éclats de verres marron lui criblaient sa face sanglante. La biche frappa du point sur le sol et cria d'une voie étranglée : « Il a essayé de me cramer ! Il a essayé de me faire brûler ce fils de pute ! elle se leva, saisit son arme et l'arma brutalement, le visage ridé de haine. Je vais le crever ! Je vais te crever putain de d'enfoiré ! Reviens putain de lâche ! T'as essayé de me cramer dans mon sommeil fils de pute de merde ! »

- Assez Alison ! l'arrêta Frédéric. Il est parti et Pako le poursuit, reste là !

- C'est pas à lui de le buter bordel ! Laisse moi l'écorcher ! Je vais le saigner ! criait t'elle alors que sa voix arrivait à saturation.

- Calme toi ! Alison ! Stop ! continuait il pendant qu'il lui saisissait ses bras.

Elle se débattait avec acharnement et jeta désespérément son arme devant elle comme pour atteindre un enemis imaginaire. La biche échappa des bras de Frédéric mais trébucha et tomba à genoux avant de fondre en sanglots.

Le panda s'agenouilla derrière elle et la prit dans ses bras et, sans dire un mot, laissait ces larmes couler sur lui, alors que devant eux le brasier grandissait, s'étendait, flambait comme un paisible monstre sortie de la mère créatrice.

Pako était arrivé à l'entrée, là où il croisa les répugnant cadavres des gardes baignant dans une mare de sang et de tripes. À l'extérieur de la muraille la forêt semblait vide et sa vue ne portait suffisamment loin dans le noir. Il ferma les yeux, épaula son fusil et se concentra, presque en transcendance, sur les sons. Ses oreilles semblait comme scanner les environs, à droite, le feux les cries, il pouvait même entendre les cris de Alison et les habitants se hâter distinctement. À gauche, il n'y avait rien, le bruissement des feuillages, rien que les brindilles des arbres tombant sur les parterres de feuilles mortes mais il sentait quelque chose quelque part devant lui... cinquante mètres, comme des poids écrasant les feuilles à toutes vitesse... c'était lui. Il n'avait pas ouvert les yeux, ajusta son tire... ouvrit les paupières à l'instant où il pressa la détente et la puissante détonation lui secoua l'épaule. La balle fila entre les arbres en direction directe de l'Iguane.

Un claquement sec frappa arrachant des éclats de bois d'un tronc d'arbre à quelques centimètres du visage de l'Iguane.

Gérard s'arrêta sur le coup, se tira une longue écharde qui lui avait percé le visage, se retourna sereinement en direction du tire et semblait maintenir le regard de Pako dans la nuit, qui lui aussi, le loup, fixait cette cible à ses yeux invisible qu'il avait malheureusement manqué.

Il tira le verrou de son arme, l'étui de la balle vibra aïgu, et le repoussa avant de remettre en joue sa cible. L'Iguane reparti, jeta un dernier regard de revanche avant de s'en aller en trottinant plus silencieusement.

Le loup baissa son arme, l'assassin était trop loin et trop enfoncé dans la forêt désormais.

Les hurlements canins grave, court et répété de Augustin sonnèrent dans la forêt, la tribu devait quitter le village. Pako se retourna et vit des flammes gigantesque grimper sur les arbres, les animaux couraient dans tout les sens, la situation était hors de contrôle. Il soupira longuement comme pour méditer un court instant... Suzanne. Il courut dans le village et la retrouva rapidement soutenue par Rick et Mia se dirigeant vers la sortie.

- Vous allez bien ? fit Pako.

- On est tous ok, répondit Rick. Tu l'as eu ?

- Non... J'ai raté ma seul occasion...

- Ce n'est pas la priorité, coupa Mia. On doit emmener Suzanne loin d'ici. Sauve ce que tu peux sauver, on a la réserve de nourriture en feu et des gens piégé dans les flammes, dépêche toi !

- D'accord, faites attention à vous ! il partit dès sa phrase terminé.

Suzanne n'eut le temps de lui dire un mot, elle le regarda partir par dessus son épaule alors que ses amis la tirait hors d'affaire.

Le loup progressait dans la pagaille, les huttes flambaient les unes après les autres, l'atmosphère était étouffante, le feu crépitaient de toute part, les branches des arbres gigantesque tombaient dans un affreux fracas sur le sol, la chaleur soufflait l'air bien haut comme le vent. Il se retrouvait désorienté, le bruit, les cris, la chaleur, tout ces animaux qui le bousculaient dans leur fuite, mais il devait agir vite. Le loup fonça vers le centre du village, là où la réserve de nourriture s'effondrait progressivement sur elle même. C'était une structure circulaire bâtit autour d'un grand tronc d'arbre, des cueilleurs sauvaient les récoltes, s'engouffrant dans le feu. Pako n'hésita pas une seconde et se plongea avec eux. Les flammes déchiraient les murs de branches et grimpaient sur le plafond, partout des poteries pleines de plantes et de fruits séché avaient éclaté au sol, se fendaient par la chaleur où les animaux se précipitaient pour les ramasser. Il remplie ses bras de jarres, déjà brûlante au touché, sans regarder le contenu et couru à l'extérieur du village, suivant le plus grand courant de foule. Les malheureux s'étaient regroupé à une cinquantaine de mètres du déchaînement de flammes qu'avait lieu, dans une foule quelque peu dispersée en petits groupes. Pako ralenti, et reprit progressivement son souffle entre ces âmes en peines, des blessés, brûlés, macchabés inanimé pas plus grand que des poupées sur le sol, ils toussent, ils pleurent par dizaines... Le revoilà plongé dans le même chaos de Lacusoppidum, la vie n'épargne donc rien ? Il s'efforçait de fuir les lourds et hostiles regards qui le suivaient, les siens tombèrent malgré lui sur le visage meurtrie d'un lapereau allongé sur le sol, les yeux clos et la respirations haletante et les traits encore visible de sa face agitée par des tics convulsif. Le regards noir des parents se plongèrent dans celui du loup et le dévisagèrent et fuya hanté par le remord. La bande était peut être là dans cette foule, Suzanne serait ici avec Mia peut être ? Il continua et entrevit entre Alison assise sur un roché isolée de la foule et s'approcha hâtivement d'elle. Maintenant devant la biche, il ne voyait plus qu'un être éteint, il ne semblait plus ne rien avoir en elle, grave comme un rock, complètement figée, les coudes appuyé sur ses genoux elle fixait le sol comme un pantin oublié. Sur son visage, des parts importantes de sa joue droite et sa mâchoire avait laissé leur pelage pour d'affreuses plaques rougeâtre nue cloquée par la chaleur. Elle n'avait plus son habituelle gilet gris, qu'un un piètre haillon déchiré la vêtait désormais mais lui suffisant guère à l'habiller. Comme son visage, ses bras passant par les épaules jusqu'au cou furent mordu par les flammes. Le loup s'agenouilla devant elle qui restait là comme une statue de marbre ; « Par Mère, Alison je t'ai cru morte, c'est un miracle que tu t'en sois sorti ! ».

Mais elle ne répondit pas, il continua : « Qu'est-ce que tu as du souffrir... Tes blessures ne sont pas trop grave ? On te soigne ou tu veux que je m'occupe de toi ? ».

Toujours aucune réponse, mais il insista ; « Alison, ça v... ». La biche lui attrapa brusquement la peau de la nuque à pleine main, que le loup couina de douleur sur l'instant, elle le fixa d'un regard de braise comme si le feu la brûlait encore et lui parla avec une froideur glaçante en le secouant sur les accents de ses phrases et le serrait de plus en plus fort alors que sa haine noir se déchaînait ; « T'as même pas été foutu d'abattre cette pourriture sale clébard. Il a essayé de me brûler vif et toi tu le laisses en vie poursuivre sa guerre imaginaire en me laissant pour morte alors qu'il m'incendier comme une torche, putain de loup mal baisé. T'es censé être un prédateur putain... Un putain de prédateur ! ». La mains de Suzanne se glissa sur celle d'Alison : « Alison lâche maintenant, ce n'est pas sur lui qu'il faut se déchaîner... Allez lâche le s'il te plaît... ». Elle se détendit progressivement et lâcha doucement prise le loup. Le pauvre canidé avait les oreilles couchée vers l'arrière comme si on allait le rouer de coup. La biche retourna machinalement à sa position initiale et ses airs de statue. La louve, pourtant affaiblie, se mouvait en se déplaçant sur ses genoux et venait bander les bras de Alison de tissues trempés et dit ; « Je m'occupe d'elle Pako, va au camps ils ont absolument besoin de toi, les autres y sont. File ! Maintenant ! ».

Il posa ses jarres et couru à nouveau vers le camps à contre courants des derniers animaux fuyants et éclopé. Le feux s'étendait sur la hauteur des arbres, les habitations partaient en fumée dans les torrents de flammes et de cries. Dans un fracas immense la réserve céda soudainement sur les animaux s'y trouvant, eux qui sauvaient leurs précieux vivres. Le loup fonça, tout le monde autour s'étaient déjà activé pour sortir les victimes, de nombreuses et épaisses branches brulante barrait le passage, les animaux les repoussaient à l'aide de branches pour se frayer un chemin. Il se joignit à eux et lutta farouchement, mais tout n'allait pas assez vite, un berger allemand se trouvait à quelque pas de là sous les débris embrasés, l'oxygène allait manquer. Le loup prit son manteau de toile et l'utilisa pour saisir les branches comme des gants et les repousser, son manteau se consumait à chaque branche et malgré cela, la chaleur venait lui ronger les mains à travers le manteau mais parvenu à atteindre le mâle inconscient, face contre terre, d'un coup de pied et poussa les décombres, mais des vertiges de plus en plus violent le prenais, trop chaud, trop de fumée, pas assez d'air. Il essaya de tirer le chien de là mais les forces lui manquait , c'est alors qu'une petite mains rousse se posa tirait par les épaules l'infortuné : c'était Rick le renard qui s'était jeté dans les flammes avec lui. Ensemble, ils le relevèrent et le trainèrent hors du fléau.

Un cervidé prit directement le relai du chien blessé et le tira d'affaire hors du village là où un maigre groupe de survivant soignait intensivement des victimes juste derrière les murailles de ronces, parmi les guérisseurs improvisé il y avait Frédéric qui calmait les douleurs d'un enfant ; « Mia, donne moi des graines de pavot pour lui ! ».

Le cervidé arriva et déposa le chien au sol ; Il est inconscient, il s'asphyxiait dans la réserve.».

- Elle s'est effondrée ? fit Mia en donnant les graines au panda.

- Oui, il était piégé dans les décombres comme d'autres.

- Mon dieu, pour vu qu'ils aillent bien...

- Les flammes approchent Mia, reprit Frédéric. On doit bouger rejoindre le reste de la tribu.

© Macarez Clément,
книга «Après eux, La ruée vers l'eau.».
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